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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Le retour des Verts

Par Peter Schwarz
30 septembre 2010

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Suite à la crise financière mondiale, les partis des Verts ont connu des succès électoraux dans un certain nombre de pays. En Australie et en Suède, ils jouent le rôle de pivot entre les partis conservateurs et les partis sociaux-démocrates, étant en mesure de décider de la formation du gouvernement.

Une fois de plus les Verts voient aussi leur soutien augmenter en Allemagne où, entre 1998 et 2005, le parti avait partagé le pouvoir de la coalition gouvernementale et s’était totalement discrédité en soutenant les mesures d’austérité à l’intérieur du pays et le militarisme à l’extérieur.

Selon un sondage Forsa publié mercredi, les Verts allemands ont pour la première fois depuis leur fondation le même niveau de soutien que le Parti social-démocrate (SPD). Selon ce sondage, si des élections avaient lieu dimanche, 24 pour cent de l’électorat voterait pour les Verts et autant voteraient pour le SPD.

De tels niveaux de soutien signifient qu’une coalition des deux partis jouirait d’une confortable majorité au parlement allemand. Avec le parti La Gauche (Die Linke), atteignant 10 pour cent, les trois partis nommément de centre-gauche ont une avance de 24 pour cent par rapport à l’actuelle coalition gouvernementale. Depuis les élections de l’année dernière, le soutien pour les chrétiens démocrates a chuté de 34 à 29 pour cent et celui des démocrates libéraux de 15 à 5 pour cent.

Les sondages ne sont pas des résultats électoraux et d’autres sondages ont présenté d’autres chiffres. Néanmoins, il est évident que les Verts connaissent un renouveau de soutien électoral.

Dans deux Länder allemands où des élections sont prévues l’année prochaine – le Bade-Wurtemberg et Berlin – les Verts devancent largement le SPD dans les sondages. Ils pourraient être le parti majoritaire dans une coalition avec le SPD et choisir le ministre-président. Le nombre de leurs adhérents est également en augmentation et dépasse pour la première fois depuis 1998 le chiffre des 50.000.

Qu’est-ce qui se cache derrière l’essor des Verts ?

C’est le résultat d’un processus de fermentation au sein de la classe moyenne. Durant les décennies qui ont suivi la Deuxième guerre mondiale, c’était cette couche sociale qui avait assuré la stabilité sociale et formé l’épine dorsale des partis communément appelés en Allemagne « partis populaires » – les Sociaux-démocrates et les Chrétiens-démocrates.

A présent, nombreux sont ceux au sein des classes moyennes à être affectés par les coupes et les licenciements du fait du réajustement budgétaire. D’autres ont été contraints d’occuper des emplois précaires et mal payés.

Les milliards d’euros débloqués par le gouvernement pour sauver les banques et pour couvrir leurs pertes spéculatives ont mis en colère ces couches de la classe moyenne et les ont aliénées des partis plus anciens et traditionnels. Un grief supplémentaire est la fatuité des politiciens qui a poussé des dizaines de milliers dans la rue à Stuttgart par exemple contre la construction d’une nouvelle gare ferroviaire. Un autre grief est la capitulation du gouvernement devant le lobby nucléaire dans le pays qui a redonné vie au mouvement antinucléaire.

Seuls les Verts ont tiré profit de la perte de soutien des partis de la coalition dirigeante. Des études ont confirmé que la croissance du parti est en grande partie due au soutien venant de la classe moyenne. Ses nouveaux membres sont titulaires d’un diplôme universitaire, ils ont en moyenne 38 ans et ont des enfants. Les bastions des Verts sont des villes avec une forte proportion d’universitaires. C’est là que le parti a été en mesure d’accroître sensiblement son soutien, y compris dans des quartiers plus nantis.

