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  wsws : Nouvelles et analyses : Histoire et culture

Quatrième conférence : Le marxisme, l'histoire et la science de la perspective

Deuxième partie

Par David North
13 juin 2008

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Cette conférence a été prononcée par le président du comité de rédaction du World Socialist Web Site, David North, à l'occasion de l’université d'été du Parti de l'égalité socialiste (Etats-Unis) et du WSWS qui s’est tenu du 14 au 20 août 2005 à Ann Arbor, dans le Michigan.

Ceci est la quatrième conférence de cette université d’été. La première, « La Révolution russe et les problèmes historiques non résolus du XXe siècle », la seconde, « Le Marxisme contre le révisionnisme à l’aube du vingtième siècle » et la troisième, « Les origines du bolchevisme et Que faire? »,  également données par David North,  ainsi que la sixième « Le socialisme dans un seul pays et la Révolution permanente » par Bill Van Auken, sont accessibles en français sur le WSWS. Nous publions ici la seconde partie de cette conférence.

De la Révolution française au Manifeste du Parti communiste

Les évènements des années 1789-1794 ont sans aucun doute fourni une impulsion pour le développement d'une science de l'histoire. Une révolution ayant commencé sous la bannière de la Raison prit une orientation que personne n'avait prévue ni projetée. La lutte des factions politiques, qui prirent un caractère de plus en plus sanglant et fratricide et eurent leur apogée sous le règne de la Terreur, semblaient se dérouler selon une logique dont le mouvement était aussi insensé qu'il était impossible à arrêter. Qui plus est, le résultat de toutes ces luttes farouches de l'ère révolutionnaire ne fut en rien la réalisation des idéaux proclamés par la Révolution et pour lesquels tant de sang fut versé. La lutte menée sous la devise « Liberté, Égalité, Fraternité » s’acheva par l’apparition de nouvelles formes d'oppression.

Dans les décennies qui suivirent la Révolution, un certain nombre d'historiens et de penseurs sociaux français (principalement Saint-Simon, Thierry, Mignet et Guizot) reconnurent que les évènements cataclysmiques des années 1790 s’étaient produits sur la base d'une lutte entre des forces sociales en conflit. Saint-Simon parla spécifiquement du conflit entre les classes possédantes et non possédantes. En 1820, Guizot définit la lutte des années 1790 dans les termes suivants : « Depuis plus de treize siècles, la France… contenait… un peuple vainqueur et un peuple vaincu. Depuis plus de treize siècles, le peuple vaincu luttait pour secouer le joug du peuple vainqueur. Notre histoire est l’histoire de cette lutte. De nos jours une bataille décisive a été livrée. Elle s’appelle la révolution. » [7]

Guizot défendait sans honte le « peuple », c’est-à-dire le Tiers Etat, contre l'aristocratie. Mais des changements dans la structure sociale de la France, dû au développement de l'industrie capitaliste, révélaient, au moment même où Guizot écrivait, que le « peuple » était déchiré par des divisions sociales internes. Alors que l'industrie se développait à un rythme beaucoup plus lent en France qu'en Angleterre, les grèves étaient devenues, dans ce dernier pays, suffisamment communes pour qu’on les soumette en France, au moyen du Code Napoléon, à de sévères sanctions légales.

La destruction des machines, que l'on a appelé le luddisme et qui fut la première manifestation des luttes de la classe ouvrière, est tout d’abord apparue en Angleterre dans les années 1770. Le mouvement luddite devint suffisamment menaçant pour nécessiter, en 1811-1812, l'utilisation de la troupe contre les émeutiers et pour que le parlement britannique instaure, en 1812, la peine de mort pour la destruction de machines. Les premiers incidents majeurs associés au luddisme en France se produisirent en 1817 ; des incidents sérieux se poursuivirent pendant plusieurs décennies. Une évolution similaire eut lieu dans d'autres pays européens et même aux Etats-Unis.

