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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

La journée d'action souligne le gouffre existant entre les travailleurs est les partis traditionnels

Par Antoine Lerougetel
2 juin 2010

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La journée d'action du 27 mai en France a été une imposture politique visant les travailleurs et les jeunes qui ont participé à la manifestation organisée par les principaux syndicaux et partis bourgeois de gauche en France : le Parti socialiste (PS), le Parti communiste français (PCF), le Parti de Gauche (PG) et le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) d'Olivier Besancenot.

La manifetsation à Nice

L'appel à manifester avait été lancé pour invoquer l'opposition légitime grandissante des travailleurs contre les projets du président conservateur Nicolas Sarkozy de coupes sociales dans les retraites, les emplois et le niveau de vie. Ces coupes sont conformes à la politique d'austérité draconienne imposée partout en Europe. L'exemple le plus clair est le plan d'austérité mis en vigueur par le premier ministre grec social-démocrate George Papandreou en échange d'un plan d'aide de 110 milliards d'euros de l'Union européenne-Fonds monétaire international.

Cette journée d'action était destinée à endormir les travailleurs en leur suggérant qu'ils peuvent compter sur les partis existants pour s'opposer à la politique de Sarkozy au lieu de mener leur propre lutte révolutionnaire indépendante contre les sociaux-démocrates et leur suite de « gauche ». Cette journée fait partie d'une longue série de manifestations impuissantes, espacées dans le temps et organisées par les syndicats. Elles servent de soupape de sécurité contre la colère sociale en permettant au gouvernement de mesurer comment et à quelle dose il pourra administrer ses mesures d'austérité et en dissimulant le soutien des partis de « gauche » pour les coupes.

Les attaques contre les retraites font partie des mesures exigées par la Commission européenne pour réduire son déficit budgétaire de 8 à 3 pour cent du produit intérieur brut d'ici 2013 en entraînant des coupes budgétaires de 100 milliards d'euros des dépenses publiques. Sarkozy vise à relever l'âge de départ à la retraite de 60 à 63 ans.

La première secrétaire du PS, Martine Aubry, avait déclaré en janvier dernier son accord avec les attaques de Sarkozy contre les retraites en affirmant que l'âge légal de départ à la retraite devait être allongé de deux ou trois ans et que le PS était prêt à collaborer avec le gouvernement pour réduire le déficit budgétaire et la dette publique. Bien que par la suite Aubry ait été contrainte de retirer son soutien au recul de l'âge de départ à la retraite, le PS soutient toujours les coupes budgétaires de 100 milliards d'euros.

Il existe d'autres sections parmi les sociaux-démocrates qui, elles, ne feignent pas de s'opposer aux coupes sociales de Sarkozy. Le directeur général du FMI et dirigeant en vue du PS, Dominique Strauss-Kahn, ancien ministre de l'Economie et des Finances du gouvernement de la gauche plurielle (1997-2002) du premier ministre Lionel Jospin, soutient la position de Sarkozy. « On ne va pas continuer à avoir la retraite à 60 ans, » a-t-il déclaré en disant qu'il ne devrait pas y avoir de « dogme » à ce sujet.

Le journal Le Monde s'est fait l'écho de Strauss-Kahn dans son éditorial du 27 mai : « Dogme, tabou : la retraite à 60 ans . est confrontée au choc de la réalité. »

Le NPA est tout à fait complice des organisateurs du 27 mai. Dans un communiqué du 14 mai relatant une réunion qui s'était tenue le 6 mai, le parti a déclaré : « Le premier meeting unitaire rassemblant les personnalités de la gauche sociale et politique a été un vrai succès. » En énumérant les syndicats, y compris celui des étudiants, puis le parti des Verts, du PCF, du PS, du PG et du NPA, il poursuit, « Tout le monde était présent pour s'engager à mener une véritable campagne politique et sociale unitaire jusqu'à la victoire. »

Dans une intervention dans le journal Le Monde, Besancenot a cherché à répandre les mensonges les plus éhontés sur le PS : « Le Parti socialiste a enfin tranché, il est pour la défense de la retraite à 60 ans. . Il nous faut le front le plus large possible et, pour cela, le PS doit participer aux mobilisations unitaires. »

