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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Grande-Bretagne: Un étudiant blessé au cerveau après les attaques de la police lors des manifestations contre les frais d'inscription

Par Chris Marsden
14 décembre 2010

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Alfie Meadows, 20 ans, étudiant de Middlesex University a souffert d'une hémorragie cérébrale après avoir été matraqué par la police durant la manifestation londonienne du 9 décembre contre l'augmentation des frais d'inscription.

Meadows a été frappé à la tête tandis qu'il essayait de quitter le quartier de Westminster Abbey après y avoir été encerclé et enfermé (« kettled ») par la police avec des milliers d'autres. Le « kettling » est la tactique policière consistant à encercler et emprisonner des manifestants dans des zones restreintes pendant des heures sans accès à de la nourriture, des boissons, ou des toilettes. Cela revient à l'emprisonnement de force des manifestants sans passer par le processus légal.

Meadows participait à la manifestation avec des amis, dont deux professeurs Nina Powers, une collègue de sa mère et Peter Hallward, professeur de philosophie à Kingston University, rapporte la BBC.

Il a appelé sa mère Susan, professeur de littérature anglaise à Roehampton University qui avait été séparée de son fils durant la manifestation pour lui dire qu'il était blessé. Quand ils ont réussi à se retrouver, Meadows a décrit sa blessure comme «  le coup le plus énorme qu'il ait jamais ressenti de toute sa vie. »

«  La zone blessée n'était pas très grande, mais trois heures après avoir reçu ce coup, il a eu une hémorragie cérébrale, » a dit à la BBC la mère de Meadows. « En fait, la nuit dernière il a eu une attaque cérébrale. Il était incapable de parler ou de remuer la main. »

Meadows a dû subir une intervention chirurgicale de trois heures à l'hôpital Charing Cross et est à présent en convalescence. « Il parle et va très bien, » a expliqué sa mère. Elle a ajouté, « Alfie m'avait dit avant que cela n'arrive, 'Quelqu'un va se faire tuer' … Le policier a proposé d'appeler une ambulance, mais il était en état de choc et ignorait la gravité de sa blessure. »

Les médias britanniques ont publié, et c'était prévisible, un cri collectif d'indignation à l'encontre des étudiants qui manifestaient. Les journaux ont concentré leur colère sur un incident au cours duquel une petite dizaine de manifestants a jeté de la peinture et brisé une vitre de la voiture qui transportait le prince Charles et son épouse Camilla.

Le Daily Mirror a parlé de « voyous » qui menaient une « bataille rangée avec la police. » Le Telegraph a écrit que 30 000 étudiants avaient assiégé Parliament Square (la place devant le parlement.) Il avait rassemblé une galerie de photos d'actes de vandalisme et demandait aux lecteurs, « Connaissez-vous ces étudiants émeutiers? Envoyez vos photos et vidéos. »

Le Herald a cité sans émettre la moindre critique un porte-parole de Scotland Yard, « Ceci n'a rien à voir avec une manifestation pacifique. » Le commissaire de la police métropolitaine Sir Paul Stephenson a été cité rejetant les accusations selon lesquelles la police avait exacerbé les problèmes en contenant les manifestants. « Je pense que franchement c'est une totale aberration, » a-t-il déclaré.

Le but de reportages aussi biaisés est de dissimuler le fait, presque tragiquement illustré par ce qui est arrivé à Alfie Meadows, que la source principale de violence durant la manifestation du 9 décembre était la police.

Pas moins de 2 800 policiers ont été mobilisés pour le « kettling » de manifestants pacifiques pendant des heures d'affilée. Ils ont riposté avec férocité à toute manifestation de désobéissance civile, aussi mineure soit-elle, et par des attaques injustifiées contre toute personne qu'ils pouvaient atteindre avec leur matraque et leur bouclier.

Le Guardian a été l'une des seules sources médiatiques dominantes à remettre en question, même faiblement, la tactique policière, faisant remarquer que les manifestants étaient encore soumis au « kettling » à Westminster Bridge à 23H30, privés de nourriture, d'eau, d'accès aux toilettes pendant des heures et dans un froid glacial. Le journal ajoute, « L'atmosphère avait été tranquille pour une grande partie de l'après-midi, et presque gaie, » jusqu'à ce que la nouvelle du vote en faveur de l'augmentation brutale des frais d'inscription ne parvienne à 17h40. Et malgré de telles observations, Le Guardian est rentré dans les rangs en suggérant que la colère des étudiants avait provoqué le conflit.

