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50 ans depuis l'exécution des Rosenberg

Par Peter Daniels et Bill Vann
Le 19 juin 2003

Ce 19 juin marque le 50e anniversaire de l'exécution de Julius et Ethel Rosenberg accusés de conspiration et d'espionnage pour le compte de l'Union soviétique.

Beaucoup de contemporains des Rosenberg pour qui leur persécution et ce meurtre d'État fut l'épisode le plus fulgurant de l'un des chapitres les plus sombres de l'histoire des États-Unis ne sont plus. Pourtant encore aujourd'hui, pour des millions de personnes dans le monde, le nom de ce jeune couple évoque la Guerre froide, la chasse aux sorcières du Maccarthysme aux États-Unis et tous les crimes associés à la croisade mondiale de Washington contre le communisme. L'exécution du père et de la mère de deux jeunes enfants habitant le quartier Lower East Side de New York - âgés de 35 ans et 37 ans respectivement - est un témoignage de la sauvagerie dont est capable l'establishment de la classe dirigeante américaine lorsqu'elle perçoit ses intérêts vitaux en jeu.

Bien que cinq décennies se soient écoulées depuis, les questions entourant le procès des Rosenberg sont de bien des façons posées encore plus intensément aujourd'hui qu'à l'époque de l'exécution même. Encore une fois, l'administration américaine tente de terroriser la population afin de supprimer toute dissension et la contrôler pour le compte d'une élite privilégiée. Sous le prétexte de la « guerre au terrorisme » mondial, elle a voté en vitesse la loi patriote - copiée en partie sur la loi anti-communiste McCarran sur la sécurité intérieure d'il y a 50 ans - assumant de vastes pouvoirs non-constitutionnels permettant d'arrêter dans accusation, d'emprisonner sans procès et d'effectuer une surveillance policière sans restriction.

Aujourd'hui comme à l'époque, l'attisement de la peur et les assauts du gouvernement contre les droits démocratiques visent à supprimer la vaste opposition à l'agression militariste américaine à l'étranger.

L'arrestation des Rosenberg en 1950, suivie par leur procès et leur condamnation en 1951, et finalement leur exécution en 1953, fut le point culminant d'une campagne nationale de chasse aux sorcières et d'hystérie anti-communiste. Au cours des cinq années qui ont précédé l'exécution des Rosenberg, le comité de la Chambre des représentants sur les activités non-américaines tint 84 auditions sur la « subversion communiste ». Ceux qui refusèrent de coopérer en « donnant des noms » - dont le groupe connu sous le nom des 10 d'Hollywood - furent cités pour outrage au Congrès et emprisonnés. Des millions de travailleurs furent forcés de prêter des serments de loyauté, et quelques 15 000 employés fédéraux furent licenciés ou poussés à démissionner par les comités de loyauté créé par l'administration Truman.

Dans les industries essentielles, des campagnes anticommunistes aidées et provoquées par les bureaucraties syndicales de l'AFL et de la CIO, chassèrent plusieurs ouvriers parmi les plus militants hors des usines et assurèrent la subordination politique du mouvement ouvrier américain à l'État capitaliste et à son système bipartite, ce qui fut le début de la dégénérescence du mouvement ouvrier et de sa transformation en un appendice du pouvoir patronal. Des listes noires furent créées, non seulement contre les acteurs, les directeurs d'Hollywood et les travailleurs de l'industrie cinématographique, mais également contre tous les travailleurs des autres secteurs.

La chasse aux sorcières du maccarthysme au pays allait main dans la main avec le tournant de la politique étrangère vers la contre-révolution mondiale par lequel Washington cherchait à supprimer la vague de luttes révolutionnaires qui suivit la Deuxième Guerre mondiale, au nom du combat contre l'« agression soviétique » et la « subversion communiste ».

Avec l'explosion de la première bombe atomique soviétique en août 1949, suivie du triomphe de la Révolution chinoise quelques mois plus tard, la politique étrangère développée par la classe dirigeante américaine se retrouva en pleine crise et lança une chasse aux boucs émissaires - ceux qui pouvaient être blâmés pour la « perte » de la Chine et pour la puissance militaire de l'URSS.

