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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Les trente ans du Parti des Verts allemand

Par Peter Schwarz
19 janvier 2010

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Il y a trente ans, le 13 janvier 1980, le Parti des Verts était fondé à Karlsruhe en Allemagne.

A l’époque, nombreux étaient ceux, y compris ses fondateurs, qui considéraient le parti comme une alternative aux partis bourgeois établis et même comme le pionnier d’une nouvelle société. Trente ans plus tard, les Verts ont trouvé leur place en tant que parti bourgeois ordinaire, politiquement situé quelque part entre les sociaux-démocrates et les conservateurs. Il est temps et utile à présent de tirer un bilan.

Les fondateurs des Verts sont issus d’une génération qui s’était révoltée en 1968 contre le malaise au sein du système éducatif, contre la guerre au Vietnam et le climat d’oppression de l’ère Adenauer. Au début des années 1970, ils avaient emprunté des voies différentes : certains avaient rejoint le Parti social-démocrate (SPD), d’autres s’étaient retirés dans le privé en pratiquant un style de vie alternatif, et d’autres encore avaient fondé des groupements maoïstes en glorifiant le stalinisme de style chinois.

Ils se retrouvèrent tous à nouveau dans les Verts auxquels vinrent s’ajouter les activistes anti-nucléaires, les écologistes, les féministes et quelques idéologues du « sang et de la terre ». Le dénominateur commun de ces différents courants était leur rejet de la lutte de classe.

Du mouvement de 68, ils gardèrent le préjugé que la classe ouvrière était une masse apathique, réceptive aux idées arriérées et totalement intégrée dans le système de consommation. Le renouvellement de la société donc devait se faire d’une autre manière : en changeant son propre mode de pensée et de vie par la protection environnementale, le pacifisme et une revitalisation de la démocratie bourgeoise.

Les mentors théoriques du mouvement de 68, Herbert Marcuse, Max Horkheimer, Theordor Adorno, etc, furent les parrains des Verts à leur fondation, même si cela ne fut pas évident de prime abord. Ils avaient remplacé la conception matérialiste de l’histoire selon laquelle « le mode de production de la vie matérielle conditionne le processus de vie social, politique et intellectuel en général » (Marx) par une conception idéaliste qui considérait l’individu comme la force motrice du changement social. Au lieu de la lutte de classe, ils considéraient que la libération spirituelle, psychologique et sexuelle de l’individu était le véritable moteur du progrès social.

Rudi Dutschke, qui avait absorbé toutes ces théories pour en faire un amalgame idéologique qui fit de lui le porte-parole du mouvement de 68, avait été intimement impliqué dans les préparatifs au congrès de fondation des Verts. Il mourut trois semaines avant le congrès suite aux séquelles tardives d’une tentative d’assassinat.

Alors que l’attitude radicale des Verts suffisait à terrifier certains conservateurs et sociaux-démocrates, le radicalisme du parti se limitait en grande partie aux apparences externes telles les cheveux, l’habillement et le style de vie. Au fond, ils étaient pour un retour en arrière et conservateurs au sens strictement littéral.

Les Verts ne critiquaient pas la société du point de vue de la classe ouvrière dont l’existence est indissociablement liée à l’industrie moderne et qui ne peut résoudre ses problèmes sociaux qu’en libérant les forces productives des chaînes de la propriété privée. En réalité, les Verts critiquaient la société d’un point de vue de la petite bourgeoisie qui se sent menacée par la production moderne et qui tente de surmonter les problèmes sociaux les plus évidents par un retour aux formes de production plus anciennes. Ceci était mis le plus clairement en évidence dans le programme économique du parti qui appelait à « l’abandon de la division nationale et internationale du travail » en faveur de la « production orientée vers les attentes du consommateur pour les marchés économiques locaux et régionaux. »

Le caractère fondamentalement réactionnaire de ce programme n’a pas empêché certains prétendus marxistes tel le dirigeant pabliste Ernest Mandel, de célébrer avec enthousiasme les Verts comme une « alternative de gauche » au SPD.

Les Verts démontrèrent rapidement la fausseté de l’évaluation de Mandel. Leurs déclarations programmatiques s’opposant à la destruction de l’environnement, à la guerre et à d’autres maux de la société ne les empêcha pas de conclure un accord avec l’élite dirigeante. Le développement du parti fut finalement déterminé par son être social et non pas par les idées utopiques qui circulaient parmi les membres fondateurs du parti. Les Verts s’étaient fondés sur les couches urbaines et mieux éduquées de la classe moyenne et dont les niveaux de vie s’étaient élevés dans les années 1980 et 1990 tandis que ceux de la classe ouvrière avaient stagné et décliné.

Au début des années 1980, les Verts étaient entrés dans un certain nombre de parlements régionaux. En 1983, ils furent élus pour la première fois au parlement fédéral et en 1985, Joschka Fischer, devint le premier ministre Vert d’un Land allemand (Hesse). En 1998, sous le chancelier Gerhard Schröder (SPD), les Verts intégrèrent le gouvernement.

Le prix à payer pour leur entrée au gouvernement fédéral fut pour les Verts l’abandon de leur aveu de pacifisme. Avant même la formation du nouveau gouvernement, les Verts avaient voté, lors d’une réunion spéciale du parlement, pour la participation allemande à la guerre de l’OTAN contre la Yougoslavie.

Le poste prestigieux de ministre des Affaires étrangères fut confié à l’ancien combattant de rues, Joschka Ficher, dans le but de surmonter l’opposition populaire, profondément enracinée, aux interventions militaires internationales de l’armée allemande. De nos jours, les Verts figurent parmi les partisans les plus agressifs du militarisme allemand. Ils réclament la création d’une armée professionnelle et soutiennent la guerre en Afghanistan.

Les Verts se situent aussi à l’aile droite de la politique bourgeoise quand il s’agit de questions sociales. Ensemble, avec le SPD, ils ont appliqué le plus vaste programme de coupes sociales de l’histoire de la République fédérale.

Alors que l’« agenda 2010 » antisocial de Schröder avait créé des tensions au sein du SPD en provoquant une scission, d'où est issue le parti La Gauche, les Verts soutinrent obstinément sa politique. Ils encouragèrent Schröder à rester ferme malgré une large opposition populaire en appelant même à réduire davantage encore les dépenses publiques.

Aujourd'hui, les Verts sont prêts et désireux de coopérer au gouvernement avec les conservateurs. Les premières coalitions de l’Union chrétienne-démocrate (CDU)-Verts ont déjà été mises en place dans les Länder de Hambourg et de la Sarre, en Sarre dans une coalition tripartite avec le Parti libéral démocrate (FDP) partisan du libre marché.

Dans les conditions de la crise économique la plus profonde de ces 70 dernières années, il est crucial, notamment pour la jeune génération, de tirer les enseignements nécessaires de l’évolution droitière des Verts. Aucun des maux de la société ne peut être surmonté avec les remèdes des Verts qui ne se limitent qu’à soulager les symptômes superficiels. L’intensification du militarisme, de l’inégalité sociale et des attaques contre les droits démocratiques ne peut être contrée que par un parti se basant sur la lutte de classe en unifiant la classe ouvrière internationalement et en luttant sur la base d’un programme socialiste pour l’abolition du capitalisme.

(Article original paru le 13 janvier 2010)

 

 


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