Les manifestations continuent en Grèce contre l'austérité et la terreur fasciste

Les grèves et les manifestations contre les coupes sociales et la terreur fasciste continuent en Grèce. Avec de nouvelles révélations sur le soutien accordé par le gouvernement à l'organisation néo-fasciste Aube dorée, les syndicats et les partis de la pseudo-gauche essaient de contenir les manifestations et de les subordonner politiquement à l'Etat.

Le syndicat des enseignants a prolongé jusqu'à mercredi la grève qu'il avait entamée la semaine dernière. Les travailleurs des services publics ont également commencé une grève de 48 heures mardi. Dans tout le pays, les élèves ont occupé des dizaines d'établissements scolaires en solidarité avec les enseignants. De nombreuses universités sont en grève pour le reste de la semaine.

Mardi, des milliers de travailleurs du secteur public ont manifesté contre les projets de licenciements massifs du gouvernement. Ils brandissaient des pancartes disant "Pas de sacrifices humains" et "A bas les patrons". Les manifestants s'opposaient également aux derniers événements de la terreur fasciste et au soutien accordé à Aube dorée par la police et l'armée.

Samedi, des milliers de travailleurs portuaires ont marché sur le Pirée, ou le musicien de hip-hop anti-fasciste Pavlos Fyssas a été tué par des néo-nazis mercredi dernier. D'autres manifestations ont eu lieu dans la ville portuaire lundi. Les deux principales fédérations syndicales, ADEDY et la GSSE, ont appelé à une manifestation anti-fasciste sur la place Syntagma mercredi soir.

Le gouvernement a réagi brutalement aux manifestations. La police a utilisé des gaz lacrymogènes à plusieurs reprises pour disperser les manifestants et protéger les bureaux d'Aube dorée. Vendredi dernier, un policier en civil s'est approché d'une manifestation à Daphné dans la banlieue d'Athènes et a tiré avec son arme. Quand des manifestants ont tenté d'attraper ce provocateur, ils ont été attaqués par des policiers qui, selon des témoins, ont libéré leur collègue de la foule en utilisant des gaz lacrymogènes et des grenades assourdissantes.

Les conditions sociales se détériorent et la colère monte avec l'aplication des nouvelles coupes sociales. Dimanche, les représentants de la troïka, le Fonds monétaire international (FMI), la Banque centrale européenne (BCE) et la Commission européenne, se sont rendus à Athènes pour veiller au respect des mesures d'austérité que le gouvernement a acceptées et négocier de nouvelles conditions pour le versement de la prochaine tranche de prêts, qui s'élève à 1 milliard d'euros.

Les grèves sont dirigées contre le licenciement de 12 500 travailleurs, avec 12 500 autres prévues plus tard dans l'année. De plus, trois entreprises publiques doivent fermer. Et des attaques encore plus intenses sont prévues pour 2014, avec 150 000 travailleurs des services publics qui devraient être licenciés avant la fin de l'année.

Il y a également eu un certain nombre de reportages depuis le meurtre de Fyssas, qui font état de liens entre l'appareil d'Etat et les fascistes. De nouvelles révélations, dont le témoignage d'ex-membres et sympathisants du parti, montrent qu'Aube dorée a été délibérément construit par des forces au sein de l'Etat pour réprimer la résistance des travailleurs.

Le quotidien Ethnos a publié des photos prouvant la coopération entre Aube dorée et l'EKAM, "l'unité spéciale anti-terroriste" du pays.

D'autres photographies montrent des membres d'Aube dorée aux côtés d'unités de police attaquant les manifestants. Pendant que la police lance des gaz lacrymogènes et frappe à la matraque, les fascistes lancent des pierres et des bouteilles contre les manifestants et les frappent à coups de bâtons. Dimanche, le journal To Vima a également indiqué que les membres d'Aube dorée étaient entraînés par des unités spéciales de l'armée grecque.

Dans une vidéo d'Alpha News un ex-membre d'Aube dorée a confirmé ce reportage. Il a expliqué que les gros bras du parti s'entraînaient avec des unités de l'armée. "On a toujours eu des gens de la direction du parti là-dedans et, du coup, ils nous laissent utiliser les centres d'entraînement", a-t-il dit.

Les instructeurs étaient recrutés parmi les ex-militaires qui devenaient membres actifs d'Aube dorée.

