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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

France : Les questions politiques qui se posent au sujet des fusillades de Toulouse

Par Alex Lantier
24 mars 2012

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Des unités d'élite de la police ont tué hier Mohamed Merah après une confrontation de deux jours dans son appartement dans la ville de Toulouse où Merah était suspecté d'avoir tué sept personnes lors d'une folie meurtrière de neuf jours contre des parachutistes et des écoliers juifs.

Comme c'est toujours le cas au début de telles affaires, on ne peut s'en tenir qu'aux preuves présentées par la police et les médias. Selon leurs récits, Merah avait dit avoir décidé d'entreprendre ces crimes par colère contre le rôle joué par la France dans l'occupation de l'Afghanistan par l'OTAN, contre l'interdiction de la burqa en France et l'oppression du peuple palestinien par Israël. Que ces affirmations soient vraies ou fausses, Merah est coupable d'un crime terrible, quelle que soit la motivation qui sous-tend les tueries.

L'attaque est toutefois un événement politique qui exige une explication politique et ce d'autant plus qu'elle s'est déroulée dans le contexte des élections présidentielles françaises. La réponse donnée par les principaux partis politiques français est profondément cynique et vise à exploiter la tragédie de façon à recentrer la politique davantage à droite.

Cet événement est une aubaine pour le président sortant Nicolas Sarkozy qui tente de redorer sa crédibilité droitière et sécuritaire et de remporter les élections en dépit de sa profonde impopularité.

Les fusillades ont aussi renforcé Marine Le Pen du Front National (FN) néo-fasciste.

Après s'être remise de sa frayeur initiale que sa campagne aurait pu s'achever si le meurtrier s'était révélé être un tueur néo-nazi comme Anders Behring Breivik, fasciste norvégien qui a tué l'année dernière 77 personnes lors des attentats à Oslo et sur l'île d'Utoya, elle affirme à présent que l'événement justifie ses appels en faveur de coupes sociales à l'encontre des immigrés et d'une « guerre » contre l'islamisme.

La fille du dirigeant de longue date du FN, Jean-Marie Le Pen, lequel avait autrefois balayé d'un revers de main l'Holocauste, le qualifiant de « point de détail » de l'histoire de la Deuxième Guerre mondiale, se présente à présent avec une hypocrisie nauséabonde en défenseur de la jeunesse chrétienne et juive de la France.

François Hollande, fermant la marche, est le dernier couard politique en date à se présenter comme candidat du Parti socialiste (PS). Après avoir révélé peu avant les fusillades qu'il maintiendrait la plupart des coupes sociales et des attaques contre les immigrés et les droits démocratiques de Sarkozy, préconisant notamment l'internement des Roms dans des camps, n'est ni en mesure ni prêt à dire quoi que ce soit qui aille à l'encontre du consensus droitier des médias.

Comment juger une telle tragédie? Quiconque est capable d'exécuter un tel acte meurtrier contre des personnes innocentes est profondément désorienté mais cette désorientation découle d'un contexte social et politique défini.

Né en 1988, Merah a grandi dans le contexte d'une série de guerres néocoloniales menées contre des pays musulmans par les Etats-Unis et leurs alliés, dont la France, avec un mépris grandissant pour le droit international. Lorsqu'il avait dix ans, Washington reprenait le bombardement de l'Irak après la première guerre du Golfe ; à son vingtième anniversaire, plus d'un million d'Irakiens étaient morts sous l'occupation américaine. Il a été le témoin de la répression de l'intifada palestinienne par Israël et de son invasion du Liban et de Gaza, en assistant à l'invasion l'année dernière de la Libye par l'OTAN que Sarkozy a agressivement promu et qui a coûté la vie à au moins 50.000 personnes.

Dans le même temps, les classes dirigeantes européennes ont approfondi leurs attaques sociales contre la classe ouvrière tout en promouvant de façon croissante une politique néofasciste visant les immigrés dans le but d'empoisonner l'atmosphère et de diviser la classe ouvrière selon des critères ethniques. En France, ceci a pris la forme de la promotion de la politique de Le Pen et de Sarkozy d'interdire la burqa et de cibler des groupes ethniques entiers, tels les Roms, en vue de leur déportation.

Depuis le tournant vers la droite que les partis officiellement de « gauche » ont opéré après l'effondrement de l'URSS, ces derniers ( le PS et ses satellites politiques, le Parti communiste et le Nouveau Parti anticapitaliste) ont de plus en plus ouvertement soutenu une telle politique, à la fois quand ils étaient au pouvoir et quand il ne l'étaient pas.

Cette corruption profonde des partis de « gauche » bourgeois et petits bourgeois a créé une situation pathologique dans laquelle en France de vastes couches de jeunes musulmans de la classe ouvrière ont été coupés d'une opposition de gauche à l'oppression de classe. Parallèlement, ils étaient soumis à un chômage de masse et à la diffamation dans les médias.

Dans de telles conditions, il paraît inévitable que des individus instables et désorientés décident de manifester leur opposition par des actes de violence ou même de meurtre. Il semble que Merah ait été l'un de ces individus. Mécanicien ayant des problèmes pour maîtriser ses accès de colère et qui avait commis de petits délits, il était attiré par l'armée, puis aigri suite au refus de sa candidature en 2010 par la Légion étrangère.

En dernière analyse, Merah a été attiré par la panacée réactionnaire des Islamistes droitiers et s'est mis à regarder des prêches islamistes pour manifester son opposition à la victimisation des Musulmans. Il s'est ensuite rendu en Afghanistan et dans un certain nombre d'autres pays musulmans dans des circonstances non élucidées au vu et au su des services secrets américains et français, avant de revenir en France.

En exploitant cette tragédie dans le but de justifier le recours à des mesures d'Etat policier et anti-immigration encore plus répressives, l'élite dirigeante française brutalise encore davantage la classe ouvrière et intensifie la politique qui a produit le crime de Merah.

(Article original paru le 23 mars 2012)

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