France : Le Nouveau Parti anticapitaliste se félicite de l’élection du président Hollande

Le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) petit-bourgeois de « gauche » et sa faction la Gauche anticapitaliste (GA) se félicitent de la victoire du candidat du Parti socialiste (PS), François Hollande, contre le président sortant, Nicolas Sarkozy, à l'élection présidentielle du 6 mai.

Le 7 mai, le candidat du NPA à la présidentielle, Philippe Poutou, a fait l'éloge de Hollande en déclarant : « Nicolas Sarkozy, le ‘président des riches’ est bel et bien battu et nous nous en réjouissons… Au terme d’une campagne qui a donc pris un tour de plus en plus réactionnaire, celui qui se voulait le ‘candidat du peuple’ a été dégagé et c’est tant mieux. »

Après avoir appelé les électeurs à voter inconditionnellement pour Hollande au second tour des élections le 6 mai, le NPA se rapproche maintenant du gouvernement Hollande. Alors que la victoire de Hollande est en effet la conséquence de l’opposition de masse à la politique droitière de Sarkozy, la défaite de Sarkozy ne signifie toutefois pas que Hollande adoptera quelque mesure que ce soit en faveur de la classe ouvrière.

Représentant le capital financier qui préconise une politique pro-patronale aux dépens des travailleurs, Hollande a promis de réduire les déficits budgétaires en réduisant les prestations sociales, en adoptant des réformes structurelles, en stimulant la compétitivité et en poursuivant les guerres impérialistes de la France. Etant donné que le NPA sait que le programme de Hollande est réactionnaire, son affirmation que l’élection de Hollande est une bonne chose est un mensonge politique éhonté.

Quant à GA, elle a déclaré : « Il n’y a pas d’autre solution que de voter pour François Hollande. Cela ne marque nullement un soutien à la politique que le candidat socialiste défend et qui est frappée du sceau de l’austérité. Mais c’est le seul moyen concret de dégager Sarkozy. »

Avec le NPA appelant inconditionnellement à voter Hollande contre Sarkozy, l’affirmation de GA qu’elle vote pour Hollande sans soutenir sa politique est une escroquerie. Le NPA a simplement joué le rôle de complément pour le PS en promouvant le PS et sa politique droitière. Ce faisant, il désarme politiquement la classe ouvrière en tentant de l’empêcher de développer une lutte indépendante contre de l’establishment politique.

Le NPA connaît parfaitement bien les conséquences pour la classe ouvrière étant donné qu’il remarque lui-même que l’élection de Hollande, qu’il a appuyée, ouvre la voie à une politique d’austérité. Poutou précise, « L’élection de Hollande annonce une politique d’austérité pour les catégories populaires, au nom de la rigueur et de l’équilibre budgétaire. »

Rien ne démontre plus clairement l’hostilité du NPA à une lutte socialiste révolutionnaire contre le capitalisme que sa décision de néanmoins soutenir Hollande plutôt que d’avertir la classe ouvrière de la nécessité d’un programme politique indépendant du PS, parti bourgeois de « gauche ».

Quelle que soit sa rhétorique, tout droit sortie de sa boîte à discours, et critiquant la politique du PS, le NPA est issu des couches de la classe moyenne supérieure qui sont profondément intégrées dans la politique bourgeoise officielle et qui sont chargées de défendre les intérêts de l’impérialisme français.

Durant sa présidence, Sarkozy a négocié avec les syndicats une série de coupes sociales, dont la réforme des retraites, et appliqué des mesures non démocratiques telles l’interdiction du port de la burqa et des guerres impopulaires, comme la guerre contre la Libye. Avec le soutien des partis petits bourgeois de « gauche », dont le NPA, la bureaucratie syndicale a dissipé la colère de masse contre les coupes sociales grâce à une série de journées d’action inefficaces.

Le NPA s’est également rangé du côté de l’Etat pour soutenir Sarkozy lors de l’interdiction antidémocratique de la burqa et de l’intervention de l’armée française contre la Libye sous le prétexte cynique de « protéger des civils ». Il soutient les préparatifs de guerre impérialiste contre la Syrie sur la base de mensonges similaires, en promouvant les forces « rebelles » appuyées par les impérialistes contre le président syrien Bachar al-Assad.

A présent, dans un contexte de crise économique qui s’aggrave et où la France est confrontée à un déficit commercial grandissant et une compétitivité en baisse, notamment contre l’Allemagne, Hollande s’apprête à prendre des mesures draconiennes contre les travailleurs. Au nom d’un renforcement de la compétitivité, il collaborera étroitement avec les syndicats pour réduire les coûts de main d’oeuvre, pour geler les salaires et pour attaquer les conditions de travail. Les principaux syndicats, dont la CGT stalinienne (Confédération générale du Travail) et la CFDT proche du PS (Confédération française démocratique du Travail), ont elles aussi appelé à voter Hollande.

La politique droitière de Hollande provoquera une confrontation avec la classe ouvrière. Le NPA se prépare à cela en mettant en avant une position en faillite selon laquelle les travailleurs peuvent se défendre eux-mêmes contre Hollande, en suivant la ligne politique des syndicats et des partis petits bourgeois de « gauche » qui le soutiennent.

Poutou a dit: « Nous nous adressons à celles et à ceux qui se sont reconnuEs dans notre campagne, aux organisations et à celles et ceux qui se sont retrouvéEs dans les campagnes du Front de Gauche ou de Lutte ouvrière, aux militantEs syndicalistes et à l’ensemble du mouvement social. »

En ce qui concerne GA, elle a déclaré : « Le maître mot de la période à venir est le rassemblement. Rassemblement de toute la gauche sociale, écologique, politique pour favoriser les luttes. Et rassemblement de toute la gauche radicale dans une force politique, un front, utile pour les luttes et solide dans les urnes. Comme en témoigne le succès électoral et militant autour de la campagne de Jean-Luc Mélenchon [candidat du Front de Gauche], c’est possible et cela marche. »

En fait, ces organisations ne se rassemblent que pour chercher à réprimer l’opposition populaire contre le PS. Tout comme le NPA, le Front de Gauche de Jean-Luc Mélenchon, LO et les syndicats, dont la CGT et la CFDT, ont soutenu Hollande.

Mélenchon, un ancien ministre PS qui a quitté le PS en 2009, a au moyen d’une rhétorique démagogique de « gauche » fourni une couverture à la politique droitière de Hollande. Après avoir recueilli 11 pour cent des voix au premier tour de l'élection, arrivant en quatrième position derrière Marine Le Pen, Mélenchon a appelé ses électeurs à voter Hollande.

De tels partis ont pour objectif d’empêcher la classe ouvrière de lutter contre la politique d’austérité du PS. Le NPA est sans aucun doute prêt à promouvoir des protestations de 24 heures organisées par les syndicats pour dissiper la colère populaire contre les coupes sociales tout en approuvant le gouvernement qui est en train d’élaborer ces coupes sociales contre les travailleurs.

(Article original paru le 22 mai 2012)

Loading