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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

La grève des sidérurgistes d'Athènes entre dans son cinquième mois

Par nos correspondants
16 mars 2012

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Les grévistes de Hellenic Steel

A Halyvourgia, zone industrielle de la banlieue d'Athènes, quinze des ouvriers sidérurgistes en grève de l'usine Hellenic Steel se sont réunis autour d'un brasero par une froide journée de printemps. De l'autre côté de la rue, directement en face, se trouve la grande fabrique de ciment Hulips qui maintenant ne fonctionne plus qu'un jour par semaine.

Une équipe du World Socialist Web Site a passé une journée avec les grévistes.

Ce mois-ci, les travailleurs entament le cinquième mois d'une grève dure. Hellenic Steel appartient à John Manessis et est l'une des trois sociétés qui contrôlent la production d'acier en Grèce. La grève a débuté le 31 octobre lorsque les travailleurs de l'usine, qui emploie 400 personnes, ont rejeté les projets de faire passer la durée de la journée de travail de huit à cinq heures et de réduire drastiquement les salaires de 40 pour cent.


Dimitrios

Dimitrios, qui travaille dans l'atelier depuis 17 ans, a dit qu'il ne gagnait que 1.100 euros par mois. Un travailleur nouvellement recruté ne gagne « plus que 650 euros par mois et, avec le nouveau salaire minimum, ce montant est passé à 550 euros. » Il a ajouté, « Nous n'avons pas d'autre arme que de faire grève. »

Après le rejet de ses projets, la société a commencé à licencier unilatéralement les travailleurs. Hellenic Steel est le premier employeur majeur à recourir à la nouvelle législation qui permet aux entreprises de renvoyer cinq pour cent de son personnel tous les mois au lieu de la limite précédente de deux pour cent. Depuis le début de la grève, l'entreprise a licencié 93 travailleurs et elle prévoit d'en licencier 180 au total.

De toutes les grèves qui ont eu lieu depuis l'imposition en octobre 2009 des mesures d'austérité radicales par le gouvernement social-démocrate PASOK, la lutte des ouvriers sidérurgistes est la plus longue. Mais, malgré une lutte combative des travailleurs pour défendre leurs emplois et leurs moyens d'existence, la Fédération panhellénique des ouvriers de la métallurgie (Panhellenic Metalworkers Federation, POEM) a cherché depuis le début à isoler et à saborder la lutte. La POEM est affiliée à la principale fédération syndicale du secteur privé, la Confédération générale du travail de Grèce (Geniki Synomospondia Ergaton Ellados, GSEE).

La POEM a oeuvré pour empêcher que les travailleurs de l'usine d'Halyvourgia ne s'unissent à ceux de deux autres usines dans la ville de Volos. Là, la POEM a précisément accepté les mêmes conditions de réduction de salaire et de durée de travail que celles exigées à l'usine d'Halyvourgia. La trahison de GSEE/POEM à Volos s'est faite avec l'aide de la coalition de SYRIZA soit-disant de gauche qui avait insisté pour que les travailleurs n'organisent pas de grève conjointe avec leurs collègues à Volos.


Panaglotis

Panagiotis, gréviste qui travaille depuis 31 ans à l'usine a dit que les travailleurs étaient généralement très hostiles à la GSEE et qu'il n'était pas surpris de ce que le syndicat avait fait. « Les actions des syndicats officiels sont une tromperie, » a-t-il dit au WSWS. « Ils ne viennent jamais à l'usine. Les actions limitées comme les grèves générales qu'ils organisent servent tout juste à donner l'impression qu'ils font quelque chose. Nous avons besoin de davantage de grèves pour réussir. Une hirondelle ne fait pas le printemps. »

Un syndicat concurrent, le Syndicat général des sidérurgistes grecs (General Steel Workers Union), est affilié au Front militant des travailleurs (PAME) qui est la fédération syndicale du Parti communiste stalinien de Grèce (KKE). Le PAME a tenté d'utiliser la trahison flagrante de la GSEE pour se profiler comme une alternative militante. En critiquant la POEM pour ne pas avoir levé le petit doigt pour la défense des grévistes, le PAME a réussi à gagner de l'influence parmi les travailleurs à Halyvourgia.

Une résolution votée lors de l'assemblée générale des travailleurs sidérurgistes de Helliniki Halyvourgia le 15 novembre soutient le rôle joué par le PAME, en déclarant, « Le PAME est à nos côtés. » La résolution attaque la POEM pour « ne pas avoir convoqué la moindre réunion pour organiser une campagne de solidarité. »

La résolution appelle à soutenir les « ouvriers sidérurgistes par tous les moyens possibles et imaginables : résolutions, annonces, communiqués de presse des syndicats, présence de groupes de quartiers, d'organisations de jeunes et de femmes devant l'entrée de l'usine, soutien financier et collectes d'aliments pour les familles des grévistes. »

Mais le PAME n'a pas organisé le moindre élargissement de la grève alors qu'il revendique 400.000 membres encartés. Il avait soutenu le 27 novembre une grève sélective régionale de quatre heures en solidarité avec les sidérurgistes. D'autres grèves de soutien appuyées par le PAME avaient eu lieu le 12 décembre et le 17 janvier.

