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Promesses bidons du candidat du Parti socialiste français d'imposer les riches

Par Kumaran Ira
7 mars 2012

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Le jour même où il annonçait qu'il laisserait intacte une grande partie du programme d'austérité du président Nicolas Sarkozy, le candidat présidentiel du Parti socialiste (PS) français, François Hollande, a fait la promesse creuse de taxer à 75 pour cent les revenus au-dessus d'un million d'euros (1,35 millions de dollars) par an.

Lundi 27 février lors d'une interview télévisée sur TF1, il a dit aux journalistes : « J'ai appris les progressions considérables des rémunérations des patrons du CAC 40, deux millions d'euros par an en moyenne. Comment l'accepter ? . J'ai considéré, j'en fais ici l'annonce, qu'au-dessus d'un million d'euros par mois, le taux d'imposition devrait être de 75 pour cent. Ce n'est pas possible d'avoir ces niveaux de rémunération. »

Le fait que Hollande fasse ce genre de commentaire reflète la colère profonde qui existe au sein de la classe ouvrière européenne au sujet de l'inégalité sociale grandissante et de la dictature du capital financier et de l'Union européenne. Toutefois, il s'agit d'un mensonge que l'aristocratie financière s'empresse d'applaudir parce qu'elle sait que Hollande n'a aucune intention de vouloir l'appliquer.

Le Financial Times a cité un homme d'affaires en vue du secteur financier qui soutient Hollande et qui a dit: « C'était un peu démagogique, mais il devait affirmer son rôle de dirigeant dans son camp. Il sait que le vainqueur sera confronté à la pire situation économique depuis la Seconde guerre mondiale, et donc personne ne fera des engagements stupides. »

Autrement dit, Hollande entend promouvoir faussement l'impression qu'il soutient l'imposition des riches pour inciter les électeurs à voter pour lui avec l'aide des partisans du PS de la « gauche » petite bourgeoise, tels le Parti communiste français (PCF) et le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA). Son objectif est d'étouffer l'opposition populaire sur la gauche du PS et ses alliés petits bourgeois, pour arranger ainsi une élection dans laquelle la classe ouvrière est totalement aliénée - n'ayant de choix qu'entre deux candidats du patronat, Hollande et Sarkozy.

Le PS est un parti du patronat et de l'aristocratie financière, engagé à appliquer la rigueur sociale pour le compte des banques. En cas de victoire électorale, la politique du PS serait identique à celle de gouvernements sociaux-démocrates précédents comme celui du PASOK en Grèce et du Parti socialiste (PSOE) en Espagne, qui tous deux ont imposé des coupes sociales drastiques à l'encontre de la classe ouvrière.

Quelques heures à peine avant que Hollande ne promette de taxer les riches, Le Monde a publié un article relatif à son programme électoral, basé sur des discussions avec les principaux conseillers de Hollande. Ils ont souligné que si Hollande remportait les élections, il garderait la plupart des mesures anti-démocratiques et d'austérité imposées par Sarkozy.

Ceci souligne une fois de plus qu'il n'y a pas de différence entre le candidat conservateur sortant, Sarkozy, et le candidat de la « gauche » bourgeoise, Hollande. Tous deux sont des candidats du patronat qui agissent avec un mépris total à l'égard de l'opinion publique.

Parmi les mesures de Sarkozy que Hollande préservera il y a  :

L'interdiction de la burqa : le PS avait participé à la commission parlementaire qui à l'origine avait rédigé une interdiction réactionnaire du port de la burqa en France et qui avait appuyé les autres attaques de Sarkozy contre les droits démocratiques tels la déportation des Roms. Hollande a récemment proposé de placer les Roms dans des camps.

Des lois de sécurité intérieure censées conférer davantage de pouvoirs aux forces de police pour former des escadrons d'intervention rapide de la police. François Rebsamen, le maire PS de Dijon, qui est chargé de la politique de la sécurité intérieure de Hollande a dit : « l'idée n'est pas de supprimer tout ce qui a été fait. »

La loi d'Autonomie des universités qui donne aux entreprises privées davantage d'influence en matière de recrutement et de décisions concernant les programmes et qui oblige les étudiants à payer des frais d'inscription plus élevés. Vincent Peillon, le responsable du pôle éducation de l'équipe de campagne de Hollande a dit qu'elle n'était pas un enjeu majeur et considérait la question de son abrogation comme « un faux débat. »

La réduction des emplois dans le secteur public: la Révision générale des politiques publiques (RGPP) a pour objectif de réduire les effectifs dans le secteur public par le non remplacement d'un agent retraité sur deux, la suppression des services publics et la réduction des collectivités territoriales. Depuis 2007, 100.000 emplois ont déjà été supprimés.

La « loi sur le service minimum » qui restreint le droit de grève des travailleurs du transport public. Selon la loi, les travailleurs des transports sont contraints de déposer un préavis de deux jours avant toute grève. Après une semaine de grève, la direction peut organiser un vote à bulletins secrets pour consulter les travailleurs sur la continuation de la grève, remettant de ce fait effectivement le contrôle entre les mains de la direction de l'entreprise. Hollande a dit ne pas vouloir changer la loi vu qu'elle est maintenant « entrée dans les moeurs. »

La réduction des droits à la retraite, qui relève l'âge légal du départ à la retraite de 60 à 62 et de 65 à 67 ans pour une retraite à taux plein tout en nécessitant une durée de cotisation de 41 ans pour toucher une retraite à taux plein. Hollande a dit vouloir donner aux gens la possibilité de partir à la retraite avant l'âge légal bien que les travailleurs qui décident de prendre leur retraite plus tôt écopent à présent de lourdes pénalités financières lorsqu'ils n'ont pas le nombre de trimestres de cotisations nécessaires.

Pour ce qui est de la politique étrangère, Hollande a promis de ne pas revenir sur la décision de Sarkozy de réintégration de la France dans le commandement militaire de l'OTAN comme partie intégrante de son virage en politique étrangère vers Washington. Selon Pierre Moscovici, le directeur de campagne de Hollande, « le départ de la France n'est plus envisagé. » Ceci souligne que Hollande poursuivra la politique de Sarkozy de participer aux guerres d'agression américaines - comme les guerres en Afghanistan et en Libye et que le SP soutient.

En ce qui concerne le traité de l'UE, Hollande propose de renégocier des accords conclus entre Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel, tels l'obligation d'une « Règle d'or » pour un équilibre budgétaire. Alors que la « Règle d'or » effectivement est foncièrement réactionnaire, la critique de Hollande ne reflète en aucune manière l'opposition des travailleurs aux mesures d'austérité qui sont imposées en Europe. Au contraire, il s'agit d'une différence d'ordre tactique avec Merkel quant à quelle section de l'aristocratie financière européenne devrait bénéficier du plus grand montant des plans de sauvetage financés aux dépens des travailleurs.

Par ailleurs, le fait que Hollande endosse les mesures réactionnaires de Sarkozy a une fois de plus exposé au grand jour les forces petites-bourgeoises de « gauche » qui comprennent la bureaucratie syndicale et les partis pseudo gauche » orientés vers le PS, qui sont même prêts à participer à un éventuel gouvernement PS. Un tel gouvernement serait profondément réactionnaire et poursuivrait une politique encore plus droitière que celle déjà annoncée par Hollande.

Voir aussi:

Elections françaises de 2012: le NPA prépare son adhésion à un gouvernement pro-austérité

(Article original paru le 29 février 2012)

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