La forme prise par les luttes ouvrières évolua et les grèves de masse devinrent fréquentes en France dans les années 1830 et 1840. C'est au cours de cette période que le mot « socialisme » y fait sa première apparition. Selon l'historien G.D.H. Cole, « Les "socialistes" étaient ceux qui, par opposition à l'opinion dominante, insistait sur les revendications individuelles, mettaient en avant l'élément social dans les rapports humains et cherchaient à mettre au premier plan la question sociale dans le grand débat sur les droits de l'homme lancé par la Révolution française et la révolution qui l'avait  accompagné dans le domaine économique. » [8]

Le premier travail majeur concernant le socialisme français fut écrit par l'allemand  Lorenz Stein en 1842. L'auteur définissait le socialisme comme « la science systématique de l'égalité réalisée dans la vie économique, l'Etat et la société, à travers le règne du travail ». [9]

Mon intention n'est pas de faire ici une conférence sur les origines et l'histoire du socialisme. Je veux plutôt attirer l'attention sur le contexte social et intellectuel changeant dans lequel Marx et Engels commencèrent leur extraordinaire collaboration, développèrent la conception matérialiste de l'histoire et écrivirent en 1847 le Manifeste du Parti communiste. Ce que je souhaite souligner en particulier c'est que leur travail reflétait, avec une terminologie théorique avancée, l'émergence au sein du mouvement démocratique du « peuple » dans son ensemble, d'une nouvelle division sociale entre la classe ouvrière et la bourgeoisie.

Il n'y a pas de réfutation plus efficace de l’affirmation qu’il est impossible de faire une prédiction historique, que le texte du Manifeste du Parti communiste, le premier travail vraiment scientifique, et encore inégalé, de mise en perspective historique, socio-économique et politique. En quelques pages, Marx et Engels identifièrent la lutte des classes comme force motrice essentielle de l'histoire, soulignèrent le processus économique et politique d'où est né le monde bourgeois moderne et expliquèrent les implications révolutionnaires historiques internationales du développement de l'industrie et de la finance capitaliste. 

« Partout où elle [la bourgeoisie] a conquis le pouvoir, elle a foulé aux pieds les relations féodales, patriarcales et idylliques. Tous les liens complexes et variés qui unissent l'homme féodal à ses "supérieurs naturels", elle les a brisés sans pitié pour ne laisser subsister d'autre lien, entre l'homme et l'homme, que le froid intérêt, les dures exigences du "paiement au comptant". Elle a noyé les frissons sacrés de l'extase religieuse, de l'enthousiasme chevaleresque, de la sentimentalité petite-bourgeoise dans les eaux glacées du calcul égoïste. Elle a fait de la dignité personnelle une simple valeur d'échange ; elle a substitué aux nombreuses libertés, si chèrement conquises, l'unique et impitoyable liberté du commerce. En un mot, à la place de l'exploitation que masquaient les illusions religieuses et politiques, elle a mis une exploitation ouverte, éhontée, directe, brutale.

« La bourgeoisie a dépouillé de leur auréole toutes les activités qui passaient jusque-là pour vénérables et qu'on considérait avec un saint respect. Le médecin, le juriste, le prêtre, le poète, le savant, elle en a fait des salariés à ses gages.

« La bourgeoisie a déchiré le voile de sentimentalité qui recouvrait les relations de famille et les a réduites à n'être que de simples rapports d'argent.

« La bourgeoisie ne peut exister sans révolutionner constamment les instruments de production, ce qui veut dire les rapports de production, c'est-à-dire l'ensemble des rapports sociaux. Le maintien sans changement de l'ancien mode de production était, au contraire, pour toutes les classes industrielles antérieures, la condition première de leur existence. Ce bouleversement continuel de la production, ce constant ébranlement de tout le système social, cette agitation et cette insécurité perpétuelles distinguent l'époque bourgeoise de toutes les précédentes. (...)

« Par l'exploitation du marché mondial, la bourgeoisie donne un caractère cosmopolite à la production et à la consommation de tous les pays (...) Les vieilles industries nationales ont été détruites et le sont encore chaque jour. Elles sont supplantées par de nouvelles industries, dont l'adoption devient une question de vie ou de mort pour toutes les nations civilisées, industries qui n'emploient plus des matières premières indigènes, mais des matières premières venues des régions les plus lointaines, et dont les produits se consomment non seulement dans le pays même, mais dans toutes les parties du globe. A la place des anciens besoins, satisfaits par les produits nationaux, naissent des besoins nouveaux, réclamant pour leur satisfaction les produits des contrées et des climats les plus lointains. A la place de l'ancien isolement des provinces et des nations se suffisant à elles-mêmes, se développent des relations universelles, une interdépendance universelle des nations. Et ce qui est vrai de la production matérielle ne l'est pas moins des productions de l'esprit. Les oeuvres intellectuelles d'une nation deviennent la propriété commune de toutes. L'étroitesse et l'exclusivisme nationaux deviennent de jour en jour plus impossibles et de la multiplicité des littératures nationales et locales naît une littérature universelle. » [10]

Il faut résister pour ne pas continuer la lecture de cet ouvrage qui fit époque et auquel rien de ce qui fut écrit précédemment ne peut être comparé.

