La
journée d'action du 27 mai en France a été une imposture
politique visant les travailleurs et les jeunes qui ont participé à
la manifestation organisée par les principaux syndicaux et partis
bourgeois de gauche en France : le Parti socialiste (PS), le
Parti communiste français (PCF), le Parti de Gauche (PG) et le
Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) d'Olivier Besancenot.
La manifetsation à Nice
L'appel à manifester
avait été lancé pourinvoquer l'opposition légitime
grandissante des travailleurs contre les projets du président
conservateur Nicolas Sarkozy de coupes sociales dans les retraites,
les emplois et le niveau de vie. Ces coupes sont conformes à la
politique d'austérité draconienne imposée partout en Europe.
L'exemple le plus clair est le plan d'austérité mis en vigueur
par le premier ministre grec social-démocrate George Papandreou en
échange d'un plan d'aide de 110 milliards d'euros de l'Union
européenne-Fonds monétaire international.
Cettejournée d'action était destinée à endormir les
travailleurs en leur suggérant qu'ils peuvent compter sur les
partis existants pour s'opposer à la politique de Sarkozy au lieu
de mener leur propre lutte révolutionnaire indépendante contre les
sociaux-démocrates et leur suite de « gauche ». Cette
journée fait partie d'une longue série de manifestations
impuissantes, espacées dans le temps et organisées par les
syndicats. Elles servent de soupape de sécurité contre la colère
sociale en permettant au gouvernement de mesurer comment et à
quelle dose il pourra administrer ses mesures d'austérité et en
dissimulant le soutien des partis de « gauche » pour les
coupes.
Les attaques contre les
retraites font partie des mesures exigées par la Commission
européenne pour réduire son déficit budgétaire de 8 à 3 pour
cent du produit intérieur brut d'ici 2013 en entraînant des
coupes budgétaires de 100 milliards d'euros des dépenses
publiques. Sarkozy vise à relever l'âge de départ à la
retraite de 60 à 63 ans.
La première secrétaire
du PS, Martine Aubry, avait déclaré en janvier dernier son accord
avec les attaques de Sarkozy contre les retraites en affirmant que
l'âge légal de départ à la retraite devait être allongé de
deux ou trois ans et que le PS était prêt à collaborer avec le
gouvernement pour réduire le déficit budgétaire et la dette
publique. Bien que par la suite Aubry ait été contrainte de
retirer son soutien au recul de l'âge de départ à la retraite, le
PS soutient toujours les coupes budgétaires de 100 milliards
d'euros.
Il existe d'autres
sections parmi les sociaux-démocrates qui, elles, ne feignent pas
de s'opposer aux coupes sociales de Sarkozy. Le directeur général
du FMI et dirigeant en vue du PS, Dominique Strauss-Kahn, ancien
ministre de l'Economie et des Finances du gouvernement de la
gauche plurielle (1997-2002) du premier ministre Lionel Jospin,
soutient la position de Sarkozy. « On ne va pas continuer à
avoir la retraite à 60 ans, » a-t-il déclaré en disant
qu'il ne devrait pas y avoir de « dogme » à ce sujet.
Le journal Le Monde
s'est fait l'écho de Strauss-Kahn dans son éditorial du 27
mai : « Dogme, tabou : la retraite à 60 ans . est
confrontée au choc de la réalité. »
Le NPA est tout à fait
complice des organisateurs du 27 mai. Dans un communiqué du 14 mai
relatant une réunion qui s'était tenue le 6 mai, le parti a
déclaré : « Le premier meeting unitaire rassemblant les
personnalités de la gauche sociale et politique a été un vrai
succès. » En énumérant les syndicats, y compris celui des
étudiants, puis le parti des Verts, du PCF, du PS, du PG et du NPA,
il poursuit, « Tout le monde était présent pour s'engager
à mener une véritable campagne politique et sociale unitaire
jusqu'à la victoire. »
Dans une intervention dans
le journal Le Monde, Besancenot a cherché à répandre les
mensonges les plus éhontés sur le PS : « Le Parti
socialiste a enfin tranché, il est pour la défense de la retraite
à 60 ans. . Il nous faut le front le plus large possible et, pour
cela, le PS doit participer aux mobilisations unitaires. »
Entre 400.000 (selon la
police) et 1 million de personnes (selon les syndicats) ont
participé aux manifestations. Les chiffres des grévistes dans le
secteur public, mis en avant par le gouvernement, faisaient état de
11,6 pour cent dans la fonction publique, de 7,5 pour cent pour les
collectivités territoriales et de 8,24 pour cent dans des hôpitaux,
12,8 pour cent à la Poste, entre 12 et 16 pour cent dans
l'enseignement et près de 30 pour cent chez les cheminots. Ceci
laisse supposer que près d'un million de travailleurs du secteur
public étaient en grève, un chiffre similaire à celui de la
journée d'action du 23 mars.
