Réunion publique à Paris pour marquer le 15ème anniversaire du WSWS

Des sympathisants du WSWS et du Comité international de la Quatrième Internationale (CIQI) ont organisé, le 29 septembre à Paris, une réunion publique à laquelle de nombreuses personnes ont assisté. Elle marquait le 15ème anniversaire du WSWS. L'intervenant principal était le secrétaire du CIQI, Peter Schwarz. Le public était composé d'un large éventail de travailleurs et d'étudiants français et immigrés.

Le public nombreux et la vivacité des réactions lors de la réunion sont le reflet de la montée de l'opposition populaire au gouvernement réactionnaire du Parti socialiste (PS) et ses soutiens de la pseudo-gauche, tel le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), et témoignent de l'intérêt grandissant de sections de la classe ouvrière pour une alternative socialiste à la « gauche » officielle française totalement en faillite

Schwarz a dit: « Le WSWS est une conquête historique dont nous sommes fiers. A nos débuts, il y a quinze ans, nous comptions quelques centaines de lecteurs, maintenant nous avons tous les jours entre 40.000 et 50.000 lecteurs dans le monde entier. »

Schwarz a expliqué que « La production du WSWS est fondée sur le matérialisme historique ». Le WSWS considère que sa tâche principale « consiste à faire tous les jours une analyse objective et marxiste du développement de la crise de la société capitaliste... Notre méthode part du principe qu’il n’est possible de comprendre le présent qu’en s’appuyant sur l’Histoire, qu’il faut considérer le présent à travers toute l’histoire des expériences par lesquelles la classe ouvrière est passée en tant que classe révolutionnaire internationale. »

La réunion publique à Paris

Schwarz a fait remarquer que cette méthode place le WSWS et le CIQI en opposition politique et théorique au climat idéologique dominant où « les philosophes bourgeois et petits-bourgeois, surtout ceux qui sont influencés par le postmodernisme, rejettent totalement l’histoire. »

Ainsi, le philosophe ex-maoïste et gourou des médias Alain Badiou rejette l'histoire entière du mouvement ouvrier: « Le marxisme, le mouvement ouvrier, la démocratie de masse, le léninisme, le parti du prolétariat, l’État socialiste, toutes ces inventions remarquables du XXe siècle, ne nous sont, de toute évidence, plus utiles. » [Alain Badiou, L’hypothèse communiste]

Schwarz a fait remarquer que cette conception était à la base de la dissolution de la Ligue communiste révolutionnaire en 2009 et de la fondation du NPA. Tandis que la LCR se revendiquait faussement du trotskysme, a-t-il dit, « Le NPA refuse par contre explicitement de se déclarer trotskyste et considère que les tendances anarchistes, staliniennes et réformistes sont tout aussi légitimes. »

Schwarz a insisté sur le fait que, avec le développement de la mondialisation, « ce que Trotsky avait toujours placé au centre de sa lutte contre le stalinisme : l’impossibilité de la construction du socialisme dans un seul pays, se trouve maintenant confirmé. »

« La mondialisation n’a pas résolu la crise du capitalisme », a-t-il poursuivi, « mais l’a considérablement aggravée ». La crise financière de 2008 « a plongé l’économie mondiale dans la récession la plus profonde depuis les années 1930 et a démontré l'incompatibilité existant entre des forces productives organisées internationalement et la propriété privée et le système d'Etat-nation. »

Il a pourtant observé que « la répression de la classe ouvrière pendant des décennies par la bureaucratie stalinienne et l’assassinat de toute une génération de marxistes révolutionnaires par la terreur stalinienne dans les années 1930, ont miné une conscience socialiste qui, au moment de la Révolution d’Octobre, était largement répandue » et qu'« il en est de même pour les pays occidentaux, où la domination du mouvement ouvrier durant des décennies par des bureaucraties réformistes et staliniennes y a refoulé la conscience socialiste. »

Le CIQI a tiré la conclusion que la conscience socialiste dans la classe ouvrière ne peut pas se limiter à une intervention dans les luttes ouvrières à l’aide de quelques revendications de caractère tactique. Il en découle que la tâche du WSWS est de « rétablir dans la classe ouvrière la grande culture politique du marxisme. C’est la seule base sur laquelle un mouvement ouvrier véritablement révolutionnaire peut être construit.»

Schwarz a souligné que la mondialisation n’avait pas seulement miné le programme stalinien du 'Socialisme dans un seul Pays', mais aussi tous les programmes nationaux, y compris celui des syndicats et de la social-démocratie. Tout comme la bureaucratie stalinienne en URSS, ils sont devenus les agents ouverts du capital et « ils ont cessé d’être, même au sens le plus vague, des organisations ouvrières. »

En tentant de faire contrepoids à la domination économique croissante de l'Allemagne sur l'Europe par des moyens militaires, a fait remarquer Schwarz, la classe dominante française s'était tournée vers une politique toujours plus violente d'intervention au Moyen Orient et en Afrique. «Hollande », a ajouté Schwarz, « poursuit cette politique à cent pour cent et est soutenu en cela par tous les partis, y compris la soi-disant 'extrême gauche' »

La ligne politique du NPA dans la guerre en Libye et en Syrie n'est en rien différente de celle du PS. Dans les deux cas, il y a eu la demande que l'opposition pro-impérialiste soit armée pour obtenir un changement de régime. Schwarz a conclu en lançant un appel à construire le CIQI en France.

Il s'en est suivi une discussion animée. Un ancien membre du parti de pseudo-gauche Lutte Ouvrière (LO) a prétendu que l'opposition syrienne, soutenue par l'impérialisme, représentait le Printemps arabe et a attaqué le WSWS parce qu'il n'insistait pas principalement sur la brutalité et la corruption du régime d'Assad.

Une femme dans le public a réagi avec force contre sa position, disant que les médias insistaient sur ces question pour cacher les desseins réactionnaires de l'impérialisme et que les impérialistes « utilisaient les intégristes comme bras armé du capitalisme. » Elle s'est référée à la position de Trotsky dans les années 1930 lorsqu'il avait dit qu'il s'opposerait à une intervention militaire de l'impérialisme britannique « démocratique » contre la dictature brésilienne de Getulio Vargas.

Schwarz a fait remarquer qu'en Libye et en Syrie, loin d'être un mouvement de masse de la classe ouvrière comme en Tunisie et en Egypte, les impérialistes avaient développé leurs propres mouvements d'opposition et que le soutien du NPA à sa propre bourgeoisie avait été décisif. « Nous ne soutenons pas le régime d'Assad, » a dit Schwarz. « La tâche consistant à renverser le régime d'Assad appartient à la classe ouvrière de la région. »

La réunion s'est conclue par une discussion informelle et une fructueuse collecte de fonds pour aider à construire le CIQI en France.

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