La récession s’aggrave en Europe et le chômage augmente

Quatre ans après la plus grave crise économique en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, le continent glisse une fois de plus profondément dans la récession. Les derniers chiffres émanant de l’agence Eurostat de l’Union européenne (UE) indiquent qu’entre avril et juin de cette année, les économies des 17 pays qui constituent la zone euro ont baissé de 0,2 pour cent par rapport aux trois premiers mois de 2012.

Selon les « estimations rapides » d’Eurostat (Office statistique de l’Union européenne), une baisse identique a été enregistrée partout dans les 27 Etats de l’Union européenne. Par rapport à la même période de l’année dernière, le PIB de la zone euro a diminué de 0,4 pour cent. Les nouvelles données sur le déclin économique font suite aux chiffres publiés le mois dernier et qui montrent que le chômage dans la zone euro a atteint un niveau record de 11,2 pour cent.

L’économie allemande, la plus importante du continent, a progressé de 0,3 pour cent au second trimestre. Basée sur ses vastes exportations, l’Allemagne a été en mesure de maintenir ces derniers mois une croissance économique. Toutefois, au fur et à mesure que les mesures d’austérité se font sentir partout en Europe et que les principaux marchés asiatiques sont en recul, ce n’est qu’une question de temps avant que l’actuelle crise touche de plein fouet l’Allemagne. Le pays a déjà connu une série de fermetures et de faillites d’entreprises importantes et, il est significatif de noter que la croissance au second trimestre n’a pas eu d’impact positif sur la situation de l’emploi.

Entre-temps, le reste de l’Europe est soit en train de s’embourber soit de plonger davantage dans la récession. L’économie française n’a pas réussi à enregistrer une croissance ces derniers neuf mois et les réductions budgétaires prévues par le gouvernement devraient exacerber la situation économique dans la période à venir. Le gouvernement du Parti socialiste du président François Hollande a promis de réduire drastiquement, à 3 pour cent du PIB, l’année prochaine, le déficit du secteur public, soit de 33 milliards d’euros.

Pas moins de six pays de la zone euro ont affiché un repli significatif de la production industrielle au second trimestre de 2012 : la Grèce, le Portugal, l’Italie, l’Espagne, la Belgique et la Finlande. Les trois premiers ont tous été soumis par l’UE à de sévères programmes d’austérité comme partie intégrante du renflouement des banques en Europe.

L’économie de la Grèce continue de dégringoler. Son économie n’a cessé de se rétrécir depuis 2008 et a chuté de 6,2 pour cent supplémentaires l’année dernière. Le deuxième sauvetage présumé de la Grèce et approuvé en février dernier par la « troïka » (la Commission européenne, le Fonds monétaire International et la Banque centrale européenne) a été basé sur les prévisions d’une contraction économique de 4,5 pour cent en 2012. Actuellement, ce chiffre devrait être plus proche de 7 pour cent.

Les deuxièmes pires résultats économiques sont ceux du Portugal dont l’économie s’est contractée de 1,2 pour cent entre avril et juin de cette année. Ceci signifie que le PIB portugais a chuté l’année dernière d’un montant total de 3,3 pour cent. Le jour même où ont été publiés les chiffres d’Eurostat, l’institut portugais des statistiques a annoncé que le chômage avait atteint un record de 15 pour cent dans le pays.

Les troisième et quatrième économies les plus importantes d’Europe, l’Italie et l’Espagne, ont rétréci de 0,7 et 0,4 pour cent respectivement au second trimestre. L’économie de l’Italie se contracte depuis au moins un an alors que la récession qui continue en Espagne a fait passer le chômage dans le pays à un niveau record de 24,6 pour cent, une chiffre jamais atteint dans l’ère postfranquiste et dans l’Union européenne.

La Grande-Bretagne elle, a enregistré un troisième trimestre successif de sa deuxième récession en quatre ans. Les chiffres publiés le mois dernier par l’Office national des statistiques ont montré que le déclin de l’économie britannique est en train de s’accélérer. La chute de 0,7 pour cent enregistrée au second trimestre de 2012 a dépassé les pires prévisions des experts économiques.

Alors que l’économie européenne est en train de descendre de plus en plus profondément dans la récession, un autre rapport récent a attiré l’attention sur la crise croissante du système bancaire européen. Selon un rapport publié la semaine passée par le groupe Price Waterhouse, les banques européennes ont acquis une montagne de créances douteuses, tendance croissante, qui, fin 2011, totalisait environ 1,05 milliers de milliards d’euros.

Depuis deux ans, les banques européennes ont été encouragées par la Banque centrale européenne à racheter les créances douteuses des économies défaillantes en Europe méridionale. Au début de l’année, la BCE avait débloqué à cette fin plus d’un millier de milliards d’euros en prêts bon marché.

Le montant total actuel estimé des créances douteuses est le double de celui de 2008. Les taux de croissance des créances douteuses progressant le plus rapidement ont été enregistrés par les banques en Italie, en Espagne et en Grèce. L’augmentation massive des créances douteuses dans les coffres des banques européennes a à son tour résulté en un recul marqué des prêts interbancaires. En juin, ces transactions interbancaires avaient atteint leur niveau le plus bas depuis l’éclatement de la crise financière en 2007.

C’est l’effondrement du crédit interbancaire en 2008 qui avait incité les gouvernements en Europe et dans le monde à injecter des milliers de milliards dans le système bancaire international. En septembre de l’année dernière, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, avait reconnu que : « Ces trois dernières années, les Etats, je devrais dire les contribuables, ont donné 4,6 trillions d’euros de garanties financières. Il est temps pour le secteur financier d’assumer ses responsabilités. »

A présent, les banques anticipent une nouvelle importante injection de fonds de la BCE – des fonds garantis en dernier ressort par la population laborieuse européenne. Le magazine Der Spiegel cite Thomas Mayer, l’économiste en chef de la Deutsche Bank, qui souligne que les contribuables européens se retrouvent avec le risque financier d’un éclatement de la zone euro en déclarant : « Vu que le capital privé n’afflue plus, les banquiers centraux ont pris le relais. »

La réponse de la troïka et du gouvernement allemand à la dévastation économique et sociale grandissante en Europe est de resserrer davantage la vis de la rigueur. Tel sera le message qui sera transmis la semaine prochaine au premier ministre grec Antonis Samaras lors de sa visite à Berlin pour des entretiens avec la chancelière Angela Merkel.

Le gouvernement allemand est aussi en train de préparer l’éventualité d’une faillite de l’Etat grec et de sa sortie de la zone euro. Le ministre allemand de l’Economie et vice-chancelier, Philipp Rösler, a dit à Spiegel Online : « Nous ne voulons pas que la Grèce devienne insolvable, mais au besoin, nous pourrions faire face aux conséquences. »

(Article original paru le 17 août 2012)

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