Le gouvernement Obama est en train de perpétrer des attaques
sans précédent contre l’éducation publique aux Etats-Unis. Tout en
octroyant des billions de dollars à Wall Street, Obama prive les gouvernements
des Etats et les gouvernements locaux de fonds en exigeant d’eux
qu’ils résolvent leur déficit budgétaire qui grimpe en flèche par la
fermeture d’écoles d’Etat publiques et l’ouverture
d’écoles semi privées.
Au Michigan et dans d’autres Etats, les districts
scolaires procèdent à des coupes claires dans les emplois en supprimant des
services essentiels tels le transport scolaire. La durée de la semaine scolaire
à Hawaii a été réduite à quatre jours en raison du congé des professeurs. Les
réductions ont également été étendues à l’enseignement supérieur, la
Californie se trouvant à l’avant-garde en imposant une augmentation de 32
pour cent des frais de scolarité.
Le peu de financement fédéral alloué par le gouvernement
Obama, une modeste somme de 4 milliards de dollars dans le cadre de son
programme « Race to the Top » (« La Course au Sommet ») est
tributaire de l’abandon des restrictions sur l’expansion des écoles
semi privées et au financement de l’école et de la rémunération des
enseignants sur la base des résultats obtenus par les écoliers à des tests
standardisés.
La catastrophe à laquelle les écoles publiques ont à faire
face est l’aboutissement de trois décennies d’attaques contre
l’éducation nationale qui a coïncidé avec l’assaut général contre
la position sociale et les droits démocratiques de la classe ouvrière.
L’assaut avait vraiment débuté dans les années 1980 avec Reagan qui avait
réduit de moitié le financement fédéral destiné à l’éducation nationale.
Il se poursuivit avec la promotion de Clinton des écoles privées sous contrat
et du « school choice » (« choix des écoles ») dans les
années 1990 et de la loi de Bush « No Child Left Behind-Act »
(« qu’aucun enfant soit laissé pour compte »), co-parrainée par
le sénateur démocrate Edward Kennedy.
Ce fut sans aucun doute un choc pour de nombreux enseignants
et partisans de l’éducation publique que le gouvernement actuel, élu
grâce au vote populaire pour mettre fin à la réaction sociale et en exploitant
la conviction qu’un président afro-américain serait plus compatissant à
l’égard de la population laborieuse, soit devenu un moyen de perpétrer
des attaques de plus en plus impitoyables contre les écoles publiques.
Toutefois, l’assaut contre l’éducation n’est qu’une
partie de l’ensemble de la politique d’Obama, y compris
l’escalade de la guerre et l’enrichissement supplémentaire de
l’aristocratie financière.
La politique d’Obama et de son secrétaire à
l’Education, Arne Duncan, représente une répudiation du principe de base
de la démocratie que tous les enfants, indépendamment de leurs antécédents
socio-économiques ont le droit à une éducation libre de qualité. Le
gouvernement est en train d’initier la transformation de l’éducation
en un système en grande partie privatisé au moyen de subventions accordées à
des écoles privées sous contrat destinées à éduquer qu’une partie des
jeunes de la classe ouvrière. Le restant étant condamné à des écoles
ressemblant plus à des centres d’apprentissage pour tenir correctement un
crayon qu’à apprendre vraiment.
L’éducation de qualité est en train de devenir
rapidement le privilège de quelques-uns, et non un droit pour tous.
Detroit, la plus pauvre des grandes villes américaines, est
devenu le point de convergence de cette attaque. En étroite collaboration avec
le gouvernement Obama ainsi qu’avec le syndicat des enseignants, American
Federation of Teachers, et sa section locale de Detroit, le « directeur
financier d’exception » du district scolaire nommé par l’Etat
vient d’imposer un contrat qui oblige chaque professeur à
« prêter » au district 10.000 dollars de son traitement sur les deux
prochaines années. Le contrat accélèrera la fermeture de soi-disant
« écoles en faillite » et le licenciement d’enseignants
expérimentés ainsi que l’établissement d’« écoles
prioritaires » pour une section choisie d’étudiants.
Les conditions de chômage de masse dans l’ancien
centre mondial de la production automobile, aggravées par des bâtiments
scolaires vétustes et mal entretenus et un manque cruel d’outils de base
tels des livres, des ordinateurs, des laboratoires, etc., ont entraîné une
chute des résultats de tests et une baisse du taux d’obtention de
diplômes. Au lieu de remédier à ce désastre, les politiciens et les
administrateurs des écoles se sont servis de la crise pour faire des
enseignants les boucs émissaire en sapant la confiance
de l’opinion publique dans le système éducatif.
Ceci est une politique de classe délibérée. L’élite
dirigeante américaine qui est dominée par une oligarchie financière
fabuleusement riche et corrompue n’a aucune intention d’investir de
l’argent dans l’éducation de vastes sections de jeunes issus de la
classe ouvrière et dont les perspectives d’avenir sont le chômage ou des
salaires de misère.
Le critère le plus essentiel pour mesurer la santé
d’une société est la valeur qu’elle accorde et les ressources
qu’elle attribue au rehaussement du niveau culturel et intellectuel de la
prochaine génération. L’état de l’éducation publique aux Etats-Unis
est une mise en accusation de la société capitaliste.
