Premier Congrès national du PES (Australie)

Résolution 2 : Contre la guerre impérialiste

Voici la deuxième de sept résolutions adoptées à l’unanimité lors du premier congrès national du Parti de l’égalité socialiste (Australie) qui s’est tenu du 6 au 9 avril 2012 à Sydney.

1. Le présent congrès condamne l’escalade de l’intervention en Syrie par l’impérialisme américain et ses alliés et leurs préparatifs avancés pour mener une guerre contre l’Iran. En prévision de ces nouvelles aventures militaires, l’administration Obama diabolise systématiquement les régimes syrien et iranien comme des ennemis de la démocratie et des partisans du terrorisme. Les assertions cyniques selon lesquelles le programme nucléaire de Téhéran constitue une grande menace pour la paix régionale et mondiale sont consciencieusement amplifiées par les médias serviles. Tout en appelant à la « démocratie » en Syrie et en Iran, les États-Unis s’appuient sur le soutien autocratique des États du Golfe tels l’Arabie saoudite et le Qatar, bien connus pour leur abus des droits démocratiques. Washington vise Téhéran et Damas dans le cadre de sa fausse « guerre contre le terrorisme », mais s’appuie sur les islamistes et les milices liées à Al-Qaïda pour défendre ses intérêts en Libye et en Syrie. Les allégations américaines selon lesquelles le régime iranien cherche à développer des armes nucléaires sont très contestables. Contrairement à Israël, à l’Inde et au Pakistan, qui ont tous des armes nucléaires, l’Iran a signé le Traité de non-prolifération des armes nucléaires, et ses installations nucléaires sont soumises à des inspections régulières de l’ONU. La principale préoccupation de Washington en ce qui a trait à l’existence d’éventuelles armes nucléaires iraniennes, c’est que celles-ci ne feraient que compliquer les plans américains pour mener une attaque militaire. En réalité, la question nucléaire est le prétexte d’une campagne implacable menée par les États-Unis comprenant d’intenses pressions diplomatiques, suivies de sanctions économiques paralysantes et en dernière analyse d’une guerre visant à subordonner l’Iran aux intérêts américains.

2. Le présent congrès met en garde qu’une nouvelle guerre au Moyen-Orient menace d’embraser toute la région et de devenir le déclencheur d’une conflagration mondiale beaucoup plus vaste. La véritable motivation du régime prédateur de Washington est d’établir des régimes pro-américains à Damas et à Téhéran, comme il l’a déjà fait à Kaboul, Bagdad et Tripoli, afin de renforcer sa position dominante dans les régions du Moyen-Orient et d’Asie centrale riches en énergie. Les machinations de l’administration Obama menacent directement les intérêts économiques et stratégiques de ses concurrents. C’est pourquoi la Russie et la Chine ont opposé leur veto aux résolutions parrainées par les États-Unis au Conseil de sécurité des Nations unies sur la Syrie, tout comme ils se sont opposés aux sanctions contre l’Iran. Les rivalités au Moyen-Orient s’ajoutent à l’escalade des tensions géopolitiques produites par l’aggravation de la crise économique mondiale, en particulier entre les États-Unis et la Chine, posant ainsi le danger d’une guerre plus importante.

3. La guerre de l’OTAN menée contre la Libye en 2011, conflit ayant entraîné le renversement du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi et l’installation au pouvoir du Conseil national de transition (CNT) pro-occidental, est devenue le modèle des opérations impérialistes en Syrie. Dans le sillage des bouleversements révolutionnaires de Tunisie et d’Égypte, les États-Unis et l’OTAN sont intervenus en Libye afin d’établir une tête de pont en Afrique du Nord contre les mouvements révolutionnaires de la classe ouvrière et exploiter cette possibilité pour renverser Kadhafi. Utilisant la feuille de vigne d’une résolution de l’ONU pour « protéger les civils », des avions de combat de l’OTAN ont soutenu les milices du CNT dans une guerre criminelle qui a fait au moins 80 000 victimes en Libye. L’OTAN a ouvertement bafoué le droit international en déployant des forces spéciales à l’intérieur du pays et en armant illégalement les rebelles libyens. Il en est résulté un régime profondément antidémocratique à Tripoli, responsable de détentions de masse, de tortures et d’exécutions extrajudiciaires, dirigeant maintenant le pays pour le compte des gouvernements occidentaux et des géants de l’énergie.