En poursuivant les Rosenberg, le gouvernement envoyait un message clair. Comme Julius déclara peu de temps avant d'être exécuté : « ma condamnation à mort ne me surprend pas. Elle doit être exécutée. Il doit y avait une affaire Rosenberg, car il faut intensifier l'hystérie en Amérique pour rendre la guerre de Corée acceptable au peuple américain. L'hystérie et la peur doivent régner en Amérique afin que le gouvernement puisse voter des budgets de guerre encore plus gros. Et une épée doit être enfoncée au cur de la gauche pour lui signifier que ses partisans ne s'en tireront plus avec des peines de cinq ans sous le coup de la loi Smith, ou d'un an pour outrage au tribunal. La gauche doit comprendre qu'on veut la tuer » !

Le gouvernement s'arrangea pour trouver les Rosenberg coupables de ce que J. Edgar Hoover décrivit comme le « crime du siècle » - voler le « secret de la bombe atomique » pour le donner à Moscou.

Selon des informations révélées au cours des dernières années, Julius Rosenberg aurait été impliqué dans le passage de certains renseignements à des fonctionnaires soviétiques pendant la Deuxième Guerre mondiale. Selon l'agent des renseignements soviétiques qui affirme avoir eu des contacts avec Rosenberg pendant la guerre, ces informations n'avaient pas trait à la bombe, mais plutôt à de l'électronique. En tous les cas, l'idée qu'il ait divulgué le « secret de la bombe atomique » est tout ce qu'il y a de plus absurde.

Scientifiquement parlant, un tel secret n'existait pas. En effet, les Soviétiques avaient déjà un programme pour développer des armes atomiques, et le gouvernement comme les scientifiques américains savaient que ce n'était qu'une question de temps avant qu'ils ne réussissent. Relayer des informations utiles sur le projet Manhattan aurait nécessité le transfert de volumes entiers de travaux scientifiques, ce qui ne s'est jamais passé et qui en plus allait au delà des capacités des Rosenberg ou de qui que ce soit parmi les accusés ayant eu des liens avec le supposé réseau d'espionnage.

Il faut noter qu'à l'époque de la supposée conspiration, l'Union soviétique était une alliée des États-Unis dans la guerre, et non son ennemie. Aider l'Union soviétique, qui menait une lutte de vie ou de mort contre l'agression nazie, était difficilement vu comme un crime par la plupart des Américains, et beaucoup soupçonnaient que les puissances occidentales se réjouissaient en fait de voir le peuple soviétique saigné à blanc par les nazis.

Au sein de l'administration Roosevelt et parmi les scientifiques les plus directement engagés dans l'effort américain pour développer la bombe atomique, beaucoup exprimaient l'opinion que toute information sur l'arme devrait être partagée avec les Soviétiques, et que toute arme développée par les États-Unis devrait être placée sous le contrôle d'une commission internationale à laquelle les Soviétiques participeraient. On se préoccupait grandement que les tentatives de cacher des informations relativement à la bombe ne feraient qu'exacerber les tensions avec Moscou et mèneraient inévitablement à une course aux armements atomiques.

Peu de temps après la fin de la Deuxième Guerre mondiale cependant, la Guerre froide et la course aux armements commencèrent avec véhémence, rapidement suivies par une chasse aux espions. En janvier 1950, l'ancien fonctionnaire au Département d'État Alger Hiss, bien que jamais accusé d'espionnage, fut condamné pour parjure en rapport avec des accusations d'espionnage. Deux semaines plus tard, le physicien britannique Klaus Fuchs fut arrêté au Royaume-Uni suite à des accusations d'avoir transmis des informations à l'Union soviétique à propos des recherches américaines sur les armes nucléaires.

La même semaine, le sénateur du Wisconsin, Joseph McCarthy, se hissait au rang de personnalité politique nationale avec ses accusations hautement publicisées d'infiltration communiste au sein du Département d'État et d'autres agences du gouvernement. Le Parti communiste fut interdit et ses leaders emprisonnés sous le coup de la loi Smith, une loi de coercition idéologique - qui fut plus tard déclarée inconstitutionnelle - interdisant toute « promotion » du renversement par la force du gouvernement. Deux semaines seulement avant l'arrestation de Julius Rosenberg, la guerre de Corée éclatait.

