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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

France : l'establishment met en avant le directeur du FMI comme candidat à la présidentielle

Par Kumaran Ira
18 juin 2010

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La décision des médias et des cercles politiques français de mettre en avant le directeur du Fonds monétaire international et membre dirigeant du Parti socialiste (PS) Dominique Strauss-Kahn comme candidat potentiel à la présidentielle est un véritable avertissement pour la classe ouvrière. Bien que présenté au public comme un parti de « gauche », le PS soutient la politique antiouvrière du FMI, telles les coupes sociales perpétrées par le premier ministre George Papandreou.

Strauss-Kahn est vu comme un rival potentiel majeur du président conservateur sortant Nicolas Sarkozy à l'élection présidentielle de 2012. Il a accordé des interviews médiatisées à la télévision et dans la presse. Un sondage Ipsos-Le Point publié le 25 mai révèle que 76 pour cent d'électeurs de droite et 66 pour cent d'électeurs du Parti socialiste soutiennent Strauss-Kahn pour la présidence. La nomination du candidat du PS pour l'élection présidentielle sera décidée lors des primaires du PS qui se tiendront en 2011.

Dans les années qui ont précédé la crise économique de 2008, le FMI a acquis une réputation redoutable pour avoir radicalement réduit les dépenses publiques de pays du Tiers Monde. Depuis la crise de 2008, il a imposé des plans d'austérité massifs aux pays d'Europe de l'est tels la Lettonie, la Hongrie et la Roumanie, et plus récemment la Grèce.

Strauss-Kahn a défendu les mesures draconiennes mises en place par le FMI. Le 20 mai dernier, à la télévision, sur France 2 il a dit: «Je crois que le rôle que le FMI a joué depuis le début de la crise des subprimes est reconnu par tout le monde. C'est sans doute grâce au FMI et pas seulement au FMI, mais notamment au FMI, qu'on a évité une crise aussi grave que celle de 1929. »

En fait, Le FMI et Strauss-Kahn en personne sont responsables de la destructions d'économies entières dans l'intérêt des grandes banques internationales et de l'aristocratie financière. Leurs renflouements ont transféré des milliers de milliards d'euros de richesse publique à l'élite financière, tout en imposant des réductions de salaires et de retraites de 20, 30 ou 40 pour cent à de vastes couches de la classe ouvrière dans les pays placés sous la surveillance du FMI.

Economiste de profession, Strauss-Kahn détient le poste de directeur du FMI depuis 2007 et il est un important représentant de la couche de gangsters procapitalistes à la tête de la « gauche » bourgeoise française. Il était ministre de l'Industrie et du Commerce extérieur en 1991-1993 dans le gouvernement PS, puis lobbyiste à Bruxelles, capitale européenne, pour le constructeur automobile Renault et Vincent Bolloré, financier multimilliardaire.

Entre 1997 et 1999 il a occupé des postes élevés comme ministre de l'Economie, des Finances et de l'Industrie dans le gouvernement de gauche plurielle du premier ministre PS Lionel Jospin. Durant cette période il a contribué à privatiser des entreprises telles France télécom, la banque Crédit lyonnais, l'entreprise de défense Thompson-CSF et Air France. Il a joué un rôle majeur dans les préparatifs pour le lancement de l'euro. Il a démissionné en 1999 au milieu d'un scandale de corruption, et est depuis une figure majeure du PS et député à l'Assemblée nationale.

La politique de Strauss-Kahn reflète largement celle de l'ensemble du PS. Les députés PS ont voté avec les députés du gouvernement à l'Assemblée nationale en faveur du plan de renflouement UE (Union européenne)-FMI pour la Grèce. Un député PS, proche de Strauss-Kahn, Pierre Moscovici a défendu le renflouement UE-FMI pour la Grèce dans le quotidien Le Figaro: «Si la Grèce mène aujourd'hui une politique de rigueur,ce n'est pas la faute du FMI,ce n'est pas la faute de l'Europe,c'est la faute des Grecs. Quand on a une dette publique de 150%, quand on a des comptes publics maquillés, on est obligé de traiter les choses. »

Le PS soutient les mesures d'austérité à l'intérieur du pays, tout comme à l'étranger. Participant de l'effort de faire passer le déficit budgétaire de 8 à 3 pour cent d'ici 2013, comme l'exige l'UE, le gouvernement Sarkozy prépare de nouvelles attaques contre les retraites. Ces mesures comprennent le recul de l'âge de départ en retraite qui passera de 60 à 62 ans et l'allongement de la durée de cotisation au delà de 41 annuités.

