En France, LO et le NPA bloquent la lutte contre les suppressions d’emplois chez PSA

Le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) et le groupe Lutte ouvrière (LO) ont réagi à l’annonce de la société automobile française PSA de supprimer 8.000 emplois en tentant de bloquer une lutte de la classe ouvrière contre cette suppression et en liant l’opposition populaire à la bureaucratie syndicale. Leur objectif est de canaliser l’opposition derrière des protestations symboliques et de créer les conditions favorables permettant à la direction de PSA d’imposer les coupes.

Jean-Pierre Mercier est le délégué de la Confédération générale du Travail (CGT) à Aulnay, l’usine de PSA qui est touchée par le projet de fermeture, et il était le porte-parole de la candidate présidentielle de LO, Nathalie Arthaud. Il a cyniquement déclaré, « Philipe Varin [le PDG de PSA] nous a déclaré la guerre, nous allons lui faire la guerre. »

Il a insisté néanmoins en disant que les travailleurs doivent « organiser la lutte » qui « démarrera en septembre. » Il n’a pas expliqué pourquoi la classe ouvrière devait attendre deux mois avant de monter une offensive contre ces coupes profondément impopulaires et planifiées lors des discussions conjointes entre les syndicats, la direction de PSA et le gouvernement du Parti socialiste du président nouvellement élu, François Hollande.

Si LO propose un délai de deux mois avant de prendre une quelconque mesure concrète contre les réductions, ce n’est pas parce qu’ils ont été pris à l’improviste. LO, le NPA et les syndicats sont au courant des suppressions depuis plus d’un an. L’année dernière, la CGT avait publié un document confidentiel de PSA qui exposait des projets de fermeture des usines d’Aulnay-sous-Bois (suppression de 3.600 emplois), de Sevelnord à Hordain dans le Nord de la France (2.800 emplois) et d’une usine à Madrid (3.100 emplois).

Les travailleurs d'Aulnay ont dit que l’usine est en train d’être progressivement fermée et son inventaire réduit en anticipation de sa fermeture. « Voir : « Rassemblement à l’usine automobile PSA d’Aulnay en France »

Dans un article du 12 juillet intitulé « CCE de PSA-Citroën : une déclaration de guerre contre les travailleurs », LO a décrit le plan de suppression d’emplois de PSA comme suit : « C’est la fin du secret de polichinelle. C’est un véritable crime, un crime social contre les travailleurs. »

En ce qui concerne le NPA, il a déclaré, « Après un an d’enfumage, la direction du groupe PSA confirme ce que tout le monde savait depuis un an : la fermeture de l’usine d’Aulnay en 2014. »

La question que soulèvent ces commentaires est la suivante: si la CGT, LO et le NPA savaient tous que ces suppressions étaient prévues, pourquoi n’ont-ils pas préparé une lutte plus tôt en en faisant un enjeu politique lors des élections présidentielles de 2012 ? La réponse est qu’ils sont hostiles à une mobilisation de la classe ouvrière dans une lutte contre la direction de PSA et contre Hollande dont tant LO que le NPA ont soutenu l’élection, le qualifiant de moindre mal par rapport au président droitier sortant, Nicolas Sarkozy.

LO et le NPA tentent de reporter à septembre une action contre les suppressions d’emplois parce qu’ils espèrent maintenir la colère des travailleurs sous le contrôle de la bureaucratie syndicale qui est en train de négocier les coupes sociales et les suppressions d’emplois avec Hollande. Représentant une couche aisée de la classe moyenne qui est coupée de la classe ouvrière et politiquement orientée vers le PS, ils s’efforcent d’aider Hollande à imposer les coupes.

