Le Royaume-Uni menace d'entrer dans l'ambassade d'Équateur pour s'emparer d'Assange

La menace faite par le gouvernement anglais alliant conservateurs et libéraux, de pénétrer dans l'ambassade équatorienne pour arrêter le fondateur de WikiLeaks Julian Assange montre son mépris du droit international et son mépris digne de l'époque coloniale pour la souveraineté équatorienne.

Cela marque une nouvelle étape de la descente de la classe dirigeante britannique dans la criminalité, pour faire taire un homme qui a contribué à révéler une grande partie des innombrables crimes de la classe dirigeante, ainsi que ceux des États-Unis et d'autres puissances impérialistes.

Jeudi, l'Equateur a fait part de l'annonce très attendue qu'il accordait l'asile diplomatique à Assange, en s'appuyant sur la probabilité que son extradition vers la Suède serait suivie de son transfert vers les États-Unis et d'un procès pour trahison. Un porte-parole du gouvernement a déclaré que l'Équateur avait cherché à obtenir la garantie de la part de la Suède qu'Assange ne serait pas transféré aux États-Unis, mais que les autorités suédoises avaient refusé de la donner.

Les poursuites exercées contre Assange sont une mise en scène évidente à but politique, s'appuyant sur des accusations d'atteintes sexuelles en Suède montées de toutes pièces. L'Équateur a proposé aux procureurs suédois de les autoriser à interroger Assange à l'ambassade, en personne ou par vidéoconférence. Mais cela a été refusé.

La police devant l'ambassade équatorienne

Mercredi soir, des officiers de police ont commencé à encercler l'ambassade, se préparant à l'annonce faite par l'Equateur. Assange est entré à l'ambassade le 19 juin, demandant à bénéficier d'un sanctuaire diplomatique et de l'asile politique en application de la Déclaration des droits de l'Homme des Nations unies. Cela venait après la décision de la Cour suprême du Royaume-Uni rejetant le dernier recours d'Assange contre son extradition vers la Suède.

Dans sa lettre envoyée ce jour-là au gouvernement équatorien, le gouvernement britannique déclare que l'ambassade aura droit à une semaine de préavis avant une descente de la police, s'il accorde l'asile politique. Jeudi matin, des camions de la police ont été stationnés le long des rues à proximité du bâtiment. Un certain nombre de manifestants en faveur de la libération d'Assange ont été déplacés de force de l'entrée de l'ambassade vers un enclos établi de l'autre côté de la rue. Certains ont été arrêtés, y compris une personne qui filmait en direct pour le réseau d'Occupy News.

Les manifestants ont scandé « ne touchez pas à Assange », « ne touchez pas à l'Equateur, » et « Une seule décision – pas d'extradition. »

Mercredi, le ministre équatorien des Affaires étrangères, Ricardo Patino, a annoncé au cours d'une conférence de presse la réception de la lettre du gouvernement britannique envoyée par l'intermédiaire de l'ambassade anglaise en Equateur.

« L'Equateur rejette dans les termes les plus emphatiques la menace explicite contenue dans la communication officielle britannique, » a-t-il dit, dénonçant cette menace comme « indigne d'un pays démocratique, civilisé et respectueux du droit. »

« Si la mesure annoncée par la communication officielle britannique est appliquée, elle sera interprétée par l'Équateur comme un acte inacceptable, déloyal et hostile, ainsi que comme une atteinte à notre souveraineté, » a-t-il prévenu. « Cela nous contraindrait à réagir. Nous ne sommes pas une colonie britannique. »

La lettre envoyée par le ministère des Affaires étrangères anglais était rédigée en des termes adaptés au rôle d'agresseur impérialiste de la Grande-Bretagne. Affirmant que la loi Consular Premises Act de 1987 autorise les actions décidées « pour arrêter M. Assange dans les locaux actuels de l'ambassade, » la lettre poursuit : « Il est nécessaire de réitérer que nous considérons que l'utilisation maintenue des locaux diplomatiques de cette manière est incompatible avec la convention de Vienne et ne peut se pérenniser et nous avons dit clairement les conséquences sérieuses que cela entraîne pour nos relations diplomatiques. »

Jeudi, un porte-parole du gouvernement britannique a publié une déclaration disant qu'une éventuelle décision du gouvernement équatorien d'accorder à Assange le droit à l'asile politique serait ignorée. « Accorder l'asile ne change fondamentalement rien, » a déclaré ce porte-parole.

