wsws.org/francais

Visitez le site anglais du WSWS

SUR LE SITE :

Contribuez au WSWS

Nouvelles et Analyses
Luttes Ouvrières
Histoire et Culture
Correspondance
L'héritage que nous défendons

A propos du CIQI
A propos du WSWS

AUTRES LANGUES

Allemand

Français
Anglais
Espagnol
Italien

Indonésien
Russe
Turque
Tamoul

Singalais
Serbo-Croate

 

WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Le SPD, les Verts et La Gauche sont préparés pour jouer un nouveau rôle dans la politique allemande

Par Ulrich Rippert
15 juillet 2010

Imprimez cet article | Ecrivez à l'auteur

La composition du gouvernement minoritaire constitué du Parti social-démocrate et des Verts dans le Land de Rhénanie-du-Nord/Westphalie (NRW) a des implications politiques majeures au niveau fédéral.

Depuis des mois, les critiques des médias vont s'amplifiant à l'encontre de la coalition gouvernementale dirigée par l'Union chrétienne-démocrate (CDU) et qui comprend l'Union chrétienne-sociale (CSU) et le Parti libéral démocrate (FDP).

Les journaux d'affaires, notamment le Handelsblatt, qui est publié à Düsseldorf, la capitale du Land de NRW, le Frankfurter Allgemeine Zeitung et Der Spiegel font subir à la chancelière Angela Merkel un véritable pilonnage politique.

Certaines sections de l'élite dirigeante pensent que le gouvernement Merkel est trop faible pour appliquer les mesures d'austérité que les banques et le patronat exigent. Elles ont été déconcertées par les conflits internes récurrents entre les partenaires de la coalition et rejettent la faute sur Merkel pour une certaine faiblesse dans sa gestion.

Le gouvernement fédéral est incapable de mener à bien « les réformes vitales pour l'économie » (Handelsblatt) et, selon les critiques des médias, il cherche à dissimuler sa faiblesse en clamant de manière provocatrice son intention d'imposer des mesures sociales dures en provoquant inutilement des protestations.

Ces mêmes organes de presse qui critiquent Merkel parlent favorablement du parti d'opposition, le Parti social-démocrate (SPD) et plus encore des Verts.

La composition récente d'un gouvernement minoritaire SPD/Verts dans le Land le plus peuplé d'Allemagne, la Rhénanie-du-Nord/Westphalie, représente un pas en direction d'un changement de gouvernement au niveau fédéral, impliquant soit l'un soit les deux partis d'opposition.

Suite au changement de pouvoir en NRW, le gouvernement Merkel a perdu sa majorité au Bundesrat (la chambre haute du parlement allemand) et ne peut donc promulguer de lois qu'en coopération avec les partis d'opposition. L'élection de Hannelore Kraft (SPD) au poste de ministre-président du Land de NRW, qui est prévue pour la semaine prochaine, est saluée par le Frankfurter Rundschau comme étant « l'aube d'un avenir SPD-Verts ».

Le SPD tout comme les Verts ont précédemment formé des gouvernements en NRW de même qu'au plan fédéral. Ce qui est nouveau dans cette coalition « Rouge-Verte » en NRW c'est l'inclusion du parti La Gauche (Die Linke) comme facteur critique dans le gouvernement d'un grand Land d'Allemagne de l'Ouest.

Une voix manque à la coalition SPD/Verts à Düsseldorf pour atteindre le nombre requis pour l'adoption du budget du Land en automne. Il est peu probable qu'elle reçoive la voix requise du CDU ou du FDP. La coalition doit compter sur La Gauche pour lui fournir cette voix et maintenir ainsi le SPD et les Verts au pouvoir en NRW. Quant à La Gauche, elle s'empresse de proclamer son soutien loyal.

Dans une interview accordée au journal Kölner Stadt-Anzeiger (de Cologne), la dirigeante de La Gauche, Gesine Lötsch, a dit mercredi : « Nous avons dit dès le début que nous remplacerons Rüttgers [le ministre-président CDU sortant] et que nous voulons un changement de politique. Nous n'empêcherons pas Mme Kraft de prendre ses fonctions. »

Lötsch a poursuivi en insistant que La Gauche était « tout à fait fiable » sur cette question en ajoutant que le parti était « à 80 pour cent d'accord » sur les questions principales et qu'il était prêt à négocier sur le reste.

Il y a un contraste frappant entre la composition du nouveau gouvernement en NRW et la situation qui existait dans le Land de Hesse il y a 18 mois. Après l'élection régionale de Hesse fin 2008, la présidente régionale du SPD avait tenté de former un gouvernement avec le soutien de La Gauche. Mais elle en avait été empêchée par les médias, la direction nationale du SPD ainsi que par l'aile droite de son propre groupe parlementaire.

Les choses se présentent différemment à présent. Initialement, Hannelore Kraft, qui travaillait avant comme conseillère en affaires et qui est proche de l'aile droite du SPD, n'a pas caché son opposition à toute collaboration avec La Gauche. Ce n'est que sous la pression du dirigeant du SPD, Sigmar Gabriel, et d'une grande partie des médias, qu'elle a changé d'avis.

