Le NPD se réunit à Montréal: un parti d’austérité capitaliste et de guerre impérialiste

Lors de son congrès fédéral bi-annuel tenu à Montréal ce weekend, le Nouveau Parti démocratique (NPD) a célébré près de deux ans en tant qu’Opposition officielle au Parlement canadien.

Les sociaux-démocrates du Canada ont répondu à leur succès inattendu aux élections fédérales de mai 2011 en se tournant encore plus à droite sur toutes les questions politiques d'importance. La direction justifie cela en affirmant que le parti doit démontrer aux Canadiens que «le NPD est prêt à gouverner». En réalité, il cherche à démontrer à la classe dirigeante que le NPD est un parti «progressiste» semblable aux démocrates de Barack Obama ou au Parti travailliste britannique – un parti d’austérité et de guerre impérialiste – et donc prêt à remplacer les libéraux comme parti au pouvoir de «gauche» de la classe dirigeante.

Ce processus a été illustré par la décision du parti de nommer Thomas Mulcair, un ancien ministre du gouvernement libéral du Québec de Jean Charest, pour succéder au défunt Jack Layton en tant que chef du parti fédéral.

Le congrès a adopté un nouveau préambule à la constitution du NPD qui élimine les derniers vestiges de la rhétorique social-démocrate «anti-capitaliste» qui était associée à la fondation du parti en 1961. Mulcair a plaidé à maintes reprises en faveur de telles révisions, affirmant dans son premier discours en tant que dirigeant néo-démocrate que «nous devons rafraîchir notre discours, moderniser notre approche, et utiliser un langage qui plaise à nos partisans, mais aussi qui attire les gens qui partagent notre vision».

Ayant grimpé au rôle d’Opposition officielle pendant la pire crise du capitalisme mondial depuis la Grande Dépression et dans le contexte d’une colère populaire grandissante envers l’inégalité sociale, le NPD proclame son adhérence à la «responsabilité fiscale».

Tout comme les conservateurs et les libéraux, le NPD a appuyé l’équilibre budgétaire à travers des coupures dans les dépenses sociales. Se prosternant devant l’élite dirigeante, le NPD a promis qu’il n’allait pas hausser les taux d’imposition sur les revenus des riches ni sur les gains du capital, taux qui ont été sabrés par les gouvernements libéral et conservateur successifs à leur niveau le plus bas en près d’un siècle.

Le NPD a travaillé aux côtés de ses alliés au sein de la bureaucratie syndicale pour étouffer l’opposition populaire grandissante envers le gouvernement conservateur de Stephen Harper et les coupures dans les emplois, les salaires et les dépenses sociales mises en œuvre par l’ensemble de la classe dirigeante.

Le gouvernement conservateur est intervenu à maintes reprises pour rendre illégales les grèves pour ensuite mandater un arbitre afin d’imposer les demandes de concessions des employeurs. Dans chaque cas, que ce soit à Poste Canada, Air Canada ou au Canadien Pacifique, le NPD a feint l’opposition tout en travaillant avec les syndicats pour forcer les travailleurs à retourner au travail au motif que les lois du Parlement ne peuvent être défiées.

Dans le cas de la grève étudiante du Québec de l’année dernière, le NPD a refusé d’offrir ne serait-ce qu’un soutien minimal. Alors que son ancien patron, Jean Charest, ordonnait à la police anti-émeute de disperser les manifestants par la matraque et les arrestations de masse, le chef du NPD soutenait cyniquement que «l’éducation est de compétence provinciale» et qu’il se concentrait sur la «lutte contre Harper». Comme si Harper et toute la classe dirigeante canadienne ne soutenaient pas Charest.

Pour des raisons similaires, le NPD a refusé de condamné le projet de loi 78 (la Loi 12), une législation qui rendait la grève étudiante illégale à toute fin pratique et imposait des restrictions draconiennes sur le droit de manifester peu importe la cause et ce, partout au Québec

Si le NPD était si hostile aux étudiants c’est parce que les sociaux-démocrates, comme leurs alliés dans les syndicats, craignaient que la lutte contre la hausse des frais de scolarité universitaires puisse devenir le catalyseur d’une mobilisation plus large de la classe ouvrière contre le programme d’austérité de toute la bourgeoisie.

Le NPD n’a pas été moins impatient de démontrer à la classe dirigeante son soutien à la participation canadienne dans les guerres impérialistes.

Sa première décision majeure en tant qu'opposition officielle a été de voter à l’unanimité, aux cotés des conservateurs et des libéraux, le soutien à la participation canadienne dans la guerre menée par l’OTAN en Libye. Le porte-parole de l’opposition officielle en matière d’affaires étrangères, Paul Dewar, a été parmi les premiers à appeler le Canada à reconnaître le Conseil national de transition libyen, le régime fantoche formé de transfuges du régime Kadhafi, d’hommes d’affaires et d’islamistes rassemblés sous l'égide de l’impérialisme américain.

Le NPD a aussi soutenu la décision du gouvernement Harper de fournir de l’aide militaire à l’occupation menée par la France au Mali, faisant même appel à Harper pour en «faire davantage». Fait significatif, tant la guerre en Libye que l’occupation du Mali ont été lancées par des gouvernements que le NPD soutient comme des frères en idées «progressistes»: l’administration démocrate de Barack Obama et le Parti socialiste de François Hollande.

Bien que les sociaux-démocrates ont pris dans le passé une posture «anti-guerre», ils ont clairement indiqué qu’une telle «opposition» n’est qu’un stratagème visant à gagner le vote de millions de Canadiens opposés à de tels actes d’agression militaire et à subordonner le mouvement anti-guerre à l’establishment bourgeois. Mis devant le pied du mur au Parlement, le NPD a voté pour maintenir chaque action importante des Forces armées canadiennes au cours des deux dernières décennies: En Yougoslavie, en Afghanistan, en Haïti et en Libye.

Comme Obama et Hollande, Mulcair et le NPD justifient ces actes d’agression militaire comme des «interventions humanitaires», donnant ainsi un vernis «démocratique» aux guerres néocoloniales menées par l’impérialisme canadien et ses alliés de l’OTAN au nom de leurs intérêts économiques et géopolitiques de prédateurs. 

Le chef néo-démocrate n'a pas tari d’éloges sur Obama, utilisant son récent voyage à New York et à Washington pour plaider qu’un gouvernement fédéral NPD au Canada serait le partenaire idéal de l’administration démocratique. (voir: Le chef du NPD canadien auditionné par l'élite américaine).

Le préambule à la constitution du parti produit par la direction néo-démocrate pour le congrès de ce week-end vise à démontrer, si quiconque au sein de l’élite dirigeante en doutait encore, que le NPD est un instrument loyal de la grande entreprise qui a mis au rancart sa politique réformiste de jadis. 

Le préambule, constitué de quatre paragraphes insipides qui auraient pu avoir été pondus par un rédacteur de discours d'Obama ou des anciens premiers ministres libéraux Jean Chrétien et Paul Martin, remplace les références à «la propriété sociale», à «la planification sociale» et à la production pour «les besoins sociaux…non le profit» par un aveu franc (et bien plus honnête) du soutien néo-démocrate pour le capitalisme. Le NPD, peut-on y lire, veut «une économie réglementée, à l’échelle nationale et internationale, au sein de laquelle les gouvernements ont le pouvoir de palier les limites du marché».

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