Il n'y a pas de limite à l'hypocrisie et au cynisme du gouvernement britannique lorsqu'il déclare que l'équateur agit en méconnaissance de la Convention de Vienne.

Ce sont eux qui piétinent les principes fondamentaux du droit international, y compris de la Convention de Vienne, en cherchant à envoyer Assange devant un tribunal. Le droit international définit les ambassades étrangères comme des espaces souverains et considère que les locaux diplomatiques doivent être traités comme s'ils appartenaient au territoire de l'Etat.

Commentant les conséquences sévères des menaces contre Assange, Geoffrey Robertson, avocat internationalement reconnu, spécialisé dans les droits de l'Homme, a déclaré : « Il ressort clairement de la Convention de Vienne et en fait de notre propre Loi sur les privilèges diplomatiques de 1964, que les locaux diplomatiques et consulaires sont ce que l'on appelle inviolables.

« Et la police du pays d'accueil ne peut y pénétrer qu'avec l'accord du chef de la mission. »

Le gouvernement britannique a cité la loi sur la locaux diplomatiques et consulaires de 1987 comme une base légale pour retirer l'accréditation de l'ambassade d'Equateur. Cependant, cette loi dispose précisément que, « Le ministre des affaires étrangères n'accorde ou ne retire son agrément que s'il est certain que cela est permis par le droit international. »

Si la police britannique était envoyée dans l'ambassade sans l'accord de l'ambassadeur pour arrêter Assange, ce serait une violation claire du droit international, spécifiquement de l'article 22 de la Convention de Vienne de 1961 sur les relations diplomatiques.

S'opposant à la demande équatorienne de permettre à Assange de quitter la Grande-Bretagne, le ministre des Affaires étrangères britannique, William Hague, a déclaré publiquement : « Nous n'allons pas accorder à Monsieur Assange le droit de sortir du Royaume-Uni, et il n'y a aucune base légale pour le faire. Le Royaume-Uni ne reconnaît pas le principe de l'asile diplomatique. »

Dans une déclaration, Assange a remercié le gouvernement équatorien de lui avoir accordé l'asile, ajoutant, « Si aujourd'hui est une victoire historique, nos luttes ne font que commencer. L'enquête sans précédent des Etats-Unis, menée contre WikiLeaks doit être arrêtée. »

« Si, aujourd'hui, l'attention se concentre surtout sur la décision du gouvernement équatorien, il est tout aussi important de nous souvenir que Bradley Manning [le soldat américain accusé d'avoir fourni des informations à WikiLeaks] est détenu sans procès depuis plus de 800 jours.

« La tâche de protéger WikiLeaks, son équipe et ses partisans, et ses sources anonymes continue. »

Le fait que la diplomatie britannique en vienne à des menaces et à la brutalité policière contre une autre nation souveraine corresponds à la criminalité éhontée qu'elle cherche à défendre. La classe dirigeante et ses représentants politiques, y compris les anciens gouvernements travaillistes de Tony Blair et de Gordon Brown ont au cours de la dernière décennie planifié et mené des guerres d'agression illégales en Irak et en Afghanistan. Ils soutiennent maintenant la guerre secrète organisée par les États-Unis contre la Syrie, visant à remplacer le gouvernement de Bashar el-Assad et à ouvrir la voie à une guerre contre l'Iran.

Les actions visant Assange sont également menées en collusion avec le gouvernement Obama aux États-Unis, le complice de la Grande-Bretagne.

(Article original paru le 17 août 2012)

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