Les restaurants McDonald's, la plus grande chaîne de
hamburger à restauration rapide du monde, ont officiellement déclaré le 19
avril comme étant la « journée nationale d'embauche » aux États-Unis.
La compagnie tente de pourvoir à 50 000 postes à travers le pays, citant
une activité économique en hausse et un besoin d'augmenter le nombre de
restaurants ouverts 24 heures par jour.
McDonald's à Oak Park au Michigan
À travers le pays, les médias tentent de présenter le jour
de l'embauche au McDonald's comme un indicateur positif de l'état de l'économie
américaine. Les points de vente locaux des journaux, partout aux États-Unis,
ont fait la promotion de l'évènement, dirigeant les chercheurs d'emplois vers
le site d'embauche en ligne de McDonald's et vers les restaurants, où ils
peuvent postuler.
Dans une entrevue réalisée avec un journaliste local d'ABC
à Chicago, on a demandé à John Challenger, de l'agence de placement Challenger,
Gray and Christmas, s'il voyait l'évènement de mercredi comme une indication
que le marché de l'emploi reprenait de la vigueur.
« Certainement », a-t-il dit. « Pensez à
la récession, lorsque nous entendions des mégas-chiffres, c'étaient surtout à
propos de congédiements. Maintenant, nous voyons ces mégas-embauches par les
compagnies comme McDonald's et ça correspond à ce qui se passe avec les données
du département du Travail. Ça fait maintenant deux mois consécutifs où il y a
plus de 200 000 emplois créés et cela pousse le chômage à la baisse pour la
première fois. »
Des postulants à l'entrée du restaurant
La tentative de présenter la création de 50 000
emplois à bas salaire - le salaire de départ chez McDonald's tourne autour de 8
dollars l'heure - comme un signe positif est une insulte aux millions
d'Américains qui luttent pour joindre les deux bouts.
L'impasse de ce genre de boulot est correctement résumée
par le dictionnaire en ligne Merriam Webster, qui défini le terme « McJob »
comme ceci : « un emploi à bas salaire qui requiert peu d'habiletés
et fourni peu d'opportunité d'avancement. »
McDonald's est bien connu pour conserver un grand nombre
de travailleurs à temps partiel afin de ne pas avoir à leur payer des heures
supplémentaires ou de devoir leur offrir des avantages sociaux substantiels.
Même si un nouveau travailleur chez McDonald's travaillait 40 heures par
semaine, son revenu brut serait de moins de 15 000 dollars par année - cela
représente environ le salaire que le bureau de recensement des États-Unis
définit comme étant le « seuil de la pauvreté » pour un ménage de
deux personnes. Et ce montant est ridiculement bas.
Le nombre de candidats qui ont postulé à la journée
d'embauche reflète les conditions désespérées auxquelles font face les
travailleurs américains. En moyenne, chaque restaurant McDonald's au pays
offrait quatre nouveaux postes grâce à l'expansion. Néanmoins, dans plusieurs
restaurants, des centaines de personnes ont postulé.
File d'attente pour des entrevues dans le restaurant d'Oak Park
Les médias ont interviewé des travailleurs de tous âges
qui cherchaient de l'emploi dans la chaîne de restaurants. Certains
travailleurs avaient perdu leur emploi depuis des années et espéraient
maintenant gagner n'importe quel type de revenu. Des emplois destinés par le
passé aux adolescents attirent maintenant de gens de tous âges.
Lorsqu'on a demandé à Challenger si la campagne de
recrutement à McDonald's était une indication que l'économie allait mieux, il a
répondu : « Bien, espérons que nous verrons encore des compagnies
comme McDonald's offrir plus d'emplois, réagir au fait que les consommateurs
recommencent à dépenser, que l'économie fonctionne à nouveau. Cela va non
seulement aider les premières demandes d'emploi, mais contribuer à la baisse du
chômage réel. Et ces emplois sont de qualité. »
C'est un tissu de balivernes. Les travailleurs et les
jeunes qui ont posé leur candidature chez McDonald's savent bien que ce n'est
pas vrai, mais ils n'ont pas d'autre choix.
La disponibilité de milliers de postes chez un employeur
tel que McDonald's est cependant représentatif d'une tendance importante qui
s'installe dans l'ensemble de l'économie américaine : peu importe le
nombre d'emplois créés par les grandes sociétés de fabrication et de services,
ces emplois offrent des salaires de misère. Dans l'industrie de l'automobile
par exemple, les grandes sociétés tentent d'augmenter présentement le nombre
d'employés travaillant à 14 dollars l'heure dans leurs usines, par opposition
au salaire de 28 dollars l'heure gagné précédemment par les travailleurs de ces
entreprises. Et elles le font avec le soutien actif des syndicats.
Le WSWS s'est entretenu mercredi avec des gens en
recherche d'emploi devant les restaurants McDonald's dans la région de Détroit.
Keysia (à gauche) et des membres de sa famille
Keysia Wynn a récemment terminé ses études à Evers
Institute à Southfield où elle a étudié pour devenir assistante administrative
en milieu médical. Elle a dit : « Je n'aime pas l'idée de travailler
dans un fast-food, mais les hôpitaux exigent de l'expérience. » Sa mère
travaille pour Chrysler et lui avait parlé des efforts de la société pour
réduire les salaires des employés.
Keysia s'était rendue à 14 h 30 à un magasin avec des
membres de sa famille qui voulaient eux aussi postuler pour un emploi. On leur
a dit qu'il était trop tard. « Ils avaient dit que ce serait de 13 h à 17
h, mais ils ont manqué de formulaires. »
Une travailleuse qui avait perdu son emploi chez
Technicolor, une compagnie de fabrication de DVD, a critiqué le fait qu'il n'y
avait que deux gérants pour mener les entrevues et que le processus d'attente
était injuste. « Ils m'ont dit de revenir à 13 h, mais des gens
attendaient déjà depuis midi. » Ajoutant : « Je suis venue par
Michigan Works [agence de recrutement de l'État]. Ils nous ont fait remplir des
formulaires de candidature et nous ont envoyés ici, mais quand nous sommes
arrivés, ils n'ont pas voulu accepter les formulaires. Nous devons faire la
queue et remplir leurs formulaires à eux. J'attends toujours
d'avoir une entrevue. »