Le gouvernement PS ignore le mouvement de protestation général des intermittents du spectacle et attaque leurs allocations chômage

Une dizaine de milliers de travailleurs du spectacle ont protesté devant le ministère de la Culture à Paris lundi 16 juin et bien d’autres encore ont organisé des actions de grève dans toute la France pour tenter d'empêcher le gouvernement du Parti socialiste (PS) de ratifier un accord passé le 22 mars entre l'organisation patronale Medef et les syndicats pour réduire leurs allocations chômage. 

La plupart des 112 000 travailleurs du secteur, appelés « intermittents », dépend de ces allocations pour survivre entre les périodes de travail sur des contrats de courte durée. 

La CGT (Confédération générale du travail) a appelé le ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, à suspendre les nouvelles règles sur le chômage, sans résultat. 

La production a été touchée dans les studios d'émissions télévisées d'information, le cinéma et des dizaines de festivals dans toute la France, où les festivals d'été qui génèrent des millions pour l'industrie touristique sont sur le point de débuter. Parmi les villes touchées, on compte Lyon, Montpellier et Toulouse, où 11 théâtres et cinémas étaient fermés. 

La Comédie française à Paris a retiré son spectacle Phèdre par solidarité avec les grévistes. Le festival d'Aix-en-Provence et celui d'Avignon, qui attirent 120 000 spectateurs, risquent l'annulation maintenant que le gouvernement a ratifié l'accord. 

Afin de gagner du temps et de répandre des illusions quant à l'intention du gouvernement de se protéger des conséquences économiques d'un blackout culturel cet été, le Premier ministre Manuel Valls a déclaré, « il faut trouver une solution immédiate [aux demandes des intermittents.] » 

Le gouvernement entend modifier rapidement le système d'allocations chômage. Avec 5 millions de chômeurs, le gouvernement PS, soutenu par les employeurs et les syndicats, se prépare à augmenter massivement la flexibilité de l'emploi à l’aide de contrats à court terme.

Pendant deux mois, les intermittents ont été en lutte contre les attaques qui visent leur système d'allocations chômage. L'administration de l'UNEDIC qui finance ces allocations (gérée conjointement par les employeurs et les syndicats) a un déficit de 4 milliards d'euros. Le dernier accord passé fait des économies de 800 millions d'euros au détriment des intermittents. Les nouvelles règles pour les travailleurs du spectacle sans emploi s'appliqueront pendant deux ans.

Dans le cadre des 50 milliards d'euros de coupes dans les dépenses publiques prévues par le gouvernement pour se conformer aux objectifs de réduction des déficits de la Commission européenne, les allocations chômage sont maintenant dans le collimateur du gouvernement. L'objectif est de réduire le déficit de l'UNEDIC de 2 milliards d'euros en 3 ans. 

Les travailleurs retraités de plus de 65 ans auront pour la première fois à contribuer au fonds d'assurance chômage de l'UNEDIC. Les chômeurs auront leurs périodes d'allocations inutilisées créditées sur un compte pour servir après un prochain licenciement. Un plafond a été établi sur le total des allocations et des salaires que les travailleurs du spectacle pourront accumuler sur une période donnée. Les cotisations seront remontées à 4,8 pour cent. 

Depuis son entrée en fonction, le Président Hollande a supervisé avec les syndicats une explosion des contrats temporaires (CDD) d'un mois. Ceux-ci représentaient quatre-vingt six pour cent de tous les nouveaux contrats en 2013. Le nombre total de travailleurs sur de tels contrats a doublé en dix ans, atteignant 3.707.483. 

Les syndicats sont entièrement d'accord avec cette forme d'exploitation à condition que les employeurs payent un peu plus aux fonds de la sécurité sociale. Eric Aubin, le principal négociateur de la CGT sur les « réformes » des allocations chômages, a expliqué : « Les CDD coûtent beaucoup plus cher à l’assurance chômage que les CDI. Il faut que le surcoût soit payé entièrement par ceux qui les utilisent [les employeurs]. » 

L'accord du 22 mars négocié entre la Confédération française démocratique du travail (CFDT), Force ouvrière, la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC) et le Medef (l'association des employeurs) a posé un piège aux travailleurs, les poussant de plus en plus vers des CDD à bas salaire. 

La trahison des syndicats qui signent cet accord trouve son complément dans la perfidie de la Confédération générale du travail (CGT) stalinienne, qui organise maintenant les grèves des intermittents. La CGT refuse de signer divers accords réactionnaires qu'elle a contribué à négocier avec le gouvernement, mais en pratique elle accède aux demandes des employeurs et soutient le gouvernement du PS. 

Une véritable lutte pour défendre les allocations chômage doit s'appuyer sur une lutte pour mobiliser l'ensemble de la classe ouvrière pour faire tomber le gouvernement PS et les gouvernements anti-ouvriers identiques dans toute l'Europe, qui ont prouvé qu'ils n'avaient aucune intention de faire des concessions sur l'austérité. 

Aucun des syndicats, y compris la CGT, n'entend mener une lutte contre un gouvernement qu'ils ont aidé à faire élire. La CGT, tout en faisant des critiques tactiques sur diverses coupes dans les budgets sociaux du Pacte de responsabilité, a insisté sur le fait qu'ils ne s'opposaient pas au pacte en lui-même. 

Le dirigeant de la section spectacle de la CGT, Denis Gravouil, a déclaré à la presse : « Pour le moment, on n’a pas déposé de préavis de grève pour le mois de juillet pour une raison simple, c’est qu’on espère bien être entendu. » 

Gravouil a adressé une lettre ouverte obséquieuse au Président Hollande qui dit, « vous ne pouvez pas rester sans répondre, …de tenir vos engagements [pris avant l'élection de Hollande], de faire respecter la démocratie sociale, de ne pas sacrifier la culture et la protection sociale. » 

En fait, Hollande n'a aucune intention de ce genre et les élections récentes montrent le rejet massif par les travailleurs des mesures d'austérité du PS. Le président Hollande a montré qu’il était déterminé à accélérer les attaques contre les travailleurs et il sacrifie tous les gains arrachés aux employeurs depuis 60 ans. 

(Article original paru le 18 juin 2014)

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