wsws.org/francais

Visitez le site anglais du WSWS

SUR LE SITE :

Contribuez au WSWS

Nouvelles et Analyses
Luttes Ouvrières
Histoire et Culture
Correspondance
L'héritage que nous défendons

A propos du CIQI
A propos du WSWS

AUTRES LANGUES

Allemand

Français
Anglais
Espagnol
Italien

Indonésien
Russe
Turque
Tamoul

Singalais
Serbo-Croate

  WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

France: Des étudiants d'Aix-en-Provence parlent de l'élection présidentielle

Par Alex Lantier et Johannes Stern à Marseille
24 avril 2012 

Imprimez cet article | Ecrivez à l'auteur

Quelques jours avant le premier tour des élections, des reporters du World Socialist Web Site ont interviewé des étudiants devant la faculté de Lettres de l'université d'Aix-en-Provence, au nord de Marseille.

La plupart des étudiants qui ont parlé au WSWS suivent les élections et s'inquiètent de l'avenir réservé aux jeunes en France et en Europe. L'incitation délibérée au racisme de la part du président Nicolas Sarkozy, avec la complicité des partis de la « gauche » bourgeoise, conduits par le Parti socialiste (PS) et son candidat François Hollande, provoque opposition et colère.

Un bon nombre d'entre eux sont aussi frustrés par la nature du débat politique officiel et sentent qu'il n'y a pas vraiment de différence entre les deux principaux candidats. Ils souhaitaient vraiment avoir une discussion politique.

Lorsqu'on lui a demandé ce qu'elle pensait des élections, Aline a dit: « C'est un beau bazar. Il y a une fusion d'infos, mais rien de concret pour les jeunes. Pour les plus petits, il n'y a pas de formation ou d'information. ... Il y a un réel manque de confiance sur la politique. Il y a tellement de candidats qu'on ne peut choisir qu'avec un gros bagage intellectuel.

Elle a ajouté, en qualité d'étudiante de première année d'anthropologie, « On entend toujours qu'on n'aura pas de travail. »

Aline a dit qu'un des gros problèmes des élections est la situation à laquelle sont confrontés les immigrants en France: « Il y a plein de gens qui viennent d'autres pays. Ces gens ont de vrais problèmes ... Je connais des personnes qui n'ont pas leur passeport, ils risquent de vrais ennuis . »

La plupart des étudiants ont mentionné les problèmes de chômage et d'inégalité sociale comme étant les questions centrales de ces élections, ainsi que le racisme et la menace de guerre. Plusieurs ont mentionné la baisse catastrophique des salaires ainsi que l'augmentation du chômage que les mesures d'austérité de l'Union européenne (UE) ont provoquées en Grèce. Ils ont dit anticiper des problèmes semblables en France.

Ainache, étudiant venu de Djibouti, a dit: « Sarkozy doit partir! Il a fait de fausses promesses. Toute la campagne électorale est bizarre et raciste. On utilise le racisme pour cacher le problème de l'inégalité sociale. Surtout après les événements de Toulouse [la tuerie de sept personnes, dont est accusé un Français d'origine algérienne Mohamed Merah], Sarkozy a intensifié sa campagne raciste, il attaqué l'Islam, la nourriture Halal et tout ça. »

Ainache a dit qu'il aimait bien le candidat du Front de Gauche, Jean-Luc Mélenchon, dont le programme inclut des appels à augmenter le salaire minimum et la couverture de santé parce que «Le problème c'est l'inégalité sociale. » Lorsqu'on lui a demandé si Mélenchon, ancien ministre PS, appliquerait son programme, il a répondu: « Je n'en suis pas sûr. »

Il a poursuivi, «Les politiciens sont pris à la gorge par les marchés financiers. C'est la crise, et la mondialisation. Je ne trouve pas ça bon. C'est la paupérisation totale. Les différences entre les riches et les pauvres grandit chaque jour. Papandreou est un socialiste, mais en réalité le socialisme n'a rien avoir avec le capitalisme. »

Les reporters du WSWS ont fait remarquer que Papandreou était un politicien social-démocrate du patronat, et non pas un représentant politique du prolétariat révolutionnaire. Ainache a répondu, « Je suis d'Afrique et on a eu pas mal de révolutions là- bas. Mais rien n'a changé. On n'a pas la démocratie et pas l'égalité sociale. Les politiciens qui ont fait des révolutions, ils se sont toujours intégrés au système. Ils ont trahi les révolutions. »

Ainache a ajouté qu'il s'opposait aux interventions françaises en Afrique, citant pour exemple le récent mouvement séparatiste Touareg au nord du Mali, où la France menace d'organiser une intervention militaire: « Prends la situation des Touaregs au Mali. C'est un peuple qui vit aussi au Niger et en Algérie. Ils sont pauvres et frustrés... La France est pas mal responsable de leur situation. Ils ont trop mené des affaires en Afrique. »

Ibrahim, étudiant malien en sociologie, est aussi contre une intervention française: «On peut voir la situation en Afghanistan. Si l'Ouest intervient, après c'est souvent plus mauvais. » Il a dit que sa famille au nord du Mali ne pouvait plus se rendre dans le sud du pays.

