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WSWS : Histoire et culture

Vingt ans depuis la chute du Mur de Berlin

Déclaration du Bund Sozialistischer Arbeiter, 18 octobre 1989 – Troisième partie

Il faut renverser la bureaucratie stalinienne! Il faut construire des conseils ouvriers en Allemagne de l’Est !

18 novembre 2009

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La déclaration ci-dessous du Comité central du Bund Sozialistischer Arbeiter, le prédécesseur du Partei für Soziale Gleichheit (Parti de l’Egalité sociale d’Allemagne), fut publiée le 18 octobre 1989. Aujourd’hui nous en affichons la troisième et dernière partie. Vous pouvez accéder ici à la première partie et à la deuxième partie.

Il y a vingt ans, le 4 novembre 1989, l’on assistait à la plus importante manifestation de l’histoire de l’Allemagne de l’Est (République démocratique allemande, RDA). Près d’un million de personnes s’étaient rassemblées dans le centre de Berlin-Est pour manifester contre la bureaucratie stalinienne au pouvoir.

La manifestation à Berlin fut le point culminant de la vague de protestations qui avait commencé à Leipzig deux mois auparavant et qui n’avait cessé de croître de semaine en semaine. Le SED stalinien (Parti socialiste unifié d’Allemagne) avait déjà démissionné à ce moment. Le 18 octobre, le chef du Politburo (bureau politique) et le président de longue date du conseil d’Etat, Erich Honecker, avait été remplacé par Egon Krenz. Peu de temps après d’autres fonctionnaires méprisés du SED, tel Erich Mielke, le patron de la Stasi, police secrète de la RDA, et Kurt Hager, le chef du service de la propagande démissionnaient également de leur poste.

Le 9 novembre, cinq jours après la manifestation de masse à Berlin, le SED ouvrait le Mur de Berlin. Ceci déclencha le processus de la dissolution de la RDA qui, après un traité commun et une union monétaire avec l’Ouest du pays, s'acheva par la réunification de l’Allemagne.

Toutefois, lors de la manifestation du 4 novembre, il n’avait nullement été question d’un tel cours des événements. Au contraire, la manifestation de masse avait pris la forme d’une opposition politique et sociale au régime stalinien et fut dominée par des slogans tels : Elections libres ! Démission du gouvernement ! Abolition du monopole du pouvoir SED ! Abolition des privilèges du parti et des fonctionnaires d’Etat ! Dissolution de la Stasi !

Les intervenants à la manifestation de Berlin étaient avant tout des représentants de l’opposition petite-bourgeoise de l’Allemagne de l’Est représentée par des artistes, des curés et des avocats qui cherchaient à contenir et à désamorcer la colère des participants en lançant des appels au « dialogue » avec le régime. Les organisateurs de la manifestation permirent également à des membres en vue du SED de s’exprimer, y compris Gregor Gysi, Günter Schabowski et le chef adjoint de longue date de la Stasi, Markus Wolf.

Le Bund Sozialistischer Arbeiter (Ligue des travailleurs socialistes), le prédécesseur du Parti für Soziale Gleichheit (Parti de l’égalité socialiste d’Allemagne), distribua lors de la manifestation un appel sous forme de brochure. Avant la manifestation, des milliers d’exemplaires de cet appel avaient été introduits clandestinement en Allemagne de l’Est, la frontière Ouest-Est étant encore fermée à ce moment. Comme parti trotskyste, le Bund Sozialistischer Arbeiter (BSA) luttait contre le régime stalinien d’un point de vue de gauche et toute activité lui était interdite depuis la fondation de l’Etat est-allemand en 1949. Le SED menait une campagne répressive intransigeante contre les mouvements oppositionnels clandestins tout en ayant établi dans le même temps, à partir des années 1970, des liens étroits avec la République fédérale allemande à l’Ouest et ses personnalités dirigeantes, Willy Brandt, Helmut Schmidt, Helmut Kohl et Franz Josef Strauß.

Le BSA était la seule tendance politique à avancer un programme d’opposition fondé sur une perspective socialiste internationale à l’encontre de la bureaucratie stalinienne. Les avertissements du parti concernant les conséquences sociales catastrophiques de la restauration du capitalisme qui à son tour ouvrirait une nouvelle période de conflits et de guerres impérialistes furent tout à fait confirmés par le cours des événements.

