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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Le premier ministre Zapatero obligé de défendre la solvabilité de l’Espagne

Par Paul Mitchell
12 juillet 2010

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Le premier ministre espagnol, José Luis Zapatero, a été obligé le 2 juillet de mettre sur pied en catastrophe une défense de la solvabilité économique de l’Espagne après que l’agence de notation Moody’s a annoncé la mise sous surveillance de la note souveraine du pays. Moody’s a justifié cette mise sous surveillance par la dégradation des estimations de la croissance économique et la probabilité que le pays n’atteigne ses objectifs fiscaux.

Zapatero a déclaré, « J’ai confiance en la force de nos entités financières qui forment un pilier crucial de la force économique de notre pays. »

L’annonce de Moody’s faisait suite à la dégradation de la note de crédit de l’Espagne par Fitch Ratings en avril et par Standard and Poor’s en mai. Les marchés financiers internationaux ayant littéralement coupé tout crédit à l’Espagne et le gouvernement étant obligé d’offrir des obligations aux rendements record, le pays se trouve au bord du défaut de paiement. L’inquiétude est largement répandue dans les cercles financiers que l’Espagne sera le prochain pays à se trouver confronté à une crise de style grec.

L’annonce faite par Moody signifie que les mesures d’austérité drastiques et les réformes sur le marché du travail qui sont appliquées par le gouvernement du Parti socialiste (PSOE) n’ont pas réussi à satisfaire les institutions financières internationales. D’autres attaques sont imminentes. Fin juin, le gouverneur de la Banque d’Espagne, Miguel Ángel Fernández Ordóñez, a réclamé « une accélération plus grande et un consensus sur la réforme des retraites » ainsi que l’application par les gouvernements régionaux « de coupes radicales » afin « de dissiper l’incertitude que nous avons observée ces dernières semaines. »

Le gouvernement a fait grand cas de sa campagne de faire pratiquer par l’Union européenne (UE) des enquêtes publiques sur la solvabilité des banques espagnoles, surnommées « stress tests » (tests de résistance). Zapatero les considère comme une sorte de panacée pour les problèmes espagnols – un moment « défini » pour le retour de la confiance dans l’économie espagnole. « Il n’y a rien de mieux que la transparence pour générer la confiance, » avait ajouté Zapatero.

Les stress tests avaient été initialement introduits l’année dernière par l’UE qui affirmait que les tests évalueraient des projets de restructuration des banques nécessitant de l’aide. Quelque 22 banques furent examinées dont la Deutsche Bank et la Commerzbank en Allemagne, la BNP Paribas et le Crédit agricole en France et la RBS, la Barclays et Lloyds au Royaume-Uni. Toutefois, seuls les résultats d’ensemble furent publiés – provoquant l'accusation que les résultats médiocres des banques plus faibles étaient occultés.

La mesure n'avait pas réussi à satisfaire les marchés et la pression pour l’examen de la solvabilité d’autres banques européennes avait augmenté. Entre 60 et 120 banques supplémentaires ont depuis subi les stress tests dont les caisses d’épargne locales espagnoles (cajas) qui furent durement touchées par l’effondrement du boom de la construction en 2008. Les cajas furent obligées de reprendre des logements non vendus ou saisis en espérant pouvoir les vendre quand le marché de l’immobilier connaîtrait une reprise. Non seulement ceci ne s’est pas matérialisé mais a empiré. Les cajas détiennent des dizaines de milliards d’actifs dont elles essaient désespérément de se débarrasser.

Un chroniqueur a fait remarquer: « Alors que de nombreuses banques du pays se ruent pour se décharger de leurs actifs immobiliers, elles offrent aux consommateurs des contrats qui ont tout l'air de ressembler ceux qui avaient jeté l’économie mondiale dans la récession il y a deux ans. »

La crise des cajas était devenue critique à la fin de l’année dernière quand le gouvernement fut contraint de participer au sauvetage de la Caja Castilla La Mancha en débloquant 9 milliards d’euros. Plus récemment, il dû organiser le renflouement de CajaSur contrôlée par l’église catholique. En conséquence, la Banque d’Espagne fut obligée d’annoncer un projet de fusion de 39 des 45 cajas du pays en une poignée de nouvelles institutions en octroyant ce faisant des milliards d’euros. La plus grosse nouvelle banque comprendra sept cajas pour devenir la troisième plus grande banque d’Espagne derrière Banco Santander et BBVA. Les premiers rapports suggèrent que le personnel sera réduit de 15 pour cent et qu’un quart des filiales locales seront fermées.