Comparant Hollande et Papandreou, Ibrahim a ajouté: «Je ne pense pas qu'il [[Hollande] va vraiment faire ce qu'il dit. Peut-être que c'est la même chose ici en France qu'en Grèce. Je ne crois pas qu'il soit mieux. C'est un peu normal que les politiciens fassent des promesses avant les élections et qu'après ils fassent le contraire.»

Ibrahim a dit que les conditions sociales auxquelles sont confrontés les étudiants étrangers sont très difficiles: « C'est dur de trouver un travail. C'est difficile de trouver un stage. Et il n'y a pas assez de bourses. On est là et on souffre. Les loyers ici sont très élevés...»

Il est à noter que la plupart des étudiants n'avaient pas l'intention de voter pour les partis de la « gauche » petite-bourgeoise, tels le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) et Lutte ouvrière (LO.) Sylvain, par contre, a dit qu'il croyait qu'un NPA plus grand ferait changer la politique du PS. Quand on lui a demandé ce qu'il pensait des élections, il a répondu: « J'en pense peu de choses, elles me font chier. C'est juste des enfantillages pour arriver à la tête de l'Etat. Je voterai pour l'extrême-gauche, pour changer les mentalités. »

Il a dit qu'il avait l'intention de voter pour le NPA « par défaut » pour faire pression sur le PS: « De Hollande, je voudrais des mesures sur les retraites, le chômage, la précarité. » Il a dit qu'il quitterait la France si Sarkozy était ré-élu.

Les reporters du WSWS ont aussi parlé avec trois étudiantes portugaises, qui étudient les langues vivantes, Sarah, Cindy et Jessie. Quand on leur a demandé ce qu'elles pensaient des candidats à l'élection, elles ont dit: « C'est bonnet blanc, blanc bonnet. Avec la crise, on craint qu'on n'aura pas de travail. On nous promet des choses, que parce qu'on est jeunes on nous donnera des emplois à 1.600 euros par mois. Mais alors on gagnerait plus que nos parents, et en fait on n'aura même pas le SMIC. On va toucher mille euros. » Elles ont dit qu'elles trouveraient probablement du travail dans le tourisme ou du travail dans les aéroports.

Marion, étudiante en littérature a dit: « C'est la deuxième élection où on est tous déstabilisés. Il y a beaucoup de candidats, on peut se reconnaître dans une tendance politique mais ensuite on découvre que le candidat ne la représente pas. Tous les partis évoluent, même LO. Maintenant ils ont [Nathalie] Arthaud comme candidat [au lieu d'Arlette Laguiller, candidate de longue date de LO à la présidentielle]. A la dernière élection c'était Royal au PS, maintenant c'est Hollande. »

Elle a poursuivi, « Tout le monde sait seulement ce qu'on ne veut pas, on fait ensuite par élimination. ... A un moment j'ai dit hop, c'est les écologistes. On a beau protéger la terre, mais un président écologiste ça paraît irréalisable. L'écologie c'est bien, mais les trucs sont irréalisables dans un monde capitaliste. C'est utopiste, en fait. »

Quand on lui a demandé ce qu'elle pensait des candidats du PS et de LO qu'elle avait mentionnés, Marion a dit: «Ils sont de gauche mais ils ne sont pas socialistes ou humains. Ils ne représentent pas ce qu'on lit dans les manuels scolaires sur le socialisme... Le socialisme c'est quelque chose de vraiment social, pour les travailleurs. Mais là on n'est plus dans ça, ils disent des choses pour être pour ou contre quelqu'un. On sort des idées de la chaussette. Mais on ne sait pas ce qui est faisable à long terme, on n'a pas de parti auquel s'attacher. »

(Article original publié le 17 avril 2012)

Untitled Document

Haut

Le WSWS accueille vos commentaires


Copyright 1998 - 2012
World Socialist Web Site
Tous droits réservés