L'arrestation de Fuchs fut suivi d'une enquête approfondie qui mena jusqu'à des scientifiques et des techniciens américains. Au bout de quelques mois, la piste abouti à Julius Rosenberg.

Le caractère politique du coup monté contre les Rosenberg devient clair lorsqu'on compare leur sort, c'est à dire leur exécution, aux sentences imposées au Royaume-Uni à des personnes qui étaient en position de fournir aux Soviétiques de véritables informations sur la bombe atomique et qui reconnurent de plus leur culpabilité. Fuchs, scientifique britannique d'origine allemande, confessa avoir livré des informations sur la bombe aux Soviétiques, et fut condamné à neuf ans de prison. Alan Nunn May, le physicien britannique ayant plaidé coupable à des accusations d'espionnage, notamment pour avoir fourni de l'uranium enrichi à son contact soviétique, fut emprisonné pendant six ans.

Comment les Rosenberg sont-ils devenus la cible d'un lynchage juridique vindicatif? Pour comprendre leur sort, il faut étudier les croyances politiques qui ont inspiré leurs activités.

Leur expérience de vie fut semblable à celle de milliers d'autres immigrants ou Américains de première génération, surtout au sein de la communauté immigrante juive de New York pendant la Grande Dépression. Radicalisés par la pauvreté, les inégalités, et la menace du fascisme, et inspirés par la Révolution russe, Ethel et Julius Rosenberg se joignirent à la Ligue des jeunesses communistes à l'adolescence. Mais au cours de la période où ils devinrent politiquement actifs, le Parti communiste des États-Unis (CPUSA) adopta la ligne du Front populaire développé par la bureaucratie stalinienne de Moscou. Le parti pratiqua une adulation non critique de Roosevelt et du New Deal, tout en gagnant une influence substantielle au sein des syndicats et dans la vie politique du pays dans son ensemble. Après l'entrée en guerre des États-Unis, la ligne du front populaire atteignit son paroxysme, le CPUSA décrivant le communisme comme l'« américanisme du XXe siècle », imposant des serments de renonciation à la grève et l'acceptation de cadences de travail plus rapides au sein des syndicats qu'il contrôlait. Le parti recueillait ses appuis sur la base de l' « amitié pour l'Union soviétique », plutôt que sur la base de la lutte pour le socialisme.

Parallèlement, la bureaucratie stalinienne de Moscou pris la décision aventureuse et politiquement irresponsable d'utiliser des membres des partis communistes dans le monde entier, y compris du CPUSA, comme espions, les exposant ainsi aux accusations anticommunistes selon laquelle tous les supporteurs des PC étaient les agents d'une puissance étrangère.

Bien que l'on ne peut douter de l'héroïsme des Rosenberg pour ne pas avoir cédé à la pression des responsables de la chasse aux sorcières, on ne peut nier non plus que les politiques du CPUSA et du stalinisme les ont laissés déplorablement non préparés face à la transformation politique qui survint avec le déclenchement de la Guerre froide, et cela a affaiblit leur capacité de mener une défense efficace.

Pendant le procès, leurs avocats qui étaient près du PC, furent incapables de répondre politiquement aux accusations, alors qu'il était clair qu'il s'agissait bien pourtant d'un procès politique. Le but du gouvernement était d'attiser une frénésie nationaliste et anti-communiste, dans laquelle le simple fait d'être membre du Parti communiste, ou même de soutenir des idées socialistes, était perçu comme l'équivalent d'espionner pour le compte de l'URSS. Suivant les conseils de leurs avocats, les Rosenberg invoquèrent le Cinquième amendement lorsqu'ils furent interrogés à savoir s'ils étaient membres ou non du PC, une tactique qui dans ces circonstances, ne pouvait que profiter à la poursuite et renforcer ses accusations conspiratrices.

Au début, l'organe du PC, le Daily Worker, se distança du procès en espérant qu'il allait passer. « Nous ne voulions pas être associé d'aucune façon que ce soit, tant pour la forme qu'en en contenu, avec l'espionnage, déclarait lors d'une interview en 1991 John Gates, l'ancien rédacteur du journal à l'époque. Dans l'esprit du public, les termes "espion" et "communiste" étaient des synonymes. Nous étions vraiment très mal vus ».