Le meurtre de Fyssa aurait été décidé et éxécuté en étroite consultation avec la direction de la branche régionale du parti. Le tueur présumé, Giorgos Roupakias, "a été payé par Aube dorée" et était membre d'un "bataillon d'assaut", une unité d'élite du parti. Dans l'entretien, cet ex-membre a ajouté que des chômeurs étaient souvent engagés pour ce genre d'opérations. Il a dit qu'ils n'avaient rien à craindre de la police : "La police n'intervient jamais."

Il a dit que l'argent avec lequel Aube dorée paie ses mercenaires vient principalement des plus hauts échelons du monde des affaires et de la politique.

En mars dernier, le quotidien conservateur Kathimerini avait publié un reportage sur le financement d'Aube dorée. L'auteur raconte que : "Aube dorée a été soutenu financièrement pas les partis démocratiques. Ils ont aidé au cours des précédentes campagnes à imprimer du matériel de propagande afin d'empêcher la montée de LAOS [un autre parti d'extrême-droite]...

"Mais en 2012 ces fonds ne suffisaient pas. J'ai des données qui montrent qu'Aube dorée a reçu de l'argent, en mai de l'an dernier avant les élections, qui provenait de magnats du transport maritime, de leurs sous-traitants, d'avocats et peut-être même d'une banque". Les hommes d'affaires grecs les plus riches, les armateurs du pays, sont particulièrement proches d'Aube dorée.

Il existe également des liens étroits entre le parti conservateur au pouvoir, Nouvelle démocratie (ND) et les fascistes. En février de cette année, près de 80 députés de ND ont tenté de faire voter une loi raciste aux côtés du groupe parlementaire Aube dorée contre la majorité gouvernementale. Il y a eu des demandes dans les rangs de ND pour un gouvernement de coalition avec les néo-nazis.

Les manifestations qui se poursuivent visent directement ces liens. Le gouvernement essaie maintenant de reprendre le contrôle de la situation en adoptant certaines mesures contre Aube dorée et ses partisans parmi les forces de police.

Mardi, l'inspecteur de police pour le Sud de la Grèce, Yannis Dikopoulos, et le Directeur régional pour la Grèce centrale, Apostolos Kaskanis, ont démissionné en citant des "raisons personnelles". Le ministre de l'Intérieur Nikos Dendias a suspendu ou transféré sept autres haut responsables de la police jusqu'à la fin d'une enquête interne.

Dendias a également soumis à la Cour supême ce week-end une liste d'infractions qui auraient été commises par Aube dorée. Les juges vont devoir juger si cette organisation, ou une partie de celle-ci, pourrait être considérée comme criminelle.

Samedi, des perquisitions ont été menées chez des membres d'Aube dorée; certains ont été arrêtés pour possession illégale d'armes. Le gouvernement discute également de la possibilité de priver Aube dorée de ses financements publics.

Toutes ces mesures cherchent en premier lieu à occulter les liens entre la police, l'armée et Aube dorée. Les mesures prises par l'Etat ne mettront pas fin à la terreur policière, mais elles renforceront ce même appareil d'Etat qui maintient des liens si étroits avec les fascistes.

Dans ses manoeuvres, le gouvernement a gagné le soutien des syndicats et des organisations de la pseudo-gauche comme la Coalition de la gauche radicale (SYRIZA) et le parti comuniste (KKE).

Les syndicats ont fait tout ce qu'ils peuvent pour limiter les grèves des travailleurs et les rendre inefficaces. Le syndicat des enseignants, OLME, a décidé de limiter leur grève à trois jours, alors que les enseignants avaient voté à une large majorité pour une grève de cinq jours avec possibilité de la reconduire.

Le KKE et SYRIZA essaient de désarmer les travailleurs et de subordonner leurs luttes à l'Etat. SYRIZA encourage les illusions placées dans l'Etat qui devrait, selon eux, mener la lutte contre les fascistes, tandis que le KKE appelle à un "front populaire" avec les partis bourgeois pour s'opposer aux néo-nazis.

Samedi, le président de SYRIZA, Alexis Tsipras, a proposé de mettre les ressources de son organisation à la disposition du premier ministre Antonis Samaras (ND) pour une lutte commune contre les néo-nazis, tentant ouvertement de servir de couverture aux manoeuvres de ND et de coopérer avec Aube dorée.

D'apèrs le journal Eleftherotypia, Tsipras a déclaré vendredi lors d'un rassemblement à Vienne qu'il était convaincu "que les forces armées et la police ont été démocratisées et ne représentent aucune menace pour la démocratie."

(Article original paru le 25 September 2013)

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