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Grèce : sixième grève générale pendant que PASOK vote le plan d'austérité

Par Robert Stevens
14 juillet 2010

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Des dizaines de milliers de travailleurs ont protesté jeudi au cours de la sixième grève générale organisée cette année en Grèce. La Confédération générale des travailleurs de Grèce (GSEE) et l'Union des fonctionnaires (ADEDY) ont appelé à la grève pour protester contre les mesures d'austérité du gouvernement PASOK (Mouvement socialiste panhellénique) du premier ministre George Papandreou.

Le gouvernement lance ces attaques pour s'assurer un prêt de 110 milliards d'euros étalé sur trois ans de la part de l'Union européenne (UE) et du Fonds monétaire international (FMI).

Le PASOK s'est engagé à faire baisser le déficit budgétaire de 13,6 pour cent du produit intérieur brut à moins de 3 pour cent du PIB d'ici 2014. Les mesures d'austérité signifient la destruction de centaines de milliers d'emplois, la démolition des services sociaux ainsi que la réduction de 20 pour cent ou plus des retraites et des salaires.

Les manifestations avaient eu lieu pour coïncider avec le vote prévu au parlement plus tard dans la journée. La loi impose de nouvelles mesures d'austérité, y compris des attaques draconiennes contre les retraites. Elle autorise le recul de l'âge effectif de départ à la retraite à 63,5 ans d'ici 2015, sachant qu'il est actuellement de 61,4 ans et pénalise les travailleurs qui prennent leur retraite plus tôt en portant l'âge de la retraite anticipée à 60 ans. Dans certains cas, des femmes qui pourraient prendre leur retraite à 50 ans devront à présent travailler jusqu'à 65 ans. Les fonds de pension seront regroupés et le nombre de professions « pénibles » donnant droit à une retraite anticipée sera limité.

La loi facilitera aussi le licenciement des travailleurs et la réduction des salaires de base.

Selon le gouvernement, les retraites seront réduites d'environ sept pour cent. Une étude de la GSEE a réfuté cette affirmation en montrant que les pensions baisseraient de 12 pour cent.

Mercredi, le parlement a adopté par une majorité de 159 contre 137 le projet de loi sur la réforme des retraites. La loi a été votée jeudi soir à l'unanimité des 157 députés du PASOK sur les 300 sièges que compte le parlement. Des articles publiés avant le vote avaient suggéré qu'il pourrait être retardé en raison d'une grève du personnel administratif du parlement grec dont les retraites seront également réduites.

Le gouvernement a été en mesure d'imposer de telles attaques en raison du rôle que joue la bureaucratie syndicale. Les syndicats ont lancé six appels à la grève générale de 24 heures en l'espace de sept mois. Ces protestations ont été utilisées comme une forme de contrôle social - pour lâcher de la vapeur pendant que PASOK mène ses attaques.

Dans un commentaire fait avant la grève, Stathis Anesti, le dirigeant de la GSEE a dit, « Les travailleurs ne veulent pas faire grève toutes les semaines mais ils ne peuvent pas non plus regarder sans rien faire tandis que leurs droits fondamentaux sont anéantis chaque semaine. »

Mais, c'est précisément ce qu'ont fait les syndicats tandis que le gouvernement a pu voter une loi après l'autre en détruisant le niveau de vie des travailleurs et les acquis sociaux conquis au cours de décennies de lutte. A chaque stade, les syndicats ont collaboré étroitement avec le gouvernement dont ils avaient soutenu l'élection pour garantir que le plan d'austérité soit appliqué.

S'exprimant avant le vote de jeudi, Anestis avait essayé de conférer une façade démocratique aux mesures d'austérité. « C'est également plus démocratique d'avoir l'ensemble de la loi débattue au parlement plutôt que de la promulguer par un décret présidentiel, » a-t-il dit.

Le commentaire paru dans le quotidien Eleftheros Typos a donné une indication de l'ampleur des attaques prévues par la loi : « C'est un jeudi noir. A partir de demain rien ne sera plus comme avant. La Grèce est en train de changer et de plonger dans une période moyenâgeuse pour le monde du travail, » a-t-il déclaré.

Les deux syndicats avaient organisé des défilés distincts, l'un dans la capitale Athènes et un autre à Thessalonique, dans le Nord du pays, organisé par la fédération des syndicats PAME, affiliée au Parti communiste grec stalinien (KKE). Selon les organisateurs quelque 20.000 personnes ont participé aux manifestations à Athènes. Approximativement 5.000 personnes auraient participé à la manifestation de Thessalonique.

