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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

France: Le Nouveau parti anticapitaliste approuve la trahison par les syndicats des grèves contre la réduction des retraites

Par Alex Lantier
23 novembre 2010

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Le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) a tenu une réunion du Comité politique national (CPN) la semaine dernière pour faire le bilan des grèves du mois d’octobre contre la réduction des retraites par le président Nicolas Sarkozy et pour préparer son prochain congrès national. La déclaration du CPN a cherché à dissimuler le soutien du parti à la trahison de la grève par les syndicats et les partis de « gauche ».

La défaite des grèves le mois dernier et l’adoption d’une loi profondément impopulaire comprenant le relèvement de deux ans de l’âge légal de départ à la retraite a été le résultat direct des actions des syndicats. Après avoir tout d’abord négocié les réductions avec Sarkozy, les syndicats ont ensuite œuvré à contenir la résistance populaire massive en organisant une série de journées d’action de 24 heures qui ne visaient pas à défier l’autorité politique de Sarkozy.

Lorsque l’intervention de la police a détruit la puissante grève des travailleurs des secteurs pétrolier et portuaire, les syndicats ont laissé faire et ont refusé de mobiliser la moindre grève de solidarité avec les grévistes. Ceci a entraîné un affaiblissement de la participation aux protestations en dépit du soutien de masse continu pour les grèves contre les coupes sociales. Le gouvernement a profité de l’occasion pour faire passer la loi et a démarré de nouvelles négociations avec les syndicats pour de nouvelles réductions.

Le NPA cherche à camoufler son bilan et à minimiser son propre rôle en recourant à une rhétorique activiste. « En France, la loi sur les retraites est l’acte 1 d’un plan hyper-austérité, » dit le communiqué. « A la destruction, nous répondons mobilisation ! Au projet de loi contre les retraites, nous avons massivement répondu retrait ! A sa promulgation, nous répondons abrogation ! »

Un tel verbiage est complètement corrompu. Le NPA n’a aucun moyen d’imposer à Sarkozy la revendication d’abroger la loi : les grèves se limitent à présent à quelques lieux de travail combatifs et que Sarkozy projette d’ignorer.

Le plus important c’est que le NPA est hostile au développement d’une campagne politique pour rassembler l'opposition sociale qu’il affirme représenter. La seule perspective viable pour une nouvelle lutte contre les coupes sociales en est une que le NPA rejette : la mobilisation des travailleurs indépendamment des syndicats dans une lutte politique pour  renverser Sarkozy et pour mettre en place un gouvernement ouvrier qui lutte pour une politique socialiste.

Au lieu de cela, le NPA vise à renforcer l’autorité des syndicats et de l’establishment pro-patronal de « gauche », notamment le Parti socialiste (PS) qui tente de manipuler l’opposition populaire contre Sarkozy à ses propres fins électorales. Tout au long de la grève, le NPA a insisté sur le besoin d’une campagne « unitaire » avec le PS, parti droitier qui soutient les mesures d’austérité.

Le NPA souligne que des travailleurs qui sont encore en grève devraient poursuivre la grève sous la direction des syndicats : « le renforcement de l’action dans nos lieux de travail par les syndicats combatifs est évidemment à l’ordre du jour. »

Le NPA déclare son soutien au PS même en reconnaissant que le PS soutient la réduction des retraites : « Le Parti socialiste présent aux manifs – et c’est tant mieux –, mais pris dans une contraction insoluble. La position du PS ne se différencie pas fondamentalement de celle du pouvoir sur la question des retraites. »

En fait, ce n’est pas une bonne chose que le PS, un parti pro-patronal, participe aux protestations et essaie de tromper les travailleurs et les jeunes quant à ses intentions. Ceci ne fait que semer la confusion et obscurcir la conscience de classe des travailleurs en aidant les syndicats à organiser une trahison et à éviter un affrontement politique entre les travailleurs et Sarkozy. Le NPA ne peut applaudir ceci qu’en raison de sa propre attitude conciliante envers la politique capitaliste d’austérité.

Le NPA conclut sa déclaration par des exigences « radicales » qui sont sa marque de fabrique. Il écrit que la situation requiert « un programme anticapitaliste, l’appropriation sociale des grands moyens de production et financier, la répartition des richesses, la protection des ressources et la rupture avec les institutions. »

C'est au lecteur de décider lui-même de ce que cela signifie. D’un côté, la revendication pour la propriété publique socialisée des banques et des grandes entreprises est une revendication classique de la révolution socialiste telle que l’ont formulée les marxistes. Venant du NPA, cependant, il s’agit tout simplement d’une fiction politique : tout en promouvant ces revendications, le NPA suggère qu’une révolution peut être menée en alliance avec le PS et des syndicats qui ne font rien pour défendre les travailleurs contre les actions de la police visant à briser la grève !

