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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Les médias européens mettent en garde contre des troubles sociaux au niveau international

Par Chris Marsden
8 juin 2010

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Quand Karl Marx a écrit qu’« Un spectre hante l’Europe » dans son Manifeste du Parti communiste, il se trouvait à la veille d’évènements révolutionnaires qui ont commencé en Italie et en France en 1848 pour ensuite s’étendre à une grande partie du continent européen.

Ces derniers jours, un certain nombre d’articles de presse ont prédit un éclatement semblable de troubles sociaux aux dimensions révolutionnaires comme conséquence directe de l’aggravation de la crise économique. Ces avertissements sont accompagnés de la sinistre prédiction que l’Europe connaîtra le retour de tensions nationalistes, l’émergence de mouvements fascistes et même la guerre.

L’historien Simon Schama a par exemple déclaré, écrivant pour le Financial Times du 24 mai, « Loin de moi l'idée de vouloir rendre une situation risquée encore plus risquée, mais vous ne pouvez pas sentir l’odeur de soufre qui flotte dans l’air actuellement et ne pas penser que nous puissions nous trouver au seuil d’une époque de déchaînement… il est bien possible qu’il y ait en Europe et en Amérique un long été chaud d’agitation sociale. »

Schama remarque qu’il y a souvent « un décalage dans le temps entre le début d’un désastre économique et l’accumulation de la colère sociale », mais après une première période de « désorientation craintive », vient le danger de « la mobilisation organisée de l’indignation ».

Cette indignation sera directement dirigée contre les ultra-riches et ceux qu'on considère être responsables de la crise, écrit-il, en comparant « nos ploutocrates » aux financiers accusés de manière si mémorable comme de « riches égoïstes » durant la Révolution française de 1789.

Dans le quotidien britannique Observer du 30 mai, Will Hutton, son ancien rédacteur en chef qui conseille actuellement le gouvernement de coalition britannique entre libéraux et conservateurs sur la baisse des salaires des fonctionnaires dit : « L’avenir de l’Europe est en jeu. La désintégration éventuelle de l’euro sera un désastre économique et politique de premier ordre. Économiquement, elle plongera l’Europe dans des dévaluations compétitives, des défauts sur dettes, des renflouements bancaires, un gel du crédit, le protectionnisme commercial et une stagnation prolongée. Politiquement, quelle que soit la détermination à tenir ensemble notre continent discordant où les vieux soupçons et les vieilles animosités ne sont jamais loin de la surface, celle-ci se désintégrera… Ce qui émergera, ce sera une Europe plus proche de celle des années 1930. Peureuse, stagnante et en proie à des idéologies racistes malveillantes et nationalistes. »

L’avertissement de loin le plus apocalyptique de ce qui va venir a été fait le 26 mai par la radio internationale allemande Deutsche Welle. Son article commence en revenant sur les avertissements faits en 2008 sur l’impact de l’effondrement économique mondial par le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, le directeur du FMI, Dominique Strauss-Kahn et Robert Zoellick, le président de la Banque mondiale. Strauss-Kahn par exemple avait fait la mise en garde que « l’agitation sociale pourrait survenir dans de nombreux endroits, y compris dans les économies avancées ».

La Deutsche Welle écrit que ces avertissements sont « plus pertinents aujourd’hui qu'à n’importe quel autre moment depuis le début de l’actuelle crise financière – la pire depuis 1929. »

Citant les manifestations de centaines de milliers de personnes en Grèce, il avertit de ce que « des gouvernements financièrement fragiles tels l’Espagne, le Portugal et l’Italie » pourraient connaître le même sort  et que « partout dans le monde des nations s'inquiètent du mécontentement social croissant. »

« Il règne le sentiment parmi les experts que la colère sourde qui couve dans ces pays est en train de fermenter dans le monde entier à l’encontre des mêmes institutions, des mêmes gens et de l’échec du capitalisme mondial, » poursuit l’article.

Il précise comment le directeur américain du renseignement américain, Dennis C. Blair, a mis en garde la Commission du renseignement du Sénat d’une crise économique prolongée « augmentant le risque d'une instabilité menaçant les régimes » et duquel « les Etats-Unis ne seraient pas à l’abri. »

La Deutsche Welle conclut avec les commentaires de Marie-Hélène Caillol, présidente du groupe de réflexion Laboratoire européen d’anticipation politique et de Gerald Celente, le prévisionniste des tendances financières et politiques et l’éditeur du journal Trends.

