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  WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

La politique droitière de l’Etat renforce les néo-fascistes français

Par Anthony Torres
30 décembre 2010

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Les déclarations de Marine Le Pen—fille et héritière politique présumée de Jean-Marie Le Pen à la tête du Front National néo-fasciste—ont suscité un regain d’intérêt médiatique au FN et de l’influence des néo-fascistes dans la politique française.

Les discours de Marine Le Pen ont attiré de nombreux commentaires des partis bourgeois. Le 10 décembre, lors d’une réunion à Lyon, Marine Le Pen a lancé une attaque raciste contre les musulmans qui prient dans les rues, faute de mosquées où ils pourraient prier à l’intérieur. Marine Le Pen a comparé « les prières musulmanes dans les rues avec l’occupation militaire de l’Allemagne en France ».

Elle a également fait plusieurs critiques de l’euro--touché par plusieurs crises financières au courant de l’année 2010—déclarant qu’il serait mieux pour la France d’abandonner la devise européenne.

Les principaux partis français ont répondu à Marine Le Pen en tentant de s’y accommoder ou d’apporter des critiques secondaires, qui ne réfutent pas la substance de ce qu’elle disait.

Le porte-parole du PS, Benoit Hamon, n’a pas adopté une position fondamentalement différente de celle de Le Pen sur les musulmans priant en public. A propos des prières, il a estimé que : «  Ce sont des situations que ne sont pas tolérables beaucoup plus longtemps, on a une situation de tension avec les riverains et il faut trouver des solutions ».

Le 14 décembre, le site internet d'Europe 1 écrivait : « Interrogée sur les propos du patron de l'UMP, Jean-François Copé, qui assure que "Marine Le Pen, c'est comme son père", la vice-présidente du parti d'extrême droite a répondu : "Jean-François Copé, en l'occurrence, veut relancer le débat sur l'identité nationale. Il est mon meilleur allié, compte tenu que l'UMP n'a rien à dire sur ce sujet. Je pense que Jean-François Copé veut, en fait, la défaite de Nicolas Sarkozy en 2012", a-t-elle insisté. »

Marine Le Pen tente maintenant de se présenter en défenseur de la laïcité et des valeurs républicaines. Selon le journal Marianne, Marine Le Pen a déclaré : « Le vrai défenseur de la République, c'est moi ! ». Face aux réactions de Martine Aubry et de Jean François Copé le chef de l’UMP, elle a ajouté : « En s'exprimant ainsi, la coalition UMPS a montré que la réponse aux atteintes à la laïcité ne viendrait pas d'elle. »

La réponse de Marine Le Pen consistant à se présenter comme défenseur de la laïcité et de la République rompt avec la rhétorique traditionnelle des fascistes français au 20e siècle. Ceux-ci dénonçaient la République comme « la gueuse »—notamment avant leur capitulation face aux Nazis en 1940—et étaient souvent poussés par l’intégrisme catholique.

Ce revirement du vocabulaire politique montre à quel point les partis bourgeois ont déjà donné un contenu politique réactionnaire aux slogans de la « laïcité » et de la « République ».

Dans l’article du Monde du 15 décembre intitulé « Les partisans de Marine Le Pen veulent faire de la laïcité un thème porteur pour 2012 », Abel Mestre écrit : « Le thème de la laïcité qui permet, par un jeu rhétorique, de justifier de violentes attaques contre l’islam et les musulmans n’est pas nouveau chez Marine Le Pen. Fin 2009, à l’occasion du débat sur l’identité nationale et de la votation suisse sur l’interdiction des minarets, Mme Le Pen se présentait déjà comme « l’une des dernières défenseuses de la laïcité » ».

En fait, le « jeu rhétorique » consistant à attaquer les musulmans sous faux couvert de la laïcité n’a pas été inventé par Marine Le Pen. C’est une vieille manœuvre du gouvernement français, utilisée récemment par les présidents conservateurs Jacques Chirac et puis Nicolas Sarkozy—avec l’appui du Parti Socialiste (PS), du Parti Communiste Français (PCF), et du Nouveau parti anticapitaliste (NPA).

C’est donc la politique droitière de l’ensemble de la classe politique française, y compris les milieux dits « de gauche », qui a posé les bases de l’offensive politique de Marine Le Pen.

