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  WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Le NPA sert de couverture à l’escalade militaire en Afghanistan

Par Kumaran Ira
6 janvier 2010

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Il n’y a pas de preuve plus évidente de la manière avec laquelle le Nouveau Parti anti-capitaliste (NPA) embrouille et démoralise les travailleurs que la réponse du NPA aux projets d’escalade militaire des Etats-Unis et de l’OTAN en Afghanistan.

L’escalade est profondément impopulaire en France. Une enquête Ifop révèle que 82 pour cent des sondés sont opposés à l’envoi de renfort et 65 pour cent sont opposés à la présence militaire en Afghanistan. Toutefois, la guerre est pleinement soutenue par l’establishment politique, y compris les partis bourgeois de gauche tels le Parti socialiste (PS) et le Parti communiste (PCF). Le PS et le PCF étaient au pouvoir en 2001, et avaient à l’époque supervisé l’envoi initial de troupes françaises en Afghanistan.

Le déploiement en Afghanistan est crucial non seulement pour la stratégie française et l’influence des grandes entreprises dans une région riche en pétrole et d’une grande importance géopolitique, mais aussi pour les relations de la France avec ses alliés de l’OTAN, notamment les Etats-Unis. Lors d’un débat à l’Assemblée nationale sur l’Afghanistan le 16 décembre, le ministre de la Défense, Hervé Morin, a dit sans ambages que l'unique sujet ouvert à débat serait le caractère de l’envoi de renforts français. Il a présenté trois options : un « renforcement de notre aide au développement », une « aide à la formation de la police ou de l’armée » ou « l’envoi de moyens militaires supplémentaires. » Il a dit que la décision serait prise après la conférence internationale sur l’Afghanistan prévue à Londres le 28 janvier.

Les forces françaises ont lancé dernièrement une grande offensive coordonnée avec les Etats-Unis et les troupes afghanes dans la vallée d’Uzbin à l’Est de Kaboul, près de la frontière pakistanaise. C’est la région où dix soldats français avaient été tués dans une embuscade en août dernier. Jusqu’à maintenant aucune évaluation du nombre de victimes civiles ou militaires n’est disponible.

Dans ces conditions, le NPA se discréditerait s’il soutenait ouvertement la guerre ou le bilan de ses alliés au PCF, et perdrait de ce fait toute son utilité pour ses maîtres de la classe dirigeante. En conséquence, il publie des critiques inoffensives de la guerre en impliquant qu'il est possible de stopper la guerre par des manifestations de rue.

Dans un communiqué publié le 17 décembre, immédiatement après le débat parlementaire, le NPA écrit : « Comment y [dans la stratégie de la guerre en Afghanistan] accorder le moindre crédit alors que c’est précisément l’échec de cette politique dite d’afghanisation de la guerre qui oblige les USA et leurs alliés de l’OTAN à se lancer dans une fuite en avant militaire sans issue ? »

Et d'ajouter : « Cette sale guerre est une impasse. Ce sont des milliards engloutis dans des dépenses militaires qui ne profitent qu’aux trusts de l’armement. » Pour conclure : « Il est nécessaire que s’exprime le plus largement possible, en particulier dans la rue, la condamnation par la majorité de l’opinion de cette aventure militaire. »

Il faut parler franchement. La guerre en Afghanistan est d'un intérêt stratégique crucial pour chaque puissance impérialiste et ne peut être stoppée par quelques manifestations de rue. Ceux qui veulent stopper la guerre en Afghanistan doivent discuter de perspectives pour organiser un mouvement de masse de la classe ouvrière internationale dans le but de renverser les gouvernements des pays de l’OTAN, y compris celui du président Nicolas Sarkozy.

Ce que le NPA veut dire quand il parle de vouloir laisser l’opposition s’exprimer « dans la rue » est une protestation impuissante comparable aux manifestations intersyndicales et qui n’avaient pas réussi à stopper la détérioration massive du système de retraite en 2007-2008. Ces manifestations avaient été soigneusement organisées conjointement avec Sarkozy lui-même afin de donner l’impression que Sarkozy tenait compte de l’opposition populaire tandis qu'il procédait à ses attaques réactionnaires. Durant les manifestations, le NPA s’était prudemment abstenu de critiquer la trahison consciente des syndicats, notamment de la Confédération générale du Travail (CGT), qui est historiquement associée au PCF stalinien.