A Athènes, les manifestants avaient brandi des pancartes disant, « Touchez pas à la sécurité sociale et aux retraites » et « Cela suffit : ensemble nous pouvons vaincre le plan d'austérité ».

Sur d'autres on pouvait lire, « Rendez l'argent que vous avez volé » et « Nous ne pleurons pas, nous n'avons pas peur, nous stopperons vos mesures. »

Tout comme lors des protestations précédentes, la police antiémeutes était cantonnée aux points clé du centre ville, avec des cars de police barrant les routes aux alentours du bâtiment du parlement.

L'agence Reuters a cité les propos d'une ouvrière de 54 ans qui a dit qu'elle allait tenter de prendre sa retraite maintenant pour empêcher que les nouvelles mesures ne réduisent sa retraite. « C'est terrible, nous avons payé toutes nos cotisations, nous avons payé nos impôts et nous allons finir par ne rien avoir, » a-t-elle dit. « Ils sont en train de tout détruire. »

La GSEE a déclaré dans un communiqué que la participation des travailleurs au mouvement de grève était supérieure à 80 pour cent dans de nombreuses entreprises. Les réseaux de transport avaient été touchés partout en Grèce.

Un débrayage de quatre heures, de 10 heures à 14 heures, des contrôleurs aériens avait entraîné l'annulation ou le retard de dizaines de vols à l'aéroport international d'Athènes. Plus de 50 vols internationaux ont été annulés. A Athènes, les trains, les bus et les trolleybus ainsi que le métro du Pirée à Kifisia étaient également tous à l'arrêt. Les cheminots de l'organisation ferroviaire hellénique avaient cessé le travail et le service de ferry à destination des nombreuses îles grecques était perturbé en raison de l'action prise par les membres de la fédération panhellénique des marins.

Les services publics étaient touchés à l'échelle du pays avec les services gouvernementaux centraux et locaux fermés et d'autres entreprises du secteur public obligées de fonctionner avec un effectif minimum. Les grèves ont affecté les hôpitaux, et seuls les cas d'urgence étaient traités. Les avocats, le personnel du tribunal et certains commerçants ont soutenu la grève.

Les membres du syndicat des journalistes d'Athènes qui sont employés par l'agence grecque ANA-MPA avaient également débrayé pendant 24 heures.

Le syndicat européen avait cette semaine appuyé les mesures d'austérité en déclarant qu'elles étaient « généralement parlant sur la bonne voie ». Cependant, l'UE avait averti mercredi de ce que le chômage était censé s'aggraver après avoir enregistré en février son plus fort taux de 12,1 pour cent en dix ans.

Un instrument docile de la finance internationale et de la bourgeoisie grecque, le PASOK a imposé toutes les attaques que l'UE, le FMI et les banques européennes avaient exigées. Sur cette base, le ministre des Finances, George Papaconstantinou, a été en mesure d'annoncer cette semaine que le déficit grec avait baissé de 42 pour cent cette année.

Selon les données de la Banque centrale grecque, le déficit des dépenses publiques était de 11,5 milliards d'euros durant les six premiers mois de l'année, une baisse de 19 milliards d'euros par rapport à l'année précédente. Le déficit pour les six premiers mois de 2010 s'était élevé à 4,9 pour cent du PIB, se situant à l'intérieur du seuil de 5,8 pour cent fixé par le FMI.

Malgré le rôle traître joué par la bureaucratie syndicale et sa tentative de démobiliser la classe ouvrière, la résistance au plan d'austérité demeure largement répandue. Un sondage publié à Athènes par le quotidien To Vima au cours du week-end a révélé que le soutien du PASOK était tombé à tout juste 23,4 pour cent contre 43,9 pour cent du vote populaire lors des élections générales d'octobre dernier. Le soutien pour le parti conservateur de l'opposition Nouvelle Démocratie a également chuté dramatiquement pour atteindre 15,6 pour cent, contre 33,4 pour cent lors des élections. Le même sondage rapporte que 29,6 pour cent des personnes interrogées ont dit que la récente loi devrait être retirée et 19 pour cent ont décrit les mesures qu'elle renfermait comme « catastrophiques ».

(Article original paru le 9 juillet 2010)