La population rejette en masse la politique d'austérité de Sarkozy dont la popularité est en chute libre. Un sondage Ifop du 29 mai révèle que six Français sur dix s'opposent aux attaques contre les retraites.

Néanmoins, citant les craintes que les agences de notation ne baissent la note de la dette souveraine de la France, l'élite dirigeante française est déterminée à mettre en place des coupes brutales. Dans son évaluation des finances de l'Etat pour 2010, la Cour des Comptes a averti que le gouvernement doit réduire de toute urgence sa dette publique et le niveau du déficit.

Le 26 mai, le Financial Times faisait remarquer, «Les officiels craignent que sans mesure draconienne, la précieuse notation AAA du crédit de la France ne soit un jour menacée avec des conséquences potentielles pour les coûts d'emprunt, notamment dans un marché fébrile secoué par des rumeurs délirantes de défaut de paiement par le gouvernement, sur le sillage de la crise grecque. »

Le Financial Times citait un commentaire de l'agence de notation Moody dans une récente note d'investisseur: « Si la tendance à la hausse de la dette se poursuit, la marge du gouvernement avant dégradation pourrait s'éroder au point de générer des implications pour la notation. »

En janvier, la première secrétaire du PS Martine Aubry avait déclaré son soutien aux attaques contre les retraites et au recul de deux ans de l'âge de départ à la retraite. Alors qu'Aubry retirait, un peu plus tard, ses remarques afin de dissimuler son soutien à l'austérité sociale, Strauss-Kahn quant à lui soutient toujours ouvertement les projets de Sarkozy de réductions des retraites.

Lors de l'émission télévisée sur France 2, Strauss-Kahn a dit: « Si on arrive à vivre 100 ans, on ne va pas continuer à avoir la retraite à 60 ans, il va bien falloir que d'une manière ou d'une autre ça s'ajuste. Dans beaucoup de pays, c'est la voie qui est choisie. » Il a ajouté, « Parce que les vies ne sont pas les mêmes, il y en a qui sont plus usés, plus fatigués, et d'autres qui, au contraire, peuvent continuer à travailler assez âgés, beaucoup plus âges qu'on ne l'aurait imaginé il y a dix ou vingt ans, parce qu'aujourd'hui on est en forme beaucoup plus âgés. »

Le PS conserve sa fausse image publique de parti de « gauche », ce qui permet à la classe dirigeante d'organiser une élection où Strauss-Kahn pourrait gagner du soutien tout en préparant des coupes massives, juste parce qu'en France aucune organisation établie ne révèle au grand jour sa politique anti-ouvrière. Parmi les organisations qui participent à cette tromperie électorale, l'une des plus importantes est le parti petit-bourgeois d'Olivier Besancenot, le Nouveau parti anticapitaliste.

En réponse aux attaques de Sarkozy contre les retraites, le NPA a proclamé qu'une alliance commune avec le PS est la seule façon viable de défendre les retraites. Le 6 mai, le NPA a tenu une réunion commune avec le PS et d'autres partis de « gauche » bourgeois.

Dans sa déclaration du 14 mai rendant compte de la réunion du 6 mai, le NPA déclare: « Le premier meeting unitaire rassemblant les personnalités de la gauche sociale et politique a été un vrai succès. » En énumérant les syndicats, y compris celui des étudiants, puis le parti des Verts, du PCF, du PS, du PG et du NPA, il affirme, « Tout le monde était présent pour s'engager à mener une véritable campagne politique et sociale unitaire jusqu'à la victoire. »

Le 27 mai, les principaux syndicats français ont organisé une manifestation, soutenue par les partis de gauche bourgeois comprenant le PS, le PCF, le PG et le NPA, contre les mesures de Sarkozy sur les retraites. En réalité cette manifestation était une tromperie politique ayant pour but de contenir la colère populaire et de la lier politiquement au PS.

Après la manifestation, dans un entretien au Monde Besancenot a blanchi la politique du PS: «Le Parti socialiste a enfin tranché, il est pour la défense de la retraite à 60 ans. Tant mieux. Mais il n'y a pas de raison de ne pas être ensemble dans la bataille contre le projet du gouvernement. Il faut le front le plus large possible et, pour cela, le PS doit participer aux mobilisations unitaires. »

Les déclarations de Besancenot sont des mensonges éhontés. Le PS ne défend pas plus les droits à la retraite que ne le font les banquiers qui travaillent sous la direction de Strauss-Kahn au FMI. Ce que les remarques de Besancenot montrent clairement par contre, c'est que le NPA et le ramassis des autres partis de « gauche » se tiennent politiquement du même côté que le FMI contre la classe ouvrière.

(article original paru le 2 juin 2010)

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