L’appel lancé par le BSA saluait l’opposition au régime en RDA. Il soulignait le lien entre la crise en RDA et la crise du capitalisme mondial dont le « soutien politique le plus important » durant ces six dernières décennies avait précisément été les bureaucraties staliniennes. Les alliés dans la lutte contre le SED n’étaient donc ni « Gorbatchev, le dirigeant du quartier général stalinien à Moscou, ni les politiciens capitalistes occidentaux, ni le Parti social-démocrate ou les bureaucraties syndicales, mais purement et simplement la classe ouvrière internationale. »

A l’occasion du 20ème anniversaire de la chute du Mur de Berlin, nous republions cet appel. Dans les jours et les semaines à venir, le WSWS publiera une série d’articles traitant du contexte et des conséquences de la réunification de l’Allemagne, davantage de rapports et de commentaires ayant trait au 20ème anniversaire ainsi que davantage de matériel d’archives du BSA.

* * *

Le programme trostskyste de la révolution politique

La Quatrième Internationale, sous la direction du Comité international de la Quatrième Internationale et sa section allemande, le Bund Sozialistischer Arbeiter, luttent pour cette deuxième voie socialiste de sortie de la crise en Allemagne de l’Est et de tous les autres Etats ouvriers staliniens déformés et dégénérés.

Le programme de la révolution politique fut développé par Léon Trotsky durant les années 1930 dans la lutte contre le stalinisme. Il s’applique également tout à fait aux Etats ouvriers déformés qui furent créés en Europe de l’Est après la Deuxième Guerre mondiale par la bureaucratie du Kremlin. La base de ce programme est que la bureaucratie stalinienne représente la plus grande menace pour ce qui reste des conquêtes de la Révolution d’Octobre en Union soviétique et des rapports de propriété nationalisés en Europe de l’Est et le fait que la bureaucratie constitue le plus grand obstacle à l’achèvement de la révolution socialiste mondiale.

La révolution politique, le renversement de la bureaucratie contre-révolutionnaire par la classe ouvrière en Union soviétique et dans les autres pays dirigés par cette bureaucratie est donc une partie intégrante du programme de la révolution socialiste mondiale. Ce n’est que par une telle révolution politique que peuvent être défendus les acquis d’Octobre, notamment l’économie nationalisée planifiée. Et, épuré de toute déformation bureaucratique la classe ouvrière soviétique et d’Europe de l’Est unie à ses frères de classe dans l’Ouest capitaliste pourra achever la révolution socialiste mondiale et construire le socialisme.

C’est le seul programme avec lequel la classe ouvrière en Allemagne de l’Est sera en mesure de se défendre, non seulement contre la restauration capitaliste à l’intérieur mais aussi contre l’agression militaire des impérialistes. La nécessité pour les puissances capitalistes de l'Ouest de reconquérir les territoires de l’Union soviétique, de l’Europe de l’Est et de la Chine  qu’elles avaient perdus après la Révolution d’Octobre, et les efforts entrepris pour le faire, sont d’autant plus urgents pour la bourgeoisie allemande que, après la perte de deux guerres mondiales, elle jouit aujourd’hui à nouveau d’une puissance industrielle hautement productive et orientée vers l’exportation sur le marché mondial mais elle ne dispose que de la moitié de son ancien territoire comme marché intérieur et comme base de départ à sa guerre économique et militaire.

Le danger de guerre qui a ses origines dans les contradictions objectives du mode de production capitaliste, sa crise mondiale insoluble et les nécessités objectives de la classe capitaliste, ne peut être banni par des pourparlers sur le désarmement mais seulement par le renversement du capitalisme. Les impérialistes ne répondront pas aux dernières propositions avancées par Gorbatchev de désarmer l’Union soviétique, en cessant ou en réduisant leurs préparatifs de guerre. Pour le moment, ils préfèreront plutôt fonder leurs intérêts sur la restauration à partir de l’intérieur, autrement dit ils espèrent que la bureaucratie stalinienne en Union soviétique et en Europe de l’Est détruira les rapports de propriété nationalisés et l’économie planifiée en organisant de cette manière la conquête du « Lebensraum (espace vital) à l’Est » et la « réunification de l’Allemagne » sur une base capitaliste.

C’est pourquoi, leurs stratèges politiques ont souligné que pour le moment il s’agit surtout de soutenir le « mouvement de réforme » en Allemagne de l’Est et de ne pas porter préjudice à ce mouvement en lançant des appels trop forts et trop hâtifs pour la « réunification. » Ils craignent à juste titre que cela ne ferait que renforcer la mobilisation et la résistance de la classe ouvrière en Allemagne de l’Est contre la politique de la restauration capitaliste.

Le rôle contre-révolutionnaire de la social-démocratie

L’objectif principal de la bourgeoisie Ouest-allemande face au mouvement de masse en Allemagne de l’Est est, comme en 1953, de stabiliser la bureaucratie du SED, le régime de son agence en Allemagne de l’Est en prévenant un soulèvement révolutionnaire de la classe ouvrière. En poursuivant cet objectif, elle compte avant tout sur le soutien de la bureaucratie social-démocrate.

