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  WSWS : Nouvelles et analyses : Etats-Unis

Papandreou à Washington

Le gouvernement Obama soutient les mesures d’austérité grecques

Par Barry Grey
18 mars 2010
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Le premier ministre grec Georges Papandreou a rencontré le président Obama à la Maison Blanche mardi. La réunion faisait partie d’une visite de trois jours à Washington pour obtenir le soutien politique pour le gouvernement social-démocrate (PASOK) de Papandreou et le plan d’attaques radicales contre les emplois et le niveau de vie des travailleurs grecs.

La réunion dans le bureau ovale, dont la presse avait été tenue à l’écart et qui a été suivie d’une conférence de presse, s'est déroulée après que Papandreou a prononcé un discours lundi à la Brookings Institution et rencontré plus tard dans la journée la Secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton. Papandreou a aussi rencontré des membres influents du Congrès et devrait avoir des discussions avec le Secrétaire au Trésor américain, Timothy Geithner.

La visite de Papandreou à Washington est l’apogée d’une tournée dans quatre pays ayant débuté à Berlin avec des pourparlers avec la chancelière allemande Angela Merkel, une réunion au Luxembourg avec le président de l’Eurogroup, Jean-Claude Juncker et une réunion dimanche avec le président français, Nicolas Sarkozy à Paris.

Dans chaque capitale, Papandreou a fait campagne pour son plan de rigueur pour rassurer les marchés financiers internationaux et rechercher le soutien des principales puissances pour les mesures répressives qu’il pourrait prendre pour réprimer des troubles sociaux.

Pendant ce temps, les ministres qui accompagnaient Papandreou rencontraient des présidents exécutifs de groupes et des banquiers afin de les inciter à investir en Grèce en leur offrant comme motivation des réductions supplémentaires des salaires imposés aux travailleurs grecs et qui se situent déjà bien en-dessous de la norme européenne.

Papandreou a insisté sur le fait qu’il ne demandait pas d’aide financière de Washington pour prévenir une défaillance du gouvernement grec. Dans ses déclarations publiques, il a cependant lancé un appel aux Etats-Unis à s’associer à l’Europe pour interdire la spéculation sur les produits dérivés et les marchés de dérivés de crédit (credit default swaps, CDS) qui a entraîné la hausse des coûts du crédit de la Grèce et la baisse de l’Euro.

Lors de la conférence de presse conjointe lundi avec Clinton, Papandreou a mis en garde que la spéculation contre les obligations émises par le gouvernement grec risquait de saper la capacité du gouvernement à rembourser quelque 20 milliards de dollars de dette arrivant à échéance ce printemps. Il a affirmé que la Grèce aurait besoin du soutien financier de l’Europe et des Etats-Unis « si nous voyons que la spéculation ne nous permet pas d’emprunter à des taux qui ne soient pas prohibitifs. » Il a poursuivi en disant. « Nous ne réclamons pas des plans de sauvetage. Nous disons seulement […] qu’après avoir pris ces mesures concernant le marché nous devrions être en mesure d’obtenir des marchés ce dont les autres bénéficient aussi, à savoir des taux d’emprunt normaux. »

Clinton s’est déclaré sans ambiguïté en faveur du plan d’austérité pour la Grèce en disant, « Nous soutenons la Grèce et les mesures économiques de rigueur qu’elle prend […] » Elle fut moins catégorique eu égard à des discussions lors du prochain sommet du G20 sur la restriction de la spéculation sur les CDF et autres produits dérivés.

Selon des rapports de presse, Papandreou projette de soulever la question de l’interdiction de la spéculation contre la Grèce et l’euro comme premier sujet de l’ordre du jour de ses discussions avec Obama. Mardi, avant la tenue de la réunion entre Obama et Papandreou au bureau ovale, la chancelière allemande Merkel a publié un communiqué réclamant une action rapide pour la régulation de la spéculation sur les CDS contre les pays de la zone euro.

Les autorités de régulation américaines et européennes auraient initié des investigations des activités des banques et des fonds spéculatifs pariant sur la défaillance de la Grèce et la rendant ainsi encore plus vraisemblable. Toutefois, il est peu probable que le gouvernement Obama, après avoir consenti à renflouer les banques, à protéger les fortunes de l’élite financière et à empêcher toute réforme véritable des marchés financiers, consente à introduire toute mesure sérieuse pour interdire la spéculation sur les dérivés.

Le discours prononcé mardi par Papandreou à la Brookings Institution qui est tournée vers le Parti démocrate a mis en évidence la perspective profondément réactionnaire du PASOK. Il a commencé par qualifier de pierre angulaire dans les relations entre les Etats-Unis et la Grèce et les relations entre les Etats-Unis et l’Europe l’allocution prononcée le 12 mars 1947 par le président Harry Truman devant une session commune du congrès et où Truman avait exigé des centaines de millions de dollars d’aide économique et militaire pour sauver le gouvernement droitier de la Grèce d’un mouvement révolutionnaire armé des travailleurs et des pays.

L’intervention de Truman dans la guerre civile grecque entre 1946-1949 avait marqué le lancement officiel de la Guerre froide. L’allocution du 12 mars fut connue sous le nom de Truman Doctrine. L’intervention des Etats-Unis, organisée avec le concours crucial du régime stalinien de Moscou qui refusa d’assister les travailleurs grecs, renversa la situation et entraîné l’écrasement de la révolte. Jusqu’à 100.000 travailleurs et paysans furent emprisonnés, exilés ou tués lors de la répression sauvage qui suivit la défaite du soulèvement

La défaite de 1949 sema les graines du coup militaire de 1967 et de sept ans de dictature de la junte grecque.

Papandreou a présenté cette contre-révolution comme un précédent exemplaire pour renouveler la collaboration entre la Grèce et les Etats-Unis face à une nouvelle crise. Il a vanté la rigueur des mesures d’austérité qu’il était en train d’appliquer en déclarant que « le parlement a adopté les mesures d’austérité les plus dures de l’histoire moderne de la Grèce. »

En qualifiant les mesures de « choix douloureux entraînant un lourd coût politique et social, » il a dit clairement qu’elles n’étaient que le début. « J’ai dit à la population grecque, » a-t-il précisé, « que 2010 doit être et sera une année de réformes draconiennes dans tous les domaines gouvernementaux : changement de notre système d'impôts, de notre systèmes de sécurité sociale, de notre administration publique, de notre système éducatif et de notre modèle de développement. »

Il a mis en garde contre « des troubles sociaux graves, » en disant que le risque d’émeutes sociales était en train d’être exacerbé par des spéculateurs à qui, a-t-il insisté, il fallait passer la bride. Il a ajouté que la spéculation tirait l’euro vers le bas en augmentant de ce fait le prix des exportations américaines et le déficit commercial américain.

Les implications non exprimées du discours de Papandreou étaient que les Etats-Unis tout comme l’Europe entraient dans une période de dangers révolutionnaires et que les méthodes employées de 1946-1949 en Grèce pourraient servir à nouveau.

(Article original paru le 10 mars 2010)

Voir aussi :

La campagne chauvine des médias allemands contre la Grèce

Papandreou à Paris
Sarkozy se fait l'écho de la ligne dure de l'Allemagne sur la crise de l'endettement de la Grèce

 

 


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