Les leçons de 1848

Le Manifeste fut publié à la veille de la flambée révolutionnaire qui allait secouer la plus grande partie de l'Europe en 1848. Comme Marx devait le noter plus tard, les principaux acteurs du drame de cette année, en particulier les leaders petit-bourgeois du mouvement démocratique, cherchèrent à expliquer et à justifier leurs actes en invoquant les traditions de 1793. Mais dans le demi-siècle écoulé depuis que les jacobins de Robespierre avaient engagé leur lutte à mort contre la réaction féodale, la structure économique et la physionomie sociale de l'Europe avait changé.

Au moment même où les sections avancées de la bourgeoisie cherchaient à élaborer des formes de gouvernement adaptées au développement du capitalisme, l'émergence de la classe ouvrière en tant que force sociale significative modifiait fondamentalement l'équation politique. Quelles que fussent les tensions existant entre la bourgeoisie montante et les restes d’une aristocratie encore attachée au passé féodal, l'élite capitaliste percevait le mécontentement et les exigences du nouveau prolétariat comme une menace plus directe et potentiellement révolutionnaire à l’égard de ses intérêts. En France, la bourgeoisie réagit au spectre de la révolution sociale en juin 1848 en effectuant un massacre à Paris. [11] En Allemagne, la bourgeoisie abandonna son propre programme démocratique concluant, avec la vieille aristocratie et en opposition au peuple, un accord qui laissa l'ancienne autocratie plus ou moins intacte. 

Le Manifeste du Parti communiste identifiait à l’avance et prédisait le conflit irréconciliable entre la bourgeoisie et la classe ouvrière. La Révolution de 1848 confirma les analyses faites par Marx et Engels. Dans leurs écrits contemporains des évènements qui se déroulaient en 1848 en France, en Allemagne et dans d'autres parties de l'Europe, Marx et Engels — dans la première application pratique d’une méthode d'analyse adoptant le matérialisme historique — dévoilèrent la logique socio-économique et politique qui conduisit la bourgeoisie dans le camp de la réaction et entraîna la lâche capitulation des représentants de la classe moyenne démocrate devant l'offensive de la réaction aristocratique et bourgeoise.

La révolution de 1848 ne produisit pas dans les rangs de la petite bourgeoisie, sans parler de la bourgeoisie, de nouveaux Robespierre, Danton et Marat. Marx et Engels reconnurent que le rôle lâche joué par les représentants démocrates de la bourgeoisie et de la petite bourgeoisie était l'expression  politique de changements profonds qui s’étaient produits dans la structure sociale de l'Europe de l'Ouest depuis les jours de la Terreur jacobine, plus d'un demi-siècle plus tôt. Ils analysèrent ce changement et en tirèrent des conclusions politiques d'une grande portée qui devaient influencer les débats sur le caractère de la Révolution russe cinquante ans plus tard. Cette analyse mis en circulation l'expression de Revolution in Permanenz qui devait se répercuter à travers tout le XXe siècle, par-dessus tout dans les écrits de Léon Trotsky.

En mars 1850, Marx et Engels soumirent à l'autorité centrale de la Ligue communiste un rapport dans lequel ils résumèrent les leçons stratégiques majeures des luttes révolutionnaires de 1849-49. Ils commencèrent par faire remarquer que la bourgeoisie avait exploité le pouvoir d'Etat, qu’elle avait recueilli à la suite du soulèvement des travailleurs et des masses populaires, pour le retourner ensuite contre précisément ces forces sociales. La bourgeoisie était même prête à partager ou à rendre le pouvoir aux représentants de la vieille autocratie pour préserver sa position contre la menace d'une révolution sociale d'en bas.

