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WSWS : Nouvelles et analyses : Etats-Unis

Obama courtise la droite républicaine

Par Patrick Martin
6 février 2010

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La réunion de 90 minutes entre le président Barack Obama et les membres du groupe républicain de la Chambre des Représentants (House Republican caucus) et qui fut diffusée vendredi par les réseaux câblés a révélé d'une façon extraordinaire le large consensus droitier qui existe dans la politique bourgeoise américaine.

Cette réunion était la preuve de la détermination du gouvernement de virer encore plus à droite après la victoire républicaine le mois dernier à l'élection sénatoriale au Massachusetts et suite à davantage de signes de la montée de l'opposition populaire contre l'agenda politique droitier d'Obama.

Alors que les commentaires qui s'ensuivirent, notamment de la part des spécialistes pro-gouvernementaux, dépeignaient la rencontre comme un tour de force politique d'Obama, une sorte d'exploit de « Daniel dans la fosse aux lions » (Daniel in the lion's den), ce qui est remarquable c'est la concordance qui régnait entre Obama et les Républicains dans un grand nombre de domaines, tant sur les mesures politiques spécifiques que sur la perspective en général.

Obama a couvert de flatteries son auditoire de membres républicains du Congrès en leur rappelant qu'ils avaient soutenu politiquement son intensification de la guerre en Afghanistan en ajoutant une petite phrase passe-partout typique, « Je sais que nous partageons tous une grande admiration pour nos troupes. »

Dans ses remarques introductives il a souligné l'annonce d'un crédit impôt pour les petites entreprises « créatrices d'emplois » ainsi que la suppression de l'impôt sur les plus-values réalisées dans le cadre d'investissement dans les petites entreprise. « Rejoignez-moi », a-t-il lancé, « il n'y a rien dans cette proposition qui soit contraire aux prédispositions de ce caucus. »

Rien dans sa manière d'aborder les sujets ne donnait la moindre indication que son auditoire représentait un parti et un gouvernement qui avaient été rejetés par le peuple américain lors d'élections successives ou que la politique et les représentants du Parti républicain sont impopulaires au point de n'obtenir actuellement moins de 25 pour cent dans les sondages. A regarder l'émission, on avait du mal à se rendre compte que le parti d'Obama contrôle non seulement la Maison-Blanche mais détient aussi une forte majorité dans les deux chambres du Congrès.

Depuis sa prise de fonction il y a un peu plus d'un an, Obama cherche à réhabiliter politiquement les Républicains et à trouver un moyen de bénéficier de leur collaboration dans l'application de sa politique de guerre, d'austérité et d'attaques contre les droits démocratiques. Comme lui, et tous ceux présents dans la salle le savent parfaitement, l'origine de l'érosion du soutien public à son gouvernement ne se trouve pas dans son programme libéral de réforme qui n'existe pas, ou dans l'hostilité populaire au « gros gouvernement » (big government) mais dans la désillusion et la colère contre Obama de n'avoir pas tenu ses promesses de campagne par lesquelles il avait exploité les aspirations populaires en faveur d'un changement progressiste.

Quant aux Républicains, ils ont clairement fait savoir, lors de cette réunion ainsi que dimanche lors des émissions d'interviews, qu'ils n'ont nullement l'intention de céder un pouce de terrain de leur politique d'obstruction aux diverses initiatives internes du gouvernement. Ils escomptent pouvoir exploiter la désillusion croissante envers Obama et faire d'importants gains lors des élections législatives prévues en novembre.

Le principal reproche fait par Obama était que le House Republican caucus, tout en étant d'accord avec une partie significative d'initiatives telle la loi de relance de l'économie américaine et le plan de réforme du système de santé, n'a pas voté en faveur de la législation. « S'il y a un rejet à l'unanimité parce que le caucus républicain n'obtient pas 100 pour cent ou 80 pour cent de ce qu'il veut, alors ce sera difficile d'arriver à un accord, » s'est-il plaint.