4. Le facteur le plus déstabilisant en politique internationale est l’éruption explosive du militarisme américain. Depuis l’effondrement de l’Union soviétique, l’impérialisme américain a cherché à compenser son déclin économique historique en exploitant sa supériorité militaire écrasante de façon à nuire aux intérêts de ses rivaux européens et asiatiques. La première guerre du Golfe contre l’Irak en 1990-1991 a été suivie par l’intervention militaire américaine en Somalie en 1993-1995, les guerres des Balkans de 1998-1999, l’occupation de l’Afghanistan en 2001 et l’invasion de l’Irak en 2003. L’insouciance et les gestes criminels des États-Unis trouvent leur parallèle historique dans les guerres prédatrices de l’Allemagne nazie, de l’Italie fasciste et du Japon militariste dans les années qui ont précédé la Seconde Guerre mondiale. La doctrine de la guerre préventive de l’administration Bush justifie les guerres d’agression – le crime qui était au cœur même de la condamnation des criminels de guerre nazis à Nuremberg. Obama a depuis étendu la doctrine Bush, autorisant notamment l’utilisation sans restriction des drones et des forces spéciales des États-Unis pour assassiner n’importe où dans le monde quiconque est considéré comme une menace à la sécurité, y compris les citoyens américains.

5. Deux décennies d’escalade sans fin de militarisme et de guerres ont généré une importante opposition au sein de la classe ouvrière, en particulier chez les jeunes. Mais à chaque étape de cette progression, la « gauche » libérale, les Verts et plus que n’importe qui d’autre, les organisations de la pseudo-gauche, ont agi au nom de la bourgeoisie comme des obstacles à l’élaboration d’un véritable mouvement anti-guerre dirigé contre la cause à la racine même de la guerre : le système capitaliste. Hostiles au marxisme, ces couches s’opposent vivement aux intérêts indépendants de la classe ouvrière. Leur base sociale est une strate de la classe moyenne aisée qui s’est énormément enrichie au cours des deux dernières décennies par le processus de financiarisation et l’augmentation rapide de la valeur des stocks boursiers. Parmi cette couche croît rapidement la reconnaissance du fait que ses intérêts matériels sont organiquement liés à ceux de sa « propre » puissance impérialiste. En conséquence, les ex-gauches sont devenus, de plus en plus ouvertement, les propagandistes de la guerre impérialiste.

6. Au cours des XIXe et XXe siècles, les grandes puissances se sont engagées dans le pillage colonial et la guerre sous le couvert de la « mission civilisatrice » de l’Occident. Or, ces panacées humanitaires sont maintenant relancées sous le couvert de la « responsabilité de protéger » de l’ONU. Pendant la guerre des Balkans, un segment des ex-gauches s’est directement rangé derrière l’intervention prédatrice des impérialismes américain et européen, faisant écho aux fausses allégations humanitaires de Clinton et de Blair qui prétendaient que le but de l’intervention militaire était d’empêcher le massacre des Kosovars. Des ex-gauches sont devenus les défenseurs de l’invasion criminelle de l’Irak pour renverser le « dictateur Hussein », tandis que d’autres éléments du même milieu politique faisaient jouer leur crédibilité « de gauche » pour détourner les protestations internationales sans précédent de février-mars 2003 vers des appels futiles à l’ONU, à la France et à l’Allemagne, pour arrêter la guerre.