Le mois dernier, les ministres des Finances de l’UE se sont mis d’accord pour réclamer du gouvernement espagnol la publication d’ici la mi-juillet des résultats des stress tests des banques individuelles. Mais, selon le site internet euroactiv.com, qui est dirigé par plusieurs associations de banquiers internationaux, sociétés de crédit immobilier et comptables, les stress tests ne font que donner aux banques une note de réussite ou d’échec sans « montrer exactement à quel point une banque est proche de la faillite dans certains cas de figure, comme dans le cas d’une aggravation de la crise des dettes souveraines. »

Une source anonyme a dit « Certains cas de figure qui devraient être inclus ne le sont pas, du moins dans ce qui sera révélé publiquement et qui sera édulcoré afin d’éviter une panique des marchés. »

« Dans certains cas de figure des banques européennes finiraient par faire faillite et bien évidemment ils ne publieront pas cela, » a poursuivi la source anonyme.

L’analyste de la politique financière européenne, Kevin Newman, a renchéri : « Cela ne sert pas à grand-chose de faire ces tests vu que la méthodologie et la transparence ne seront pas solides.

« Il suffit de regarder le montant total de liquidités que la Banque centrale européenne accorde aux banques pour savoir que de larges pans du secteur bancaire européen courent le danger de devenir insolvables. »

Les remarques de Newman visent en particulier l’Espagne:

Les banques espagnoles empruntent des sommes record auprès de la Banque centrale européenne (BCE) malgré le boycott des marchés financiers mondiaux. C’est le montant le plus élevé depuis la création de la zone euro en 1999 et constitue un montant disproportionné du fonds de soutien de la BCE. Les banques espagnoles comptent pour 16,5 pour cent des prêts directs accordés par la BCE en juin, environ le double de la somme normale et une augmentation de 26,5 pour cent par rapport au mois précédent. Cette situation précaire a fait que le rendement à dix ans des obligations du pays a atteint un niveau record de 4,7 pour cent ce qui représente deux points de pourcentage de plus que celui de l’Allemagne, ce qui est énorme. La hausse inexorable des rendements est une répétition de ce qui s’était passé en Grèce au début de la crise financière.

L’Espagne a également été touchée par la décision de la BCE de donner un coup d’arrêt à partir du 1er juillet à son processus de prêt d’urgence massif de 750 milliards d’euros à un pour cent sur un an et qui est connu comme opération de refinancement à long terme (LTRO). La LRTO formait la partie centrale des efforts de la BCE d’atténuer le resserrement de liquidités partout en Europe et était censée mettre fin aux doutes sur le projet de l’euro. Dorénavant la BCE n’émettra plus que des prêts remboursables sur trois mois au plus.

« La BCE n’aime pas que les gouvernements lui disent ce qu’elle a à faire, j’aimerais simplement dire que j’espère qu’à cette occasion, comme à d’autres, la BCE soit consciente des besoins de notre système financier, » a dit la ministre espagnole des Finances, Elena Salgado.

Selon Simon Samuels, un analyste de la banque d’investissement britannique Barclays Capital, « Le système ne fonctionne tout simplement pas… Nous entamons la troisième année de soutien à la liquidité des banques et le marché n’est toujours pas capable de survivre sans assistance. »

Barclays Capital estime que les banques devront refinancer jusqu’à hauteur de 300 milliards d’euros en nouveaux prêts LTRO financés à trois mois.

« Nous nous trouvons dans une situation dangereuse et contraignante, » a dit Gary Jenkins, expert crédit chez Evolutions Securities. » « L’Espagne est un emprunteur suffisamment grand pour mettre à sec le fonds de soutien de l’UE. »

Les problèmes du PSOE ont empiré le mois dernier lorsque le quotidien économique espagnol El Economista a rapporté que l’UE, le Fonds monétaire international (FMI) et le Trésor américain avaient discuté de l’élaboration de nouveaux processus de crédit pour l’Espagne s’élevant à 250 milliards d’euros, éclipsant le renflouement de 110 milliards d’euros de la Grèce et le plus important de toute l’historie. L’on rapporte que le directeur du FMI, Dominique Strauss-Kahn, aurait convenu de la tenue d’une réunion d’urgence secrète avec le conseil d’administration. Toutes les personnalités impliquées ont démenti les rapports, et Zapatero a déclaré, « L’Espagne est un pays solvable, solide et fort avec une crédibilité internationale. »

 

(Article original paru le 5 juillet 2010)

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