wsws.org/francais

Visitez le site anglais du WSWS

SUR LE SITE :

Contribuez au WSWS

Nouvelles et Analyses
Luttes Ouvrières
Histoire et Culture
Correspondance
L'héritage que nous défendons

A propos du CIQI
A propos du WSWS

AUTRES LANGUES

Allemand

Français
Anglais
Espagnol
Italien

Indonésien
Russe
Turque
Tamoul

Singalais
Serbo-Croate

 

WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Grande-Bretagne: Quelle voie pour faire avancer le mouvement des étudiants ?

Déclaration de l’Internationale étudiante pour l’Egalité sociale (GB)
9 décembre 2010

Imprimez cet article | Ecrivez à l'auteur

Au moment où en Grande-Bretagne les étudiants et lycéens organisent une troisième journée d’action contre les coupes brutales dans l’éducation, il est nécessaire de faire le point sur ces expériences.

Les protestations des étudiants le 24 novembre dans le centre de Londres étaient le deuxième événement de ce genre à être la cible d’une attaque pré-arrangée de l’Etat. Les manifestants avaient planifié un rassemblement devant Downing Street à la fin de la manifestation, pour lequel ils avaient reçu l’autorisation de la police. Ceci a été arbitrairement invalidé au moment où la police est intervenue pour piéger le cortège alors qu’il se dirigeait vers Whitehall [le centre administratif du gouvernement britannique]. Durant les heures qui s’ensuivirent, les policiers ont attaqué des manifestants pacifiques, dont certains n’avaient que 13 ans.

Des enregistrements vidéo montrent la police anti-émeute passant au milieu de la masse de manifestants pour les diviser en groupes plus petits et pour les emprisonner derrière une rangée de policiers – une variante connue sous le nom de « kettling » dans laquelle les manifestants sont progressivement pressés dans des espaces de plus en plus restreints. Les manifestants ont discuté avec la police, en les avertissant, « Nous écraser ainsi c'est nous pousser à l'émeute. » Tous les indices suggèrent que c’était là l’objectif de la tactique policière.

Huit heures durant, 5.000 manifestants, pour beaucoup des jeunes, sont restés emprisonnés derrière des rangées de policiers sans avoir accès à de la nourriture, des boissons ou des toilettes. Le soir, ceux qui étaient encore détenus en plein air, ont subitement été soumis à des assauts répétés de la police montée.

La police londonienne (Metropolitan Police) a tout d’abord nié tout assaut de la police montée. Les nombreuses caméras de presse présentes qui ont enregistré chaque incident mineur résultant de la colère des étudiants ou le vandalisme fait par des manifestants piégés ont réussi à rater l’assaut. Ce n’est qu’après qu’une vidéo de l’assaut des policiers montés – filmé par un étudiant en cinéma – a été mise en ligne que les responsables ont admis l’attaque – tout en affirmant qu’il s’agissait d’« une tactique appropriée et proportionnelle. »

Le chef du service métropolitain de la police, Paul Stephenson, a défendu les actions de la police, en se vantant que contrairement aux manifestations du 10 novembre – où les étudiants avaient réussi à occuper le siège des Conservateurs à Millbank Tower – cette fois-ci, ses policiers avaient « fait les choses correctement ». Il a justifié l’opération comme étant nécessaire pour combattre la violence des manifestants. C’est le monde à l’envers. L’opération policière était une provocation délibérée – partie intégrante d’une stratégie pour préparer le terrain à la criminalisation de toute opposition aux mesures d’austérité du gouvernement.

Ceci confirme la mise en garde faite par le World Socialist Web Site en réponse aux chasses aux sorcières et aux arrestations de masse qui ont lieu depuis la manifestation du syndicat des étudiants (National Union of Students, NUS) du 10 novembre. Au total 109 interpellations de manifestants ont été faites depuis la première manifestation contre les coupes sociales et l’augmentation des frais d’inscription, et la police a annoncé qu'il y en aurait bien plus.

La déclaration de Stephenson que le Royaume Uni était confronté à une nouvelle époque d’agitation civile souligne la dureté des mesures qui sont en préparation. En décrivant les manifestations à Whitehall de « scène du crime », il affirmé, « Les choses ont changé et nous devons agir. »

Son insistance sur le fait que la prochaine action de la police serait effectuée selon un « modèle basé sur le renseignement » est tout particulièrement menaçante. Il a déjà été révélé que la police ciblait des personnes à l’extérieur des manifestations et des protestations, notamment, celles considérées comme faisant partie de la « frange radicale de la campagne contre les coupes du gouvernement dans l’éducation. »

Le commissaire divisionnaire Adrian Tudway, coordinateur national pour l’extrémisme au niveau national au Royaume Uni, a dit, « Il est tout à fait correct, dans notre rôle de gardien de but ACPO [Association des hauts fonctionnaires de la police (Association of chief police officers)] de surveiller la direction prise par les protestations sociales et leur évolution.»

