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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

La vague de grèves en Europe et la décomposition de la démocratie bourgeoise

Par Barry Grey
21 octobre 2010

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Les luttes de la classe ouvrière qui s'intensifient en Europe et dans le monde contre le chômage de masse et la politique d'austérité des gouvernements révèlent la réalité qui se cache derrière la façade de la démocratie bourgeoise. Dans tous les pays, les gouvernements, qu'ils soient conservateurs ou soi-disant de « gauche »,  réduisent les emplois et les salaires et attaquent les programmes sociaux au mépris total de l'opposition écrasante de la population.

Elections et débats parlementaires n'ont aucun effet sur la politique. L'Etat fait tout ce que lui dicte l'aristocratie financière, détruisant ainsi le niveau de vie des masses dans l'intérêt des banquiers qui sont responsables de la crise économique. Les financiers et les chefs d'entreprises gagnent plus d'argent que jamais en exploitant le chômage de masse et la détresse sociale grandissante pour réduire de façon draconienne les salaires et augmenter l'exploitation de la classe ouvrière.

Là où les efforts conséquents des syndicats ne suffisent pas à contenir les travailleurs et que des luttes s'engagent pour contrer les projets des capitalistes, notamment en France et en Grèce, l'Etat recourt à ses pouvoirs de répression pour briser les grèves et les manifestations. En France, le gouvernement Sarkozy a déployé les CRS (police anti-émeute) contre les travailleurs pour briser les blocages des dépôts pétroliers et pour attaquer avec du gaz lacrymogènes et des flashballs des lycéens qui manifestaient, et en a interpellé des centaines dans tout le pays.

En Grèce, le gouvernement social démocrate du PASOK, élu avec le soutien des syndicats, a déployé l'armée pour briser une grève de chauffeurs routiers au mois d'août. La semaine dernière, ce même gouvernement a eu recours à la police anti-émeute et au gaz lacrymogène contre des employés du ministère de la culture qui occupaient l'Acropole pour protester contre des licenciements massifs.

Malgré ces attaques, la résistance de la classe ouvrière s'accroît. La vague actuelle de grèves et de manifestations en France est l'expression la plus développée d'une nouvelle étape de la lutte de classes internationale. Elle marque un changement de proportion historique de la situation politique internationale. La classe ouvrière entre une fois de plus en lutte contre les capitalistes.

Ces derniers jours ont vu la propagation du mouvement de grève en France, le déclenchement d'une grève en Grèce qui a paralysé le système ferroviaire du pays et une manifestation de centaines de milliers de personnes à Rome protestant contre la politique du gouvernement Berlusconi.

Il y a eu des grèves générale d'une journée et des manifestations de masse en Espagne, au Portugal et en Irlande, des grèves de travailleurs en Roumanie et des grèves puissantes de travailleurs de l'automobile en Chine et de travailleurs en Inde, au Cambodge et au Bangladesh.

En Grande-Bretagne, le gouvernement de coalition conservateur-libéral démocrate impose des coupes historiquement sans précédent atteignant 83 milliards de livres sterling, ce qui signifiera la perte d'au moins 500 000 emplois dans le secteur public et 500 000 emplois de plus dans le secteur privé.

Les travailleurs britanniques ont à maintes reprises cherché à résister à l'assaut lancé par le gouvernement et le patronat mais ont jusqu'à présent été étouffés par la traitrise des syndicats qui s'opposent à toute action sérieuse de grève ou de mobilisation sociale. Les travailleurs du métro londonien ont fait grève contre les privatisations et les licenciements massifs, ce qui a conduit le gouvernement à rédiger une législation anti-grève. Les travailleurs de la BBC et de British Airways ont voté la grève, mais les dirigeants syndicaux ont refusé de lancer un appel à la grève. 