Celente explique que « ce qui se passe en Grèce se répandra de par le monde au fur et à mesure que les économies déclinent… Nous assisterons à une agitation sociale grandissante dans tous les pays confrontés à une crise d’endettement souverain, les plus évidents étant l’Espagne, l’Irlande, le Portugal, l’Italie, l’Islande, l’Ukraine, la Hongrie suivis du Royaume-Uni et des Etats-Unis. »

Caillol dit, « Cette crise est directement liée à la fin de l’ordre mondial tel que nous le connaissons depuis 1945 – et même plus tôt, depuis le processus de colonisation européen. C’est pourquoi l’ensemble du tissu mondial axé depuis 60 ans sur les Etats-Unis est en train de s’effondrer lentement, en générant toutes sortes de bouleversements. »

A la question de savoir où s’arrêtera l’agitation sociale, elle a répondu, « La guerre. C’est aussi simple et aussi terrible que cela. »

Tous deux, Caillol et Celente, rejettent les affirmations que des agitateurs sont à l’origine de la vague d’agitation.

« Il n’y a pas d’organisations derrière cette réaction — c’est une réaction publique », a dit Celente, qui a aussi invoqué l’œuvre monumentale de Marx. « Ceci est une interprétation de "prolétaires de tous les pays, unissez-vous". Les gens sont tout à fait conscients de l'énorme renflouement qui est allé aux banques "trop grandes pour faire faillite" qu’ils sont obligés de payer pour elles. Plus les impôts augmentent, plus les emplois sont perdus, plus le niveau de protestation augmente. »

De telles déclarations montrent à quel point les dirigeants européens prennent au sérieux le danger grandissant d’une révolution sociale sur le continent. C’est ce que leurs conseillers leur disent, que c’est le résultat inévitable de l’aggravation de la crise économique. Mais ceci est rendu d’autant plus certain par leurs propres efforts de rejeter l’ensemble du fardeau sur le dos de la population laborieuse dans l’intérêt des grandes banques et des grands groupes entreprenant de ce fait la destruction de ce qui reste des mesures sociales et des conditions de vie acquises antérieurement par les travailleurs.

Les classes dirigeantes en Europe se préparent à l’émergence de luttes de classes massives en promouvant diverses fausses organisations de gauche de la classe moyenne dans le but d’empêcher le développement d’une conscience socialiste et de bloquer l’indépendance politique de la classe ouvrière — le Nouveau Parti anticapitaliste en France, le Parti La Gauche en Allemagne, Syriza en Grèce, etc. Elles se préparent aussi à l’utilisation de la répression de masse de la part de l’Etat et à l’introduction de formes de régimes dictatoriaux.

L’avantage dont bénéficie actuellement la classe dirigeante est que la classe ouvrière ne dispose pas de la perspective révolutionnaire et socialiste requise et de la direction pour mener sa contre-offensive. Au lieu de cela, ces organisations faussement présentées comme représentant les travailleurs – en premier lieu les syndicats – agissent comme la cinquième colonne du patronat.

Qu’ils organisent leurs diverses grèves de 24 heures, comme en Grèce, au Portugal, en Italie et en Espagne ou qu’ils ne fassent rien du tout comme la Confédération syndicale britannique (TUC), les syndicats opèrent, en supprimant et en contenant délibérément la lutte de classe, comme instrument d'imposition des mesures de rigueur et des coupes sociales. Ils travaillent main dans la main avec les patrons et les gouvernements, qu'il s'agissent de leurs homologues anciennement sociaux-démocrates ou de gouvernements ultra-conservateurs.

A la fin, ceci ne fera que garantir que la lutte de classe émergente passera par-dessus ces organisations comme un raz de marée. Le World Socialist Web Site partage le pronostic si bien exposé par Trotsky dans Le Programme de transition : « L’orientation des masses est déterminée en premier lieu par les conditions objectives du capitalisme pourrissant et en second lieu par les politiques traîtres des vieilles organisations ouvrières. De ces facteurs, le facteur décisif est en fait le premier : les lois de l’histoire sont plus fortes que l’appareil bureaucratique. »

Loin d’être de la complaisance ou du fatalisme, ce pronostic souligne la question cruciale de la direction révolutionnaire. L’instrument indispensable pour combler la brèche entre les implications révolutionnaires de la crise mondiale et l’actuel niveau de conscience de la classe ouvrière est le parti marxiste. Ceux qui reconnaissent la nécessité d’une alternative socialiste devraient prendre la décision de rejoindre le Parti de l’égalité socialiste et de le construire.

 (Article original paru le 2 juin 2010)

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