Les représentants de la grande bourgeoisie s'étant tournés résolument vers la droite, Marx et Engels avertirent que la classe ouvrière pouvait s'attendre au même comportement de la part des représentants de la petite bourgeoisie démocrate. Ils soulignèrent qu'il existait des différences fondamentales entre la position sociale et les intérêts de la petite bourgeoisie démocrate et ceux de la classe ouvrière.

« Les petits bourgeois démocratiques, bien loin de vouloir bouleverser toute la société au profit des prolétaires révolutionnaires, tendent à modifier l'ordre social de façon à leur rendre la société existante aussi supportable et aussi commode que possible. (...)

« Tandis que les petits bourgeois démocratiques veulent terminer la révolution au plus vite et après avoir tout au plus réalisé les revendications ci-dessus, il est de notre intérêt et de notre devoir de rendre la révolution permanente, jusqu'à ce que toutes les classes plus ou moins possédantes aient été écartées du pouvoir, que le prolétariat ait conquis le pouvoir et que non seulement dans un pays, mais dans tous les pays régnants du monde l'association des prolétaires ait fait assez de progrès pour faire cesser dans ces pays la concurrence des prolétaires et concentrer dans leurs mains au moins les forces productives décisives. Il ne peut s'agir pour nous de transformer la propriété privée, mais seulement de 1'anéantir ; ni de masquer les antagonismes de classes, mais d'abolir les classes ; ni d'améliorer la société existante, mais d'en fonder une nouvelle. » [12] 

Marx et Engels firent ressortir le besoin pour la classe ouvrière de maintenir son indépendance politique à l'égard des représentants de la petite bourgeoisie démocratique et de ne pas se laisser égarer par leur rhétorique séductrice :

« En ce moment où les petits bourgeois démocratiques sont partout opprimés, ils prêchent en général au prolétariat l'union et la réconciliation ; ils lui tendent la main et s'efforcent de mettre sur pied un grand parti d'opposition, qui embrasserait toutes les nuances du parti démocratique ; en d'autres termes, ils s'efforcent de prendre les ouvriers au piège d'une organisation de parti où prédomine la phraséologie social-démocrate générale, qui sert de paravent à leurs intérêts particuliers et où, pour ne pas troubler la bonne entente, les revendications particulières du prolétariat ne doivent pas être formulées. Une telle union tournerait au seul avantage des petits bourgeois démocratiques et absolument tout au désavantage du prolétariat. Le prolétariat perdrait toute sa position indépendante, conquise au prix de tant de peines, et retomberait au rang de simple appendice de la démocratie bourgeoise officielle. Cette union doit donc être repoussée de la façon la plus catégorique. » [13]

Même après le passage de 155 ans, ces mots sont encore d’une extraordinaire pertinence politique. Qu'est donc le Parti démocrate aux Etats-Unis, pour ne pas nommer les Verts, si ce n'est les moyens politiques par lesquels la classe ouvrière est subordonnée, par les bons offices de la classe moyenne libérale et d'esprit réformiste, aux intérêts des élites capitalistes régnantes ? Même quand il s'agissait de discuter des tactiques électorales du parti de la classe ouvrière, Marx et Engels font preuve d'une étonnante prescience politique : « (...) Même là où il n'y a pas la moindre chance de succès, les ouvriers doivent présenter leurs propres candidats, afin de sauvegarder leur indépendance, de dénombrer leurs forces et de faire connaître publiquement leur position révolutionnaire et les points de vue de leur parti. Ils ne doivent pas en l'occurrence se laisser séduire par la phraséologie des démocrates prétendant, par exemple, que l'on risque de la sorte de diviser le parti démocratique et d'offrir à la réaction la possibilité de la victoire. Toutes ces phrases ne poursuivent finalement qu'un but : mystifier le prolétariat. » [14]

Marx et Engels concluaient leur rapport en faisant ressortir que les travailleurs « contribueront eux-mêmes à leur victoire définitive bien plus par le fait qu'ils prendront conscience de leurs intérêts de classe, se poseront dès que possible en parti indépendant et ne se laisseront pas un instant détourner — de l'organisation autonome du parti du prolétariat. Leur cri de guerre doit être : La révolution en permanence ! » [15]

Les principaux problèmes stratégiques et tactiques qu'eut à affronter le mouvement socialiste durant le siècle suivant — et même jusqu'au temps présent — ont été anticipés dans ce document extraordinaire ; l'attitude de la classe ouvrière à l'égard des parties démocratiques de la petite bourgeoisie ; l'importance de la lutte pour l'indépendance politique de la classe ouvrière ; le caractère essentiellement international de la révolution socialiste, et le programme de libération universelle du socialisme — c'est-à-dire l'abolition de toutes les formes d'oppression de classe.