Avec la « nouvelle politique à l’Est », le gouvernement SPD-FDP de Willy Brandt s’était précipité au début des années 1970 au secours de la bureaucratie polonaise et Est-allemande touchée par la crise en ouvrant grand les portes de l’Europe de l’Est aux banques et aux entreprises Ouest-allemandes à l’aide de crédits de plusieurs milliards et du commerce de l’Est (Osthandel). Après l’instauration de la loi martiale en Pologne, le gouvernement SPD-FDP de Helmut Schmidt fut le premier gouvernement occidental à garantir un soutien substantiel au régime de Wojciech Jaruzelski en Pologne dans le but de garantir le paiement des intérêts aux banques d’Allemagne de l’Ouest avec l’aide de la dictature militaire.

Dès que l’exode de masse et les manifestations signalèrent l’arrivée de soulèvements ouvriers en Allemagne de l’Est et qui représentent un danger extrême pour la stabilité de la bureaucratie du SED, le SPD commença immédiatement sous le couvert d’une campagne en faveur de « réformes » et de la « démocratie » à soutenir l’aile de la bureaucratie qui appelait ouvertement à la restauration capitaliste. La bourgeoisie Ouest-allemande ordonna à Hans-Jochen Vogel, le dirigeant du SPD, de se rendre en Pologne et en Hongrie en qualité de représentant de commerce du capitalisme pour chanter les mérites de « l’économie libérale. » Son appel pour un « plan Marshall pour l’Europe de l’Est » n’est pas dicté par la préoccupation du sort de la classe ouvrière. Des millions de travailleurs en Pologne et en Hongrie font présentement l’expérience des « avantages de l’économie libérale » sous la forme d’une inflation de 1000 pour cent, d’une augmentation du chômage de masse et de la famine. L’appel de Vogel est plutôt dicté par son soutien de la restauration capitaliste à l’encontre de la classe ouvrière.

C’est pourquoi, le Bund Sozialistischer Arbeiter lance une mise en garde à l’adresse des travailleurs de l’Allemagne de l’Est contre le chant des sirènes du SPD sur le « socialisme démocratique » et « l’aide au peuple de l’Est. » En Allemagne de l’Ouest, ces mêmes bureaucrates sociaux-démocrates à la direction du SPD et des syndicats sont actuellement en train d’organiser dans toutes les usines l’intensification de l’exploitation par une augmentation des cadences de travail, la rationalisation et le travail de fin de semaine. Au nom de la « défense du site de production RFA, » ils soutiennent la chasse au profit des groupes nationaux et les fermetures des industries sidérurgiques et minières en assistant le gouvernement Kohl dans ses attaques contre les retraites et le système de santé. Le Bund Sozialistischer Arbeiter appelle les travailleurs en Allemagne de l’Ouest à débarrasser le mouvement ouvrier des serviteurs sociaux-démocrates et à s’unir aux travailleurs d’Allemagne de l’Est dans la lutte contre le stalinisme et le capitalisme.

A l’Ouest, la lutte pour un gouvernement ouvrier fondé sur des conseils ouvriers qui exproprieront sans compensation les groupes et les banques pour les placer sous contrôle ouvrier ; à l’Est, la lutte pour la révolution politique afin de renverser des agences staliniennes du capital, telle est la voie de l’unification de l’Union soviétique, de l’ensemble de l’Europe et, de ce fait, de l’Allemagne sur une base socialiste et révolutionnaire pour établir les Etats unis socialistes d’Europe comme le premier pas vers la République socialiste mondiale.

Une mise en garde contre le pablisme

Tous les autres programmes qui nient les tâches révolutionnaires et les capacités de la classe ouvrière internationale, qui croient en la viabilité du capitalisme pour des générations à venir en reconnaissant à la bureaucratie stalinienne ou à son « aile gauche » l’aptitude de   « réformes » ou de « se réformer soi-même » en direction du socialisme sont directement opposés à ce programme prolétaire et internationaliste. Se basant sur ces théories, ils prêchent la subordination à la partie soi-disant « progressiste » de la bureaucratie. Ces programmes des tendances petites-bourgeoises au sein du mouvement ouvrier ont prouvé à maintes reprises au cours de l’histoire qu'ils sont des programmes de sauvetage de la bureaucratie stalinienne. Ils sont foncièrement hostiles envers les ouvriers.

