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WSWS : Nouvelles et analyses : Asie

Sri Lanka: Un organe de presse du gouvernement publie des menaces de mort contre le SEP

Par Wije Dias
11 mai 2010

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L’organe de presse Daily News, propriété du gouvernement, a publié le 23 avril sur sa page éditoriale un article extrêmement provoquant contre le Parti de l’égalité socialiste (Socialist Equality Party, SEP) et contenant des menaces de mort explicites à l’encontre du parti.

Sous le titre « Ceux qui sont dignes d’être salués et ceux qui ne le sont pas, » l’article qualifiait le SEP en général et deux de ses membres influents en particulier – le secrétaire général Wije Dias et le membre du comité politique Nanda Wickremasinghe – d’adversaires « non achetables » du gouvernement qui devraient être « éliminés, c’est-à-dire tués. »

Le SEP a écrit le 30 avril à l’éditeur du Daily News pour condamner cet article et la décision du journal de le publier. Le journal a publié la lettre le 6 mai dans une forme tronquée – le premier paragraphe notifiant la protestation de la part du parti avait été éliminé. A ce jour, le SEP n’a toujours pas reçu de réponse. Nous reproduisons la lettre ci-dessous.

Dans le contexte de la politique sri lankaise, cette menace n’est pas gratuite. Des centaines de personnes, y compris des parlementaires et des journalistes en vue ont été assassinés ou ont « disparu » aux mains des escadrons de la mort pro-gouvernementaux depuis que le président Mahinda Rajapakse a pris le pouvoir en 2005.

En 2006 Rajapakse avait replongé l’île dans la guerre civile en menant des opérations militaires brutales contre les séparatistes tamouls des Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE) et qui ont coûté la vie à des milliers de civils. Après avoir vaincu militairement le LTTE en mai dernier, le gouvernement avait maintenu l’appareil d’Etat policier développé durant 25 années de guerre pour en faire usage contre de la classe ouvrière.

Tout comme la Grèce, le Sri Lanka est très fortement endetté, en grande partie en raison des énormes dépenses militaires de Rajapakse. Sauvé de la faillite au milieu de l’année dernière par des prêts d’urgence de 2,6 milliards de dollars accordés par le Fonds monétaire international (FMI), le gouvernement est sous pression pour réduire le déficit budgétaire en le faisant passer de 9,7 pour cent du PIB l’an dernier à 5 pour cent en 2011. Plus de la moitié du budget de l’année dernière fut consacré au service de la dette et aux dépenses militaires, et ces dépenses ne seront pas réduites cette année. En conséquence, Rajapakse sera obligé d’opérer soit des coupes proportionnellement plus sévères dans le domaine de l’emploi dans la fonction publique et des services soit d’imposer d’importantes hausses d’impôts ou les deux à la fois.

Cette prescription amère du FMI est déjà appliquée en Grèce où nous assistons déjà à une vague de grèves et de protestations. Ce ne sera pas différent dans le cas du Sri Lanka. C’est pourquoi le SEP est visé comme « non achetable ». Ce que le gouvernement et la classe dirigeante craignent avant tout c’est que la classe ouvrière émerge en tant que force politique indépendante sous la bannière de l’internationalisme socialiste. Le SEP, comme son prédécesseur, la Ligue Communiste révolutionnaire, est le seul parti à avoir lutté de façon intransigeante pour cette perspective.

L’auteur de l’article dénonciateur paru dans le Daily News, Malinda Seneviratne, est issu d’une famille qui avait sympathisé avec le Lanka Sama Samaja Party (LSSP), jadis trotskyste. Il a grandi au milieu de la confusion politique créée par la trahison de l’internationalisme socialiste par le LSSP lorsque celui-ci rejoignit le gouvernement bourgeois de Sirima Bandaranaike en 1964.

En tant qu’étudiant, Seneviratne fut impliqué dans le groupe Friends of the People qui combinait le racisme anti-tamoul à des questions environnementales. Le groupe, dirigé par Champika Ranawaka, évolua plus tard vers le parti extrémiste cinghalais – le Jathika Hela Urumaya (JHU) – qui fait actuellement partie de la coalition dirigeante. Ranawaka a été le ministre de l’Environnement et il est à présent ministre de l’Energie et un proche conseiller du président. Tout en ne faisant pas partie du JHU, Seneviratne est profondément imprégné de sa politique chauvine et s’est découvert une niche comme gratte-papier au Daily News qui n’est rien d’autre qu’un organe de propagande gouvernementale.

Le parcours politique de Seneviratne confère une virulence toute particulière à son article. Il est suffisamment familier avec l’histoire du mouvement trotskyste pour savoir que le SEP, contrairement aux ex-partis de gauche du Nava Sama Samaja Party (NSSP) et de l’United Socialist Party (USP), est la seule organisation à lutter pour un socialisme révolutionnaire. Sa réponse est directement tirée des annales du JHU qui est tristement connu pour ses méthodes de voyou – ceux qu’on ne peut soudoyer ou tyranniser pour les intégrer dans les rangs, doivent être éliminés.

