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Conflit dans l'industrie des pâtes et papiers.

19 juin 1998
Par François Legros

5 000 travailleurs de l'usine de pâtes et papier Abitibi-Consolidated sont en grève depuis le 15 juin dernier. Le Syndicat Canadien des Communications, de l'Énergie et du Papier (SCEP), représentant les grévistes, a choisi Abitibi-Consolidated comme cible pour la négociation du nouveau contrat de travail qui devrait s'appliquer aux 25 000 autres travailleurs canadiens de l'industrie à l'Est du Manitoba. La compagnie cherche à rompre cette tradition, existant depuis 30 ans, pour imposer des négociations séparées pour chaque usine.

Abitibi-Consolidated, né de la fusion l'an dernier des compagnies Abitibi-Price et Stone-Consolidated, est le plus important producteur de papier journal au monde (16 % de la production mondiale avec un chiffre d'affaire net de 3,7 milliards de dollars), possède 14 usines aux Canada ainsi qu'aux États-Unis et en Angleterre. La grève a provoqué la fermeture de 11 usines au Canada, localisées en Ontario, au Québec et à Terre-Neuve. Trois usines canadiennes sont régies par des clauses contractuelles excluant le droit au recours à la grève et les usines situées aux États-Unis et en Angleterre ne sont pas touchées par le conflit, assurant, selon les représentants de la compagnie, une capacité globale de production de 60%.

La dernière décennie a été marquée par une importante restructuration dans l'industrie des pâtes et papiers. La capacité productive a grandement augmenté grâce à l'introduction de nouvelles technologies et à l'accélération de la cadence de travail, ce qui a entraîné l'élimination de près de la moitié des emplois. Ces changements combinés à la chute des exportations, principalement à cause de la crise en Asie, ont provoqué une surproduction et maintenu le prix de la tonne de papier à un niveau jugé trop bas par les producteurs. Selon les analystes, cette situation aurait forcé la compagnie à fermer certaines usines durant l'été. L'Abitibi-Consolidated aurait donc provoqué la grève en espérant épuiser les travailleurs dans un long conflit et pousser ces derniers à accepter des concessions majeures. De plus la compagnie espère que la grève va provoquer une augmentation du prix du papier , du niveau actuel de 600$ la tonne, au niveau jugé profitable de 640$.

En 1993, le SCEP avait accepté un contrat de travail d'une durée sans précédent de cinq ans. Les négociations ont rapidement été rompues devant l'insistance de la compagnie à vouloir rompre la tradition de négocier un seul contrat pour l'ensemble de l'industrie. La compagnie a par ailleurs logée une requête devant la cour afin de faire déclarer la grève illégale sous prétexte que le syndicat refuse de négocier cette question de bonne foi. La compagnie invoque aussi la concurrence internationale pour exiger plus de souplesse dans les négociations. « La concurrence internationale ne nous permet plus », déclare le représentant de la compagnie, « à être la seule compagnie en Amérique du Nord à négocier des contrats de travail applicables à l'industrie dans son ensemble. Il faut être en mesure d'évaluer la situation particulière da chaque usine pour maximiser la productivité. De plus en plus, chaque usine doit justifier sa présence dans le portfolio des usines opérationnelles à l'échelle du globe.»

Voir aussi
Le géant des pâtes et papier menace de fermer deux de ses usines en grève. [4 juillet 1998 ]
La grève à Abitibi-Consolidated à un point tournant [6 octobre 1998]

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