En ce qui concerne cette dernière grève, le communiqué du PAME disait : « La tâche de préparer et d'organiser une grève de solidarité le 17 janvier a été assumée par les membres du PAME. » Toutefois, cette grève n'avait pas été une action indépendante appelée par le PAME mais faisait partie des grèves générales les plus symboliques organisées par les fédérations syndicales de plus en plus discréditées la GSEE et l'ADEDY (secteur public).

Les attaques perpétrées contre les travailleurs de Halyvourgia Hellenic Steel donnent un aperçu de l'assaut perpétré contre les salaires et les emplois dans l'ensemble du secteur privé en Grèce. Durant les mois qui ont précédé octobre 2011, plus de 250.000 emplois furent perdus dans le secteur privé avec l'entrée du pays dans sa cinquième année de récession. Un gréviste a dit qu'à la cimenterie d'en face où la durée hebdomadaire du travail a été réduite de cinq à tout juste une journée par semaine, les travailleurs qui sont restés perçoivent un salaire mensuel de 200 euros.

C'est un fait bien compris par les travailleurs de l'usine d'Halyvourgia qu'ils sont impliqués dans une lutte qui dépasse les attaques contre le salaire et les conditions de vie rien que dans leur usine. Alors que les syndicats, dont le PAME, cherchent à limiter les luttes des travailleurs, les grévistes qui ont parlé au WSWS ont remarqué que les questions auxquelles la classe ouvrière était confrontée en Grèce nécessitaient une solution politique.

Panagiotis a une fille de 28 ans et un fils de 29 ans. Tous deux veulent quitter Athènes pour pouvoir trouver un emploi. « Il n'y a plus d'emplois en Grèce, » a-t-il dit. « L'avenir de mes enfants est pour moi la chose la plus importante qui soit. »

« Mon épouse gagne à peine 580 euros par mois. Elle travaille dans un jardin d'enfants, » a-t-il ajouté. « J'ai du mal à accepter les conditions sociales qui existent ici. Certains de mes voisins partent régulièrement avec un panier pour aller chercher de la nourriture chez les gens. »

La dégradation du niveau de vie est telle que Panagiotis a dit, « La situation est bien pire que sous la dictature. »

A la question de savoir ce qu'il adviendra de la Grèce, il a répondu, « La politique de ces dernières années mènera à une explosion sociale. Et, par rapport à cette explosion, les événements survenus en Egypte auront l'air d'une partie de pêche. »


Janis

Janis travaille depuis neuf ans à l'usine. Il a dit qu'avant l'introduction du dernier budget grâce auquel le parlement a imposé les mesures les plus brutales à ce jour au nom de la « troïka » (le Fonds monétaire international, l'Union européenne et la Banque centrale européenne) : « En Grèce, pas mal de travailleurs pouvaient vivre de leur salaire. Ils pouvaient avoir une famille. Mais c'est fini tout ça. »

« Les différences entre les riches et les pauvres deviennent de plus en plus grandes. La vie devient de plus en plus dure pour tout le monde mais les riches mangent avec une cuillère en or dans la bouche. Maintenant ça se voit dans la vie de tous les jours. Vous pouvez voir tous les jours des gens fouiller dans les poubelles pour trouver de la nourriture. »

Malgré la rhétorique combative du PAME et du KKE, ils opèrent essentiellement comme un écran de protection soi-disant de gauche pour la collaboration des responsables syndicaux avec les gouvernements qui ont imposé au cours de ces trois dernières années à la population grecque une contre-révolution sociale.

La classe ouvrière doit lutter sur la base d'une nouvelle perspective fondée sur l'unification des travailleurs de chaque secteur dans le but de renverser le gouvernement et de former un gouvernement ouvrier pour l'application d'une politique socialiste. Des comités d'action, indépendants de toutes les ailes de la bureaucratie syndicale, doivent être formés sur tous les lieux de travail et toutes les communautés.

Les travailleurs en Grèce doivent considérer leurs luttes contre la rigueur et la paupérisation comme faisant partie intégrante d'une lutte contre l'offensive sociale menée contre les travailleurs partout en Europe et chercher à gagner le soutien de tous les travailleurs sur le continent qui sont confrontés à une lutte commune.

(Article original paru le 13 mars 2012)

Voir aussi:

Comment le Parti communiste grec couvre les coupes sociales de Papandreou

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