LO et les syndicats cherchent à désarmer la classe ouvrière en promouvant les illusions selon lesquelles Hollande tentera d’aider les travailleurs. Arthaud a affirmé sur la chaîne de télévision publique France 2 : « le gouvernement s’est montré ‘complice’ dans l’affaire PSA car il a été ‘passif’. » Elle avait espéré que Hollande déclarerait les suppressions « nulles et non avenues. »

C’est un rêve chimérique. En fait, le PS collabore étroitement avec les grosses entreprises et les syndicats pour réduire drastiquement les emplois et les dépenses sociales en France et pour renforcer la compétitivité des entreprises françaises.

Alors même que PSA annonçait des licenciements de masse, Hollande était en train de préparer l’octroi de davantage de fonds publics aux géants de l’automobile. En parlant des licenciements, Hollande a dit : « Le gouvernement a réagi comme il convenait avec la nomination d’un expert, la volonté de revoir ce qui a été présenté et d’avoir un plan pour l’industrie automobile qui sera présenté au mois de juillet. »

Bien que le NPA et LO soient parfaitement conscients que le PS est attaché à une politique anti-ouvrière, ils ont inconditionnellement appelé à voter Hollande le 6 mai lors du deuxième tour des élections présidentielles.

A présent, ils continuent de dépeindre de façon positive Hollande et le « dialogue social » anti-ouvrier des syndicats. Dans un article du 12 juillet, le NPA écrit : « A l’opposé du sommet social et du dialogue social, c’est bien une guerre sociale qu’engage PSA. »

En fait, les licenciements de masse chez PSA forment un tout avec la récente conférence sociale organisée par Hollande avec les syndicats et les associations d’employeurs et qui a approuvé les coupes sévères, notamment dans le financement des dépenses sociales et de la « flexibilité » du marché du travail. « Voir : « France: La Conférence sociale expose les grandes lignes des attaques massives contre la classe ouvrière »

De même, les syndicats avaient à maintes reprises entamé un « dialogue social » avec l’ancien président Nicolas Sarkozy alors même que celui-ci réduisait drastiquement les droits à la retraite des travailleurs et imposait des suppressions d’emplois dans le secteur public, des fermetures d’usines et des attaques contre l’éducation nationale. Les syndicats et les groupes petits-bourgeois de « gauche » comme LO et le NPA insistaient pour dire qu’il ne pouvait y avoir de lutte politique contre Sarkozy, uniquement de brèves protestations organisées par les syndicats.

Ils restent absolument muets sur le rôle du syndicat américain des travailleurs de l’automobile (American Auto Workers, UAW) durant le renflouement en 2009 de l’industrie automobile. Il avait contribué à imposer des réductions de plus en plus dures contre les travailleurs de l’automobile à Detroit – des fermetures d’usines, une baisse de 50 pour cent des salaires des travailleurs nouvellement embauchés, des réductions des soins de santé et de la retraite. L’UAW est actuellement en train de collaborer avec les syndicats des entreprises automobiles affilées à GM de par l’Europe, dont Opel, Vauxhall et PSA.

Au moment où les syndicats sont en train de préparer une trahison chez PSA, le NPA et LO cherchent une fois de plus à subordonner les travailleurs à la bureaucratie syndicale. Dans un article du 12 juillet, le NPA écrit : « La mobilisation non seulement dans le groupe PSA ou dans la filière automobile mais à tous les salariés doit s’amplifier. L’ensemble des organisations syndicales, du mouvement social et des organisations politiques doit s’y employer. »

En d’autres termes, les travailleurs doivent rester sous le contrôle politique d’organisations déterminées à collaborer avec le gouvernement pour faire accepter des coupes dures à leur encontre.

Les travailleurs de l’automobile sont confrontés non seulement à une lutte contre PSA mais aussi contre les syndicats et leurs « défenseurs » petits-bourgeois tels le NPA et LO qui cherchent à désorienter les travailleurs et à retarder le déclenchement des luttes de classes. La tâche urgente devant laquelle se trouvent les travailleurs de l’automobile est de lutter contre les coupes en se mobilisant dans une lutte politique contre l’austérité, le gouvernement Hollande et ses partisans petits-bourgeois.

(Article original paru le 14 juillet 2012)

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