Il y a des dizaines de récits de témoins oculaires et des preuves filmées de policiers frappant des manifestants pacifiques et chargeant avec des chevaux. La BBC cite le commentaire d'un étudiant, Mike qui a expliqué comment il a été « plaqué de force contre une voiture de police et frappé au visage de façon répétée...On a été encerclé et forcé de reculer, poussé contre une autre rangée de policiers qui nous bloquaient pour nous tenir à distance de la place. Ils nous ont comprimés dans un espace minuscule, nous étions des centaines, et ils nous comprimaient de plus en plus. C'était douloureux. »

Le but, comme lors de provocations policières antérieures soutenues par les médias, est de criminaliser la manifestation, pas seulement des étudiants mais de quiconque cherche à s'opposer aux mesures d'austérité qui sont à présent imposées.

La colère des manifestants face au vote du parlement était tout à fait justifiée. Finalement 21 Libéraux-démocrates ont voté « non » au triplement des frais d'inscription et cinq se sont abstenus (trois étaient à l'étranger.) Six conservateurs ont voté « non » et deux se sont abstenus. Mais un nombre suffisant de soi-disant dissidents a voté avec le gouvernement pour que la mesure passe, brisant ainsi leur promesse pré-électorale de s'opposer à l'augmentation.

Il ne faut pas oublier qu'en octobre des Libéraux-démocrates et une poignée de Tories rebelles  apparemment en proie à une crise de conscience avaient signé, sans sourciller, des coupes sociales de 83 milliards de livres. Cela comprenait des coupes dans le budget de l'éducation qui menacent de fermeture 49 des 130 instituts d'enseignement supérieur et la suppression de 40 000 postes d'enseignants. Cela comprend aussi la réduction de 80 pour cent du financement de l'enseignement supérieur.

Collectivement ces coupes se feront en augmentant les frais d'inscription à hauteur de ce qui a été voté. Et pourtant aucun de ces « rebelles » à l'augmentation des frais n'a proposé que ces coupes soient retirées, ce qui est une indication claire que leur posture n'était qu'une tentative visant à sauver leur carrière politique tout en continuant à soutenir des mesures d'austérité contre la classe ouvrière.

Autre exemple de cynisme politique, le dirigeant du Parti travailliste Ed Miliband, interrogé sur ITN news pour savoir s'il reviendrait en arrière sur l'augmentation des frais d'inscription quand il serait au gouvernement, a dit qu'il « ne ferait pas la même erreur que les Libéraux-démocrates » en s'engageant à réduire les frais.

Les « rebelles » libéraux-démocrates, les politiciens travaillistes et consorts ne s'affichent en opposants de l'augmentation vertigineuse des frais d'inscription que parce que les étudiants ont, contrairement aux travailleurs, réussi à se défaire de la camisole de force imposée par la bureaucratie syndicale et à clairement exprimer leur colère face aux mesures d'austérité du gouvernement. Mis à part les manifestations des étudiants qui se sont faites en rébellion contre le syndicat étudiant National Union of Students (NUS) il n'y a pas eu de manifestation nationale organisée contre le gouvernement. Le Congrès des syndicats (Trades Union Congress, TUC) a refusé d'appeler à de telles actions, tandis que la poignée de grèves qui a eu lieu, dans le métro londonien et chez les pompiers, ont été trahies aussi rapidement qu'il est humainement possible de le faire. Une manifestation du TUC est prévue pour le mois de mars, mais pourrait être annulée à tout moment, soit par le TUC lui-même soit par la police.

La classe dirigeante a perçu comme une perte de contrôle des syndicats (ses gendarmes de la classe ouvrière) sur les étudiants et elle a riposté par une répression d'Etat d'une brutalité qui va croissant. L'unique réponse politique que les travailleurs, les étudiants et les jeunes peuvent faire est le développement d'un mouvement politique unifié, organisé indépendamment de l'appareil syndical, pour renverser le gouvernement Tory-Libéral-démocrate, avec l'objectif de mettre en place un gouvernement ouvrier engagé dans une politique socialiste.

 

(Article original paru le 11 décembre)

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