Mais ce document marque dans un sens plus profond encore une nouvelle étape dans le développement de l'humanité. De même que c'est à travers l'apparition de homo sapiens sapiens que la nature en général atteint la conscience d'elle-même, c'est avec le développement du marxisme que le genre humain arrive au point d'être, dans le sens le plus profond du terme, historiquement conscient de lui-même. Le fait que les êtres humains font l’Histoire, qu’ils réorganisent consciemment les relations sociales à l'intérieur desquelles ils existent, cela devient une question programmatique. Etant parvenu à une intelligence scientifique des lois de son propre développement économique, social et politique, l'homme est capable de prédire et de construire dans son propre esprit (« postuler téléologiquement ») une image réaliste de l’avenir et de changer, selon l’exigence des conditions objectives, sa propre pratique afin que cet avenir puisse se réaliser. 

 

Notes

 

[7] Du gouvernement de la France, p. 1-2, cité par Plekhanov dans Les premières phases d’une théorie : la lutte de classe, Oeuvres philosophiques, Tome II, (Éditions du progrès, Moscou, p. 493.
[8] Traduit de l’anglais: A History of Socialist Thought: Volume I: The Forerunners 1789-1850, (London: Macmillan & Co., 1953), p. 2.
[9]
Traduit de l’anglais: cité dans Hal Draper, Karl Marx’s Theory of Revolution, Volume IV: Critique of Other Socialisms (New York: Monthly Review Press, 1990), p. 8.
[10] The Communist Manifesto (New York: Norton, 1988), pp. 57-59.
Traduction française tirée de: Le manifeste du Parti communiste
http://www.marxists.org/francais/marx/works/1847/00/kmfe18470000a.htm
[11] Dans les écrits de Alexandre Herzen, un récit brillant est donné de la réaction de la bourgeoisie libérale face à l'émergence de la classe ouvrière comme force politique au cours des soulèvements de 1848: « Depuis la Restauration, les libéraux de tous les pays avaient appelé le peuple à la destruction de l'ordre monarchique et féodal, au nom de l'égalité, des larmes des infortunés, des souffrances des opprimés, de la faim des pauvres. Ils s'étaient réjouis de poursuivre avec acharnement divers ministres par une série d'exigences impossibles; ils se réjouissaient quand un pilier de la féodalité s'effondrait après l'autre et à la fin devinrent si excités qu'ils surpassaient leurs propres désirs. Ils reprirent leur sens lorsque, de derrière les murs à demi démolis, ils virent surgir les prolétaires, le travailleur avec sa hache, ses mains noircies, affamé et à demi-nu en haillon — non tel qu'il apparaît dans les livres ou les bavardages ou dans le verbiage philanthropique, mais dans sa réalité. Ce « frère infortuné » à propos duquel tant de choses avaient été dites, sur lequel tant de compassion avait été répandue, demandait finalement où était sa liberté, son égalité; sa fraternité ? Les libéraux furent abasourdis de l'impudence et de l'ingratitude du travailleur. Ils prirent d'assaut les rues de Paris, ils les jonchèrent de cadavres, et ensuite ils se cachèrent de leur frère derrière les baïonnettes de la loi martiale dans leur effort pour sauver la civilisation et l'ordre ! »
[Traduit de l’anglais de From the Other Shore (New York: George Braziller, Inc., 1956), pp. 59-60.]
[12] Collected Works, Volume 10 (London: Lawrence and Wishart, 1978), pp. 280-81.
Traduction française tirée de « Adresse du Comité Central à la Ligue des communistes” http://www.marxists.org/francais/marx/works/1850/03/18500300.htm
[13] Ibid, p. 281.
Ibid pour la traduction française.
[14] Ibid, p. 284.
Ibid pour la traduction française.
[15] Ibid, p. 287.

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