Obama a répondu à huit questions posées par des élus républicains à la Chambre, la majorité d'entre eux réclamant une réduction des impôts et des dépenses fédérales. Pas un seul Républicain n'a suggéré que le gouvernement fédéral entreprenne la moindre action pour vraiment assister les chômeurs, soit par des prestations sociales, des programmes de formation, des emplois, quant à Obama, il n'a fait aucune remarque sur cette attitude.

Au lieu de cela, le président démocrate a promis de réfléchir sérieusement aux propositions avancées par les Républicains en signalant son soutien pour une extension des centrales nucléaires et de la soi-disant technologie du charbon propre comme étant un domaine se prêtant à un accord avec les propositions des Républicains en matière de politique énergétique.

L'échange le plus révélateur a eu lieu avec la représentante républicaine du Tennessee, Marsha Blackburn, qui a soulevé la question portant sur le plan de santé d'Obama. Obama a dit que sa politique qui lie une réduction des coûts à tous les niveaux à une modeste extension de la couverture médicale aux personnes non assurées, était identique aux mesures proposées conjointement l'année dernière par les anciens sénateurs républicains Howard Baker et Robert Dole et l'ancien sénateur démocrate Tom Daschle.

« Ce n'est pas une bande de radicaux », a-t-il dit. « Mais à suivre le débat et à voir comment certains d'entre vous s'en prennent à cette loi, on pourrait penser qu'il s'agit là d'un complot bolchevique. » Il a poursuivi en insistant sur le caractère conservateur du plan santé en disant, « si l'on regarde la loi de plus près, la majorité des observateurs indépendants diront que ce projet est en fait ce que de nombreux Républicains avaient proposé à Bill Clinton lorsqu'il avait tenu ce débat sur les soins de santé. »

Vers la fin de la séance, Obama a déclaré : « Nous devons faire attention à ce que nous disons parfois les uns des autres, parce cela nous bloque en rendant difficile toute collaboration et parce que nos électeurs se mettent à à croire ce que nous disons. Ils ne comprennent pas toujours que c'est juste de la politique que vous faites comme nous aussi d'ailleurs. »

Le franc-parler de ce cynisme politique est stupéfiant. Obama admet en fait que le prétendu conflit entre le Parti démocrate et le Parti Républicain, et donc pratiquement l'ensemble de la politique officielle américaine, n'est en grande partie que du théâtre, une arnaque aux dépens de la grande majorité du peuple américain.

Il a mis en garde ses homologues républicains qu'ils étaient en train d'exagérer la rhétorique antigouvernementale au point que cela devienne politiquement dangereux. Qu'ils allaient au-delà du dénigrement « juste politique », chose courante dans les deux grands partis pro-patronaux, en risquant de discréditer le système politique et en rendant impossibles les tractations habituelles au Congrès.

Répondant en fin de séance à la question finale du député texan d'ultra-droite, Jeb Hensarling, au sujet de l'accroissement du déficit budgétaire fédéral, Obama a mis en garde les Républicains de ne pas poser en défenseurs des personnes âgées contre les coupes dans le programme d'assurance Medicare [pour personnes âgées ou invalides] (comme ils l'avaient fait lors du débat sur les soins médicaux) ou contre les coupes de la sécurité sociale parce que cela rendrait impossible toute approche bipartite à la « réforme » des droits aux bénéfices sociaux.

La principale préoccupation d'Obama n'est pas tant le plan santé en soi mais le projet bien plus vaste dont il ne représente qu'une partie, à savoir, la destruction totale des programmes sociaux de base financés par le fonds fédéral, à savoir Medicare, Medicaid et la Sécurité sociale, dans le but de payer les énormes déficits budgétaires engendrés par la crise financière, la réduction de l'impôt pour les riches, le sauvetage des banques et deux guerres impérialistes.

(Article original paru le 1er février 2010)


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