Le refus du syndicat des étudiants, National Union of Students, de défendre les manifestants lui a valu la colère et l’hostilité justifiées de nombreux jeunes. Le président du NUS, Aaron Porter, a gagné en notoriété lorsqu’il s’est empressé d'attaquer les manifestants impliqués dans l’occupation du siège des Conservateur le 10 novembre. Ceci a garanti que par la suite le NUS a été presque entièrement absent des protestations et occupations d’universités. Avec plus de 12.000 étudiants et lycéens censés participer aux journées d’action nationales organisées indépendamment du NUS, Porter a été obligé de s’excuser de n'avoir pas soutenu de façon ferme et publique les protestations.

Ses remarques ont été faites au moment où les étudiants condamnaient le NUS en exigeant son départ de la direction et en réclamant des motions de censure à l’égard du NUS et de Porter lors de plusieurs occupations d’universités.

Un avertissement doit être émis eu égard aux actions de la police et des manœuvres de la direction du NUS. La perspective de ceux qui contribuent à l'organisation des manifestations ad hoc, tels l’Educational Activist Network et le National Campaign Against Cuts and Fees (NCACF) n’est pas fondamentalement différente de la politique poursuivie par le NUS. Tout en appelant les étudiants à « organiser la résistance » avec davantage de manifestations et de protestations, ces groupes affirment que l’objectif doit être d’exercer une pression sur les Libéraux-Démocrates pour qu’ils votent contre l’augmentation des frais d’inscription de la coalition et/ou d’obtenir un changement de la politique gouvernementale.

De cette manière, ils cherchent à canaliser la colère grandissante des travailleurs et des jeunes derrière les partis traditionnels et les syndicats tout spécialement. Le NCACF préconise une perspective pour remporter le soutien des syndicats aux protestations des étudiants. Toutefois, bien que certains syndicats aient donné de vague signes de solidarité, ils le font dans le but de détourner l’attention de ce qu’ils ne font rien pour s'opposer aux mesures d’austérité du gouvernement.

Il faut remarquer que Porter a affirmé qu’il ne pouvait pas participer à la manifestation du 24 novembre parce qu’il avait une réunion avec des dirigeants syndicaux. « J’aurais aimé être là, mais je pense qu’il est plus important pour moi de rencontrer des tas d’autres dirigeants syndicaux pour être sûr que ce mouvement n’est pas seulement un mouvement des étudiants, » a-t-il précisé. Ainsi, tandis que la police était en train d’emprisonner et d’attaquer près de neuf heures durant, des manifestants dans les rues de Londres, Porter et « les autres dirigeants syndicaux » n’ont rien dit et absolument rien fait pour les défendre.

Il faut rejeter les affirmations du Socialist Workers Party (SWP) et d’autres organisations de « gauche » de la classe moyenne. Selon eux, l’organisation d’« action directe » et le fait de simplement rassembler un plus grand nombre de personnes dans les rues sont une stratégie adéquate pour mettre en échec les coupes sociales.

C'est en disant que l'essentiel est d'augmenter les activités de protestations de la part des étudiants que le SWP tente cyniquement de couvrir la duplicité du Parti travailliste et de la bureaucratie syndicale dans l’imposition des coupes. C'est aussi la manière dont le SWP détourne les étudiants de la lutte politique contre ces éléments. Tout spécialement dans une situation où l’Etat est en train de préparer une répression plus sévère contre les protestations, ceci revient à laisser les étudiants lutter seuls, se faire arrêter par la police et à s'épuiser dans l’action.

Les jeunes ne peuvent pas se tourner vers les Libéraux, le Parti travailliste ou les syndicats mécontents pour lutter contre les efforts consistant à rejeter la crise économique mondiale sur le dos des travailleurs. Ces gens là n'ont pas de solution à apporter au problème, ils font partie du problème.

Les étudiants et les jeunes doivent effectuer un tournant politique conscient vers la classe ouvrière. C’est le contraire même de l'orientation vers le Trades Union Congress que  proposent le SWP et les autres. Ceci signifie rejoindre toutes les sections de travailleurs qui sont confrontées aux coupes sociales dans leurs emplois, leurs salaires et leurs conditions de vie en formant des comités de travailleurs dans une rébellion contre les syndicats. La lutte contre la rigueur doit s’intégrer dans une lutte contre le système capitaliste pour le renversement de la coalition gouvernementale et la mise en place d’un gouvernement ouvrier qui se fonde sur une politique socialiste.

(Article original paru le 30 novembre 2010)

Untitled Document

Haut

Le WSWS accueille vos commentaires


Copyright 1998 - 2012
World Socialist Web Site
Tous droits réservés