wsws.org/francais

Visitez le site anglais du WSWS

SUR LE SITE :

Contribuez au WSWS

Nouvelles et Analyses
Luttes Ouvrières
Histoire et Culture
Correspondance
L'héritage que nous défendons

A propos du CIQI
A propos du WSWS

AUTRES LANGUES

Allemand

Français
Anglais
Espagnol
Italien

Indonésien
Russe
Turque
Tamoul

Singalais
Serbo-Croate

 

WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Élection présidentielle française

Hollande et Sarkozy passent au second tour

Par Alex Lantier
23 avril 2012

Imprimez cet article | Ecrivez à l'auteur

Dimanche dernier, le candidat du Parti socialiste (PS) François Hollande et le président sortant Nicolas Sarkozy ont obtenu les plus grands nombres de voix au premier tour de l'élection présidentielle française. Ils passent donc au second tour qui aura lieu le 6 mai.

Hollande a recueilli environ 28 pour cent du vote et Sarkozy 27 pour cent. Le résultat de 19 pour cent pour la candidate néofasciste Marine Le Pen a dépassé les prédictions des sondages ainsi que le score de 16,8 pour cent obtenu par son père Jean-Marie Le Pen à l'élection de 2002. Deux autres candidats ont obtenu des résultats considérables : le candidat du Front de gauche Jean-Luc Mélenchon avec 11 pour cent - en deçà de prévisions qui le plaçaient aux alentours de 14 à 15 pour cent - et le candidat du Mouvement démocrate (MoDem) François Bayrou, un « centriste » de droite, avec 9 pour cent.

La candidate d'Europe-Écologie-Les Verts (EELV) Eva Joly a obtenu 2 pour cent, le candidat du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) Philippe Poutou 1 pour cent, et la candidate de Lutte ouvrière (LO) Nathalie Arthaud 0,6 pour cent du vote.

À ce point-ci, Hollande devrait l'emporter haut la main contre Sarkozy. Les sondages prévoient en effet qu'il remporterait au moins 56 pour cent des voix. Sarkozy sort affaibli du scrutin : il est le premier président sortant de la Ve République à ne pas remporter le premier tour d'une élection présidentielle.

À 80 pour cent, le taux de participation a été plus élevé que prévu. Cela est le reflet d'une hostilité populaire largement répandue à l'égard des politiques d'austérité sociale et de guerre au Moyen-Orient de Sarkozy, et aussi d'un sentiment que la population de la France fait face à une profonde crise sociale et internationale. Ce contexte a entraîné une participation accrue des électeurs, même si la campagne électorale a été généralement décrite comme un exercice terne, lors duquel les électeurs avaient du mal à distinguer les candidats entre eux. Quelque 38 pour cent des électeurs avaient indiqué avant les élections qu'ils n'appuyaient aucun candidat avec certitude, et nombre d'entre eux ont voté par défaut.

Les résultats d'hier préparent le terrain pour un affrontement entre deux candidats pro-guerre et pro-austérité qui organisent des attaques brutales contre la classe ouvrière, et aussi pour des luttes de classe explosives au cours du prochain mandat présidentiel. Hollande promet de sabrer le déficit budgétaire de 115 milliards d'euros et appuie les guerres de l'impérialisme français en Libye et en Syrie.

Le nombre relativement faible de voix pour Mélenchon et l'effondrement du NPA et de LO sont le reflet d'un sentiment populaire vastement répandu que toutes ces forces sont essentiellement dans le camp du Parti socialiste et qu'elles sont prêtes à l'appuyer. La « gauche » petite-bourgeoise soutient pleinement le PS, comme il fallait s'y attendre, malgré le programme profondément réactionnaire de Hollande.

La première déclaration publique postélectorale est venue de Mélenchon, ancien ministre du PS et candidat du Front de gauche - une coalition formée du Parti communiste français (PCF), de groupes issus de scissions du PS tels que le Parti de gauche (PG) de Mélenchon, et d'une section du NPA dirigée par Christian Picquet.

