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En Afghanistan les Etats-Unis sur le point de lancer une opération similaire à celle menée contre Fallujah

Par Bill Van Auken
15 février 2010

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Au moment où les troupes américaines et britanniques se préparent à attaquer la ville de Marjah dans la province du Helmand en Afghanistan, les commandants militaires et les médias comparent ouvertement cette opération au siège de la ville irakienne de Fallujah en novembre 2004. Ce fut l’un des crimes de guerre les plus sanglants de la guerre en Irak.

L’opération qui doit se dérouler dans la province de Helmand, pendant longtemps une région de forte résistance à l’occupation menée par les Etats-Unis, constituera la plus vaste offensive militaire depuis que Washington a envahi l'Afghanistan en octobre 2001. Au moins 15.000 soldats doivent faire le siège de cette ville située dans la vallée de la rivière Helmand. Elle compte 80.000 habitants et l’armée américaine la qualifie de bastion des talibans.

125.000 personnes en tout vivent dans le district autour de Marjah, un centre agricole à 350 miles à l’Ouest de Kaboul. La population y a été grossie par les Afghans qui ont fui des villages occupés par les Marines américains l’été dernier, une conséquence de l’annonce, faite peu de temps après sa prise de fonction, par le président Obama du déploiement de 21.000 soldats supplémentaires.

Les Marines américains, frustrés et en colère en raison du nombre de victimes que leur a infligé un ennemi invisible capable d’attaquer et de se dissoudre dans la population locale, seront lancés contre la ville dans un assaut militaire féroce et aux conséquences prévisibles.

Le général de brigade Larry Nicholson, commandant les US Marines dans le Sud de l’Afghanistan, a révélé le caractère de la prochaine offensive. Ceux qui se trouveront à Marjah auront trois possibilités : « L’une est de rester, de combattre et sans doute de mourir, » a-t-il dit. « La seconde est de faire la paix avec son gouvernement en réintégrant sa place. » La troisième serait d’essayer de s’échapper, « En quel cas, nous aurons vraisemblablement des gens là dehors pour les attendre aussi. »

« Nous n’allons pas lésiner, » a dit Nicholson, le commandant de la 2ème brigade expéditionnaire des Marines. « Je ne m’attends pas à un combat équitable, » a-t-il ajouté.

Dans une démarche hautement inhabituelle, le commandement américain a annoncé publiquement les projets pour l’offensive. « C’est une manière quelque peu inhabituelle de procéder, mais cela permet à tout le monde d’avoir la possibilité de réfléchir à ce qu’ils vont faire avant d’être subitement touché par une offensive en pleine nuit » a dit le général Stanley McChrystal, le commandant américain en chef en Afghanistan.

L’intention déclarée de révéler l’objectif de l’offensive à venir est de permettre aux civils de fuir avant l’arrivée des Marines. Elle fournit également un alibi à usage préemptif pour l’offensive américaine en dépeignant ceux qui ne tiennent pas compte de l’avertissement de talibans jusqu’au-boutistes qui méritent d’être tués.

Stratfor, un site Internet d’analyse du renseignement militaire qui a des liens étroits avec l’appareil d’Etat américain, a rapporté jeudi que « l’assaut pourrait inclure le bouclage de la région, de nombreux combattants voués à sa défense seront probablement obligés de se battre jusqu’à mort s’en suive ou de se rendre. »

L’article poursuit en disant : « Avec les assauts contre Fallujah et Ramadi en Irak à leur actif, les Marines ont acquis de l’expérience avec ce genre d’assaut en milieu urbain. »

Quel est le bilan des assauts urbains « de ce genre » ?

L’assaut des Marines contre Fallujah en novembre 2004 avait réduit en ruines la plus grande partie de cette ville de 300.000 habitants; l'aviation y avait largué des milliers de tonnes d’explosifs, les hélicoptères et les chars de combat avaient tiré sur les bâtiments et les maisons à coup de missiles et leurs canons avaient mitraillé la ville.