Lors des élections présidentielles du 2002, Chirac et Jean-Marie Le Pen étaient arrivés au second tour des élections présidentielles. Chirac avait été soutenu par l’ensemble de la classe politique traditionnelle française, y compris « l’extrême-gauche », dont la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) précurseur du NPA. Le rôle de ces tendances était de répandre des illusions selon lesquelles Chirac serait « différent » et « plus républicain » que Le Pen.

En 2003-2004 le gouvernement Chirac a instauré des lois racistes et anti-islamiques, qui interdisaient le voile à l’école, sous prétexte de défendre la « laïcité ». Nicolas Sarkozy, alors Ministre de l’Intérieur, s’en prenait aux jeunes issus des couches les plus exploitées de la classe ouvrière. Après son élection en tant que président, Sarkozy a accéléré, en 2009, les mesures d’austérité et a lancé un débat nationaliste droitier sur l’identité nationale et une loi interdisant la burqa.

Le PS et le PCF entre autres ont participé à la commission parlementaire pour formuler la loi anti-burqa. Le NPA, bien que n’ayant pas soutenu officiellement la loi, était d’accord avec les valeurs soutenues par la campagne de l’Etat ; il n’a opposé aucune perspective de classe à la campagne nationaliste des partis établis. Le NPA a d’ailleurs formé des alliances électorales aux régionales de mars 2010 avec les partis ayant participé à l’élaboration de la loi anti-burqa.

Tout en se déclarant hostile à une loi anti-burqa, le NPA a laissé entendre qu’il n’avait pas d’objections de principe à l’interdiction du port de la burqa, et en mai 2009, le Parisien avait demandé au porte-parole Olivier Besancenot si « une amende de 150 € pour punir le port du voile dans l'espace public » était « juste ». Besancenot avait répondu : « Le problème n'est pas l'amende, mais l'utilisation politicienne qui en est faite. La burqa opprime les femmes, mais toute loi serait inefficace et injuste ».

La trahison du mouvement contre la réforme des retraites de l’automne 2010 par les syndicats et les partis de l’ex-gauche a confirmé qu’il n’y aurait aucune résistance de leur part face à la politique d’austérité menée par Sarkozy. Ceci signifiait également qu’il n’y aurait aucune résistance effective face à son offensive raciste et anti-islamique. Après la défaite infligée aux grèves ouvrières, la classe politique revient aux thèmes racistes pour empoisonner l’atmosphère politique.

Le fait que Marine Le Pen puisse faire campagne contre l’euro souligne à quel point la politique d’austérité menée à l’échelle européenne pour stabiliser l’euro a fragilisé les bases monétaires et sociales de l’Europe bourgeoise. La bourgeoisie française répond en encourageant le nationalisme d’extrême-droite, ce qui finit par favoriser à présent le FN.

Ceci confirme la justesse de l’opposition de principe du WSWS aux campagnes anti-voile et anti-burqa, et plus largement aux campagnes lancées contre les immigrés sous couvert de « valeurs républicaines ». Ces campagnes politiques ont servi à frayer un chemin aux néo-fascistes.

Dans son article intitulé Comment le NPA a participé à la campagne anti-burqa, le WSWS déclarait : « Les mesures anti-démocratiques annoncées par le président Nicolas Sarkozy au cours des dernières semaines - contre les Roms, les parents de jeunes, et la nationalité d'immigrés naturalisés français - soulignent l'importance de la campagne lancée en juin 2009 pour interdire la burqa. Lancée par Sarkozy avec l'aval du Parti Socialiste (PS) et du Parti Communiste Français (PCF), cette campagne a amorcé un tournant violent par le gouvernement, contre les libertés religieuses et l'Etat de droit. ».

Concernant le NPA, qui prétextait ne pas vouloir rentrer dans le débat de l’identité nationale, le WSWS écrivait : « Cette déclaration absurde en dit long sur le NPA, parti indifférent aux droits démocratiques des travailleurs. Ayant constaté que l'Etat encourageait le racisme - un tournant politique dangereux vers la droite, dont l'ampleur s'est révélée depuis - le NPA a estimé qu'il n'avait pas à intervenir dans la campagne, qu'il traitait frivolement de mascarade ».

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