Les travailleurs et les jeunes à la grandeur des États-Unis parlent de l'assassinat de Michael Brown par la police

Au cours des derniers jours, des reporters du World Socialist Web Site se sont entretenus avec des travailleurs et des jeunes lors de vigiles et dans les quartiers ouvriers partout au pays à propos de l'assassinat par la police de Michael Brown, qui était âgé de 18 ans, et de la réaction brutale des forces policières militarisées aux manifestations de Ferguson, au Missouri.

Une équipe de reportage a interviewé les participants d'une vigile en mémoire de Michael Brown dans le quartier ouvrier à majorité afro-américaine de Bedford-Stuyvesant, à Brooklyn (New York). 

Queen, de Brooklyn

Queen, une travailleuse retraitée de Verizon confie: «La brutalité policière doit cesser. Nous sommes en état de siège. J'ai peur pour mes fils, mes neveux. La société américaine est essentiellement construite sur l'injustice sociale. Cela ne va pas se régler de mon vivant. Les écoles, les logements, les infrastructures ne sont pas sécuritaires. Avez-vous entendu parler d'Un conte de deux villes? Nous vivons dans deux pays. Le Pentagone donne des blindés à la police locale. Pour quelle raison? Pour tuer des gens!»

Joshua Brown déclare : «Je pense que c'est dément tout ce qui arrive d'un coup. Tout le monde sait que les flics ciblent les jeunes noirs. Les choses pourraient commencer à devenir plus violentes. C'est vers ça qu'on s'en va. Les gens réagissent, les flics accentuent leur violence, et les gens réagissent à nouveau à cela. C'est une escalade. La façon dont le système fonctionne, vous ne pouvez pas gagner contre les flics en Cour. Alors qu'est ce qu'on peut faire d'autre? Qu'est-ce qui n'a pas déjà été essayé? »

Une autre équipe de reportage a parlé aux travailleurs de Barrio Logan, un quartier ouvrier à majorité hispanique de San Diego.

Ramon, 31 ans, a dénoncé la récente vague de brutalités policières dans le pays: «Je pense que c'est horrible ce qui est arrivé à ce jeune [Brown]. J'ai récemment vu une autre vidéo de brutalité policière où un agent étouffait et frappait une femme dans la rue. Cela m'a mis tellement en colère. Je comprends pourquoi les gens protestent. Que feriez-vous si c'était votre mère ou votre sœur?»

Lorsqu'on lui a demandé pourquoi il pensait que la police réagit avec une telle brutalité envers les travailleurs et les jeunes, Ramon a répondu : «Ils se foutent des pauvres. Je crois que par les temps qui courent, leur seul but est de rendre la vie encore plus difficile pour tout le monde. Je pense qu'ils essaient juste de trouver un moyen de nous rendre la vie encore pire.»

Joe, de San Diego, prend un document d'un partisan du WSWS

Un autre résident, Joe, déclare : «Je pense que nous avons tous besoin de leur faire comprendre ce que nous pensons de ces meurtres. Il y a beaucoup de choses que le gouvernement nous cache. Il y a beaucoup de demandes que nous devons leur adresser.

«Le gouvernement des États-Unis est très corrompu, comme au Mexique; ils sont seulement plus adroits que les autres gouvernements pour couvrir les choses.»

Karla, une récente diplômée de l'école, travaille à temps partiel dans la vente au détail pour tenter d'accéder à l'université pour obtenir un diplôme en production audio. Elle parle de l'assaut de la police contre les manifestants à Ferguson en ces mots: «Les gens ne peuvent pas exprimer leurs sentiments avec une arme à feu sur la tempe. Ils essaient d'engendrer la peur chez tout le monde. Ils essaient de contrôler la société. C'est ça qui se passe.»

Kelly et Brittany, de Baltimore

Une équipe de reporters à Baltimore s'est entretenue avec Kelly et Brittany, des résidentes irritées par le niveau de brutalité policière au Missouri. Brittany dit: «Je ne peux pas croire. Ça se passe dans tout le pays, et pas seulement les fusillades. Je suis une victime de brutalité policière. Un flic m'a harcelé sexuellement devant ses amis. C'était horrible.»

«Ils agissent comme s'ils étaient au-dessus de la loi», ajoute Kelly.

Margaret exprime son dégoût face à la brutalité policière à Ferguson: «Ces flics sont comme des gangs criminalisés. Ils ont tous les pouvoirs et ils en abusent.» 

Walter, un chômeur résidant à Baltimore, cite Martin Luther King lorsqu'on l'interroge sur les événements de Ferguson: «Toute injustice, où qu'elle se produise, est une menace pour la justice partout ailleurs.» Il poursuit: «La police abuse de son autorité et elle a les politiciens de son côté. La société sait qui sont les tueurs, mais il y a deux sociétés – la leur et la nôtre.» S'exprimant sur l'absurdité des prétentions d'autodéfense de la police, il dit: «Comment pouvez-vous vous sentir menacé lorsqu'un gars vous tourne le dos? Si nous commençons à propager la vérité, comme vous le faites, alors nous pourrons les exposer au grand jour.»

Nagi, de Detroit

Une équipe du WSWS est intervenue lors d'une manifestation organisée dans le Grand Detroit en opposition à l'attaque sur Gaza, distribuant des exemplaires de la résolution du Parti de l'égalité socialiste «Il faut s'opposer à l'assaut impérialiste contre Gaza!» et la perspective du WSWS Ferguson, Missouri: War Comes Home (Ferguson, Missouri: La guerre au pays). La manifestation a attiré une foule d'une centaine de personnes, principalement des jeunes travailleurs et des étudiants. Beaucoup faisant le lien entre la brutalité du régime sioniste en Israël, armé par l'impérialisme américain, et l'accroissement de la répression étatique au pays.

Nagi, un jeune travailleur, déclare: «C'est une erreur que d'utiliser la force contre tout le monde. Depuis la mort de Michael Brown, j'ai regardé des vidéos sur YouTube montrant de nombreux cas de brutalité policière. Dans un cas, un flic a frappé quelqu'un au sol avant de l'étouffer avec une prise, passant près de le tuer comme ils l'ont fait avec le travailleur à New York. Ils ne respectent même pas leurs propres lois ou la Constitution des États-Unis, à savoir que quiconque est innocent avant preuve du contraire. C'est vraiment frappant de voir combien la démocratie s'est érodée dans ce pays au cours des dernières années. »

(Article paru d'abord en anglais le 19 août 2014)

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