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  WSWS : Nouvelles et analyses : Amérique du Sud

Accusé de servir de refuge aux guérilléros, le Venezuela rompt ses relations diplomatiques avec la Colombie

Par Bill Van Auken
29 juillet 2010

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Le président du Venezuela Hugo Chavez a rompu jeudi les relations diplomatiques avec la Colombie, pays voisin, après que Caracas a été accusé par le gouvernement de ce dernier de servir de refuge à des guérilléros colombiens.

Dans une présentation théâtrale donnée devant l'Organisation des Etats américains (OEA) à Washington DC, l'ambassadeur de la Colombie a accusé le gouvernement Chavez de « tolérer de façon continue et permanente » la présence de guérilléros des FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie) en territoire vénézuélien.

L'ambassadeur colombien à l'OEA, Luis Hoyos, a soutenu que quelque 1500 membres des FARC se trouvaient dans une dizaine de camps du côté vénézuélien de la frontière séparant les deux pays. Il a insisté sur la nécessité de la création d'une commission internationale qui irait dans la région pour enquêter sur les accusations portées par la Colombie et il a accusé Chavez de refuser de « collaborer à la lutte antiterroriste ».

Le dossier colombien, constitué de coordonnées provenant de satellites, de vidéocassettes et de photographies de présumées victimes d'attaques des guérilléros, rappelle la présentation sur les « armes de destruction massive » donnée aux Nations unies par le secrétaire d'Etat américain Colin Powell pour justifier la guerre en Irak.

L'ambassadeur du Venezuela à l'OEA, Roy Chaderton, a accusé le gouvernement colombien de tenter de créer « un climat propice à une intervention armée au Venezuela », et il a rejeté les supposées preuves fournies par Bogota, disant qu'il n'y avait aucun moyen de savoir d'où provenaient les vidéos et les photos présentées à l'organisation interaméricaine.

Chaderton a comparé la véracité des allégations du gouvernement colombien aux fameux « faux-positifs » – le terme employé pour désigner les civils innocents tués délibérément par l'armée de la Colombie pour faire grimper le nombre de guérilléros supposément tués au combat.

Les accusations ont été portées à une séance spéciale de l'OEA convoquée à la demande de la Colombie. Bien que la majorité des 32 Etats membres du pays aient proposé de repousser la tenue de la présentation, le gouvernement du président colombien Alvaro Uribe a réussi à tenir la séance grâce au soutien ferme de l'administration Obama à Washington.

Le caractère exceptionnel de la session a été souligné par la démission de l'ambassadeur équatorien à l'OEA, Francisco Proaño, l'actuel président du conseil permanent de l'organisme. Le gouvernement équatorien lui avait demandé de ne pas fixer de date pour que l’organisme entende l'acte d'accusation de la Colombie envers le Venezuela afin de « donner une chance au dialogue ».

Il n’y a rien de nouveau aux accusations de la Colombie. En 2003, par exemple, il y a eu le cas sensationnel de Moises Boyer, qui avait approché une agence du renseignement colombienne et donné une entrevue au quotidien de droite El Espectador à Bogota affirmant qu’il avait personnellement suivi un commandant des FARC jusqu’à Caracas afin de recevoir de l’argent du vice-président du pays. Il est vite apparu que l’histoire était une entière fabrication, forçant le journal à publier une rétraction.

Plus récemment, la Colombie accusait que les armes anti-chars trouvées dans un camp de la guérilla avaient été fournies par le gouvernement vénézuélien, lorsqu’en fait elles avaient été volées dans une des installations militaires du pays dans les années 1990, un fait qui était bien connu des autorités colombiennes.

La frontière de 1400 miles entre les deux pays est en plusieurs régions sous-développées et mal définie, avec le gouvernement colombien incapable d’assurer son contrôle dans nombreuses régions non seulement contre les FARC, mais aussi contre les groupes paramilitaires de droite et les narcotrafiquants.

Une des raisons expliquant la précipitation de la convocation à la session de l’OEA est qu’Uribe quitte ses fonctions au début du mois prochain, ayant échoué dans sa tentative de changer la constitution colombienne et d’obtenir un troisième mandat comme président. Son successeur, Juan Manuel Santos sera inauguré le 7 août.

