Il y a 75 ans: La chute du gouvernement français de Front populaire

Léon Blum

Le deuxième gouvernement de Front populaire de Léon Blum s'effondra le 10 avril 1938. Après moins d'un mois de retour au pouvoir, l'homme qui deux ans plus tôt avait été le premier Premier ministre français socialiste et juif vit son gouvernement moribond rejeté massivement lors d'un vote du Sénat français. Enfin, le coup de grâce vint quand une majorité de 4 contre 1 des membres du Sénat vota de ne pas discuter des propositions financières keynésiennes de Blum pour des investissements menés par le gouvernement, l’instauration du contrôle des changes et un impôt sur la fortune.

Après consultation avec le président français de droite, Albert Lebrun, le gouvernement de Blum fut remplacé par un autre cabinet de Front populaire, dirigé cette fois par l’ancien ministre de la Défense de Blum, le chef du Parti radical, Edouard Daladier. Signe d’un abandon définitif de la politique de compromis de classes de Blum, Daladier ne proposa de portefeuilles ministériels ni au Parti socialiste ni au Parti communiste français stalinien (PCF.)

Le rôle contre-révolutionnaire et la politique du PCF s’exprimaient dans leur devise de « la main tendue ». Depuis 1934, où il en avait reçu l’ordre de la bureaucratie stalinienne à Moscou, le PCF abandonna toute référence à la révolution socialiste et au pouvoir ouvrier et adopta à la place un langage politique nationaliste et bourgeois.

L'humeur militante de la classe ouvrière française se trouvait tout à l'opposé. Le mouvement de grève et d'occupation de 100 000 ouvriers parisiens du secteur de l’acier et de la métallurgie se poursuivait, ce qui provoqua l’arrêt de l'industrie de la métallurgie et de l’aviation. Le drapeau rouge flottait fièrement sur une pléthore d'usines, de fonderies et d’ateliers occupés. Le gouvernement de Front populaire dénonçait la grève parce qu’elle retardait la production d'armes et le cabinet Blum, juste avant sa chute, affirmait que le conflit social avait déjà coûté à l’armée françaises 100 avions militaires dans le cadre de l’effort de guerre probable à venir.

Le 12 avril, le cabinet Daladier fut secoué par l'extension de la grève à 40 000 travailleurs supplémentaires, lorsque des employés de l'usine géante de Renault à Billancourt, aux portes de Paris, arrêta la production de véhicules et occupa les locaux de l'usine.

La direction stalinienne de la CGT, la plus grande fédération syndicale française, négocia un règlement du conflit après avoir ordonné aux grévistes de mettre fin à leur occupation des lieux de travail et de reprendre le travail, selon des modalités qui prévoyaient une augmentation de la semaine de travail et un retour à la durée hebdomadaire de travail de 45 heures. A peine deux ans auparavant, les travailleurs français avaient gagné la concession historique d'une semaine de 40 heures.

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