Pour ce qui est du SPD, il stagne au bas niveau de ses résultats aux élections de 2009. Les travailleurs et les personnes socialement défavorisées, principaux partisans d’antan du SPD, associent en grande partie le parti aux lois antisociales Hartz IV, aux coupes des programmes sociaux et à l’insécurité économique. Ils délaissent les urnes.

La Gauche, qui est de plus en plus indiscernable du SPD, n’a pas été capable d’augmenter son niveau de soutien au-delà de 10 pour cent.

L’afflux de sections de la classe moyenne vers les Verts repose sur des illusions. Les Verts transmettent l’idée d’un mode de vie alternatif mais leur politique n’est pas différente de celle des autres partis bourgeois. Ils font en sorte que le mécontentement et l’opposition sociale au sein de la classe moyenne soient déviés vers des canaux inoffensifs.

L’ironie de tout cela réside dans le fait que lors des élections les Verts profitent de leur éclectisme et de leur manque de principes. Ceci leur confère la capacité à dire tout et son contraire.

Le parti se dépeint comme une organisation pacifique — mais soutient la guerre en Afghanistan et la transformation de l’armée allemande (Bundeswehr) en une armée de métier.

Le parti se plaint du démantèlement de l’Etat providence et du déclin de l’infrastructure et de l’éducation – mais soutient une politique d’austérité fiscale.

Il entretient d’étroites relations avec les grands groupes d’énergie – mais affirme s'opposer à eux.

Suite à ces positions droitières, les médias ne doutent plus de la fiabilité politique des Verts et les qualifient régulièrement de parti bourgeois du centre.

Le parti affiche une attitude tout aussi opportuniste en ce qui concerne le choix de ses partenaires que sa politique. En 1998, il avait salué Rouge-Verts (la coalition avec le SPD) comme étant le projet du siècle – pour ensuite introduire des réductions d’impôts pour les riches, des coupes sociales pour les nécessiteux et des missions de combat pour l’armée allemande. A présent, il est prêt à former des coalitions avec les chrétiens-démocrates et les démocrates libéraux, même si cela signifie – comme c’est déjà le cas à Hambourg et en Sarre – être obligé de laisser tomber les principaux points écologiques de son programme.

Sitôt le parti des Verts au pouvoir dans un Land plus important ou au niveau fédéral, il verra à nouveau inévitablement sa popularité décliner. Il ne sera plus en mesure de dissimuler sa politique droitière et néolibérale derrière un beau discours. C’est ce qui s’est passé il y a 12 ans après l’entrée du parti dans le gouvernement fédéral. A l’époque, les Verts avaient perdu un cinquième de leurs adhérents et ont finalement perdu le pouvoir non seulement au niveau fédéral mais aussi au niveau de chaque Land.

Toujours est-il qu’il serait faux de sous-estimer les dangers associés à un retour des Verts. Des illusions déçues et des promesses électorales non tenues entraînent une déception facilement exploitable par des courants d’extrême droite, comme l’a montré le cas de Thilo Sarrazin, et qui est délibérément promu par certaines couches de l’élite dirigeante.

Les Verts considèrent comme leur tâche principale d’empêcher que l’indignation régnant au sein de sections de la classe moyenne ne fasse liaison avec un grand mouvement social de la classe ouvrière. Le parti cherche à dominer les actuels mouvements de protestation tout en leur retirant tout contenu social et politique en général. Face aux tensions sociales grandissantes, les Verts s’efforcent de restaurer la confiance dans le gouvernement et dans l’Etat. Au cas où l’actuelle crise du gouvernement allemand s’intensifierait, les Verts sont prêts à poursuivre la politique de la chancelière chrétienne démocrate Angela Merkel, dans une coalition soit avec les Chrétiens-démocrates soit avec le SPD.

La crise de la société capitaliste a atteint un stade où aucun problème social ne peut être résolu sans briser le pouvoir des banques et des principaux grands groupes et réorganiser la société sur la base d’une perspective socialiste. C’est précisément cela que les Verts rejettent avec véhémence.

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