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La cause des crises capitalistes


Par Nick Beams
Le 12 février 2002


Monsieur Beams,

Votre article sur les causes sous-jacentes à la faillite d'Enron était très pertinent, mais les racines marxistes sont très difficiles à communiquer aux lecteurs moyens, groupe dont je fais partie. Tout ce discours sur l'expansion du capital et la plus value me perdent et me font lever les yeux. Pour moi, l'idée qu'Henry Ford dans les années 1920 avait décidé de mieux payer ses travailleurs pour leur permettre d'acheter ses voitures est une meilleure explication. Si les capitalistes retirent trop de profits, ils diminuent le pouvoir d'achat de leurs employés. J'aimerais bien que les marxistes utilisent un langage et des exemples que l'on pourrit reprendre pour les communiquer aux autres.

DP


Cher DP,

Bien que je puisse comprendre que vous trouviez l'analyse de la plus value et de l'accumulation du Capital difficile à suivre et que mes explications peuvent ne pas toujours être aussi claires que je voudrais qu'elles le soient, cela ne veut pas dire qu'il est mieux de contourner la difficulté en faisant plutôt appel à une analyse « simplifiée ». Marx disait qu'il n'y a pas de voie royale à la science et que si l'essence des choses correspondait à ce qu'elle semblent être, la science serait inutile.

L'importance de notre approche est soulignée par vos remarques sur Henry Ford qui soutenait payer de meilleurs salaires à ses travailleurs de façon à ce qu'ils puissent acheter ses voitures. Vous écrivez : « Si les capitalistes retirent trop de profits, ils diminuent le pouvoir d'achat des employés ». Cette explication des crises capitalistes est à la base des théories de sous-consommation. Elle semble à première vue plus en accord avec les « réalités » du système capitaliste que ne le sont les explications complexes sur la valeur, la force de travail, la plus value, la composition organique du Capital, la baisse du taux de profit et autres concepts dont l'interaction complexe forme la base de l'analyse marxiste.

L'explication de la sous-consommation semble évidente et concrète : puisque les dépenses des travailleurs forment le marché final pour les biens produits par les entreprises capitalistes, si les salaires sont trop bas et les profits trop élevés, les travailleurs ne peuvent acheter les biens qu'ils produisent et les capitalistes ne peuvent réaliser de profits.

Le problème avec ce type d'explication simpliste est leur fausseté. La valeur des biens produits par une entreprise capitaliste correspond à la plus value extraite des travailleurs lors du processus de production. La valeur de la force de travail que le travailleur vend au capitaliste (exprimée monétairement par le salaire) est toujours moins grande que la valeur ajoutée par le travailleur au cours de sa journée de travail. C'est là une condition permanente de la production capitaliste qui ne peut être évoquée pour expliquer le développement d'une crise. En fait, sans cette condition, il n'y aurait pas de profit, et sans profit, pas d'accumulation du Capital.

La question est de savoir comment les biens sont écoulés sur le marché et si une plus value est toujours extraite des travailleurs qui produisent ces mêmes biens. La réponse réside dans le fait que la demande pour des biens ne comprend pas que la consommation des travailleurs. Il y a également la consommation productive des entreprises capitalistes. La consommation productive est constituée par le remplacement des moyens de production utilisés et l'achat de moyens de production additionnels (les nouveaux investissements) financés par les profits que le Capital extrait de la classe ouvrière. Une demande pour la production de matières premières, de machinerie, etc. est ainsi créée. D'autres capitalistes emploient des travailleurs pour produire ces nécessités, et en retour ces travailleurs dépensent leur argent pour acquérir des biens de consommation, vidant le marché dans ce secteur et ainsi de suite. Les biens sont ainsi écoulés du marché et des profits sont réalisés aussi longtemps qu'une plus value suffisante est extraite de la classe ouvrière. Mais si le taux de profit se met à baisser, les investissements chutent alors, la demande diminue, moins de travailleurs sont employés, la demande pour des biens de consommation diminue également et une crise se développe. Cette dernière n'est résolue que lorsque des mesures permettant d'augmenter le taux de profit à nouveau sont prises. Nous ne disposons pas de l'espace nécessaire ici pour passer en revue les opérations du cycle économique et les tendances à plus long terme de la production capitaliste. Mais le point sur lequel je veux insister ici est que contrairement aux apparences de la vie de tous les jours, ce ne sont pas les surplus de profits qui causent les crises du capitalisme mais plutôt le fait qu'ils soient si peu importants.

C'est là que réside l'importance de Henry Ford et des méthodes de production à la chaîne qu'il a introduites. Ces méthodes ont énormément augmenté la productivité du Travail ainsi que le taux de plus value extraite de la classe ouvrière. L'adoption de ces méthodes dans les principaux pays capitalistes après la Deuxième Guerre mondiale est à la base du boum de l'Après-guerre. En contradiction avec la thèse de la sous-consommation, c'est précisément lors du boum de l'Après-guerre que les taux de profits ont atteint leurs niveaux les plus hauts.

La crise actuelle du capitalisme provient des pressions produites par la tendance qu'ont les taux de profit à baisser et de l'incapacité du Capital, malgré ses efforts les plus acharnés, de développer un nouveau régime de production pouvant hausser le taux de profit de la même façon que la production à la chaîne l'a fait à l'époque.

Pour ce qui est de la déclaration de Henry Ford selon laquelle il accordait à ses travailleurs de meilleurs salaires afin de leur permettre d'acheter les voitures qu'ils produisaient, rappelons que Ford a toujours été un bon propagandiste de ses actions. En fait, la véritable raison pour laquelle il donnait des salaires plus élevés à ses employés était que le travail à la chaîne était beaucoup plus ardu que tout ce qui existait alors. Le roulement de personnel était par conséquent tellement rapide que Ford avait de la difficulté à conserver sa force de travail. C'est pourquoi il a augmenté les salaires de ses employés dans les années 1920. L'augmentation du taux d'exploitation découlant des nouvelles méthodes de production était telle que Ford parvenait encore à récolter des profits supérieurs à la moyenne.

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