Le commandement militaire américain avait affirmé avoir tué 2.000 « insurgés, » mais le véritable bilan des victimes reste inconnu. Les civils qui étaient restés dans la ville furent assujettis au même bombardement. Certains furent fusillés durant les combats de maison en maison qui s’ensuivirent et d’autres furent tués en cherchant à fuir. Les combattants blessés furent exécutés sommairement et les installations médicales furent la cible d’attaques militaires. Tous ceux présents dans la ville furent privés de nourriture, d’eau et d’électricité pendant plus de dix jours.

L’opération avait été un exercice brutal de punition collective de la population de Fallujah pour le meurtre dans cette ville de quatre mercenaires de Blackwater et eut lieu aussi en raison de la résistance prolongée de la ville contre l’occupation étrangère. Caractérisée qu'elle fut par des violations multiples et graves des lois de la guerre, elle a exprimé le caractère criminel de toute cette guerre

A en croire les commandants militaires américains, une opération identique est mise au point en Afghanistan et pour des raisons identiques, la ville de Marjah devant être transformée en champ de la mort.

Comme à Fallujah, la vengeance joue un rôle. L’armée américaine a connu au cours de l’année passée une augmentation continue du nombre de victimes tandis que la CIA a enduré une attaque humiliante fin décembre qui a entraîné la mort de sept de ses agents près de la frontière afghane.

En Afghanistan, tout comme en Irak, le commandement militaire américain estime important de faire un exemple en punissant une ville à population importante connue pour être un centre de résistance à l’occupation et en faisant parvenir le message à tout le pays qu’une telle résistance est futile et qu'on y répondra par le massacre et la destruction.

La tuerie est officiellement justifiée au nom de la lutte sans fin contre le terrorisme. Au-delà de la propagande, la force motrice de la guerre en Afghanistan, comme la guerre en Irak, se trouve la tentative de l’élite dirigeante américaine de contrer la crise du capitalisme américain par le recours à la force et par la saisie de positions stratégiques dans le Golfe persique et en Asie centrale, deux régions renfermant de vastes réserves énergétiques.

Il y a un an, lorsque Barack Obama est entré à la Maison Blanche, il y avait l’espoir parmi de vastes couches de la population américaine que son mandat reléguerait des mots comme Fallujah, Abou Ghraib, Guantánamo, Blackwater, torture et « restitution » à une époque sombre et honteuse mais révolue de l’histoire des Etats-Unis.

La préparation de l’offensive de Marjah ne fait que souligner que, loin d’être achevés, les crimes du gouvernement Bush se poursuivent et s’intensifient sous le président démocrate.

Aujourd’hui, il y a davantage de troupes américaines déployées dans des guerres et des occupations de type colonial que sous Bush et les massacres se sont propagés de l’Irak et de l’Afghanistan au Pakistan et au Yémen. Le gouvernement Obama cherche actuellement à obtenir 322 milliards de dollars pour les deux guerres et occupations en cours, une somme à laquelle s’ajouteront sûrement d’autres requêtes de financement « complémentaires. »

Le soi-disant candidat de « l’espoir » et « du changement » s’est de plus en plus clairement avéré être l’agent sélectionné par les parties de l’establishment politique et du renseignement militaire qui voulaient apporter certains changements tactiques à la politique tout en continuant à recourir à l’armée à l’étranger et à mener un assaut implacable contre la classe ouvrière à l’intérieur.

La population laborieuse américaine ne peut accepter une nouvelle série de crimes de guerre commis en son nom. La revendication pour un retrait immédiat et inconditionnel de toutes les troupes américaines et étrangères d’Afghanistan doit être liée à une offensive politique contre le gouvernement Obama et l’oligarchie financière qu’il défend.

(Article original paru le 6 février 2010)

L’auteur recommande aussi:

The siege of Fallujah: America on a killing spree
[18 Novembre, 2004]

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