Aux Etats-Unis, Obama qui est venu au pouvoir surfant sur la vague d'une haine intense parmi les travailleurs et les jeunes de la politique pro-patronale et militariste de Bush et des Républicains, applique une politique uniformément droitière et anti-ouvrière, brisant les illusions des millions de personnes qui ont voté pour lui. L'incapacité de la Maison Blanche et du Parti démocrate de se distancer de quelque manière de l'élite patronale et financière est soulignée par les actes du gouvernement ces derniers jours, à deux semaines seulement des élections de mi-mandat au Congrès.

Le gouvernement a levé le moratoire sur le forage de pétrole dans le Golfe du Mexique, annoncé qu'il n'y aura pas d'augmentation des prestations sociales en dépit de la hausse du coût de la vie, et rejeté tous les appels à un moratoire sur les saisies immobilières.

L'opposition grandissante de la classe ouvrière américaine est en train de trouver une expression dans la rébellion naissante des travailleurs contre le syndicat automobile UAW (United Auto Workers.) L'UAW cherche à faire de la baisse de salaire de 50 pour cent qu'elle a mise au point l'année dernière avec les patrons de l'automobile et le gouvernement Obama, pour les travailleurs nouvellement embauchés, la nouvelle référence pour l'industrie.

Le mépris de la classe dirigeante américaine pour la volonté démocratique des gens est apparu clairement dans un éditorial sur les événements en France publié mardi par le New York Times. L'organe majeur de l'establishment du Parti démocrate, politiquement libéral, a reconnu le large soutien de la population française pour les grèves et les manifestations contre les projets de Sarkozy d'allonger l'âge de départ à la retraite. « Malgré l'importante gêne causée et les pertes économiques, » dit l'article, « l'opinion publique reste solidaire des syndicats. » (Des sondages français montrent que plus de 70 pour cent de la population soutiennent les grévistes.)

Ceci n'a pas empêché le Times d'insister pour dire que, « Le parlement français devrait voter la réforme sur l'âge légal de départ à la retraite cette semaine, » ajoutant, « Même avec l'allongement à 62 ans, d'autres ajustements douloureux seront nécessaires avant la fin de la décennie. »

Ce qui émerge de cette expérience de centaines de millions de personnes à travers le monde est l'incompatibilité du système capitaliste avec leurs besoins les plus fondamentaux. L'accroissement de la lutte de la classe ouvrière démasque la démocratie bourgeoise comme n'étant rien de plus qu'une feuille de vigne dissimulant la dictature des banques et des grandes entreprises sur la vie économique et politique.

Il faut en tirer les conclusions politiques. La lutte pour l'emploi, pour un niveau de vie décent, le logement, l'éducation, la santé et tous les autres droits sociaux est une lutte politique contre l'Etat capitaliste. La question n'est pas de faire pression sur l'Etat pour le pousser à gauche, le réformer, ou remplacer un gouvernement bourgeois par un autre, mais plutôt de le remplacer, au moyen d'une mobilisation révolutionnaire des masses laborieuses, par un Etat ouvrier, fondé sur la propriété sociale des moyens de production et une démocratie ouvrière.

La lutte pour le pouvoir ouvrier émerge de façon organique et inévitablement des luttes de la classe ouvrière contre les attaques de la bourgeoisie. Cette lutte doit être conduite consciemment, en opposition aux syndicats, aux partis de la « gauche » officielle et des diverses organisations petites-bourgeoises soi-disant de gauche, tel le Nouveau parti anticapitaliste en France, qui cherchent à maintenir la classe ouvrière liée à l'establishment politique existant et à l'empêcher de monter une lutte indépendante pour le pouvoir.

Cette lutte est, de plus, une lutte internationale. Les travailleurs à travers l'Europe et le monde entier sont confrontés aux mêmes attaques et luttent contre le même ennemi. Aussi acharnés que soient les conflits entre élites dirigeantes des différents pays, ces élites dirigeantes sont unies dans leurs efforts pour imposer le coût total de la crise sur le dos de la classe ouvrière. Le capital financier international est en train de mener une offensive coordonnée contre les travailleurs. Ces derniers  doivent riposter en unissant leurs luttes par delà les frontières nationales et lutter pour le programme de la révolution socialiste mondiale.

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