La menace proférée contre le SEP est l’avertissement le plus sérieux adressé à la classe ouvrière en général quant aux méthodes qui seront utilisées par le régime Rajapakse pour supprimer toute résistance de la population laborieuse à son programme économique. Ce n’est pas par hasard si le parlement a une fois de plus voté mercredi la reconduction de l’Etat d’urgence en dépit du fait que la guerre s’est terminée il y a un an. Rajapakse utilisera les mêmes mesures draconiennes pour mener sa nouvelle « guerre économique » pour la « construction de la nation » qu’il a employées contre le LTTE et la minorité tamoule de l’île.

Le SEP presse instamment la population laborieuse à tirer les enseignements politiques qui s’avèrent indispensables. Un mouvement politique indépendant de la classe ouvrière doit être construit pour diriger les masses rurales dans une contre-offensive contre les projets du gouvernement. Ceci ne peut se faire que sur la base d’un programme socialiste et de la lutte pour un gouvernement ouvrier et paysan comme partie intégrale de la lutte pour le socialisme internationalement. Nous appelons les travailleurs et les jeunes à rejoindre et à construire le SEP comme la direction indispensable à cette lutte.

Le SEP a envoyé la lettre qui suit au Daily News.

Au chef de la rédaction du Daily News,

Monsieur,

En tant que secrétaire général du Parti de l’Egalité socialiste (SEP), la section sri lankaise du Comité International de la Quatrième Internationale, j’aimerais consigner par écrit la protestation indignée de mon parti concernant un article provoquant publié dans l’édition du 23 avril du Daily News sous le titre, « Ceux qui sont dignes d’être salués et ceux qui ne le sont pas. »

Dans ce qui ne peut être interprété que comme une tentative d’incitation à un acte terroriste contre le Parti de l’égalité socialiste et sa direction, l’auteur de cet article, Malinda Seneviratne, a écrit : « Quelqu’un avait dit une fois que 99 pour cent de l’opposition peut être achetée et que le un pour cent restant doit être éliminé, c’est-à-dire tué. » Seneviratne identifie ensuite le SEP et deux de ses membres dirigeants – Wije Dias (moi-même) et Nanda Wickremasinghe (Podi Wicks) – comme ceux faisant partie du un pour cent.

Dans un langage débordant de malveillance et de cynisme, Seneviratne écrit : « J’ai choisi de saluer Podi Wicks et Wije Dias. Ils sont politiquement honnêtes. Non achetables. »

Personne ne se laissera tromper par l’éloge énoncé par Seneviratne qui s’est aguerri politiquement avec les prédécesseurs du parti d’extrême droite Jathika Hela Urumaya (JHU). Cette organisation fait à présent partie de la coalition du gouvernement Rajapakse. Il sera évident à chacun que l’intention de Seneviratne est d’attirer l’attention du JHU ou d’autres forces réactionnaires sur les activités du SEP.

La publication de l’article de Senviratne implique le Daily News, un journal qui est la propriété du gouvernement, dans les intentions provocatrices de Seneviratne.

En vue d’inciter davantage de forces meurtrières des milieux de l’appareil d’Etat ainsi que des gangs communautaristes à agir contre le SEP, Seneviratne décrit notre organisation comme étant « Eelamiste » (séparatiste). Le SEP rejette sans équivoque la guerre réactionnaire que les régimes successifs de Colombo ont menée contre la population tamoule. Mais il est bien connu, au Sri Lanka et internationalement, que le SEP rejette le programme séparatiste bourgeois des LTTE. Notre parti a lutté pour l’unité de la population cinghalaise et tamoule sous la bannière des Etats socialistes unis de Sri Lanka et d’Eelam.

Cela reste la perspective du SEP. Notre lutte pour le socialisme et les droits démocratiques pour tous les travailleurs ne sera pas découragée par des menaces d’aucune sorte – même celles proférées dans les pages du Daily News.

Wije Dias
Secrétaire général du Parti de l’Egalité socialiste

(Article original paru le 8 mai 2010)

Voir aussi :

Le manifeste du SEP pour l’élection présidentielle 2010 au Sri Lanka
Un programme socialiste pour la lutte pour l’égalité sociale et les droits démocratiques
(13 janvier 2010)

Les élections au Sri Lanka: les deux visages de l’United Socialist Party (21 janvier 2010)

Le SEP sri lankais répond à l’United Socialist Party (19 février 2010)

La signification internationale de l’émergence d’un Etat policier au Sri Lanka (23 février 2010)

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