Entre 400.000 (selon la police) et 1 million de personnes (selon les syndicats) ont participé aux manifestations. Les chiffres des grévistes dans le secteur public, mis en avant par le gouvernement, faisaient état de 11,6 pour cent dans la fonction publique, de 7,5 pour cent pour les collectivités territoriales et de 8,24 pour cent dans des hôpitaux, 12,8 pour cent à la Poste, entre 12 et 16 pour cent dans l'enseignement et près de 30 pour cent chez les cheminots. Ceci laisse supposer que près d'un million de travailleurs du secteur public étaient en grève, un chiffre similaire à celui de la journée d'action du 23 mars.

Les étudiants manifestant à Amiens

A Marseille, les reporters du WSWS ont parlé aux manifestants. Une femme a dit : « La manifestation d'aujourd'hui est inefficace, je suis pour une nouvelle révolution, le gouvernement c'est pareil que la monarchie. Nous sommes dans la même situation qu'en Grèce. Les banques dictent aux gouvernements des mesures d'austérité et les premiers à payer ce sont les jeunes, on massacre les jeunes, les jeunes n'ont pas de perspective, à mon époque on avait un boulot à 16 ans. Les spéculateurs se foutent de nous, ils se moquent que l'on ait faim. Ils sont responsables de tout, on tolère beaucoup, je suis vraiment en colère. Il faut faire la révolution, on revient comme en 1789 avec le roi et le peuple qui meurt de faim. »

A Nice, 9.000 personnes ont défilé. Il y avait des enseignants, des pompiers, des personnels hospitaliers et autres travailleurs du secteur privé et public ainsi que des étudiants et des lycéens. Ils étaient conscients que les attaques contre leurs retraites et les services sociaux font partie intégrante d'un plan d'austérité européen imposé par les gouvernements sur l'ordre des banques. « La France connaîtra la même chose que la Grèce dans les prochains jours, » ont fait remarquer des manifestants.

Quand on leur a rappelé que Jean-Claude Trichet, de la Banque centrale européenne, avait déclaré que la situation politique et économique mondiale actuelle était comparable à celle de 1939-1945, plusieurs personnes ont dit être d'accord avec lui. « Nous ne pouvons plus accepter cette situation plus longtemps. Nous avons besoin d'une organisation de masse pour nous défendre. Nous devons nous unir au niveau européen. »

Une personne a dit: « Je suis d'accord avec un gouvernement ouvrier mais je ne sais pas comment il fonctionnerait. » Après avoir lu le tract sur l'article du WSWS, « Le retour du spectre de la catastrophe », elle a dit, « Nous avons besoin d'un parti comme celui-là, indépendant des syndicats et des vieux partis de gauche. Je vais montrer ce tract à mes amis. »

Jonathan, étudiant en master d'histoire à l'université d'Amiens s'est approché des reporters du WSWS pour leur dire qu'il avait déjà lu des tracts du WSWS sur le campus universitaire. Il a précisé, « Les syndicats et les partis politiques cachent la gravité de la crise. Ils veulent calmer le jeu pour éviter la colère des masses. Même Obama a cédé aux banques. C'est elles qui décident de ce que font les gouvernements. »

Il a expliqué qu'il est assistant d'éducation dans un lycée : « On sent qu'il y a un manque de moyens et d'équipement. Les bâtiments sont de plus en plus dilapidés. Ça devient comme aux Etats-Unis. »

Il a poursuivi, « Je pense que le PS ferait la même chose en France que Papandreou en Grèce. L'élite du PS est bourgeoise. Aubry passe sont temps dans les milieux d'affaires en essayant d'obtenir leur soutien. Le NPA s'efforce de s'adresser à un public plus large et semble abandonner ses principes. La classe ouvrière devrait prendre le contrôle des banques et des grandes entreprises pour les diriger elle-même. Elle a besoin qu'on lui donne ces idées et ce qu'elle peut obtenir avec. Nous allons vers l'éclatement. »


(Article original paru le 29 mai 2010)

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