Festival international du film de Toronto 2012-11-12

Un commentaire de Robert Connolly, réalisateur de Underground : l'histoire de Julian Assange

Dans notre couverture du festival international du film de Toronto de cette année, nous avions remarqué Underground: The Julian Assange Story de Robert Connolly. Cette œuvre trace un portrait favorable d'une personne poursuivie par les États-Unis et d'autres gouvernements pour le rôle qu’il a joué dans la révélation de leur criminalité au niveau mondial.

Underground : l'histoire de Julian Assange

S'appuyant sur des informations d'une version mise à jour de Undeground, un livre coécrit par Suelette Dreyfus et Assange, le film de Connolly traite de la vie d'Assange quand il était un jeune hacker à la fin des années 1980 à Melbourne en Australie. Comme nous l'avons écrit, « Connolly cherche à reconstruire les années formatrices d'un adolescent talentueux devenu un adulte déterminé à révéler les méfaits des gouvernements. »

Le film contient une performance exceptionnelle d'Alex Williams dans le rôle d'Assange, ainsi qu'un travail de première qualité de Rachel Griffiths et Anthony LaPaglia.

Connolly, né en 1967, est surtout connu pour The Bank (2001), ainsi que Balibo [lien en anglais] (2009), une reconstitution du meurtre de cinq journalistes australiens au Timor oriental par l'armée indonésienne en octobre 1975. Il avait accordé un entretien à Richard Phillips du WSWS [lien en anglais] lors de la sortie de ce film.

Le réalisateur Robert Connolly

Connolly s'intéresse clairement à certains des grands problèmes de notre temps. Il a eu l'amabilité de bien vouloir répondre à quelques questions par mail.

Joanne Laurier : Clairement, vous avez de la sympathie pour Julian Assange et vous êtes troublé par les grandes difficultés auxquelles il est confronté. Pourquoi avez-vous choisis cette manière particulière d'aborder cette situation ?

Robert Connolly : J'ai toujours été intéressé par les histoires sur les débuts des gens importants. Ce qui a fait l'homme ou la femme qu'ils sont devenus. Je suis également très intéressé par comment et quand les jeunes se politisent. C'est tout à fait d'actualité.

En Australie, les jeunes ont perdu leurs illusions dans les partis politiques et sont de plus en plus attirés par les mouvements d'opposition à un problème particulier plutôt que vers tout ce qui rappelle une division gauche/droite. Je pense que les années formatrices de Julian Assange donnent une occasion narrative intéressante d'explorer cela.

JL : Le film semble être assez précis sur cette période des débuts de la vie d'Assange – où avez-vous trouvé les éléments ? S'appuie-t-il largement sur le livre de Dreyfus et Assange, ou sur d'autres types de recherches ?

RC : Il s'appuie en premier lieu sur le livre Underground, et au-delà sur une série de discussions et de recherches. Je me suis beaucoup appuyé sur mes expériences à la même époque.

JL : Le film donne un visage plus humain à une personne qui est attaquée par des forces puissantes et rends clair son fort sens de la justice sociale dès son jeune âge. Est-ce que vous voyez ce film au moins partiellement comme une tentative de contrer la campagne de dénigrement des médias et du gouvernement ?

RC : Je pense que le côté humain et personnel de toute histoire est d'une importance critique pour mieux comprendre les gens qui ont une importance historique. Les médias ne peuvent en général présenter que des impressions fugaces d'une personne, ils tordent les motivations personnelles plus complexes et les attitudes qui informent leurs actions.

JL : Quelle a été la réaction des spectateurs auxquels vous avez montré le film ?

RC : Le film a généré une grande quantité de discussions. En Australie, ça a été un triomphe pour Network Ten, vu par 1,5 million de personnes, et ce qui est intéressant, attirant beaucoup de jeunes (18 à 39 ans).

Le niveau de la discussion et de l'intérêt médiatique a été très élevé, et par de nombreux aspects, ce film a transcendé les détails historiques pour parler plus largement de l'activisme et du pouvoir de l’individu au vingt-et-unième siècle.

À lire également (en anglais) :

Balibo director Robert Connolly speaks with WSWS [17 aout 2009]

Australian governments covered up 1975 execution of Balibo Five newsmen

[21 avril 2007]

(Article original paru le 6 novembre 2012)

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