Ceci est, en effet, la spécialité du NPA : combiner une rhétorique fausse et pseudo-révolutionnaire avec une défense de l’establishment politique.

Le NPA soutient de façon constante la position selon laquelle les syndicats sont la direction légitime des grèves des travailleurs – position qu’il cherche à camoufler en critiquant parfois la tactique des syndicats. Mais dans une situation où les syndicats isolent les luttes des travailleurs et planifient des coupes sociales avec l’Etat, cela signifie assujettir la classe ouvrière à l’Etat capitaliste.

Dans un article du 11 novembre, intitulé « Faut-il séparer le social et le politique ? » le NPA explique son attitude sur cette question. Il critique le Parti communiste français (PCF) car ce dernier « défend une division des tâches profondément ancrée dans le mouvement ouvrier français : aux syndicats la rue et les mobilisations sociales, aux partis le champ institutionnel et les élections. C’est contestable à plusieurs niveaux. »

Le NPA ne « remet en question » cette division que pour réaffirmer quelques lignes plus loin cependant : « L’indépendance syndicale est un acquis qu’on ne peut remettre en cause : c’est au sein des syndicats que se décide l’orientation syndicale. »

Le NPA a fait état de sa position de façon moins ambiguë lors d'une réunion l’année dernière avec la Confédération générale du Travail (CGT) durant laquelle il a rassuré la CGT qu’il abandonnerait ses légères critiques concernant l’isolement l’année dernière des grèves des travailleurs de l’automobile par la CGT.

Dans un communiqué du 2 octobre 2009, intitulé « Rencontre NPA –CGT, » le NPA déclarait : « Le NPA a réaffirmé qu’il n’avait pas vocation à se substituer aux syndicats mais, qu’en tant qu’organisation politique, porteuse d’un projet, il avait un point de vue sur le type de revendications immédiates qui pouvaient répondre aux attaques du MEDEF et à la politique du gouvernement. » Il ajoutait, « L’autonomie des syndicats quant à la défense des salariés va de soi pour le NPA. »

De telles déclarations révèlent au grand jour non seulement la position de classe fondamentalement hostile du NPA à l’égard des travailleurs en grève contre les coupes de Sarkozy, mais à l’égard de l’héritage du trotskysme. Le prédécesseur du NPA, la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) était une organisation qui se disait trotskyste. Toutefois, elle a créé le NPA pour se dissocier de l’héritage de Trotsky et du marxisme révolutionnaire.

Le document traditionnel approuvant la séparation entre le travail des partis et celui des syndicats dans le mouvement syndical français est la Charte d’Amiens adoptée lors du congrès de la CGT en 1906. A l’époque, la CGT était composée de syndicalistes révolutionnaires hostiles aux opportunistes parlementaires au sein du Parti socialiste. Cette Charte appelait à une « lutte pour une transformation d’ensemble de la société en toute indépendance des partis politiques et de l’Etat. »

Trotsky avait critiqué ceux qui refusaient de modifier leur compréhension de la Charte d’Amiens de 1906 après le déclenchement de la Première Guerre mondiale et la prise du pouvoir des travailleurs en Russie durant la Révolution de 1917. Il avait insisté sur le fait que ces événements montraient combien étaient nécessaires des partis prolétariens révolutionnaires luttant pour le pouvoir étatique partout dans le monde.

Dans « Les fautes fondamentales du syndicalisme » écrit en 1923 pour gagner à sa cause des militants de la classe ouvrière sous influence de l’anarcho-syndicalisme, Trotsky écrivit : « A l’exception d’un seul pays [l’URSS], le pouvoir étatique dans le monde entier se trouve aux mains de la bourgeoisie. C’est en cela, et en cela seulement, que consiste le danger étatique du point de vue du prolétariat. La tâche historique de celui-ci est d’arracher des mains de la bourgeoisie l’instrument d’oppression le plus puissant. »

Bien des choses ont bien sûr changé depuis ; un gouffre politique sépare les anarcho-syndicalistes des années 1920 qui étaient des combattants de classe, de ceux qui, comme le NPA, approuvent aujourd’hui tacitement l’Etat briseur de grève. Toutefois, les arguments que Trotsky avait avancés pour gagner les anarcho-syndicalistes au marxisme s’entendent aujourd'hui comme des condamnations de la politique de ces charlatans politiques. L’association ténue du NPA avec le trotskysme, tout comme son affirmation de soutenir les luttes des travailleurs contre le capitalisme, sont une imposture.

 

(Article original paru le 17 novembre 2010)

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