L’inégalité sociale et l’éducation
L’établissement des écoles publiques aux Etats-Unis
avait été le produit de révoltes révolutionnaires contre l’inégalité
sociale et l’oppression au 18ème et au 19ème
siècle. Les plus grands dirigeants de la Révolution américaine croyaient que
chaque individu avait une capacité innée pouvant être concrétisée à la
condition qu’il puisse bénéficier des moyens d’acquérir un savoir
et une formation. En 1779, Thomas Jefferson avait proposé une loi pour une
« diffusion plus générale du savoir ». Elle prévoyait
l’établissement d’écoles publiques libres. Ceci, avait-il dit,
activerait « cette masse de talents qui se trouve ensevelie sous la
pauvreté dans chaque pays faute de moyens de développement… »
Les révolutionnaires américains pensaient qu’une
population éduquée était le seul moyen pour empêcher la tyrannie et
l’oppression. Les coûts publics de l’établissement d’un
système d’écoles libres, avait dit Jefferson, « ne seraient que la
millième part de ce qui sera payé aux rois, aux prêtres et aux nobles qui
s’élèveront parmi nous si nous laissons le peuple dans
l’ignorance. »
Les défenseurs de l’éducation publique, du « père
de l’école publique » Horace Mann, de l’abolitionniste
Thaddeus Stevens et du philosophe John Dewey, aux premiers dirigeants de la
classe ouvrière et des dirigeants socialistes ainsi qu’aux pionniers du
mouvement des droits civiques, étaient poussés par la profonde conviction que chaque
enfant, qu’il ait été un ancien esclave, un enfant travailleur ou un
immigrant ouvrier, devrait et pourrait être éduqué et que l’existence
continue de la démocratie en dépendait.
De nos jours, l’establishment industriel et
politique américain a répudié cette conception égalitaire. A ses yeux, les
coûts éducatifs de dizaines de millions de jeunes de la classe ouvrière,
notamment des centres villes, sont une infraction intolérable à sa richesse.
Cette politique de classe misanthrope est dissimulée sous les appels à « la
responsabilité individuelle. » Comme Obama, qui a fait carrière et
accumulé ses millions en prêtant ses services aux riches et aux puissants,
l’a répété à maintes reprises, la pauvreté et des écoles vétustes ne sont « pas une excuse pour un échec. »
L’assaut contre l’éducation publique est la
conséquence de l’inégalité sociale grandissante aux Etats-Unis et qui à
son tour est l’expression la plus perverse de la décrépitude du
capitalisme américain et mondial. Le gouffre énorme et croissant entre le 1 pour
cent au sommet et la grande masse de la population est incompatible avec la
démocratie. La destruction de l’éducation publique est une expression
profonde de la crise terminale de la démocratie aux Etats-Unis.
L’aristocratie financière américaine, parasite et
criminelle dans son essence sociale et économique, exerce une dictature de
fait, en dominant les deux partis ainsi que chaque institution politique. Elle
est organiquement hostile aux principes démocratiques.
L’impact de décennies d’une politique réactionnaire,
l’effondrement du vieux mouvement ouvrier et la semi criminalisation de
la politique et de la pensée socialiste ont causé le délabrement de la vie
intellectuelle et culturelle. L’intelligentsia libérale critique et
oppositionnelle d’antan a depuis longtemps cessé d’exister. En ce
qui concerne les questions de base de la politique, les partis Démocrate et
Républicain sont devenus quasi indiscernables comme le montre la poursuite par
le gouvernement Obama de la politique militariste et pro patronale du
gouvernement Bush.
Aucune section de l’establishment politique
n’est engagée dans la défense des droits démocratiques, y compris le
droit à une éducation décente.
Pour ce qui est des syndicats, ils sont devenus des
partenaires corporatistes dans la destruction des niveaux de vie et des
conditions sociales de la classe ouvrière. Les syndicats Americain Federation
of Teachers et le National Education Association se sont ralliés à la politique
anti-éducation et anti-enseignant de l’élite corporatiste et du
gouvernement en espérant ce faisant sauvegarder les salaires et les avantages
des dirigeants syndicaux.
La crise de l’éducation publique aux Etats-Unis est
profondément enracinée dans la crise du système économique et politique en
vigueur. La lutte pour la défense de l’éducation est une question
politique et révolutionnaire.
L’éducation publique ne peut être défendue qu’au
moyen d’une lutte pour le socialisme. Ceci signifie la mobilisation de la
classe ouvrière pour briser l’emprise de l’aristocratie financière
et soumettre au contrôle démocratique de la population laborieuse la vie
économique et politique. C’est la seule façon pour allouer la richesse
produite par la classe ouvrière et pour utiliser les immenses ressources
techniques et humaines qui existent déjà pour améliorer les écoles et pour
rehausser le niveau économique et culturel de la population en empêchant
qu’elles soient pillées au profit de l’aristocratie
d’aujourd’hui.
La lutte des enseignants, des étudiants et des parents pour
la défense de l’éducation publique est une lutte politique contre le
gouvernement Obama, les Démocrates et les Républicains et contre le système
capitaliste qu’ils défendent.