Lors d'un rassemblement électoral à Paris, Mélenchon a appelé à « battre Sarkozy » le 6 mai, et a même dit à ses électeurs de « ne pas traîner vos pieds » en allant voter. Il leur a aussi demandé de participer en grand nombre à la manifestation du 1er mai organisée par la bureaucratie syndicale, qui a appuyé Mélenchon et Hollande durant l'élection.

L'appel de Mélenchon à « battre Sarkozy » dans une lutte à deux est une manoeuvre cynique pour soutenir Hollande sans prendre toute la responsabilité politique pour son programme. Ainsi, le président du PCF, Pierre Laurent, a déclaré qu'il appelait « sans ambiguïté » à un vote pour Hollande. Lorsque BFM-TV lui a demandé s'il y avait une différence entre son appui et la position prise par Mélenchon, Laurent a répondu que non.

De manière significative, ni Mélenchon ni Laurent n'ont exigé de garanties ou d'influence sur les politiques d'un futur gouvernement en échange de leur appui, offrant donc en réalité un chèque en blanc à Hollande pour qu'il mette en oeuvre les politiques des banques. La candidate d'EELV Joly a aussi appelé à un vote pour Hollande.

L'autre parti petit-bourgeois « de gauche » a repris la position de Mélenchon en appelant à un vote pour Hollande. Sur le réseau France2, le candidat du NPA Philippe Poutou a déclaré : « Le 6 mai, l'élection doit servir à quelque chose : dégager Nicolas Sarkozy. »

La candidate de LO, Natahalie Arthaud a déclaré par communiqué qu'« Aucun travailleur conscient ne peut évidemment voter pour Nicolas Sarkozy, le président des riches. » Elle a ajouté que ses électeurs allaient probablement voter pour Hollande ou annuler leur vote.

L'appui des partis l'ex-gauche donné à Hollande doit servir d'avertissement à la classe ouvrière : lorsque l'opposition populaire va se développer face aux politiques de droite de Hollande, elle aura non seulement à affronter l'hostilité du PS, mais aussi celle du Front de gauche et de tous les autres partis semblables.

Dans son bref discours hier soir, Hollande a explicitement louangé le soutien de la « gauche » petite-bourgeoise dans sa campagne. Après avoir décrit le résultat de sa campagne comme une « sanction » à l'égard de la présidence de Sarkozy, il a « salué » Mélenchon et Joly, qui « appellent clairement et sans négociation à me soutenir pour le second tour ».

Paradoxalement, dans un contexte de vide politique à gauche, où la grande majorité de la population voit les partis de la pseudo-gauche comme les subalternes politiques du PS, l'un de ceux qui profitent le plus de la colère sociale est le Front national (FN) d'extrême droite de Le Pen. Marine Le Pen a tenté de changer l'image du FN, de masquer ses positions pro-nazis et contre l'indépendance de l'Algérie, et de le présenter comme un parti en faveur des dépenses sociales pour les travailleurs français, même s'il est violemment hostile aux immigrants.

Le directeur de campagne de Le Pen, Florian Philippot, fonctionnaire au ministère de l'Intérieur, a dit que le résultat de Le Pen faisait d'elle « la chef de l'opposition » face à Hollande.

Le Pen a donné un bref discours, déclarant que l'appui au FN était le « commencement d'un vaste rassemblement des patriotes de droite et de gauche », et affirmant que le FN avait détruit « le monopole des deux partis de la banque ». Elle a dénoncé la « gauche ultra-libérale » et a soutenu que son résultat électoral rendait possible la « restauration du pouvoir d'achat et de l'emploi ».

La montée Le Pen et ses appels au mécontentement social mettent en évidence le rôle politique réactionnaire qui est joué par la bureaucratie syndicale et les partis « de gauche » officiels. Dans la mesure où ces organisations emploient une rhétorique néomarxiste et se servent de manifestations occasionnelles des syndicats pour masquer leur appui aux politiques qui servent les banques, elles étouffent la véritable opposition populaire aux politiques de rigueur et laissent le champ politique libre aux néofascistes.

Untitled Document

Haut

Le WSWS accueille vos commentaires


Copyright 1998 - 2012
World Socialist Web Site
Tous droits réservés