Comment s'explique ce changement de position du SPD et d'une grande partie des médias ?

Fin 2008, la crise économique venait tout juste d'éclater et paraissait gérable. Le gouvernement fédéral de l'époque était une grande coalition entre le CDU et le SPD, et la classe dirigeante misait soit sur sa continuation soit sur son remplacement par une coalition entre CDU-CSU-FDP. Le parti La Gauche était considéré comme un facteur incertain dont l'implication dans le gouvernement était vue comme nuisible et inutile.

Quinze mois plus tard, l'impact total de la crise économique se fait sentir. La classe dirigeante est déterminée avant tout à faire payer la classe ouvrière pour la crise au moyen de coupes massives qui réduiront à néant l'Etat providence d'après-guerre. La coalition actuelle n'a pas réussi à satisfaire les attentes de la bourgeoisie, elle est minée par des dissensions internes, pratique le clientélisme politique et est confrontée à une résistance croissante de la population.

Dans ces conditions, La Gauche se voit confier la tâche de conférer un vernis pseudo-gauche à un gouvernement SPD-Verts. Pour sa part, cette coalition n'a pas l'ombre d'un doute quant aux tâches qu'elle doit remplir.

Le gouvernement « Rouge/Vert » en NRW, qui est soutenu par La Gauche, a été instruit de faire preuve d'une plus grande unité interne en recourant à ses liens avec les syndicats afin d'intervenir plus efficacement et plus impitoyablement contre la classe ouvrière que n'a pu le faire l'actuelle coalition fédérale. Les personnes influentes de l'élite dirigeante allemande sont tout à fait conscientes qu'en Grèce, en Espagne et au Portugal les mesures d'austérité drastiques sont imposées par des gouvernements sociaux-démocrates soutenus par les syndicats.

Pour diriger, le nouveau gouvernement de NRW prend modèle sur la coalition fédérale SPD/Verts dirigée par Gerhard Schröder (1988-2005) et sur la coalition SPD/Verts/La Gauche en place au Sénat de Berlin et menée par Klaus Wowereit. Dans les deux cas, les attaques brutales contre les programmes sociaux et les conditions de vie de la classe ouvrière ont été perpétrées par les partis de « gauche » de la bourgeoisie.

A la fin de l'année dernière, la dette publique du Land de NRW était de 122,1 milliards d'euros et l'on s'attend à ce qu'elle passe cette année à 129,1 milliards d'euros. Le paiement des intérêts aux banques s'élève actuellement à environ 4,6 milliards d'euros et son montant ne cesse d'augmenter. Des réductions drastiques des dépenses sont en préparation.

Pour ne pas compromettre leur venue au pouvoir en NRW, le SPD et les Verts ont reporté les pires coupes jusqu'à la tenue des négociations budgétaires, à l'automne prochain. La suppression des droits d'inscription et l'augmentation des place en crèches et dans les jardins d'enfants stipulée dans l'accord de la coalition sont avant tout destinées à obtenir le soutien des syndicats et des organisations sociales, soutien qui sera indispensable en automne au moment où les mesures d'austérité seront annoncées. Immédiatement après l'annonce de l'accord de coalition, le directeur de district du syndicat IG Metall, Oliver Burkhardt, a déclaré que son syndicat apporterait son plein soutien au nouveau gouvernement.

Dans cet essai de réalignement politique au niveau fédéral, La Gauche doit démontrer sa fiabilité et sa volonté de servir de pilier important du régime bourgeois.

Un gouvernement SPD/Verts, qu'il soit soutenu par La Gauche ou qu'il l'inclut, serait tout à fait capable d'introduire des formes autoritaires de gouvernement. Un tel gouvernement n'hésiterait pas à recourir à des mesures brutales pour contrer l'opposition sociale que lui ou les syndicats ne seraient pas à même de contrôler.

Un regard jeté sur le passé montre que les soi-disant gouvernements de « gauche », tels les gouvernements de Front populaire des années 1930 en Espagne et en France, avaient réprimé l'opposition sociale en ouvrant la voie à des régimes droitiers et fascistes. Le danger d'un tel développement est révélé par les événements récents survenus en Hongrie et aux Pays-Bas. Dans ces deux pays, les partis sociaux-démocrates ont supervisé un déclin social dévastateur et renforcé l'influence des partis d'extrême droite.

L'affirmation qu'un gouvernement SPD/Verts/La Gauche serait un « moindre mal » en comparaison de l'actuelle coalition fédérale est fausse. La classe ouvrière doit rejeter la politique opportuniste de La Gauche et intervenir en tant que force politique indépendante. Ceci nécessite la construction d'un nouveau parti, le Partei für Soziale Gleichheit (Parti de l'Egalité sociale), qui s'oppose au capitalisme et qui s'attaque aux racines des problèmes.


(Article original paru le 9 juillet 2010)

Untitled Document

Haut

Le WSWS accueille vos commentaires


Copyright 1998 - 2012
World Socialist Web Site
Tous droits réservés