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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

La pétition de Politis sur les retraites en France : une fraude politique

Par Anthony Torres
23 décembre 2010

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Suite aux mouvements de grève contre le projet de loi, adopté depuis par le parlement, sur la réforme des retraites, le journal Politis, proche des altermondialistes d’ATTAC, a lancé le 10 octobre une pétition pour un référendum sur la réforme. Ce référendum demanderait aux électeurs de se déclarer pour ou contre le retrait de la réforme des retraites de Sarkozy.

Politis se sert d’une loi qui dit que si la pétition obtient la signature d’un dixième de la population et est ensuite soutenu par un cinquième des parlementaires, le gouvernement doit organiser un référendum.

Cette initiative de Politis promeut l’illusion que les parlementaires du PS seraient amenés à s’exprimer pour un référendum sur la réforme des retraites. C’est d’abord une tentative de Politis de répandre des illusions sur le PS, dont l’opposition à la réforme est entièrement factice. En laissant entendre que les travailleurs pouvaient s’opposer à la réforme par la voie parlementaire, Politis voulait aussi démoraliser les grèves, en suggérant à tort que la défaite des grèves ne serait pas fatale pour la lutte contre la réforme.

Les illusions répandues par l’appel de Politis correspondent à l’orientation anti-ouvrière de cette publication. Le journal Politis a été fondé en 1988 par Bernard Langlois, journaliste alter-mondialiste. C’est un journal indépendant, qui laisse s’exprimer les partis de la « gauche » bourgeoise ou petite-bourgeoise—tels le Parti socialiste (PS), le Parti communiste français (PCF) et le Nouveau parti anticapitaliste (NPA)—mais aussi les associations comme ATTAC et les Alternatifs.

La tentative de leurrer les travailleurs avec la perspective d’organiser un référendum n’est pas nouvelle. En 2007, le premier ministre de l’époque, Dominique de Villepin, voulait créer un contrat qui précarisait les jeunes qui finissaient leurs études, le CPE, Contrat premier emploi. Le groupe Rupture avait lancé une pétition, sur le même principe que celle du journal Politis ; cela n’avait rien donné.

Les premiers signataires de la pétition pour un référendum, lancée par Politis, ont été des députés du PCF, des Alternatifs, Communistes unitaires et de Jean-Luc Mélenchon du Parti de gauche (PG). Le NPA n’a pas fait de déclaration suite à l’appel, et le PCF par l’intermédiaire de ses députés soutient cette pétition.

Aucun de ces partis ou associations n’a voulu mobiliser les travailleurs dans une lutte politique contre le gouvernement, indépendamment des syndicats qui, malgré l’opposition populaire à la réforme, voulaient uniquement la  négocier. Cette pétition est aussi pour eux une façon de masquer leur propre rôle réactionnaire dans les grèves d’octobre-novembre.

Alors que les ouvriers du portuaire et des raffineries tenaient en otage l’économie en octobre, le gouvernement Sarkozy envoyait les CRS débloquer les raffineries et les dépôts pétroliers. La CGT n’a pas appelé à un mouvement plus large de la classe ouvrière pour la défense des sections ouvrières attaquées par les forces de l’ordre, mais s'est contentée d'appeler à des actions symboliques. Ceci signifiait que la CGT ne s’opposerait pas à une attaque du gouvernement contre la classe ouvrière.

Le projet de loi sur les retraites était la mesure phare du gouvernement Sarkozy qui n’a fait aucune concession alors que des millions de personnes étaient dans les rues. Le PS n’a fait qu’une opposition fictive car il défend ce projet de loi sur le fond, tout comme les syndicats.

Les partis de la gauche traditionnelle et les organisations syndicales ont pour objectif de défendre les intérêts du capitalisme français face à la concurrence internationale. Dans les années 80, lorsqu'il était au pouvoir, le PS avait initié le programme des coupes sociales.

Le contexte politique actuel, avec la crise mondiale du système capitaliste, donne comme impératif à la bourgeoisie internationale de s’attaquer au niveau de vie de la classe ouvrière. Les pays les plus faibles de la zone euro sont proches de la faillite, alors que l’aristocratie financière refuse de financer les dettes publiques. La bureaucratie européenne oblige les gouvernements de ces pays à mettre en place des programmes d’austérité.

Les gouvernements sociaux-démocrates et conservateurs de toute l’Europe appliquent des programmes d’austérité. Les gouvernements grec et espagnol ont envoyé l’armée contre respectivement les manifestations nationales et contre la grève des contrôleurs aériens. L’Angleterre, l’Allemagne et la France appliquent aussi des mesures d’austérité.

Le journal Politis et les organisations petites-bourgeoises en France veulent faire croire que les critiques émises par le PS constituent non pas une tentative démagogique de masquer leur politique, mais une vraie alternative à la politique de Sarkozy. Ceci est un mensonge, fondé sur les promesses creuses du PS de revenir à l’âge légal du départ à la retraite à 60 ans—tout en défendant une augmentation de la durée de cotisation.

A maintes reprises, les dirigeants du PS ont exprimé leur soutien aux réformes. Le secrétaire général du FMI Dominique Strauss-Kahn, qui est membre du PS, a défendu la réforme des retraites de Sarkozy, tout comme l’ensemble de la bourgeoisie internationale.

Dans un article du Figaro daté du 19 janvier 2010 et intitulé « Aubry renonce au dogme de la retraite à 60 ans » il est écrit : « Pour un autre cadre de la Rue de Solferino, Martine Aubry sait en tant qu'ancienne ministre du Travail que le système des retraites ne pourra pas rester en l'état. Elle refusera la logique de l'opposition systématique.»

Dans une interview parue dans le journal La Tribune le 28 octobre 2010, Manuel Valls, député socialiste d’Evry, a insisté sur le fait que la réforme—voté antidémocratiquement, malgré l’hostilité massive de la population—devait être respectée : « Tout républicain doit, il est vrai, appeler au respect d'un texte adopté par le Parlement, validé par le Conseil constitutionnel et promulgué par le Chef de l'Etat. »

La population française ne croit d’ailleurs pas aux promesses du PS. Les sondages montrent que 62 pour cent de la population ne faisait pas confiance au PS à juste titre et pensait qu’il n’appliquerait pas sa promesse de revenir à l'âge légal de départ à la retraite à 60 ans une fois au pouvoir. La position d’Aubry de ramener l’âge légal de départ à la retraite à 60 ans est un mensonge politique, elle essaie de se donner une posture de « gauche » face au mécontentement de plus en plus intense de la classe ouvrière devant la politique de Sarkozy.

Ce contraste, entre une opinion publique relativement désabusée sur le PS et les partis petits-bourgeois autour de Politis qui appuient le PS, souligne une vérité essentielle : la « gauche » et « l’extrême-gauche » sont bien à la droite des masses populaires, qui virent à gauche.

Le NPA pendant les manifestations contre la réforme des retraites voulaient un rassemblement de toute « la gauche ». Des meetings communs ont été donnés par O. Besancenot et B. Hamon porte parole du PS. Besancenot a parlé du Front populaire de 1936 comme étant un objectif à atteindre. Ceci faisait partie de la campagne plus large des syndicats et des partis petits-bourgeois visant à mettre fin au mouvement de grève et à diriger le mécontentement populaire dans l'impasse d'un soutien au Parti socialiste pour l'élection présidentielle de 2012.

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