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WSWS : Nouvelles et analyses : Etats-Unis

Le My Lai afghan

Par Patrick Martin
16 mars 2012

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L'acte commis par un sergent-chef américain, dont l'identité n'a pas été révélée, dans le district de Panjwai qui fait partie de la province de Kandahar, tuant au moins 18 civils innocents dont neuf enfants, démontre à la fois la brutalité de cette guerre d'agression lancée par l'impérialisme américain en Afghanistan et au Pakistan et son aggravation.

Cette atrocité rappelle, par son horreur et ses effets politiques potentiels, le massacre de My Lai au cours de la guerre du Vietnam, un crime de masse encore plus important qui avait fait comprendre à la majeure partie de la population américaine, et particulièrement aux jeunes, toute la barbarie de cette guerre en Asie du Sud-Est.

Le Massacre de My Lai avait été porté à l'attention du public pour la première fois dans des articles écrits par Seymour Hersh, alors journaliste d'investigation au New York Times, qui avait décrit le meurtre de centaines de villageois vietnamiens par un peloton de soldats américains sous les ordres du sous-lieutenant William Calley.

Il y a des différences évidentes dans les détails des événements du 12 mars 2012 et de ceux du 16 mars 1968, presque exactement 44 ans plus tôt. Le massacre de dimanche semble être le fait d'un tireur isolé qui, d'après les articles de presse, souffrait de problèmes psychologiques suite à quatre déploiements en zone de combat en Irak et en Afghanistan. À My Lai, 26 soldats avaient participé au meurtre de 504 civils. Ils suivaient des ordres donnés par l'état-major américain, qui leur avait confié la tâche de détruire le village, brûler toutes les maisons, et qui leur avait présenté l'ensemble de la population comme des sympathisants du Front de libération nationale, la résistance nationaliste vietnamienne.

Les relents du Vietnam, la plus grande défaite de l'impérialisme américain, planent maintenant sur toute l'opération américano-OTAN en Afghanistan. Le régime fantoche de Kaboul, comme son prédécesseur au Sud Vietnam, a été créé par un vaste afflux de troupes et de dollars américains, sans aucun soutien significatif dans la population locale. Les membres dirigeants du régime sont recrutés parmi les gens les plus prédateurs et dénués de principes, ils s'occupent de garnir leurs comptes en banques à l'étranger plus que de remporter une guerre qu'ils considèrent comme déjà perdue et pour laquelle ils ne sont prêts à prendre aucun risque.

Rien qu'au cours de la semaine dernière, il y a eu des reportages dans la presse américaine de milliards d'aide américaine pillés par les compères du Président Hamid Karzai, en lien avec la faillite de la Banque de Kaboul, et d'une intervention de la part des proches conseillers de Karzai pour empêcher une enquête sur ces détournements. Le Wall Street Journal a rapporté que les représentants américains enquêtent maintenant sur des accusations selon lesquelles l'armée de l'air afghane, créée par le Pentagone, servait au trafic de drogues et d'armes dans tout le pays - l'Afghanistan est la source de 90 pour cent de l'opium mondial. Toute personne connaissant un peu l'histoire de la guerre du Vietnam y reconnaîtra le processus de corruption et de décrépitude qui annonce la chute.

Comme ce fut le cas au Vietnam, les meurtres fratricides sont devenus une importante cause de pertes humaines pour les troupes d'occupation en Afghanistan. Au Vietnam, il y avait des appelés récalcitrants qui commettaient des « fragging [tuer à la grenade à fragmentation, ndt] » contre des officiers particulièrement brutaux ou belliqueux durant leur sommeil. En Afghanistan, les policiers et soldats afghans entraînés par les États-Unis et leurs alliés de l'OTAN ont tué des dizaines de leurs "alliés" au cours d'une série d'attaques dites « green on blue » [dans les systèmes d'identification militaires, le bleu désigne les troupes alliées et le vert les neutres, le choix des termes est remarquable, ndt]. La semaine dernière, un policier Afghan a permis à des insurgés talibans de passer un barrage et de tuer neuf de ses camarades policiers pendant leur sommeil, puis s'est sauvé avec eux.

Le parallèle entre Panjwai et My Lai constitue une puissante réfutation des affirmations incessantes du gouvernement et des médias contrôlés par de grands groupes selon lesquelles l'impérialisme américain serait engagé dans des interventions militaires de par le monde pour des raisons « humanitaires. » D'abord sous George W. Bush, puis sous Barack Obama, on a fait pleuvoir les bombes et les missiles américains sur les peuples d'Irak, d'Afghanistan, du Pakistan, du Yémen et de Libye, et bientôt peut-être sur la Syrie et l'Iran.

La vérité c'est que, comme pour le Vietnam, l'expansion du militarisme au cours de la décennie précédente a un caractère absolument criminel. L'élite dirigeante des États-Unis n'est pas moins brutale et impitoyable que dans les années 1960. Si ses méthodes sont devenues plus sophistiquées technologiquement - les bombes intelligentes et les missiles guidés par drones remplaçant les B-52 et le napalm - le mépris fondamental et l'arrogance des impérialistes envers le peuple qu'ils agressent sont les mêmes, ils trouvent inévitablement leur expression dans le genre de sauvagerie commise dimanche matin.

En Afghanistan en particulier, Obama a joué le rôle principal dans l'escalade de la violence, triplant la présence des troupes américaines et étendant la guerre dans tous les recoins du pays, et également par-delà la frontière au Pakistan. Il y a nommé le général Stanley McChrystal, qui avait dirigé la campagne d'assassinats de résistants irakiens, pour qu'il mène un effort similaire en Afghanistan, puis l'a limogé lorsqu'il a exprimé des scrupules sur l'usage sans distinction de la force aérienne contre les civils.

Sous le successeur de McChrystal, le général David Petraeus, les forces spéciales américaines ont grandement augmenté leurs raids de nuit qui ont dévastés de nombreux villages afghans. Cela s'accompagnait d'outrages de plus en plus graves, dont quelques-uns ont été largement rapportés, comme le fait d'uriner sur des cadavres, de prendre les doigts ou autres parties de corps des Afghans tués comme trophées, et l'incinération de Corans à la base aérienne de Bagram.

Le massacre de Panjwai révèle également le rôle réactionnaire des groupes de pseudo-gauche qui ont contribué à canaliser le sentiment des masses contre la guerre en Irak vers un soutien au Parti démocrate et à la campagne électorale d'Obama. Beaucoup de ces organisations trouvent leur origine dans les mouvements de protestations des années 1960 en réaction à la guerre du Vietnam, mais ils sont passés dans le camp de l'impérialisme américain et ont abandonné tout ce qui pourrait ressembler de loin à une opposition à ses crimes. L'an dernier, ils ont fait la claque pour le bombardement de la Libye par les États-Unis et l'OTAN ; aujourd'hui, ils font de même pour une intervention extérieure contre le régime d'Assad en Syrie ; Et demain, ils seront prêts à soutenir une guerre américano-israélienne contre l'Iran.

Le Parti de l'égalité socialiste lutte pour mobiliser la classe ouvrière, aux États-Unis et internationalement, contre le militarisme américain et ses agressions. Le premier principe de la campagne du PES dans les élections de 2012 est l'internationalisme : unir la classe ouvrière du monde entier dans une lutte commune contre le système capitaliste. Nous exigeons le retrait immédiat de toutes les troupes américaines et de l'OTAN d'Afghanistan, des réparations en argent pour le peuple Afghan, et nous exigeons que les criminels de guerre responsables de cette guerre soient jugés.

(Article original paru le 13 mars 2012)

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