Les lycéens français manifestent contre le meurtre policier de Rémi Fraisse

Deux semaines après le meurtre du jeune manifestant écologiste Remi Fraisse, tué par une grenade offensive tirée par la gendarmerie, des manifestations de protestation contre la violence policière supervisée par le gouvernement Hollande se poursuivaient encore samedi malgré la répression et l’intimidation systématique de l’appareil d’Etat. 

Jeudi 6 novembre, plusieurs milliers de lycéens ont manifesté, pour la première fois depuis la mort de Fraisse, à Paris, contre les violences policières. L’accès d’une trentaine de lycées parisiens avait été bloqué plus ou moins complètement auparavant ce jour là et on a fait état de blocages similaires dans les villes de Rouen et de Limoges. 

Lors de la manifestation à Paris des lycéens ont exprimé leur colère devant les récentes brutalités de l’Etat, l’interdiction des manifestations et les arrestations de masse pratiquées par la police lors des récentes manifestations de protestation contre la mort de Fraisse. Le lendemain, une vingtaine de lycées furent encore bloqués. 

L’organisation à l’origine de l’appel à manifester, le MILI (Mouvement inter-luttes indépendant) qui avait été la plus en vue lors des manifestations de lycéens contre la déportation d’une jeune collégienne Rom, Leonarda, en octobre 2013, a aligné ses revendications sur celles de la pseudo gauche : démission du ministre de l’Intérieur, interdiction de certaines armes ‘non létales’ et « lumière et justice sur la mort de Rémi ».

La police anti émeute a évacué vendredi 7 novembre à 4 heures du matin un campement installé à la mémoire de Fraisse par plusieurs dizaines d'écologistes mardi soir dans le centre de Rouen. Les CRS, ont démantelé le camp, faisant usage de gaz lacrymogènes. L’évacuation avait été ordonnée par la justice à la demande de la mairie PS.

Samedi 8 novembre, ont eu lieu à Toulouse, à Rennes et à Lille des manifestations réunissant plusieurs centaines de personnes, en majorité des jeunes, malgré leur interdiction par les préfectures, la mobilisation massive et les manoeuvres de blocage et d’intimidation de la police anti-émeute. Pour Rennes, il s’agissait de la quatrième manifestation depuis la mort de Fraisse. Plusieurs dizaines d’arrestations ont eu lieu au cours du week-end. 

A Paris eut lieu une manifestation rassemblant un millier et demi de personnes. Celle-ci fut autorisée par la préfecture de Paris. Y avaient appelé des organisations comme le Parti de Gauche, le PCF, Attac et le NPA. Le but politique de cette manifestation était ostensiblement de protéger le gouvernement et d’empêcher que ne se développe contre lui et sa politique réactionnaire un mouvement d’une partie de la jeunesse. La colère à l’égard des brutalités policières est entièrement justifiée, mais les organisateurs avaient eux en vue de canaliser les tensions sociales explosives qui montent actuellement en France. 

Alors qu’il ne fait plus aucun doute et qu’il est admis à divers niveaux de l’appareil d’Etat que Fraisse a été tué sur ordre par une grenade offensive, le Parti de Gauche de Jean-Luc Mélenchon, dans son appel à cette manifestation demande « Que toute la vérité soit faite sur les circonstances de la mort de Rémi Fraisse, » ce qui implique de laisser les choses dans les mains de l’appareil d’Etat et du gouvernement Hollande. 

Il demande, comme le NPA, la « démission du ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve ». Cette revendication est une diversion destinée à faire en sorte que Hollande et Valls gardent l’initiative politique et puisse continuer leurs attaques. Dans une interview sur France culture vendredi, Mélenchon s’est posé en fervent défenseur de la République bourgeoise. 

Le NPA joue un rôle similaire. A part sa demande de démission de Cazeneuve, qui a le même objectif que celle du PdG, il préconise la tenue d’une discussion sur la façon d’armer les forces de l’ordre et donne des conseils au gouvernement pour mieux faire passer sa politique. Il demande ainsi « l'arrêt de l’utilisation des armes censées être non létales ». 

Lors d’un débat avec un député PS qui défendait le ministre de l’Intérieur, un membre de la « droite forte » de l’UMP, un dirigeant syndical policier sur la chaîne de télévision LCP de l’Assemblée nationale, le dirigeant du NPA Besancenot a parlé dans ce sens, acceptant le cadre de l’émission qui était de discuter l’usage ou non des armes soi-disant « non létales » dans des manifestations. 

Le slogan du NPA de « sanctionner le gouvernement dans la rue » sert à répandre l’illusion qu’on peut faire pression sur lui pour qu’il modifie sa politique et par conséquent à le laisser en place. Or Hollande a dit clairement dans son apparition télévisée du 6 novembre qu’il ne changerait pas sa politique au service du capitalisme en crise et que les attaques contre les droits sociaux et civils et les emplois et les salaires de la classe ouvrière allaient se poursuivre. 

S’il a été gêné par le fait que la mort d’un manifestant a laissé entrevoir ce qu’il réserve aux travailleurs et aux jeunes qui s’opposent à sa politique, le gouvernement a systématiquement cherché à criminaliser les manifestants en les associant aux groupes minoritaires souvent infiltrés par des provocateurs de l’Etat, justifiant ainsi la répression des manifestations et la remise en cause du droit de manifester. 

L’utilisation contre des manifestants de forces de la gendarmerie, qui est une organisation militaire bien qu’elle dépende depuis quelques années du ministère de l’Intérieur, et est équipée en conséquence, n’est pas un hasard. Elle est dans la ligne d’une réponse militarisée de la part des partis sociaux-démocrates de toute l'Europe à l’opposition sociale et politique à la politique d’austérité de l’oligarchie financière.

Nonobstant leur instrumentalisation de la colère de la population contre les méthodes brutales de l’appareil d’Etat, les partis de la pseudo-gauche sont une partie intégrale de cette réponse. 

Les jeunes et les ouvriers doivent se mobiliser indépendamment des organisations de la pseudo-gauche et des syndicats étudiants qui, sous prétexte de protester défendent la politique du gouvernement Hollande et ses attaques. Ils doivent défendre leurs droits sur la base d’un mouvement politique contre le gouvernement Hollande fondé sur un programme socialiste et international.

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