7. L’arrivée au pouvoir d’Obama a marqué un tournant encore plus ouvert des pseudo-gauches vers le camp de l’impérialisme. Ceux qui auparavant jouaient un rôle de critiques contre l’administration Bush ont embrassé Obama comme la nouvelle voix de la raison, alors même que celui-ci a poursuivi sans la moindre interruption les intrigues impérialistes et les guerres de son prédécesseur. Toute la fraternité des pseudo-gauches s’est alignée d’une façon ou d’une autre derrière la guerre de l’OTAN contre la Libye. Le professeur d’histoire américain Juan Cole a ainsi utilisé sans vergogne sa réputation en tant que critique de l’invasion de l’Irak pour justifier les actions rapaces de l’impérialisme américain en Libye. Alors même que les bombes tombaient sur Tripoli, le leader pabliste Gilbert Achcar s’est plaint pour sa part que l’OTAN ne larguait pas assez de bombes sur la Libye. Les pablistes français du Nouveau Parti anticapitaliste quant à eux, se sont alignés derrière le président Nicolas Sarkozy en justifiant la fourniture illégale d’armes par son gouvernement aux rebelles anti-Kadhafi. Quant à ceux qui n’ont pas soutenu ouvertement la guerre aérienne de l’OTAN, ils ont soutenu les « révolutionnaires » jouissant de l’appui de l’OTAN à l’intérieur de la Libye – une collection réactionnaire d’ex-loyalistes de Kadhafi, d’agents de la CIA, d’islamistes et de libéraux bourgeois qui se sont réunis sous la bannière du CNT. Les ex-gauches font maintenant la même chose en Syrie, soutenant les forces terrestres d’une nouvelle intervention impérialiste – l’opposition de droite anti-Assad associée au Conseil national syrien pro-occidental et l’Armée syrienne libre. Après le renversement de Kadhafi, Achcar s’est entretenu avec les forces de l’opposition syrienne pour leur demander de soutenir l’intervention militaire étrangère en Syrie.

8. Le rythme de l’escalade d’interventions et de guerres impérialistes localisées allant en s’accélérant va inexorablement conduire le monde vers des conflits opposant directement les grandes puissances dans un embrasement catastrophique mondial. Une fois de plus, la classe ouvrière internationale est confrontée à deux choix fondamentaux : socialisme ou barbarie. Le présent congrès réaffirme qu’un véritable mouvement anti-guerre de la classe ouvrière ne peut se construire que sur la base de la compréhension marxiste que la source même de la guerre impérialiste réside dans le système de profit capitaliste même. La guerre ne découle pas de l’irrationalité ou de l’incompétence des dirigeants politiques, mais bien des contradictions entre l’économie mondiale intégrée à l’échelle du globe et le maintien des États-nations d’un côté, et des contradictions entre la production socialisée à l’échelle mondiale et la subordination de toute l’activité économique à l’accumulation de profits privés par une infime minorité de capitalistes de l’autre. La seule force sociale qui peut empêcher une nouvelle guerre mondiale est un mouvement unifié révolutionnaire et socialiste de la classe ouvrière internationale – la seule classe sociale n’ayant aucun intérêt à maintenir la propriété privée des moyens de production et le système des États-nations. Le danger commun auquel font face les travailleurs de tous les pays ne peut être éliminé que par le renversement du système de profits qui a échoué et la mise en place d’une économie socialiste planifiée mondialement.

9. La tâche essentielle devant le Parti de l’égalité socialiste est de gagner les travailleurs australiens à cette perspective. Alors que le capitalisme plonge l’humanité vers une nouvelle guerre mondiale, la bourgeoisie et ses agences font la promotion du nationalisme et du chauvinisme pour empoisonner l’esprit des travailleurs. Dans sa lutte pour l’unité internationale de la classe ouvrière, le PES a une responsabilité politique particulière pour lutter contre les préjugés anti-chinois et anti-musulmans délibérément cultivés pour justifier le soutien du gouvernement australien pour les guerres au Moyen-Orient et les préparatifs militaires américains contre la Chine. De même, le PES exposera systématiquement les abstractions prétentieuses du pacifisme, du désarmement, de la neutralité, de la démocratie et de l’humanitarisme utilisées par l’impérialisme pour masquer ses intentions et désarmer la classe ouvrière. L’éducation politique des travailleurs et des jeunes se fera par une exposition rigoureuse de toutes les tendances qui prétendent que la guerre peut être évitée sans le renversement révolutionnaire du capitalisme et la prise du pouvoir par la classe ouvrière.

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