Les étudiants manifestant à Amiens
A Marseille, les reporters
du WSWS ont parlé aux manifestants. Une femme a dit : « La
manifestation d'aujourd'hui est inefficace, je suis pour une
nouvelle révolution, le gouvernement c'est pareil que la
monarchie. Nous sommes dans la même situation qu'en Grèce. Les
banques dictent aux gouvernements des mesures d'austérité et les
premiers à payer ce sont les jeunes, on massacre les jeunes, les
jeunes n'ont pas de perspective, à mon époque on avait un boulot
à 16 ans. Les spéculateurs se foutent de nous, ils se moquent que
l'on ait faim. Ils sont responsables de tout, on tolère beaucoup,
je suis vraiment en colère. Il faut faire la révolution, on
revient comme en 1789 avec le roi et le peuple qui meurt de faim. »
A Nice, 9.000 personnes
ont défilé. Il y avait des enseignants, des pompiers, des
personnels hospitaliers et autres travailleurs du secteur privé et
public ainsi que des étudiants et des lycéens. Ils étaient
conscients que les attaques contre leurs retraites et les services
sociaux font partie intégrante d'un plan d'austérité européen
imposé par les gouvernements sur l'ordre des banques. « La
France connaîtra la même chose que la Grèce dans les prochains
jours, » ont fait remarquer des manifestants.
Quand on leur a rappelé
que Jean-Claude Trichet, de la Banque centrale européenne, avait
déclaré que la situation politique et économique mondiale
actuelle était comparable à celle de 1939-1945, plusieurs
personnes ont dit être d'accord avec lui. « Nous ne pouvons
plus accepter cette situation plus longtemps. Nous avons besoin
d'une organisation de masse pour nous défendre. Nous devons nous
unir au niveau européen. »
Une
personne a dit: « Je suis d'accord avec un gouvernement
ouvrier mais je ne sais pas comment il fonctionnerait. » Après
avoir lu le tract sur l'article du WSWS, « Le
retour du spectre de la catastrophe »,
elle a dit, « Nous avons besoin d'un parti comme celui-là,
indépendant des syndicats et des vieux partis de gauche. Je vais
montrer ce tract à mes amis. »
Jonathan, étudiant en
master d'histoire à l'université d'Amiens s'est approché
des reporters du WSWS pour leur dire qu'il avait déjà lu des
tracts du WSWS sur le campus universitaire. Il a précisé, « Les
syndicats et les partis politiques cachent la gravité de la crise.
Ils veulent calmer le jeu pour éviter la colère des masses. Même
Obama a cédé aux banques. C'est elles qui décident de ce que font
les gouvernements. »
Il a expliqué qu'il est
assistant d'éducation dans un lycée : « On sent qu'il
y a un manque de moyens et d'équipement. Les bâtiments sont de
plus en plus dilapidés. Ça devient comme aux Etats-Unis. »
Il a poursuivi, « Je
pense que le PS ferait la même chose en France que Papandreou en
Grèce. L'élite du PS est bourgeoise. Aubry passe sont temps dans
les milieux d'affaires en essayant d'obtenir leur soutien. Le
NPA s'efforce de s'adresser à un public plus large et semble
abandonner ses principes. La classe ouvrière devrait prendre le
contrôle des banques et des grandes entreprises pour les diriger
elle-même. Elle a besoin qu'on lui donne ces idées et ce qu'elle
peut obtenir avec. Nous allons vers l'éclatement. »