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WSWS : Nouvelles et analyses : Afrique et Moyen-Orient

Obama soutient un changement de régime en Syrie à l'unisson des appels à une intervention

Par Bill Van Auken
30 janvier 2012

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Le président Obama a exprimé mardi son soutien en faveur du changement du régime en place en Syrie tandis que les demandes d'intervention dans ce pays du Moyen-Orient ont continué à s'intensifier.

A la suite de discussions à la Maison Blanche avec le roi Abdullah de Jordanie, Obama a déclaré que les actions du gouvernement syrien étaient "inacceptables" et a réitéré les demandes américaines que le président Bashar Al-Assad quitte le pouvoir.

"Nous continuons à constater des niveaux inacceptables de violence à l'intérieur de ce pays et nous continuerons donc à suivre de très près le sujet avec la Jordanie pour créer la sorte de pression internationale et l'environnement qui pousse le régime syrien actuel à quitter le pouvoir", a déclaré Obama.

Obama a loué la monarchie de Jordanie pour être parmi les premiers Etats arabes à demander l'éviction d'Assad. Comme pour l'intervention USA-OTAN en Libye, Washington essaie d'aligner des régimes dictatoriaux variés proches des intérêts de l'impérialisme américain pour fournir une couverture à une intervention occidentale visant au renversement du gouvernement syrien.

Le chef de file de ces régimes est le Qatar. Dans une interview, ce week-end, sur le programme d’information de CBS "60 Minutes", l'émir dirigeant du Qatar, le cheikh Hamad ben Khalifa Al Thani, a déclaré son soutien en faveur de l’envoi de troupes d’Etats arabes en Syrie, soi-disant pour arrêter la répression.

"Dans une telle situation et pour arrêter les massacres, des troupes devraient intervenir pour les empêcher", a dit le cheikh Hamad en réponse à la question d'un interviewer qui lui demandait s'il était en faveur d'une intervention militaire par des Etats arabes extérieurs. La déclaration a entraîné une réaction furieuse du régime syrien, qui a catégoriquement exclu tout accord qui autoriserait des troupes étrangères sur le sol syrien.

Se déclarant "étonné" par la déclaration de l'émir qatari, le ministère des Affaires étrangères de la Syrie a dit que le pays "rejette les déclarations des responsables du Qatar proposant d’envoyer des troupes arabes pour aggraver la crise … et ouvrir la voie à l'intervention étrangère."

Le Qatar a joué un rôle clé dans la guerre USA-OTAN pour le changement de régime en Libye, en servant d'abord de principal soutien à une résolution de la Ligue arabe appuyant l'intervention étrangère au prétexte de mettre en place une "zone d’exclusion aérienne ". Il a ensuite pris les devants pour l'entraînement et l’armement des soi-disant rebelles en Libye, tout en envoyant un grand nombre de troupes qatari dans le pays pour mener les forces cherchant à renverser le colonel Mouammar Kadhafi et pour coordonner leurs attaques terrestres avec la campagne de bombardement de l'OTAN.

Alors que le Qatar entretenait auparavant des relations proches avec Damas, le régime monarchique de l'Etat du Golfe riche en pétrole a étroitement aligné sa politique sur celle de Washington, en retirant son ambassadeur l'été dernier et en devenant un des critiques les plus féroces du gouvernement syrien.

Mercredi, les médias publics syriens ont accusé le régime qatari de chercher à reprendre le rôle qu'il avait joué dans l'intervention libyenne en armant et en finançant les insurgés qui cherchent à renverser le gouvernement Assad. Le journal Tishrin a accusé le Qatar de jouer un "rôle négatif" depuis "le début de la crise", y compris par "le financement de groupes armés".

Le mois dernier, l’ American Conservative a fait paraître un article de l'ancien agent de la CIA, Philip Giraldi, fournissant une description détaillée de l'opération qui est montée par les Etats-Unis et ses alliés de l'OTAN pour fomenter le conflit armé à l'intérieur de la Syrie.

Selon Giraldi, "Des avions militaires banalisés de l'OTAN arrivent dans les bases militaires turques près d'Iskenderum à la frontière syrienne, où ils débarquent des armes tirées des arsenaux de feu Mouammar Kadhafi ainsi que des volontaires" venant de Libye. "Iskenderum est aussi le siège de l'Armée syrienne libre, l'aile armée du Conseil national syrien. Les instructeurs militaires de forces spéciales françaises et britanniques sont sur le terrain, en soutien aux rebelles syriens, pendant que la CIA et les militaires américains des Forces spéciales fournissent l'équipement de communication et le renseignement pour aider la cause des rebelles, en permettant aux combattants d'éviter les concentrations de soldats syriens."

La Turquie semble avoir pris la tête de ces opérations, et différentes sources indiquent qu’elle fournit une base arrière près de la frontière pour entraîner des insurgés syriens et qu’elle discute avec ses alliés de l'OTAN de la possibilité d'imposer une zone d’exclusion aérienne sur le territoire syrien.

Selon les Nations Unies, qui se sont largement appuyées sur les sources de l'opposition syrienne pour leur information, environ 5000 Syriens ont été tués depuis que les manifestations de masse contre le gouvernement Assad ont commencé il y a environ 10 mois. Le gouvernement syrien a affirmé que 2000 membres de ses forces de sécurité sont morts en combattant avec des groupes armés.