Dans ces conditions, quand le NPA dénonce la guerre en Afghanistan comme étant « sale » et une source de profit pour les marchands d’armes, ses critiques sont creuses et hypocrites. On n'y trouve aucune trace d'une compréhension marxiste du caractère de classe de la guerre ou des dangers qu’elle représente pour la classe ouvrière internationale.

Il ne peut pas y avoir de doute que la guerre protègera les profits juteux du complexe militaro-industriel de la France, et des entreprises énergétiques opérant en Asie centrale. Toutefois, l’objectif plus général de la guerre est le maintien de la position hégémonique des Etats-Unis en Eurasie et la cohésion de l’alliance de la bourgeoisie européenne avec les Etats-Unis par le biais de l’OTAN, dans une situation de crise économique massive. Il n’est pas question de l’intérêt financier d'un secteur de l’industrie française ou d'un autre, mais de l’intérêt stratégique de l’ensemble de la bourgeoisie française et européenne.

Ceci explique l’unanimité de l’establishment politique à soutenir le déploiement militaire de la France en Afghanistan. En cela, le NPA joue un rôle légèrement plus complexe et plus hypocrite, à savoir celui de défenseur de l’aile gauche de l’establishment.

La politique pro impérialiste du NPA s'était clairement révélée lors des élections iraniennes en juin 2009 à l’issue desquelles le président sortant Mahmoud Ahmadinejad avait été réélu. Le NPA avait repris, sans preuve aucune, les affirmations répétées par les principales puissances impérialistes, à savoir que le résultat de l’élection iranienne était truqué. Il avait soutenu le candidat perdant, Mir Hossein Mousavi, qui avait mobilisé la classe moyenne urbaine dans des manifestations fondées sur un programme prévoyant des coupes sociales considérables, la privatisation des entreprises d’Etat et l’ouverture de l’Iran à l’investissement étranger.

L’hypocrisie de la position anti-guerre du NPA est soulignée par sa coopération avec les partis bourgeois de gauche qui avaient été à l’origine de l’intervention de la France en Afghanistan en 2001. Après avoir renoncé à toute association, même de pure forme, au trotskysme lors de son congrès fondateur en février dernier, le NPA a rapidement intensifié ses liens avec le PS, le PG (Parti de Gauche, une scission du PS) et le PCF. Pour les élections régionales de mars 2010, le NPA a déjà signalé qu’il appellerait à voter en faveur du PS au second tour des élections et qu’il participerait à des gouvernements régionaux PS.

Les groupes PS et PCF à l’Assemblée nationale ont hypocritement appelé au « retrait des troupes de l’OTAN. » Ceci est en grande partie une tentative visant à désorienter l’opposition populaire à la guerre menée par les Etats-Unis juste avant la conférence de Londres qui aura pour but de donner une couverture onusienne à la poursuite de l’occupation de l’Afghanistan. C’est ainsi que le député communiste Jean-Paul Lecoq a proposé le renforcement du rôle de l’ONU avec la définition d’un nouveau mandat pour la guerre en disant que la France devrait « prendre l’initiative d’organiser une conférence, sous l’égide des Nations unies, pour définir les conditions de la paix » en Afghanistan.

Des voix plus franches au sein de ces mêmes partis ont ouvertement déclaré leur soutien à l’escalade militaire. Sur son blog du 15 décembre, le député PS, Manuel Valls a écrit : « Ma position est claire : l’envoi de soldats supplémentaires est une nécessité. » Il a ajouté : « La guerre menée en Afghanistan n’est pas celle de l’Amérique, mais bien celle de la communauté internationale contre l’un des foyers majeurs du terrorisme… Partir d’Afghanistan maintenant, en raison des obstacles rencontrés et de l’inquiétude croissante des opinions publiques, serait désastreux.» Se faisant l’écho du discours prononcé par Obama à l’occasion de la réception du Prix Nobel, il a écrit : « Mais l’essentiel est bien de gagner la guerre pour gagner la paix. »

L’orientation du NPA vers les partis bourgeois de gauche reprend la démarche de ses confrères italiens, l’organisation pabliste Sinistra Critica. Ils avaient participé, au sein du parti stalinien italien Rifondazione Communista (Refondation communiste), à former un élément majeur du gouvernement dirigé par Romano Prodi de 2006 à 2008. Rifondazione avait aidé Prodi à appliquer les mesures d’austérité contre la classe ouvrière, à renforcer les troupes en Afghanistan et à autoriser l’extension de bases militaires américaines.

(Article original paru le 28 décembre 2009)

 

 


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