Une campagne de deux ans pour sauver la vie des Rosenberg suivit les condamnations. Des millions de personnes dans le monde participèrent en signant des pétitions, en manifestant et en protestant. Le procès alla en processus d'appel, de la Cour d'appel de États-Unis à la Cour suprême.

La Cour d'appel en Second Circuit rejeta l'appel des défendeurs en février 1952. En octobre suivant, la Cour suprême annonça qu'elle n'entendrait pas la cause.

Quatre juges de la Cour suprême étaient prêts à surseoir à l'exécution au dernier moment, mais ce n'était pas une majorité de cinq. De plus, une audience spéciale de la Cour fut convoquée le 19 juin 1953 pour annuler un sursis ordonné par le juge William O. Douglas. Les Rosenberg furent exécutés la même nuit à la prison de Sing Sing de New York.

La preuve présentée lors du procès, de même que les révélations subséquentes de témoins clés impliqués dans l'affaire, ont démontré que la poursuite était un coup monté politique grossier. Les biais du juge Irving R. Kaufman, qui présidait au procès, étaient tellement évidents qu'ils suscitèrent même la colère de l'un des juges de la Cour suprême, Felix Frankfurter. On sait depuis que Kaufman a agi de façon foncièrement illégale, en discutant notamment de l'affaire de façon inappropriée avec les membres de la poursuite avant le procès et promettant au gouvernement que la condamnation mènerait à la peine de mort.

Presque tout le monde reconnaît qu'Ethel Rosenberg n'a jamais rien eu à voir avec l'espionnage. Son frère, qui fournit la preuve déterminante contre elle au procès, a depuis admis avoir fabriqué l'histoire de son implication après s'être entendu avec les procureurs pour sauver sa peau et éviter que sa femme ne soit poursuivie.

Les autorités savaient que la jeune mère de deux enfants n'avait rien fait, mais elles décidèrent de l'utiliser comme otage, espérant que la menace de la tuer briserait son mari. Elle fut finalement mise à mort pour avoir refuser de renier son mari et pour le refus de ce dernier de se prosterner devant le gouvernement.

Les témoins de l'exécution décrivirent Julius et Ethel comme étant remarquablement calme en allant vers leur mort à la chaise électrique. Ethel, assise sur la chaise juste après que le corps sans vie de son mari y fut retiré, embrassa sa gardienne de prison sur la joue. Le bourreau eu a actionner le commutateur électrique cinq fois car le casque de cuir contenant les électrodes était trop grand pour sa tête.

Justifiant ce meurtre d'État barbare, le juge Kaufman livra une diatribe réactionnaire à la fin du procès, qualifiant le supposé crime des Rosenberg comme étant « pire qu'un meurtre ». Il déclara : « je crois que votre conduite qui a permis de mettre entre les mains des Russes la bombe A plusieurs années avant la date que nos meilleurs scientifiques prédisaient qu'ils pouvaient y arriver, a déjà causé, à mon avis, l'agression communiste en Corée, un conflit qui a déjà entraîné plus de 50 000 morts. Et qui sait combien de millions d'autres personnes innocentes pourraient payer le prix de votre trahison... Les preuves de votre trahison sont visibles dans notre quotidien - des activités de défense civile sont organisées dans tout le pays en prévision d'une attaque atomique ».

En admettant que les Rosenberg avaient été coupables de ce qu'ils ont été accusés ­ ce qui n'est pas le cas- ­ il aurait été bien plus plausible d'affirmer que leurs actions auraient en fait sauver la vie de millions de personnes. La production d'armes atomiques par l'URSS a en effet servit de moyen de dissuasion contre les impulsions agressives de l'impérialisme américain pendant l'Après-guerre. Si Moscou n'avait pas eu la bombe, les propositions d'utiliser les armes nucléaires faites par les militaristes enragés comme le général Douglas MacArthur pendant la guerre de Corée et le général Curtis LeMay pendant la guerre du Vietnam auraient très bien pu être mises à exécution.