De plus en plus, la crise adopte les formes d'une guerre civile confessionnelle, opposant des éléments de la population majoritaire sunnite du pays au régime et à ses forces de sécurité, qui sont dominées par la secte chiite des s à laquelle appartient Assad. Dans le centre-ville de Homs, lieu de certains des affrontements les plus sanglants, des rapports ont circulé sur le recours à des meurtres et à la politique de la terreur, utilisés pour diviser les quartiers sur la base des oppositions confessionnelles.

Aux États-Unis, il y a un bruit de tambour continuel dans les médias et les cercles de réflexion des milieux politiques dirigeants au sujet d’une intervention militaire. Caractéristique de ce phénomène, un article du 17 janvier, publié par l' Atlantic, s’intitule "C'est le moment de penser sérieusement à intervenir en Syrie". L'auteur, Steven A. Cook, é supérieur de recherche pour les études sur le Moyen Orient au Council on Foreign Relations, défend une intervention fondée sur les "droits de l'homme," et "la responsabilité de protéger", en citant la Libye comme un exemple de ce qu'il serait possible de faire en Syrie.

De même qu’en Libye, les droits de l'homme ont servi de prétexte à une guerre USA-OTAN visant à prendre le contrôle des plus grandes réserves de pétrole sur le continent africain, Cook laisse clairement voir qu’une intervention syrienne aura les mêmes justifications pour le public et les même motivations éostratégiques réelles.

"S'il n'y a aucune intervention et qu'il manque la volonté politique pour arrêter les crimes d'Assad, le monde devra de nouveau prendre la responsabilité d’être resté sur la touche pendant que se déroulaient des meurtres de masse," écrit Cook. "Il est également difficile d’ignorer la possibilité que le renversement d'Assad ferait avancer l'objectif américain à long terme d'isoler l'Iran. N'importe quel gouvernement post-Assad à Damas ne compterait probablement pas sur l'Iran pour son soutien, mais plutôt sur la Turquie et l’Arabie Saoudite. Ce serait un bénéfice net pour Washington et pour d'autres qui cherchent à limiter l'influence de l'Iran dans le monde arabe."

George Friedman de l'agence privée de renseignements Stratfor a fait un commentaire similaire, en écrivant cette semaine : "Si le régime d’el-Assad, ou le régime syrien sans el-Assad, survivait, l'Iran bénéficierait d’une énorme influence en Syrie, tout comme avec le Hezbollah au Liban. Le cours actuel en Irak couplé avec la survivance d'un régime alaouite en Syrie créerait une sphère d'influence iranienne s'étendant de l'Afghanistan occidental à la Méditerranée. Cela représenterait un changement fondamental de l'équilibre régional du pouvoir et redéfinirait sans doute les relations iraniennes avec la Péninsule arabe. C'est évidemment dans l'intérêt de l'Iran. Ce n'est, cependant, pas dans celui des États-Unis."

De la même façon que Washington pousse à un changement de régime en Syrie, dans le cadre de son plus large visant à se préparer à la guerre contre l'Iran, qu’il considère comme un obstacle à l'établissement de son hégémonie sur les régions riches en pétrole du Golfe persique et de l'Asie Centrale, la Russie et la Chine ont, de leur côté, des intérêts étendus tant en Iran qu'en Syrie et sont fortement opposés à toute intervention militaire.

Le Ministre des Affaires étrangères de Russie, Sergey Lavrov, a déclaré mercredi que Moscou utiliserait son droit de veto si nécessaire pour bloquer toute résolution au Conseil de sécurité des Nations Unies qui autoriserait l'utilisation de la force en Syrie. La Chine a fait part de son soutien à la position russe.

Tant la Chine que la Russie s'étaient abstenues lors de la résolution autorisant l'imposition d'une zone d’exclusion aérienne en Libye, ce qui avait fourni une feuille de vigne juridique pour la guerre USA-OTAN. Suite à la guerre, ces deux pays ont subi des pertes importantes du point de vue de leurs intérêts en Libye, avec les Etats-Unis et ses alliés de l'OTAN comme principaux bénéficiaires.

Plus tôt durant le mois de janvier, la Russie a dépêché un groupe naval mené par un porte-avion au port syrien de Tartus dans ce que Moscou a décrit comme un geste "d'amitié" entre les deux pays. Les responsables russes ont également écarté les protestations américaines sur la livraison d’armes effectuée par un navire russe en Syrie, faisant remarquer que les actions de Moscou, bien qu'elles aient pu interférer avec les sanctions unilatérales européennes et américaines, n'avaient violé aucun accord international.

Pendant ce temps, la Ligue arabe doit se réunir ce week-end pour discuter de l'avenir de la mission des observateurs en Syrie, dont le mandat expire cette semaine. Le Qatar figure parmi ceux qui appellent à l’abandon de la mission afin d'ouvrir la voie à une intervention étrangère directe.

L'Armée syrienne libre soutenue par les occidentaux à appelé la Ligue arabe à retirer ses observateurs, en disant qu'ils avaient "échoué dans leur mission." Le chef du "groupe", le colonel Riyad el-Asaad a déclaré à l'agence de presse Reuters, que le groupe demandait à la Ligue arabe "de transmettre la question au Conseil de sécurité de l'ONU et que nous demandons que la communauté internationale intervienne parce qu'ils sont davantage capables de protéger les Syriens à ce stade que nos frères arabes."

(Article original publié le 19 janvier 2012) Untitled Document

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