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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Election législative en Grande-Bretagne : un changement historique

Par Chris Marsden
4 mai 2010

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La vie politique en Grande-Bretagne a d'ores et déjà subi un changement profond quel que soit le résultat de l'élection législative qui aura lieu dans ce pays le 6 mai.

Le trait le plus extraordinaire de cette campagne électorale est la déliquescence du Parti travailliste. Les prédictions varient quant à la forme que prendra la coalition gouvernementale qui sera le plus probable résultat de ces élections. Mais la probabilité d'un gouvernement de coalition provient avant tout de l'effondrement du soutien vis-à-vis du Parti travailliste.

Le Parti travailliste n'a obtenu que 33 pour cent des voix en 2005, mais les dernières estimations disent qu'il pourrait bien passer en troisième position, derrière les conservateurs et les Libéraux démocrates ; les prédictions les moins favorables donnent aux travaillistes dix-huit pour cent des voix seulement. Ce serait la première fois que les travaillistes arriveraient derrière les libéraux depuis 1922.

Jusque-là, les travaillistes avaient calculé qu'ils pourraient encore réussir à se maintenir au gouvernement en tant que parti majoritaire, grâce au système électoral britannique qui donne le siège parlementaire au parti ayant le plus de voix dans la circonscription électorale, et qu'ils pourraient être capables de constituer une coalition avec les libéraux démocrates, dont le soutien a grandi principalement à cause de la défection des électeurs travaillistes. Mais on parle à présent d'une coalition des conservateurs avec les libéraux.

Il est difficile d'en dire plus sur le résultat probable de cette élection. Le degré d'instabilité politique est tel que personne ne sait combien de gens vont voter selon leur préférence déclarée. Une estimation dit qu'un tiers des électeurs travaillistes disent qu'ils pourraient finalement soutenir un autre parti.

Il n'est pas possible non plus d'estimer l'ampleur de ce qui pourrait être une abstention massive de la part de ceux qui sont dégoûtés par l'état actuel tout entier de la politique.

Ce qui est certain, c'est que les travaillistes ne se relèveront pas d'une telle humiliation politique - ce qui ne devrait pas être d'ailleurs. Le Socialist Equality Party en Grande-Bretagne et ses candidats se sont opposés à tous les appels à voter pour les travaillistes en tant que parti qui représenterait d'une façon quelconque un « moindre mal » -- ce qui est la position commune de tous les divers groupes de la pseudo-gauche. Nous avons caractérisé le Parti travailliste de parti droitier du grand patronat ne valant pas mieux que les tories (conservateurs ndt) - un parti de l'austérité, du militarisme et de la guerre, comme il l'a démontré par les treize années qu'il a passées au gouvernement.

Il s'agit non seulement là d'une estimation politique correcte, celle-ci est encore partagée par un nombre croissant de travailleurs et de jeunes qui ont tiré des conclusions similaires et n'ont que mépris pour le parti de Tony Blair et de Gordon Brown.

L'effondrement des travaillistes est l'expression de la transformation du rapport entre les organisations qui ont jadis constitué le mouvement ouvrier et la grande masse de la classe ouvrière.

Pendant plus d'une décennie, le Parti travailliste a agi comme le pur représentant d'une oligarchie financière globale, certaine de ne pas avoir à faire face à un défi important de la part de la classe ouvrière. La participation du gouvernement travailliste à la guerre en Irak a provoqué l'amertume et la colère mais cela ne put s'exprimer parce que le monopole politique du Parti travailliste était soigneusement préservé par les syndicats et leur apologètes de la pseudo-gauche.

Tout cela a changé à présent. Le commencement de la crise économique mondiale en 2008 a produit une forte intensification d'antagonismes de classe qui ne peuvent plus longtemps être contenus dans le cadre de la politique officielle. Des dizaines de millions de gens qui, durant la dernière décennie, furent capable de survivre en faisant des dettes massives sous forme d'hypothèques et de crédit individuel, se voient à présent confrontés à un terrible déclin de leur niveau de vie.

Un chômage risquant de dépasser les trois millions, la menace des pertes d'emplois, les baisses de salaires et les reprises de possession par les banques, hantent une majorité de la population.

Pendant plus d'un siècle, le Parti travailliste et les syndicats qui lui étaient affiliés ont été le principal moyen ayant permis de confiner les luttes de la classe ouvrière à une perspective consistant à obtenir des réformes limitées qui ne menaçaient pas la survie du capitalisme.

Le calcul qui était au centre du projet du néo-travailliste - que le Parti travailliste pourrait rester une force politique significative même après avoir abandonné ses promesses de réformes, grâce au soutien de l'oligarchie financière - est à présent caduc. Le résultat de cette stratégie a été de liquider le Parti travailliste une fois pour toutes.

Ceci représente une crise politique majeure pour la bourgeoisie britannique.

La semaine dernière il y eut des mises en garde de la part des milieux dirigeants disant que les trois principaux partis devaient être honnêtes vis-à-vis de l'électorat quant à l'ampleur et à la brutalité des coupes qui allaient venir. Ces mises en gardes trouvèrent leur point culminant dans un rapport de l'IFS (Institute of Fiscal Studies - Institut des études fiscales) disant que les coupures prévues par le Parti travailliste et les Libéraux démocrates étaient comparables à celles imposées par les travaillistes dans les années 1970.

Ces coupes avaient conduit à « l'hiver du mécontentement » de 1978-1979 qui fit chuter le gouvernement Callaghan. L'IFS dit des propositions de coupes faites par les conservateurs qu'elles sont les plus sévères depuis la Deuxième Guerre mondiale. Entre 70 et 80 pour cent de ces coupes n'ont pas encore été nommées et, en réalité, plus encore sont prévues.

De telles mises en garde sont motivées par l'inquiétude que, sans un accord sur ce qu'il est nécessaire de faire, aucun parti ou coalition de partis n'aura le mandat requis pour imposer des mesures d'austérité. Le problème est qu'obtenir un tel accord populaire est impossible. Personne ne sera d'accord pour être privé d'un salaire suffisant pour vivre, d'un emploi, d'une retraite ou même d'un toit sur la tête.

Avant tout, le Parti travailliste n'est plus en mesure d'exploiter la loyauté politique de larges parties de la classe ouvrière afin de faire passer de telles attaques en alliance avec les syndicats.

L'effondrement des travaillistes présage d'énormes luttes de classes à venir, des luttes qui doivent inévitablement conduire à un réalignement politique fondamental en Grande-Bretagne.

Son impact initial a été de déstabiliser l'ensemble de la politique bourgeoise, discréditant la croyance qu'avaient des millions de travailleurs qu'ils pouvaient défendre leurs intérêts au moyen du parlement. Il constitue pour cette raison un premier pas nécessaire vers un nouveau mouvement véritablement socialiste de la classe ouvrière. Ceci souligne l'importance de la campagne électorale du Socialist Equality Party et l'urgence de sa construction nécessaire pour rendre conscient ce mouvement naissant et pour fournir la perspective, le programme et la direction dont la classe ouvrière a besoin.

(Article original publié le 30 avril 2010)

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