Santos, un membre de la riche oligarchie colombienne, a servi en tant que ministre de la Défense sous Uribe et est profondément impliqué dans les crimes militaires contre les droits de l’homme. Durant la campagne électorale, cependant, il s’est engagé à améliorer les relations entre la Colombie et le Venezuela, lesquelles avaient été officiellement « gelées » avant d’être complètement rompues cette semaine. Santos a gardé le silence sur la présente confrontation.

« Le pathétique spectacle médiatique de jeudi était une tentative désespérée de nuire à une éventuelle normalisation des relations bilatérales. En ceci, l’ambassade américaine à Bogota, dont l’ambassadeur a été consulté par le ministre de la Défense avant de donner sa conférence de presse, a été impliquée », a dit le ministère vénézuélien des Affaires étrangères vendredi.

Il est difficile de ne pas voir derrière la décision d’Uribe d’organiser cette provocation, au moment même où il se prépare à quitter le palais présidentiel, le désir de Washington de provoquer une nouvelle crise en Amérique du Sud pour mieux défendre ses intérêts dans la région. Le président colombien a été la marionnette en chef des Américains dans l’hémisphère, la Colombie recevant le plus important montant d’aide américaine dans cette région du monde, quelque 7,3 milliards depuis 2000 dont la part du lion est allé aux forces de sécurité du pays.

L’administration Obama s’est rapidement ralliée aux accusations douteuses du gouvernement Uribe. « Il devrait y avoir une enquête », a déclaré le porte-parole du département d’État américain P. J. Crowley. « Nous croyons que le Venezuela a la responsabilité d’être ouvert à répondre aux informations importantes présentées par la Colombie. » Les accusations du gouvernement Uribe, a-t-il ajouté, « doivent être prises très sérieusement ».

Crowley a ajouté que le département d’Etat n’était pas surpris ces accusations, puisque c’est depuis 2006, sous l’administration Bush, que le Venezuela est « considéré ne pas être entièrement coopératif sur la question de la lutte contre le terrorisme ».

Utilisant le prétexte de la lutte au « terrorisme » et aux drogues, l’administration Obama a adopté une politique encore plus agressive que celle de Bush pour l’Amérique du Sud. La Colombie a été un élément clé de cette stratégie, alors que Washington a négocié secrètement une entente qui lui donne le contrôle sur sept bases militaires du pays ainsi que l’accès à plusieurs autres installations.

Alors que l’administration Obama a affirmé que les bases serviraient à lutter contre le trafic de la drogue, cette entente a été critiquée par de nombreux gouvernements de la région, y compris par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, qui est un allié proche de Washington, mais qui considère que les bases sont une menace à ses propres visées expansionnistes dans la région.

Continuant son escalade d’intervention militaire américaine, l’administration Obama a obtenu une entente avec la nouvelle présidente du Costa Rica, Laura Chinchilla, qui permet l’envoi dans ce pays de 7000 soldats américains, de 50 navires de guerre, d’avions et d’hélicoptères de combat, tout ceci prétendument pour lutter contre le trafic de la drogue.

Il y a aussi des ententes avec le Panama et le Pérou pour de nouvelles bases américaines, tout comme avec le Honduras, où un coup d’Etat de droite soutenu par les Etats-Unis a chassé le président Manuel Zelaya du pouvoir.

Finalement, Obama a confirmé la décision de George W. Bush de ressusciter la quatrième flottille de la marine américaine, démantelée à la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Ceci donnera aux États-Unis la possibilité d’une intensification importante de ses opérations militaires dans la région.

Dans un tel contexte, les tensions entre la Colombie et le Venezuela représentent des dangers sérieux. Alors que sa puissance économique et politique est de plus en plus défiée par ces rivaux en Chine, en Europe et en Amérique du Sud elle-même, l’impérialisme américain cherche à obtenir les moyens et les prétextes pour faire usage de sa supériorité militaire.

(Article original anglais paru le 24 juillet 2010)

 

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