Bien que la politique internationale de la bureaucratie stalinienne de Moscou était contre-révolutionnaire, entraînant la défaite de la classe ouvrière pays après pays, l'existence même de l'Union soviétique et le fait qu'elle détenait des armes nucléaires servit de moyens de restriction solide aux ambitions américaines. La frustration de la classe dirigeante américaine quant à son incapacité d'utiliser son avantage militaire pour imposer sa volonté sur le monde entier s'exprima de façon morbide dans la vendetta politique contre les Rosenberg.

L'histoire récente a vu la dissolution de l'Union soviétique, et par conséquent la disparition de la menace de représailles nucléaires contre les machinations mondiales de l'impérialisme américain. Le résultat en est la doctrine de la guerre préventive de l'administration Bush et l'éruption du militarisme américain menaçant de déboucher sur une nouvelle guerre mondiale.

Cinquante ans après les exécutions, le procès des Rosenberg reste toujours un sujet d'intense controverse. Dans le climat produit par le mouvement des droits civiques et le mouvement anti-guerre, les exécutions politiques effectuées par le gouvernement américain ont mobilisé de nouvelles générations de travailleurs et de jeunes. En 1971, E. L. Doctorow écrivait The Book of Daniel, une nouvelle historique basée sur les Rosenberg et leurs enfants. Doctorow assista à l'adaptation cinématographique de son livre, Daniel (1983), dirigé par Sidney Lumet et mettant en vedette Edward Asner, Lindsay Crouse, Timothy Hutton, Mandy Patinkin, Amanda Plummer et John Rubinstein. Plusieurs acteurs travaillèrent au film pour un salaire minime, et Hutton refusa un rôle d'un million de dollars dans un autre film uniquement pour jouer dans Daniel.

Les fils des Rosenberg, Michael et Robert Meeropol, ont travaillé sans répit pour expliquer l'importance du procès de leurs parents. Ils furent adoptés par Abel et Anne Meeropol en 1957. Abel Meeropol, sous le nom de Lewis Allan, composa la fameuse chanson « Strange Fruit », dont il écrivit les paroles pour protester contre le lynchage des américains dans le sud des États-Unis.

Les frères Meeropol écrivirent en 1975 We Are Your Sons, ouvrage dans lequel ils expliquent leur expérience. Ils continuent de parler et ont lancé le fond Rosenberg pour les enfants dont le mandat est d'aider les enfants des prisonniers politiques. Le fond Rosenberg organise le 19 juin une commémoration à New York pour marquer le 50e anniversaire de l'exécution.

De leur côté, toute une coterie d'ex-staliniens et d'anciens radicaux ont utilisé ce procès pour faire la paix avec la réaction politique. Le plus connu d'entre eux est Ronald Radosh, l'auteur conjoint en 1983 du livre The Rosenberg File. Reprenant les dossiers du gouvernement et les arguments de la poursuite, il s'est attelé à « prouver » la culpabilité des Rosenberg et ainsi expier son passé gauchiste.

Dans un mémoire publié en 2001, Commies, un livre jouissant de la promotion énergique de la droite républicaine, Radosh a continué sur cette trajectoire jusqu'à sa conclusion logique et misérable en écrivant : « la gauche avait tort non seulement dans le cas de l'affaire Rosenberg, mais également sur à peu près tout... tout le projet socialiste était erroné ». Les éléments politiques comme Radosh se spécialisent dans l'exploitation des crimes de la bureaucratie soviétique - que plusieurs ont auparavant ont soutenus - pour se ranger derrière la droite, diffamant ceux qui refusent de se joindre à eux en se prosternant devant la réaction politique.

Tous les véritables supporteurs des droits démocratiques défendent la mémoire de Julius et Ethel Rosenberg, tout comme ils le font pour les martyrs de Haymarket pendus en 1887, et pour Sacco et Vanzetti, exécutés en 1927. Pour le mouvement socialiste, la question ne fut jamais de savoir si les défendeurs avaient tenté d'aider l'URSS ou non. Le procès des Rosenberg reste ce qu'il a toujours été depuis le début - un coup monté politique dont les victimes furent sacrifiés pour nourrir les intérêts d'une élite dirigeante déterminée à défendre ses richesses et son pouvoir par la répression au pays et l'agression à l'étranger.



 

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