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WSWS : Nouvelles et analyses : Canada

Québec : la fermeture annoncée d'une usine d'Electrolux menace 1300 emplois

Par Laurent Lafrance
31 janvier 2011

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Après avoir annoncé depuis 2008 la suppression de 3.000 postes dans le monde sur un effectif total de 57.000, Electrolux, le géant suédois d'électroménagers, a fait savoir le mois dernier qu'il allait fermer son usine à l'Assomption, en banlieue de Montréal, pour la relocaliser à Memphis, au Tennessee.

Mille trois cents travailleurs seront jetés à la rue d'ici 2013. Le salaire des nouveaux employés à Memphis sera de 13,50$ de l'heure, environ un tiers de moins que le salaire à l'Assomption.

Les dirigeants de l'entreprise ont fait l'annonce entourés de leurs gardes du corps sur une estrade barricadée d'électroménagers qu'ils avaient ordonné d'installer. Un travailleur a d'ailleurs filmé la scène et l'a publiée sur youtube (http://www.youtube.com/watch?v=D-Xgy6M7ofw).

Selon le communiqué officiel, «les principaux fabricants d'électroménagers ont réduit leur structure de coûts en s'installant dans des marchés à moindre coût», ce qui rendrait l'usine de l'Assomption non « viable » avec des salaires avoisinant les 19$ de l'heure. Au Québec, 19$ de l'heure représente un salaire annuel de moins de 40.000 dollars par année, soit un salaire inférieur à la moyenne provinciale. De son côté, le nouveau PDG d'Electrolux, Keith Mcloughlin, pourrait toucher 10,65 millions de dollars américains en salaires et bonus l'année prochaine. Le chiffre d'affaire de l'entreprise en 2009 était de 14,3 milliards de dollars.

La fermeture d'Electrolux sera dévastatrice pour la ville de l'Assomption. La compagnie est le plus important employeur privé de la ville et on estime que le tiers des employés vivent dans cette ville de 18.000 habitants. Selon les responsables municipaux, « c'est aussi tout un réseau de fournisseurs de biens et services qui sera affecté ».

La délocalisation d'Electrolux arrive peu de temps après que l'usine Shell de Montréal-Est, non loin de l'Assomption et qui emploie 500 travailleurs, ait aussi annoncé sa fermeture. Un nombre important d'emplois ont été perdus dans le secteur manufacturier au Québec et au Canada ces dernières années, un processus qui a pris place avant même la crise économique de 2008. De 2004 à 2008, près d'un emploi sur sept, soit environ 322.000, ont été perdus dans ce secteur.    

Dave Chartrand, président de L'Association internationale des machinistes et des travailleurs de l'aérospatial (AIMTA), liée à la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ), a déploré la fermeture d'Electrolux en disant que « nous avons toujours collaboré » avec la direction d'Electrolux. Il s'est vanté du fait que son syndicat a muselé les travailleurs pendant des décennies en disant : « Il n'y a pas eu de conflit de travail depuis au moins 30 ans ». Il s'est ensuite dit confiant « qu'un acheteur prendra ça en considération quand viendra le temps de soumettre un projet de relance de l'usine ». Autrement dit, le syndicat ne lèvera pas le petit doigt pour mobiliser les travailleurs contre la fermeture de l'usine.

Après avoir annoncé la fermeture d'Electrolux, les dirigeants de l'entreprise ont engagé un nombre important d'agents de sécurité d'une firme privée afin d'intimider les travailleurs. Un employé a dit : « C'est quoi cette affaire-là? [...] De fouiller des sacoches, de pogner un bras en disant : Travailles-tu ici? ». Un autre a mentionné : « Ils veulent que l'on fasse des niaiseries pour avoir une raison de fermer [l'usine] plus vite ».  Selon les témoignages, les agents de sécurité « dévisagent » les employés pendant qu'ils effectuent leur travail et fouillent dans les boîtes à lunch des employés. Un employé a dit qu'«il ne faudrait pas grand-chose pour que ça explose ». Les patrons de la compagnie ont finalement retiré les agents de sécurité, mais les tensions subsistent, alors que l'usine a dû fermer temporairement suite à un appel à la bombe peu de temps après l'annonce de la fermeture.

Plusieurs employés interviewés ont avoué leur crainte de ne pas se retrouver un emploi après la fermeture et même les officiels doutent que l'usine puisse être rachetée. Une employée a dit craindre pour le régime de retraite et d'autres se sont interrogés sur la volonté de la compagnie de verser les indemnités de départ lors de la fermeture. La compagnie s'est engagée à verser une somme de 7200$ à chaque employé, ce qui représente un montant ridicule, d'autant plus que l'âge moyen des employés est de 48 ans et que la moyenne d'expérience est de 18 ans.   

Appliquant la stratégie qu'utilisent les entreprises à travers le monde pour tirer les conditions de travail vers le bas, Electrolux a consciemment agi pour monter les travailleurs des deux côtés de la frontière les uns contre les autres. L'état du Tennessee et la ville de Memphis offrent une somme de 132 millions de dollars US de l'argent public pour financer l'établissement d'Electrolux sur leur territoire, et les futurs travailleurs américains coûteront 30% moins cher que les travailleurs montréalais. Tandis qu'au Québec, le gouvernement libéral de Jean Charest a annoncé, après consultation avec le président de la FTQ Michel Arsenault, qu'il était prêt à réexaminer le dossier d'Electrolux si les travailleurs « sont prêts à faire des concessions salariales importantes pour devenir beaucoup plus compétitifs avec ce qui se fait aux États-Unis ».

Nul doute qu'il pourrait compter sur l'aide des syndicats du Québec pour exécuter cette tâche. Ces derniers se sont avérés, depuis le virage marqué à droite de l'élite dirigente au début des années 80, des alliés hors pair de la classe capitaliste pour empêcher toute mobilisation indépendante de la classe ouvrière et imposer des concessions brutales à leurs membres. Un élément essentiel de leurs efforts visant à démoraliser les travailleurs est la promotion du protectionnisme et du nationalisme. Au Québec, cela a pris la forme de l'appui au Parti Québécois (PQ), afin de subordonner la classe ouvrière à ce parti de la grande entreprise qui revendique plus de pouvoirs pour la bourgeoisie québécoise, pouvant aller jusqu'à la séparation d'avec l'État fédéral canadien.

Le dernier exemple en date est celui de Jean-Claude Rocheleau, l'ancien chef du syndicat à l'usine Shell. Après avoir facilité la fermeture de cette usine en isolant la lutte des travailleurs, il a récemment annoncé qu'il se présenterait aux prochaines élections pour le Bloc Québécois, le parti frère du PQ sur la scène fédérale, qui défend les intérêts de la bourgeoisie québécoise au parlement canadien.

Toute lutte sérieuse contre la fermeture de l'usine d'Electrolux requiert la formation d'un comité de travailleurs de la base, qui soit indépendant de la bureucratie syndicale et prêt à lancer l'appel le plus large aux travailleurs du Québec, du Tennessee et aux employés d'Electrolux à travers le monde. Une telle contre-offensive en défense des emplois et des salaires doit être basée sur une nouvelle perspective politique, une perspective socialiste, qui vise à reconstruire la société sur la base des besoins humains et non la recherche du profit.  

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