Dans ce contexte, le Bund Sozialistischer Arbeiter met en garde la classe ouvrière tout particulièrement contre le pablisme, une tendance opportuniste qui, sous Michel Pablo et Ernest Mandel avait rompu avec le trotskysme et qui s’était développée sur la base de ces théories au début des années 1950 au sein de la Quatrième Internationale.

En Allemagne, les partisans de Pablo et de Mandel qui s’étaient rassemblés autour de Georg Jungclas avaient déjà liquidé le parti trotskyste dès 1953. Durant le soulèvement ouvrier du 17 juin 1953, ils avaient rejeté la perspective d’une révolution politique en attribuant un rôle progressiste à la bureaucratie stalinienne, en refusant d’exiger le retrait immédiat des troupes soviétiques. Ils portent directement la responsabilité de l’écrasement du soulèvement et de la mort de nombreux travailleurs.

Durant les insurrections révolutionnaires de 1956 en Pologne et en Hongrie qui culminèrent dans la mise en place de conseils ouvriers indépendants ou en 1968 en Tchécoslovaquie lorsque les pablistes appelèrent la classe ouvrière à soutenir Gomulka, Nagy ou Dubcek en tant que représentants d’une aile de la bureaucratie stalinienne prétendument « bénéfiques aux ouvriers, » « favorables aux réformes » et « anti-staliniens ». En réalité, ces bureaucrates n’avaient nullement rompu avec le programme du stalinisme, le programme réactionnaire du « socialisme en un seul pays. » Ils ne s’étaient nullement orientés vers la classe ouvrière internationale pour mobiliser pour le renversement de la bureaucratie et pour le programme de la révolution socialiste mondiale. Ils ouvrirent inévitablement la voie à une nouvelle stabilisation de la bureaucratie stalinienne, avec ou sans l’aide des tanks soviétiques.

Aujourd’hui, les pablistes soutiennent la politique de la restauration capitaliste. Dans son récent livre Où va l’URSS de Gorbatchev, Ernest Mandel écrit : « Du point de vue des travailleurs soviétiques et du prolétariat mondial, Gorbatchev serait aujourd’hui la meilleure solution pour l’URSS »

En République fédérale d’Allemagne, les pablistes se sont unifiés aux partisans les plus moribonds du stalinisme, provenant du mouvement étudiant, le KPL-ML maoïste (Parti communiste d’Allemagne marxiste-léniniste) pour former le VSP. Et, comme tous les autres radicaux petits bourgeois ou le SDP (Parti social-démocrate en Allemagne de l’Est), ils préconisent la « défense des frontières d’après-guerre. » Ils affirment que ces frontières ont résulté de la défaite du fascisme et revêtent de ce fait un caractère progressiste. En réalité, ce qu’ils défendent c’est le complot entre l’impérialisme et le stalinisme qui se trama à Yalta et à Potsdam contre la classe ouvrière. Ces opportunistes affirment que le seul choix possible est entre « impérialisme ou stalinisme. » De cette façon ils tentent de couvrir leur subordination à la bureaucratie stalinienne en la revêtant d’un « manteau progressiste » d’une « alternative à l’impérialisme. »

La Quatrième Internationale ne défend aucune frontière nationale, mais lutte pour dépasser ces frontières par l’unification de la classe ouvrière internationale sur la base d’un programme commun : le programme de la révolution socialiste mondiale.

Le Bund Sozialistischer Arbeiter appelle tous les travailleurs d’Allemagne à se rallier derrière ce programme.

• Pour la révolution politique dans le but de renverser la bureaucratie stalinienne en Allemagne de l’Est !

• Il faut construire des conseils ouvriers pour contrôler l’Etat, l’économie et la société !

• Il faut chasser les bureaucrates de tous leurs postes ! Il faut abolir leurs privilèges !

• Il faut défendre les expropriations et l’économie planifiée contre la restauration capitaliste ! Il faut épurer l’économie de tous les éléments bureaucratiques en la plaçant sous contrôle ouvrier !

• Il faut unir la classe ouvrière de l’Union soviétique, de la Chine et de l’ensemble de l’Europe de l’Est pour la révolution politique !

• Il faut unir la révolution politique en Europe de l’Est à la révolution socialiste en Europe de l’Ouest !

• Il faut chasser les bureaucrates sociaux-démocrates hors du mouvement ouvrier et lutter pour un gouvernement ouvrier qui expropriera sans compensation les entreprises et les banques capitalistes en les plaçant sous contrôle ouvrier !

• Pour les Etats unis socialistes d’Europe!

• Il faut construire le BSA, la section allemande de la Quatrième Internationale, en Allemagne de l’Est !

Fin

(Article original paru le 7 novembre 2009)


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