La France ratifie le Pacte européen de stabilité et de croissance

Mardi 9 octobre, l'Assemblée nationale a ratifié le Pacte européen de stabilité et de croissance (PSC) par un vote conjoint du Parti socialiste (PS) au pouvoir et du parti de l'opposition l'UMP (Union pour un mouvement populaire) conservateur de l'ancien président Nicolas Sarkozy.

Le lendemain, le sénat a aussi voté en faveur de la ratification, faisant de la France le neuvième pays de la zone euro sur dix-sept à ratifier ce Pacte qui entrera en vigueur le 1er janvier si 12 pays au moins de la zone euro le ratifient aussi d'ici là.

Le PSC, aussi appelé Pacte fiscal, impose que le déficit budgétaire d'un pays soit réduit à 3 pour cent de son produit intérieur brut (PIB) sous peine d'une amende allant jusqu'à 0,5 pour cent de son PIB. Il limite aussi la dette nationale à 60 pour cent du PIB. Cela fait partie d'un effort d'austérité à l'échelle européenne, appliqué au nom des banques et qui a réduit l'économie de la Grèce de 20 pour cent et frappé de plein fouet les conditions sociales de par l'Europe, provoquant des manifestations massives de la part de la classe ouvrière.

477 députés sur 568 ont voté en faveur du traité, 70 ont voté contre et 21 se sont abstenus. Cette majorité se composait de 285 députés PS rejoints par 167 députés UMP. Le traité « Merkozy », ainsi appelé d'après le nom de ses principaux instigateurs, le président conservateur français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel, a été ratifié sans qu'on n'y change une virgule.

Ceci démasque la promesse de campagne frauduleuse du président PS François Hollande qui avait dit qu'il renégocierait le pacte fiscal. Cela souligne aussi la continuité fondamentale entre l'actuel gouvernement PS et son prédécesseur de l'UMP.

Parmi les députés de la « gauche » bourgeoise qui ont voté contre cette ratification on compte 20 députés PS, 12 députés Verts sur 17 et les 10 représentants de la coalition du Front de gauche (FG), dont l'ancien ministre PS Jean-Luc Mélenchon du Parti de Gauche (PG) et le Parti communiste français (PCF.) Au Sénat, la majorité des Verts n'a pas voté contre.

Pour que le Pacte soit intégré à la législation française, une loi organique supplémentaire doit être votée, incorporant ce qui s'appelle la règle d'or, ou camisole budgétaire. Elle a été votée par les députés le 11 octobre, et cette fois seuls 3 députés du groupe PS ont voté contre tandis que 11 députés Verts votaient pour. Le vote au sénat se tiendra le 29 octobre.

Ces votes se sont déroulés dans le plus profond mépris à l'égard de l'opposition à l'austérité sociale exprimée par la classe ouvrière européenne. Ces dernières semaines, des millions de travailleurs se sont mis en grève ou ont défilé dans des manifestations à travers l'Europe notamment en Grèce, au Portugal et en France.

Le gouvernement qui prévoit de réduire l'an prochain de 30 milliards d'euros le déficit propose à présent de retirer 40 milliards d'euros des contributions sociales annuelles des employeurs d'ici la fin du mandat de Hollande. Le coût que cela représente sera compensé par les contribuables et la TVA, afin de réduire le coût du travail et donner un coup de fouet aux profits des entreprises.

Le soutien du PS à une version du pacte fiscal européen, dénuée de toute modification, démasque totalement la faillite des partis français petits bourgeois de pseudo-gauche. Le gouvernement PS est venu au pouvoir avec le soutien du Nouveau Parti anticapitaliste, du PG, du PCF et des syndicats selon lesquels Hollande est plus sensible à la pression de la classe ouvrière que Sarkozy.

En fait, ce pacte est un outil des capitalistes. Le Medef, principale association des patrons français, a salué la ratification comme étant « indispensable » à « l'avenir de l'euro et à la stabilité de l'Europe. » Il a aussi saisi l'occasion pour déclarer que « l'unique voie possible [contre les déficits] ce sont des réformes et la réduction des dépenses publiques. »

Le 14 octobre, Laurence Parisot, présidente du Medef a dit dans le Figaro qu' un « choc de compétitivité », c'est à dire une réduction draconienne des salaires et du coût du travail d'au moins 30 milliards d'euros sur les deux à trois prochaines années, était impératif. Elle a déclaré, «Nous sommes passés d'un avis de tempête à un avis d'ouragan », ajoutant que « certains patrons sont en état de quasi-panique … d'un côté, le rythme des faillites s'est accéléré durant l'été et aucun secteur d'activité n'affiche de prévisions autres que pessimistes jusqu'à la fin de l'année. »

Le gouvernement a réagi en réduisant les taxes qu'elle comptait imposer aux start-ups, aussi désignées sous le nom de « pigeons. » Le président PS de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, a déclaré dimanche: «L'Europe ne peut pas être le continent où l'on dit: 'rigueur, rigueur, chômage. En même temps, il faut que la France soit très attentive à montrer qu'elle veut désendetter le pays.' »

Mélenchon a fait remarquer après le vote de ratification du pacte qu' « une alternative de gauche s'est manifestée avec le vote commun de députés socialistes, verts et Front de Gauche contre le traité. Là est l'avenir de la gauche... »

Mais comme Mélenchon a assuré que le PG ne soutiendrait jamais une motion de censure contre le gouvernement PS et comme il défend l'Union européenne et l'euro, ce ne sont là que des paroles en l'air.

 

(Article original publié le 17 octobre 2012)

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